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Rechercher : poésie du gerondif

Ils désertent...en poche

"Tout a été alors très différent, les livres avaient ouvert une brèche , laissé les portes ouvertes."

Elle vient enfin d'être embauchée à un poste auquel la destinait son diplôme de commerce , diplôme acquis à force de travail. Elle va donc pouvoir acquérir à crédit ce qui aurait fait la fierté de son père: un appartement, en l’occurrence trop grand pour elle et désespérément vide. Très vite, elle va comprendre la vraie raison de son embauche: licencier un vieil employé surnommé l'ancêtre, ou l'Ours, en raison de son caractère.thierry beinstingel
Mais les relations entre celui qui vit "dans une sorte d'entre-deux permanent " et celle qui doit le débarquer vont prendre un tournant auquel la direction de l'entreprise ne s'attendait guère. En effet, les mots,entre autres ceux d'un voyageur de commerce nommé Rimbaud dont les lettres accompagnent l'ancêtre, vont changer la donne  et injecter de la poésie et de l'humanité dans des existences qui en semblaient tragiquement dépourvues.
Thierry Beinstingel fait évoluer ses personnages, jamais nommés, mais désignés uniquement par des pronoms, Vous pour l'ancêtre, Tu pour la jeune femme dans un univers singulièrement désincarné et peu décrit : celui des grandes zones commerciales,  celui des aires de repos où surnagent quelques îlots de rencontres éphémères. Ce qui pourrait être une succession de clichés devient ici une évocation surprenante de la vie d'un commercial atypique qui transforme une vente de papiers peints en expérience  quasi artistique et fascinante !
Si j'ai été un peu heurtée  au début par la désignation des personnages , je suis pleinement entrée dans cet univers méconnu de ceux qu'on appelait autrefois les voyageurs de commerce. Une évocation réussie même si un tout petit peu moins puissante que dans Retour aux mots sauvages car un peu prévisible.

 

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J'envisage de te vendre (j y pense de plus en plus)

"Comme elle m'agaçait ! Sa discrétion, son allure éplorée, ses soupirs étouffés, et même son affection, tout me prenait  les nerfs et me détournait d'elle. Elle s'agrippait d'autant plus, essorée du moindre mot, laissant à sa silhouette anxieuse le soin de traduire ses pensées."

D'abord, si comme moi on aime l'humour noir, on sourit à la première nouvelle qui donne son titre au recueil. Bon, on rit un peu jaune aussi car la mère à vendre, ça pourrait être bien nous dans quelques années...frédérique martin
Puis, au fil des nouvelles, le malaise se fait de plus en plus présent. On reconnaît notre société mercantile où la célébrité est devenue une fin en soi, où le jeu prend de plus en plus de place , où la mort se doit d'être discrète. Les mots deviennent plus rudes, les inhibitions disparaissent et le cynisme règne . Frédérique Martin accentue juste un peu les défauts de notre monde et qui sait, demain, les frontières entre notre réel et sa fiction auront été gommées. Et là, ça fera mal.
Aussi mal que dans la dernière nouvelle, la plus terrible de toutes car elle met en scène un génocide qui a déjà commencé.
Quelques lueurs se laissent entrevoir, juste un peu de poésie, des paroles d'une rengaine, quelques mots d'amour  qui tentent de surnager malgré tout. En vain.
Un constat lucide et plein de vigueur, des nouvelles qui commencent à chaque fois par un uppercut et ne se croient pas obligées de nous faire le coup de la chute, du grand art !

Et zou, une petite place sur l'étagère des indispensables !

J'envisage de te vendre (J'y pense de plus en plus), Frédérique Martin, Belfond 2016, 220 pages pleines de punch !

Et Frédérique Martin a aussi réalisé un court-métrage (elle y joue aussi plusieurs rôles) le voici :

Plein de billets m'avaient donné envie ! Vous trouverez les liens chez Clara

 

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La dictature des ronces...en poche

"Certains accès de courage sont comme des oiseaux: on n'a pas envie de les voir s'envoler. Alors j'ai cheminé précautionneusement au milieu des piafs pour ne pas les effrayer."

