Rechercher : Trois fois la fin du monde
Refaire le monde...en poche
Les trajectoires professionnelles de Greenie, pâtissière émérite, et celle de son mari, thérapeute à Greenwich village, suivent des trajectoires tout à fait opposées: plus la clientèle de la pâtissière augmente, plus celle de son mari diminue...Le sentant s'enliser dans une mélancolie incompréhensible, la jeune femme va accepter une offre de travail pour le gouverneur du Nouveau-Mexique et partir à l'autre bout du pays avec son jeune fils George.
Ce départ va alors déclencher toute une série d'événements incontrôlables.Centré autour de la crise de ce couple, Refaire le monde présente toute une galerie de personnages pittoresques qui, comme dans le précédent roman de Julia Glass (billet ici) vont se croiser, se rencontrer et former ainsi une constellation des plus sympathiques. Il y a là Walter, l'ange gardien de Greenie , ses amours malheureuses, son bouledogue Le Bruce et son neveu Scott, musicien à ses heures, mais aussi Saga une jeune fille qui souffre de la perte de sa mémoire et toute une kyrielle de second rôles tout aussi attachants, dont un amoureux qui offre des briques ! On y retrouve aussi , dans un rôle moins central, le libraire Fenno et son oiseau pittoresque.
Julia Glass s'attache à chacun d'eux (et nous avec elle) et les fait évoluer sous son regard bienveillant, sachant dénicher en chacun d'eux l'étincelle qui le fera échapper au cliché (et Dieu sait que cela aurait été facile en particulier avec le Gouverneur haut en couleurs !).
Elle peint aussi , avec sensibilté ,un monde qui connaît une mutation brutale, choisissant pour cela d'évacuer tout pathos et se concentrant sur la vie quotidienne des gens et leurs émotions.
Comme Walter et Greenie, à la fin de ces 700 pages qu'il faut prendre le temps de savourer, le lecteur peut à son tour déclarer : "...Ils ont passé tant d'heures au téléphone, partagé tant d'émotions, de bouleversements, les meilleurs comme les pires, qu'ils sont à présents liés par une incomparable connivence."
Un livre choral réconfortant.
Du même auteur , également sorti en poche, Jours de juin
Pas de coups de théâtres fracassants, tout est feutré dans Jours de juin de Julia Glass. Ce roman se divise en trois étés qui vont bouleverser la vie d'une famille écossaise.Des décès vont entraîner des réajustements entre les personnages, réajustement des places de chacun au sein de la famille et aussi de la vision , forcément parcellaire et myope, que chacun a des autres.
Ce très beau texte aurait aussi pu reprendre le titre de Sylvie Doizelet Chercher sa demeure car chacun dans le roman de julia Glass peine à trouver le pays (Ecosse, Grèce, Etats-Unis, France) qui lui donnera la sérénité.
Si vous aimez l'atmosphère des vielles demeures écossaises, les chiens de berger, la musique et les livres,vous trouverez votre bonheur dans ce livre qui n'est ni triste ni mélancolique. On y trouve même des pointes d'humour quasiment anglais .
Julia Glass est américaine mais elle mériterait presque qu'on lui accorde l'étiquette de romancière anglaise, c'est dire si j'ai aimé...
Et demain un billet sur le dernier roman juste sorti de Julia Glass !
Fan, moi ? :)
20/03/2011 | Lien permanent | Commentaires (11)
Les trois lumières...en poche
"Et c'est alors qu'il me prend dans ses bras et me serre comme si j'étais à lui."
Parce qu'ils sont surchargés d'enfants et qu'un nouveau bébé va bientôt arriver, une famille irlandaise confie l'une de ses filles à un couple de fermiers taciturnes, les Kinsella.
Pourquoi cette enfant et pas une autre, pourquoi ce couple ? à ces questions il ne sera jamais apporté de réponses claires.
De la même façon, c'est par petites touches que l'enfant- narratrice va prendre conscience tout à la fois de l'amour qui va se tisser entre elle et le couple qui l'accueille et du drame qui les a frappés.
Souffrance réprimée, cruauté consciente ou non, tout se donne à voir à travers des gestes en apparence insignifiants: quelques tiges de rhubarbe que personne ne veut ramasser, uin chien qu'on n'appelle jamais par son nom. à la curiosité inquisitrice, on répond par le silence, silence auquel la narratrice sera initiée .
C'est aussi tout un monde rural en voie de disparition qui se donne à voir ici, un monde plein de poésie qu'on savoure quand la journée de travail est enfin terminée.
Un univers riche en émotions et qui tient en une centaine de pages denses , cruelles, pleines d'émotions et qui se terminent avec une phrase parfaite d'ambiguïté.
17/08/2012 | Lien permanent
Au Nord du monde
"Ce à quoi nul ne s'attend, c'est à assister à la fin de toutes chose."
