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Bureau des spéculations...en poche
"Mais mon agent a une théorie. Elle dit que chaque mariage est bricolé. Même ceux qui ont l'air raisonnables du dehors sont maintenus au-dedans par du chewing-gum, du fil de fer et des bouts de ficelle."
Imaginez une histoire d'amour des plus banales en apparence: rencontre, mariage, bébé, difficultés du quotidien, usure du couple, sentiment d'insatisfaction, infidélité, couple qui vacille.
Du vu et revu ? Certes. Mais la narratrice qui prend ici en charge le récit le fait de façon parcellaire, mêlant informations scientifiques collectées pour un travail d'appoint, maximes littéraires, souvenirs, bribes de chanson et de conversations. L'ellipse règne en maître, omettant tous les passages obligés d'un roman d'amour (la rencontre, par exemple), faisant confiance au lecteur pour combler les trous et deviner ce qui advient.
Que la narratrice ait écrit un roman et enseigne à l'université n'est évidemment pas un hasard, mais chacune d'entre nous se reconnaîtra dans les émotions qu'elle partage, en particulier avec sa fille nouvelle-née.
Un portrait de femme impressionniste qui ne manque pas d'humour.
D'abord un peu déroutée, j'ai dévoré avec enthousiasme ces 156 pages sensibles. Un roman qui m'a sortie, au moins provisoirement, d'une panne de lecture qui dure ! :)
Bureau des spéculations, Jenny Offill, traduit de l'américain par Edith Ochs, Livre de poche 2016.
De la même autrice : clic.
06/12/2016 | Lien permanent
Le livre des songes
"Dans la lumière faiblarde, son visage paraissait étrange. Un instant, j'eus l'idée qu'elle pouvait être quelqu’un qui faisait semblant d'être ma mère et pas ma vraie mère du tout."
Grace Davitt, huit ans, la narratrice de ce singulier roman, nous entraîne dans le monde onirique qu'elle s'est construit.
Son père, professeur de chimie, tente d'instiller un peu de rationalité dans l'esprit de sa fille, mais ne peut lutter contre son épouse , Anna, ornithologue qui nourrit Grace de récits fabuleux. Il finira par fuir le domicile conjugal.
Ne fréquentant plus l'école, la petite fille suit sa mère dans son univers, sans se rendre compte immédiatement que celle-ci s'enfonce progressivement dans la folie.
Vue à travers les yeux d'une enfant qui manque de points de repères pour jauger efficacement l'attitude de sa mère, le récit captive le lecteur et le trouble.
Si la fin est un peu décevante, l’expérience n'en reste pas moins à tenter.
Le livre des songes, Jenny Offill, traduit de l’anglais (E-u) Par Édith Odis, Calmann-Levy 2016.
04/11/2016 | Lien permanent | Commentaires (3)
L'eau à la bouche !
Une nouvelle découverte mais cette fois , pour varier les plaisirs, de quoi nous précipiter dans nos cuisines !
Et comme dirait Jenny : "Goûtez- moi ça !"
13/02/2007 | Lien permanent | Commentaires (10)
Le rêve d'Amanda Ruth
"Que faire à Fengdu un dimanche ?"
Une croisière d'une dizaine de jours sur le Yangzi Jiang, le fleuve dont Amanda Ruth rêvait en Alabama et qu'elle ne verra jamais car elle a été assassinée à l'âge de dix-huit ans. Ce périple, c'est sa meilleure amie, Jenny ,qui l'entreprend quatorze ans plus tard, autant pour disperser les cendres de celle qu'elle chérissait, que pour tenter de donner une dernière chance à son mariage avec Dave, le sauveteur professionnel.
Sur ce canevas somme toute assez conventionnel au premier abord, Michelle Richmond va, comme dans son premier roman, s'éloigner des sentiers battus, aussi bien du point de vue narratif, ménageant de nombreuses surprises au lecteur par sa capacité à éviter les clichés et les situations attendues, que par son style, toujours aussi poétique et précis.
Par delà l'espace et le temps vont se tisser des liens entre la Demopolis River d'Alabama et le fleuve sur lequel la Chine veut à tout pris construire un barrage qui détruira non seulement la faune et la flore mais aussi des villages où des hommes et des femmes vivaient depuis des générations.
On glisse en compagnie de Jenny sur les eaux boueuses du Yanggzi Jiang, on partage ses émotions , on retarde le plus possible le moment de quitter ces personnages avec lesquels on a partagé tout à la fois souvenirs et découverte d'une Chine parfois factice, celle qui est imposée aux touristes, mais aussi celle que Jenny parviendra à comprendre par delà les mots dans un dernier chapitre d'une beauté et d'une force incroyables. A dévorer et savourer tout à la fois.