Comment ne pas aimer un roman qui commence ainsi : "Cet été là , le canapé avait conclu un marché avec mon postérieur , si bien qu'ils avaient fini par devenir les meilleurs amis du monde  et qu'il fallait désormais faire des pieds et des mains pour les séparer."
Pour rompre cette apathie, heureusement, le narrateur reçoit une proposition: s'installer pour un mois sur une île , Sainte Pélagie, chez son ami Henri qui doit partir ,et en échange s'occuper du chien et de l'entretien du jardin.guillaume siaudeau
Sur place, il va vite tomber sous le charme de l'île et de ses étranges habitants , aux occupations tout à la fois poétiques et surprenantes. Un univers douillet et surréaliste, dont je vous laisse découvrir les nombreuses surprises,et où subsiste néanmoins une  infime pointe de noirceur... .
Mais plus que tout, j'ai beaucoup aimé le commerce qu'entretiennent Guillaume Siaudeau et les mots. Ceux qu'ils personnifient dans sa postface et avec lesquels il crée une atmosphère si particulière, une bulle de poésie teintée d'humour.Un très joli moment de lecture !

Pocket 2016.

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De tout, en bref...

*Alice ou le choix des armes : un huis-clos entre une victime de harcèlement moral au travail  et l’inspecteur qui enquête sur la mort bizarre du harceleur.stéphanie chaillou
Dans un style très travaillé et efficace, Stéphanie Chaillou décortique de manière précise les mécanismes du harcèlement envisagé du point de vue de la victime, soulignant l'indifférence de la direction de l'entreprise. Un bon roman auquel il a manqué ce je ne sais quoi qui fait toute la différence et emporte l'enthousiasme.

 Stéphanie chaillou,Editions Alma 2016.

 

 

 

* Le rouge vif de la rhubarbe : Agustina, entre méditation dans le carré de rhubarbe rouge et lecture des lettres de sa mère partie aux antipodes , a formé le projet d'escalader la "Montagne" de 844 mètres. Et ce ne seront pas ses béquilles qui vont l'en empêcher ! stéphanie chaillou
Premier roman de mon écrivaine islandaise préférée, Le rouge vif de la rhubarbe contient en germe tout ce qui fait la saveur des romans de son autrice : poésie, humour, personnages hors-normes et familiers tout à la fois. Mais serait-ce le nombre de pages trop réduit à mon goût (156 pages), je suis restée un peu sur ma faim. Pourtant les marque-pages ont été à la fête !

Audur Ava Olafsdottir, éditions Zulma 2016 , traduit de l'islandais par Catherine Eyjolfsonn

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Une comédie des erreurs

"(C'était une pratique admise que de laisser son mari camper en été près d'une source de vin doux et de steaks périmés, à condition d'aller le chercher avant l'hiver.)"

 Virginie, milieu des années 60 . Peggy, jeune étudiante, s'amourache de son professeur de poésie. Classique me direz-vous .Sauf que tous deux sont homosexuels. Dix ans  et deux enfants plus tard, Peggy plaque son mari et son fils, s'enfuit avec sa fille. Pour échapper à d'éventuelles recherches, par un tour de passe-passe administratif, Peggy et Mireille endossent l'identité de noires, ce qui est possible à l'époque pour peu qu'on ait une goutte de sang noir.La petite fille, blonde, ne remet pas en question son identité, pas plus que la société , dans laquelle évoluent les deux femmes, car le racisme est encore latent.nell zink
Évidemment, les chemins des membres de cette famille atypique finiront bien par se croiser à nouveau...
Roman de l’ambivalence et de l'identité, raciale et sexuelle,Une comédie des erreurs est un texte en roue libre où l'autrice se lâche avec un bonheur évident. Humour vachard, écriture brillante, font de ce roman un pur moment de jubilation ! à découvrir sans plus tarder !