Dans le monde où évolue le shériff Makepeace," les ressources vitales sont devenues très rares." Nous sommes Au Nord du monde, dans un univers glacial , silencieux et quasiment vide. Makepeace, sous la foi d'un témoignage de civilisation, va quitter sa ville fantôme et entamer une odyssée pour aller à la rencontre d'humains mais aussi pour célébrer la beauté de la nature. Un voyage initiatique qui lui permettra aussi d'éclairer son existence sous un nouveau jour.
Il aura fallu toute l'insistance amicale de Keisha pour que je me lance dans la lecture de ce roman que je croyais - à tort- être un récit post apocalyptique. Ce livre est une pure merveille. Je l'ai savouré à petits pas, refusant jusqu'à la lecture du dernier chapitre pour ne pas quitter Makepiece. Les métaphores de Marcel Theroux, son art de surprendre le lecteur au détour d'une page, sans pour autant faire le malin, l'évolution et les aventures de Makepiece, tenant à la fois du western et du roman d'aventures, ponctué de quelques minuscules détails l'inscrivant dans l'anticipation ,font de ce roman un pur enchantement.
Si vous aimez le grand Nord, les récits de survie , la nature sauvage, ce livre est aussi pour vous. Une réflexion passionnante sur les relations humaines et sur un monde qui pourrait déjà presque être le notre. Jamais en lisant ce texte je n'ai éprouvé une sensation d'artifice, tout coule simplement, inexorablement.
Un livre qui a reçu -et à juste titre- le prix de l'Inaperçu 2011, "prix qui récompense deux romans, un français et un étranger- qui ont injustement échappé aux médias".( Je sens que je vais surveiller de près ce prix !)
Au Nord du monde, Marcel Theroux, traduit de l'anglais par Stéphane Roques, 10/18 2011, 348 pages toutes bruissantes de marque-pages, allez , zou sur l'étagère des indispensables !
L'avis de Keisha, qui vous enverra vers plein d'autres !
03/12/2011 | Lien permanent | Commentaires (17)
Refaire le monde .
Les trajectoires professionnelles de Greenie, pâtissière émérite, et celle de son mari, thérapeute à Greenwich village, suivent des trajectoires tout à fait opposées: plus la clientèle de la pâtissière augmente, plus celle de son mari diminue...Le sentant s'enliser dans une mélacolie incompréhensible, la jeune femme va accepter une offre de travail pour le gouverneur du Nouveau-Mexique et partir à l'autre bout du pays avec son jeune fils George.
Ce départ va alors déclencher toute une série d'événements incontrôlables.Centré autour de la crise de ce couple, Refaire le monde présente toute une galerie de personnages pittoresques qui, comme dans le précédent roman de Julia Glass (billet ici) vont se croiser, se rencontrer et former ainsi une constellation des plus sympathiques. Il y a là Walter, l'ange gardien de Greenie , ses amours malheureuses, son bouledogue Le Bruce et son neveu Scott, musicien à ses heures, mais aussi Saga une jeune fille qui souffre de la perte de sa mémoire et toute une kyrielle de second rôles tout aussi attachants, dont un amoureux qui offre des briques ! On y retrouve aussi , dans un rôle moins central, le libraire Fenno et son oiseau pittoresque.
Julia Glass s'attache à chacun d'eux (et nous avec elle) et les fait évoluer sous son regard bienveillant, sachant dénicher en chacun d'eux l'étincelle qui le fera échapper au cliché (et Dieu sait que cela aurait été facile en particulier avec le Gouverneur haut en couleurs !).
Elle peint aussi , avec sensibilté ,un monde qui connaît une mutation brutale, choisissant pour cela d'évacuer tout pathos et se concentrant sur la vie quotidienne des gens et leurs émotions.
Comme Walter et Greenie, à la fin de ces 700 pages qu'il faut prendre le temps de savourer, le lecteur peut à son tour déclarer : "...Ils ont passé tant d'heures au téléphone, partagé tant d'émotions, de bouleversements, les meilleurs comme les pires, qu'ils sont à présents liés par une incomparable connivence."
Un livre choral réconfortant.
Julia Glass Refaire le monde, traduit de l'anglais par Sabine Porte, Editions des deux terres, 700 pages savoureuses.