Le rêve d'Amanda Ruth, Michelle Richmond, traduit de l'américain par Sophie Aslanides, Buchet-Chastel 2011, 294 pages fascinantes.
17/01/2011 | Lien permanent | Commentaires (16)
Ma rencontre avec Violet Park
"Ils étaient l'un à côté de l'autre, celui dont nous croyions tout savoir en dehors de l'endroit où il se trouvait (où ne se trouvait pas), et celle dont nous ne savions rien en dehors du fait qu'elle était morte et se trouvait chez ma grand-mère."
Avant de rencontrer son urne funéraire par hasard sur une étagère d'un local de taxis, Lucas ne connaissait même pas l'existence de Violet Park. Evidemment, ensuite, il va la croiser partout et peut être que cette quête identitaire en rejoindra une autre et lui ouvrira les yeux sur un autre disparu: son père. Est-il mort ou non ce père qu'il a idéalisé ? En tout cas il a laissé sa femme et ses trois enfants dans une situation d'entre-deux qui n'est guère confortable...
Jenny Valentine a le chic pour peindre ses personnages et se glisser dans la peau d'un ado attachiant plein de charme. Que ce soit le grand-père qui perd la boule mais retrouve parfois des éclairs de lucidité fulgurants, la petite amie , la mère de famille débordée ou le bon copain à la dérive , tous sont croqués avec justesse. Quant au récit, je me suis passionnée pour cette (en) quête dans un quartier d elondres entre ville et campagne. Une réussite ! Jenny Valentine, je t'aime !
Du même auteur, j'avais aussi beaucoup aimé La fourmilière, ainsi que la nouvelle écrite pour le recueil La première fois.
Ma rencontre avec Violet Park, jenny Valentine, Traduit de l'anglais par Diane Ménard, Médium, Ecole des Loisirs, 231 pages pleines de charme. A offrir à nos ados et à leur chiper sans vergogne !
13/07/2011 | Lien permanent
Le rêve d'Amanda Ruth...en poche
"Que faire à Fengdu un dimanche ?"
Une croisière d'une dizaine de jours sur le Yangzi Jiang, le fleuve dont Amanda Ruth rêvait en Alabama et qu'elle ne verra jamais car elle a été assassinée à l'âge de dix-huit ans. Ce périple, c'est sa meilleure amie, Jenny ,qui l'entreprend quatorze ans plus tard, autant pour disperser les cendres de celle qu'elle chérissait, que pour tenter de donner une dernière chance à son mariage avec Dave, le sauveteur professionnel.
Sur ce canevas somme toute assez conventionnel au premier abord, Michelle Richmond va, comme dans son premier roman, s'éloigner des sentiers battus, aussi bien du point de vue narratif, ménageant de nombreuses surprises au lecteur par sa capacité à éviter les clichés et les situations attendues, que par son style, toujours aussi poétique et précis.
Par delà l'espace et le temps vont se tisser des liens entre la Demopolis River d'Alabama et le fleuve sur lequel la Chine veut à tout pris construire un barrage qui détruira non seulement la faune et la flore mais aussi des villages où des hommes et des femmes vivaient depuis des générations.
On glisse en compagnie de Jenny sur les eaux boueuses du Yanggzi Jiang, on partage ses émotions , on retarde le plus possible le moment de quitter ces personnages avec lesquels on a partagé tout à la fois souvenirs et découverte d'une Chine parfois factice, celle qui est imposée aux touristes, mais aussi celle que Jenny parviendra à comprendre par delà les mots dans un dernier chapitre d'une beauté et d'une force incroyables. A dévorer et savourer tout à la fois.
17/02/2012 | Lien permanent | Commentaires (5)
La survivance
"On s'est trouvés pris dans un bombardement de réalité."
Parce qu'ils n'étaient pas faits pour amasser de l'argent, Sils et Jenny, la soixantaine sonnée, sont expulsés de leur librairie. Avec beaucoup de livres et peu d'objets, en compagnie d'une ânesse et d'une chienne, ils vont trouver refuge dans une vieille maison, isolée et dépourvue de confort, plantée en pleine montagne vosgienne. Là, peut être réussiront-ils à mener à son terme une expérience de vie qu'ils avaient tentée au même endroit quarante ans plus tôt.
Ce roman tient peu de la robinsonnade, même si la nécessité de trouver de quoi survivre dans un territoire situé loin des hommes est présente. Mais il ne s'agit pas du tout ici de soumettre la nature , mais bien plutôt de s'y glisser pour mieux s'y accorder. D'où de magnifiques descriptions des hôtes sauvages qui vivent à côté d'eux par Jenny. Sils, quant à lui, fait plutôt la part belle aux livres qu'il fait dialoguer avec l'endroit où ils vivent.