Une comédie des erreurs Neil Zink
Seuil, 2016, 303 pages
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Charles Recoursé (Mislaid 2015)

 

Cuné et Papillon ont été séduites elles aussi !

 

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Sanglier

"Quand il y a un coup de vent les ondulations deviennent une sorte de course folle, mais qui fait du surplace,- il n'empêche que parfois, on se surprend à croire que le champ va sauter la haie du fond.Cela fait une chorégraphie de bancs de poissons, en plus élégant."

Pourquoi son employeuse a-t-elle prêté à Sybille, clerc de son état, sa maison de campagne dans le Morvan pour une semaine ? Le mystère demeure entier et peu importe.dominique rameau
Ce qui importe est la manière dont la jeune citadine (qui ne connaît que quelques noms de végétaux et d'animaux), va progressivement lier connaissance avec les quelques habitants et surtout va se fondre dans la nature, redécouvrant son corps , les éléments et les sensations. Un parcours initiatique qui parlera à tous les amoureux de la nature et du style. On a souvent envie de suivre Sybille, voire de l'imiter...
En apparence,il ne se passe presque rien, l'écriture ne fait pas d'effets de manches mais distille une vraie poésie  qui fait qu'une fois le roman dévoré d'une traite, je l'ai aussitôt relu pour mieux le savourer. Un grand coup de cœur !

Sanglier, Dominique Rameau, éditions José Corti 2016.

 

Et zou sur l'étagère des indispensables !

Un premier roman écrit par un écrivain né en 1947,roman  déniché à la librairie du Cyprès à Nevers, où il était mis en valeur. Là, j'ai trouvé ce que je ne cherchais pas, rejoignant ainsi sans le savoir ce qui était écrit dans le  texte de Dominique Rameau...

Laissez-vous enchanter à votre tour.

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Aujourd'hui tout va changer

"Elle m'a demandé: Quel est le secret d'un mariage qui dure ? " J'ai réfléchi une seconde, et puis j'ai répondu :"Rester mariés."

Eleanor Flood ne s'en rend sans doute pas compte mais bien des gens pourraient envier sa vie .Pourtant, elle ne s'en satisfait pas et, entre cours de poésie  (pour éviter la solitude) et cours de yoga, elle a décidé ce matin qu 'Aujourd’hui tout va changer. Rien que ça. Fini les grossièretés, le programme d'une journée parfaite en tête, elle conduit son fils Timby à l'école.maria semple
Mais un grain de sable va se mettre dans les rouages de ce rêve de changement radical et va s'enclencher une véritable journée catastrophe pour la jeune femme, qui va commencer à douter de la fidélité de son époux. De surcroit , la découverte d'une veille bande dessinée va faire ressurgir son histoire familiale, histoire qu'elle a tout fait pour oublier.
Avec un sens magistral de la composition, Maria Semple malmène son héroïne ,qui parvient malgré tout à préserver son sens de l'autodérision . On suit ses tribulations ,entre comédie et émotion, avec un plaisir fou, un tout petit cran en dessous cependant de Bernadette a disparu. (clic)

Aujourd'hui tout va changer, Maria Semple, traduit de l'anglais  (E-U) par Carien Chichereau, Plon 2017, 240 pages  qui se tournent toutes seules.

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L'amour des Maytree...en poche

Quand même, le nombre de vies qu'on vit !"

Parce que...

-Les romans d'amour, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé.