20/05/2009 | Lien permanent | Commentaires (20)
Le sac, un petit monde d'amour
Quoi de plus intime qu'un sac (de fille ) ? Et pourtant, cédant à l'appel du sociologue Jean-Claude Kaufmann, nombreuses sont celles qui ont accepté de lui détailler le contenu du leur. S'appuyant sur ces témoignages mais aussi sur des extraits de romans ou de blogs, l'auteur se penche avec beaucoup d'empathie sur ces inventaires que Vialatte,* en son temps avait si bien résumé :
La femme : « C’est par le sac à main qu’elle se distingue de l’homme. Il contient de tout, plus un bas de rechange, des ballerines pour conduire, un parapluie Tom Pouce, le noir, le rouge, le vert et la poudre compacte, une petite lampe pour fouiller dans le sac, des choses qui brillent parce qu’elles sont dorées, un capuchon en plastique transparent et la lettre qu’on cherchait partout depuis trois semaines. Il y a aussi, sous un mouchoir, une grosse paire de souliers de montagne. On ne s’expliquerait pas autrement la dimension des sacs à main. »
Suivant les âges de la vie, les sacs grossissent ou s'allègent et rares sont les femmes à ne pas céder à l'appel du sac ou à ne pas sacrifier à la recherche du sac parfait, ni trop grand , ni trop petit... Ils constituent des mondes peut être pas aussi mystérieux que les hommes pourraient bien le croire.
Des redites parfois mais surtout beaucoup de sympathie et aussi d'émotion quand Jean-Claude Kaufmann évoque à la fin de son étude ces vieilles dames qui s'accrochent à leur sac à main ou la souffrance éprouvée par les femmes à qui on l' arrachait à leur arrivée à Auschwitz. Car le sac n'est en rien futile, il "est au coeur de l'être et [...] on le saisit surtout au moment d'affronter le néant.
* Non cité ! Un oubli sans doute !
Le sac, un petit monde d'amour, Jean-Claude Kaufmann, Jean-Claude Lattès 2011, 236 pages qui se dévorent d'une traite.
22/03/2011 | Lien permanent | Commentaires (11)
Tout près le bout du monde
"Fais pas la gueule, mamie, je rajouterai des courgettes calcinées pour te faire plaisir !"
Trois jeunes , aux parcours très différents, sont envoyés dans une maison de vie, perdue au milieu des champs. Là, Marlène, une femme presque aussi cabossée qu'eux, va avoir l'idée de leur faire tenir un journal. Ce sont ces pages ,aux voix très distinctes ,que nous donne ici à lire Maud Lethielleux.
Et ça fonctionne très bien. Les parcours de Malo,le plus jeune, à la mère si particulière, de Jul, qui s'est perdue dans un amour mortifère, de Solam, le plus déluré mais pas le moins sensible, se révèlent peu à peu et s'organisent sous nos yeux. Leur évolution se lit à la fois dans ce qu'ils révèlent mais aussi dans leur aisance et l'apaisement que leur apporte l'écriture. La violence n'est ici pas niée mais tenue à distance , évoquée mais jamais montrée directement. Ce qui évite à la fois édulcoration et voyeurisme, reproches que l'on peut souvent faire aux texte destinés à la jeunesse . De l'humour (parfois vachard) et beaucoup de tendresse retenue allègent l'atmosphère de cette maison où va bientôt se créer une drôle de famille mais une famille quand même,partageant un art de vivre qu'on devine cher à Maud Lethielleux.
L'auteure s'est visiblement très impliquée dans l'écriture de ce texte et même si, parfois, j'ai trouvé un peu trop affectée l'écriture de Jul, j'ai lu d'une traite ce roman chaleureux et généreux.
Tout près le bout du monde, Maud Lethellieux, Flammarion 2010, 509 pages qui se tournent toutes seules et réchauffent le coeur.
Leiloona a aussi beaucoup aimé.
Saxasoul aussi.
14/12/2010 | Lien permanent | Commentaires (12)
Un tout petit monde
Gunder Joman , célibataire norvégien placide mais romantique chanceux ,a trouvé en Inde une histoire d'amour et une épouse.
Malheureusement le jour où l'épouse indienne pose le pied sur le sol norvégien, elle est sauvagement assassinée.Le coupable ne peut être qu'un membre de la petite communauté rurale et chacun se taît car "S'ils ont vu quelque chose qu'ils ne comprennent pas, ils n'osent pas le raconter. Ils partent du principe que ce doit être faux, parce que j'ai grandi avec ce type...". Heureusement,L'inspecteur Konrad Sejer, plein d'empathie et de détermination va mener l'enquête...
C'était mon premier contact avec l'oeuvre de Karin Fossum et son inspecteur récurrent. J'ai beaucoup aimé les personnages de La mort indienne , dont les sentiments sont peints avec une grande justesse psychologique.J'ai juste été énervée un peu au début par le fait que trop d'indices étaient donnés au lecteur sans que les gens se décident à parler à la police mais la mentalité villageoise justifie ce fait. quant à la fin, elle m'a laissée un peu sur ma faim car elle lel n'obéit pas vraiment au schéma classique attendu mais pourquoi pas après tout ? En tout cas, j'ai bien l'intention de passer d'autres bons moment en Norvège avec l'inspecteur et son chien !