Rien dans les conditions de vie n'est ici idéalisé et Jenny le souligne bien quand elle déclare: "Il y avait de la terreur, mais aussi de la force, une énergie qui se transfusait en nous. nos corps étaient en première ligne, tympans, pupilles, narines, gosier, poumons, muscles, ossature, ligaments, articulations, peau: tout. Jamais je n'aurais imaginé qu'à presque soixante ans, nous serions obligés de recommencer à vivre violemment."
C'est à une expérience tout à la fois de renoncements et de reconquêtes que nous convie ici Claudie Hunzinger avec une langue superbe et drue. Et zou sur l'étagère des indispensables !
11/09/2012 | Lien permanent
La survivance...en poche !
On s'est trouvés pris dans un bombardement de réalité."
Parce qu'ils n'étaient pas faits pour amasser de l'argent, Sils et Jenny, la soixantaine sonnée, sont expulsés de leur librairie. Avec beaucoup de livres et peu d'objets, en compagnie d'une ânesse et d'une chienne, ils vont trouver refuge dans une vieille maison, isolée et dépourvue de confort, plantée en pleine montagne vosgienne. Là, peut être réussiront-ils à mener à son terme une expérience de vie qu'ils avaient tentée au même endroit quarante ans plus tôt.
Ce roman tient peu de la robinsonnade, même si la nécessité de trouver de quoi survivre dans un territoire situé loin des hommes est présente. Mais il ne s'agit pas du tout ici de soumettre la nature , mais bien plutôt de s'y glisser pour mieux s'y accorder. D'où de magnifiques descriptions des hôtes sauvages qui vivent à côté d'eux par Jenny. Sils, quant à lui, fait plutôt la part belle aux livres qu'il fait dialoguer avec l'endroit où ils vivent.
Rien dans les conditions de vie n'est ici idéalisé et Jenny le souligne bien quand elle déclare: "Il y avait de la terreur, mais aussi de la force, une énergie qui se transfusait en nous. nos corps étaient en première ligne, tympans, pupilles, narines, gosier, poumons, muscles, ossature, ligaments, articulations, peau: tout. Jamais je n'aurais imaginé qu'à presque soixante ans, nous serions obligés de recommencer à vivre violemment."
C'est à une expérience tout à la fois de renoncements et de reconquêtes que nous convie ici Claudie Hunzinger avec une langue superbe et drue. Et zou sur l'étagère des indispensables !
20/08/2014 | Lien permanent | Commentaires (17)
Juste pour donner envie...
"Mais Sils ne savait pas exactement ce dont parlait cette bibliothèque. Il m'a demandé, ça t'avance à quoi, ces classements transversaux ? Je lui ai expliqué que ça parlaitd'affinités entre voisins étranges. Deux livres qui semblent ne rien avoir de commun, soudains placés côté à côte , donnent naissance à des interférences mystérieuses, tu piges ? Des conneries ! a répondu Sils avec émerveillement. Et grâce à ces collisions entre des lieux et des époques et des écrivains que tout sépare, le sens qui dormait en eux est réactivé. Un nouveau ses se dégage. Oh, écoute, Jenny , ce n'est pas le moment. Et à chaque déplacement et nouvelle juxtaposition, la bibliothèque se charge de nouvelles intentions. Il s'agit de trouver la meilleure place à un livre, la plus excitante, celle qui va mettre en évidence de nouvelles pistes. Le hasard fait ça tout aussi bien, m'a répondu Sils qui m'a laissée là."
Claudie Hunzinger, La survivance, Grasset 2012.
Billet à venir
10/09/2012 | Lien permanent
Un immense asile de fous , récits d'un village anglais
"Vous êtes flutiste ? Vous habitez ici ? Vous êtes folle ? Vous jouez faux et vous respirez aux mauvais moments ? Vous avez beaucoup de temps libre ? Vous jouez avec quelqu'un ? Vous avez des enfants ? A propos je m'appelle Jenny. Je suis hautboïste. "
Voici un extrait qui vous donne un aperçu d'Un immense asile de fous où Louis de Bernières se propose, en plusieurs récits, de nous brosser le portrait d'un village où se concentre tout ce qui fait le charme de la Grande- Bretagne.
Alternant douce folie, regardée avec bienveillance , et excentricité pleinement assumée, des premiers rôles aux figurants tous nous font sourire ou nous attendrissent. Certains récits sont néanmoins assez convenus et lire la quatrième de couverture, trop explicite, vous ferez perdre le sel de bien des textes.
Je dois avouer que je m'attendais à mieux mais qu'avec le recul mon avis est plus nuancé. Beaucoup de tendresse et d'affection de la part de l'auteur et quelques jolis textes qui font oublier les chutes trop prévisibles.
Un immense asile de fous, récits d'un village anglais, traduit de l'anglais par Fanchita Gonzalez Battle, Mercure de France, 316 pages à attendre en poche ?
07/02/2011 | Lien permanent | Commentaires (6)
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