-Ayant beaucoup aimé Pélerinage à Tinker Creek (que l'on pourrait ranger dans la catégorie Nature Writing), a-do-ré En vivant en écrivant (depuis 1997 sur mon étagère des indispensables), qui sont tout sauf des romans , j'appréhendais un peu la lecture de L'amour des Maytree.annie dillard

Imbécile bête que j'étais ! Je me suis refusé pendant 3 ans un plaisir subtil ! En effet , Annie Dillard est aussi à son aise dans le domaine de l'essai que dans le romanesque.
Sur une trame en apparence toute simple, un couple qui se forme, un enfant qui naît, les amis, le flux et le reflux de l'amour, le passage des ans, Annie Dillard nous peint avec délicatesse la vie même.Ses personnages, dont on a envie d'emboîter le pas , ne se comportent jamais comme on pourrait s'y attendre. La grâce et l'harmonie, malgré les écueils, règnent en maître, tant dans les paysages décrits (ceux du Cape Cod) que dans le récit. Je me suis tout de suite nichée au creux de ce roman lumineux et puissant dont j'ai allègrement corné de nombreuses pages. Un roman qui flirte avec la poésie et enchante la vie.

L'amour des Maytree, Annie Dillard, traduit de l'anglais (Etats-unis) par Pierre-Yves Pétillon, Christian Bourgois

Plein de livres de cette autrice viennent de ressortir en poche, foncez !

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La rivière

"Nous promenons notre cœur aux mauvais endroits. Je m'en suis avisée au bord de chaque fleuve, et tout particulièrement de l'Oder."

Une femme s'installe "dans un appartement sommairement agencé où [elle]allait poser [sa]vie pour un temps."dans la banlieue de Londres, près d'une rivière.
D'elle, nous ne connaîtrons pas grand chose, ni son nom, ni son âge.Elle semble être dans un entre-deux à la fois temporel et spatial, à la marge de la ville, côtoyant des gens à peine insérés dans la société. Elle arpente la campagne, photographiant à l'aide d'un appareil instantané, suivant les rivières; pérégrinations où lui reviennent parfois des souvenirs, tous liés à des cours d'eau étrangers, en Italie, en Inde , en Israël, dans les pays de l'Est de l'Europe.esther kinsky
Fleuve frontières, fleuves abolissant les frontières entre l'eau douce et la mer," fleuve infusé de morts"(le Gange), elle les décrit avec une extrême précision, empreinte de poésie.
Quelques rencontres fugitives, quelques évocations oniriques , facétieuses ou dramatiques de scènes urbaines ou de nature, apparitions fantasmatiques (le Roi des Corbeaux), créent un climat étrange et fascinant où revivent parfois certaines activités économiques du passé.
Cela donne un texte au rythme lent, à la langue exceptionnelle (bravo au traducteur), qui peut parfois perdre son lecteur, mais qui offrira à qui acceptera de se laisser envoûter une magnifique expérience de lecture.

Merci à Babelio et à Gallimard.

La rivière, Esther Kinsky, traduit de allemand par Olivier Le Lay, Gallimard 2017, 391 pages piquetées de marque-pages.

 

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Hikikomori...en poche

"Je n'ai jamais entendu parler de hikikomori américain. Les Américains ne se réfugient pas dans le silence, ils font encore plus de bruit.Ils deviennent fous et se mettent à tirer sur tout le monde."

Depuis trois ans, Thomas Tessler vit "en retrait, barricadé" dans sa chambre à Manhattan. Il a "enfermé le reste du monde dehors" et refuse toute communication avec sa femme, Silke. C'est un hikikomori.
Résolue à le sortir de son mutisme, son épouse fait appel à une jeune japonaise , Megumi, qui a déjà l'expérience de cette situation typiquement japonaise.jeff backhaus
D'emblée le lecteur, et on le suppose bien évidemment Silke, perçoit toutes les conséquences possibles de cette situation hors-normes. Mais Jeff Backhaus dont c'est ici le premier roman, sait contourner tous les écueils et mène sa barque vers une destination bien plus complexe.
Histoires de solitudes qui se croisent, parfois à distance, les relations entre  civilisations différenets sont analysées avec finesse. La poésie n'est pas absente (ah cette description de bain chaud en pleinair sous la neige la nuit !) et je n'émettrai qu'un seul regret: que le personnage de Silke n'ait pas été suffisamment exploré. Une très jolie découverte.

Hikikomori, jeff Backhaus, traduit de de l'anglais (E-U) par Marie de Prémonville,

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22/06/2017 | Lien permanent

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