27/09/2007 | Lien permanent | Commentaires (15)
Un monde flamboyant
"Ce qui m'intéressait, c'étaient les perceptions et leur mutabilité, le fait que nous voyons surtout ce que nous nous attendons à voir."
Harriet Burden a toujours détonné, que ce soit par son physique, son intelligence , son intérêt pour la science, la philosophie, débordant ainsi de la pratique artistique -méconnue- qui était la sienne.
Cantonnée à son rôle d'épouse d'un célèbre galeriste et de mère de famille, "Harry", son surnom ô combien révélateur, devra passer par l'épreuve de la dépression à la mort de son époux avant de se lancer dans une entreprise devant aboutir (entre autres) à la révélation du sexisme du monde de l'art.
Mue par une saine colère et une grande énergie , Harry passe ainsi un pacte faustien avec des artistes masculins qui lui serviront de "masques". Mais l'entreprise ne sera pas sans risques.
Roman choral, empruntant la forme d'une enquête universitaire menée a posteriori après la mort Harry, variant les points de vue ,Un monde flamboyant est un texte enthousiasmant à plus d'un titre :
résolument féministe (et ce n'est pas un gros mot), riche , sans jamais être indigeste, intelligent et bien mené, avec des personnages attachants et une fin extrêmement émouvante ,le tout,bien sûr, avec le style élégant de l'auteure. Un énorme coup de cœur ! Et ou, sur l'étagère des indispensables !
le billet enthousiaste de Papillon !
21/12/2014 | Lien permanent | Commentaires (11)
Le sac, un petit monde d'amour...en poche
Quoi de plus intime qu'un sac (de fille ) ? Et pourtant, cédant à l'appel du sociologue Jean-Claude Kaufmann, nombreuses sont celles qui ont accepté de lui détailler le contenu du leur. S'appuyant sur ces témoignages mais aussi sur des extraits de romans ou de blogs, l'auteur se penche avec beaucoup d'empathie sur ces inventaires que Vialatte,* en son temps avait si bien résumé :
La femme : « C’est par le sac à main qu’elle se distingue de l’homme. Il contient de tout, plus un bas de rechange, des ballerines pour conduire, un parapluie Tom Pouce, le noir, le rouge, le vert et la poudre compacte, une petite lampe pour fouiller dans le sac, des choses qui brillent parce qu’elles sont dorées, un capuchon en plastique transparent et la lettre qu’on cherchait partout depuis trois semaines. Il y a aussi, sous un mouchoir, une grosse paire de souliers de montagne. On ne s’expliquerait pas autrement la dimension des sacs à main. »
Suivant les âges de la vie, les sacs grossissent ou s'allègent et rares sont les femmes à ne pas céder à l'appel du sac ou à ne pas sacrifier à la recherche du sac parfait, ni trop grand , ni trop petit... Ils constituent des mondes peut être pas aussi mystérieux que les hommes pourraient bien le croire.
Des redites parfois mais surtout beaucoup de sympathie et aussi d'émotion quand Jean-Claude Kaufmann évoque à la fin de son étude ces vieilles dames qui s'accrochent à leur sac à main ou la souffrance éprouvée par les femmes à qui on l' arrachait à leur arrivée à Auschwitz. Car le sac n'est en rien futile, il "est au coeur de l'être et [...] on le saisit surtout au moment d'affronter le néant.
* Non cité ! Un oubli sans doute !
14/09/2012 | Lien permanent
Je prends le monde à bras le corps
Des paragraphes souvent très courts, comme autant de vignettesoù se révèle la vie d'une petite fille née en 1960 et pourqui l'an 2000 est inenviseageable car avoir quarante ans lui paraîttout à fait impossible...
Il faut attendre la page 79 pour connaîtreson prénom et la toute fin du roman pour que se dise l'essentiel: "Nous sommes tous des enfants de la guerre d'Algérie" mais dansles années 70 cequ'on appelle encore "les événements d'Algérie" ne sontbien évidemment pas au programme .
En attendant, cette petite fille trop brune du roman de Brigitte Giraud , J'apprends,nous parle de sa drôle de famille ,de sa soeur qui ne vapas bien et de" celle qui n'est pas ma mère", de sa vie d'enfant desannées Sheila et Ringo, mais l'essentiel se lit dans lesinterstices du roman. Ce roman ponctué par les connaissances que Nadiaengrange afin de mieux maîtriser le monde ,un monde où elle ne trouvepas tout à fait sa place car "C'est si lourd d'aller bien".
Un style tout en délicatesse même si la rugosité du monde des enfants n'est pas occultée.
L'avis de Clarabel.
25/06/2007 | Lien permanent | Commentaires (15)