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Les nouvelles femmes de Stepford ? *

Le roman de Rachel Cusk commence par un long travelling très maîtrisé qui survole la banlieue résidentielle d’Arlington Park, non loin de Londres .Le décor est planté , placé sous le signe d’une  pluie obstinée et agressive, presque voyeuriste,instaurant d’emblée un vague sentiment de malaise.Unité de lieu donc,Arlington Park,ses"bonnes "adresses et les autres ,où le mal est tenu à distance (le terrorisme est à Londres)mais où les allusions à l'enlèvement d'une petite fille qui reviennent en leitmotif signalent qu'il rôde quand même...

Unité de temps,vingt-quatre heures dans la vie de femmes au bord de  la crise de nerfs ,  voilà qui  donne un cadre au roman.

L’auteure s’intéresse donc à des habitants de cette banlieue, leur consacrant successivement un chapitre,en se focalisant davantage sur celles qui sont l’âme de ce lieu déserté la journée par les hommes.
Ces femmes dont une seule travaille (à mi-temps dans un lycée de filles) vont nous livrer leurs pensées les plus intimes, parfois mélancoliques,parfois pleines de ressentiment,l'une d'elle ayant le sentiment qu'elle a été assassinée par son mari, au demeurant le plus charmant des hommes, sorte de saint laïc.  Elle  se  sent "lourde" , "pleine du dépôt des jours gâchés", une  autre, sorte de Bree van de Kamp, se rendra comptedel'image qu'elleprojette et qui n'est pas  forcément celle qu'elle espérait.9782879295749
D'autres ,au contraire se rassurent en disant que le confort dont elles profitent, elles l'ont bien mérité même si la  seule  escapade quelles s'accordent est une virée au centre commercial le plus proche... Centre commercial où elles vont croiser celels qu'elles auraient pu devenir,du moins  pour certaines d'entr'elles  : des filles de seize ans déjà  mère de famille.
Les enfants,les leurs et ceux des autres, sont bien sûr au coeur de leurs réflexions mais c'est surtout sur elles mêmes,qu'elles se penchent, sans indulgence, essayant d'être au plus près de leurs vérités.

"C'était un endroit dangereux où vivre, une famille:  aussi tumultueux que la pleine mer sous un ciel traître, avec ses allégeances passagères, ses  rafales de cruauté et de vertu, ses grandes vagues d'humeur et de mortalité, son incessante alternance de tempête et de bonace" (p. 228). Ou bien encore 

"C'est ici que Maisie se sentait le plus éloignée de ses aspirations, voyait son mari et ses enfants comme les étrangers qu'ils étaient  de temsp  à autre. C'est ici qu'elle  sentait le plus souvent qu'il  étaient  dans une pièce de théâtre,et que ce n'était pas  une pièce de  théâtre qu'elle  appréciait"(p.214).

L'auteure ne stigmatise pas pour autant les hommes,ils sont souvent palins debonen volonté et mettent volontiers lamain ) la  pâte.

L'auteur se moque comme  d'une guigne du politiquement correct, les hommes, la famille et les valeurs de la plus ou moins petite bourgeosie sont joyeusement passées à la moulinette, le tout avec un style sensible, imagé et puissant. Rachel Cusk sait créer son propre univers et j'attends déjà avec impatience la traduction de ses autres romans.  Une vraie auteure.21PE3VQMH2L


* Roman d'Ira Levin dans lequel des femmes tout à fait normales  au départ se transforment mystérieusement en parfaites petites ménagères pour le plus grand bonheur de leurs époux....

La critique de Clarabel

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Une femme très moderne

Orgueil et Préjugés est un roman magique et lumineux où tout se joue dans la  subtilité.
Lesmots y ont une importance prodigieuse qu'ils soient utilisés  pourridiculiser ceux qui s'écoutent pérorer (Lady Catherine, Mr Collins:"Le  rude joug de l'autorité paternelle  lui avait donné dansles  manières une  grande  humilité  que combattaitmaintenant la fatuité naturelle à un esprit médiocre  et enivrépar une prospérité rapide  et inattendue", ou pour remettre à leurplace avec une rare délicatesse les situations tendues.
Si la société de l'époque  paraît être aux mains  des  hommesforce est de constater que, chez Jane Austen, ce sont les  femmes(à l'exception de la mère de l'héroïne ) qui mènent le balet qui jouissent  d'une  grande liberté. 9782264023827
Beaucoup degaieté dans ce roman qui donne  envie de danser avec les personnages tellement ceux-ci sont vivants et restent présents à notreesprit une fois le livre refermé.
Elizabeth,l'héroïne, est très moderne et très équilibrée, ne reniant pas sesopinions et les exprimant clairement, s'efforçant de ne garder dupassé que les bons souvenirs et ne s'attardant pas à pleurnichersur les situations présentes qu'elle ne peut modifier.
L'intrigueest pleine de rebondissements parfaitement "huilés" et tout s'enchaîneharmonieusement pour le plus grand plaisir du lecteur.
Merci aux romans de Jasper Fforde, au roman Le  club Jane Austen,et surtout à Cuné qui a su me mettre le pied à l'étrier pourentrer dans le monde austenien, aidée  par les critiques de toutescelles  qui oeuvrent dans la blogosphère  (et qui voudrontbien se  signaler pour que je mette un lien ! :))

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Vous les femmes...(air connu)

Même si la préface (et la sélection des poèmes) est quelque orientée("Naissance, renaissance, renouveau, cycles de la vie : la poésieféminine , sensible aux couleurs et aux bruits, souvent élégiaque,entretient un rapport privilégié et particulier avec les saisons, lerégne végétal, la nature, qui demeure une source d'inspirationinépuisable",  écrit Camille Weil,  il n'en reste pas moinsque cette Poésie au féminin  est fort intéressante.9782070578276
Cetteanthologie, publiée en folio junior présente un panorama des femmespoètes, des plus anciennes (Christine de Pisan, Louise Labé, maisaussi  Pernette du Guillet que je ne connaissais pas, mêmede  nom),  aux contemporaines (Andrée, Chedid, Gisèle  prassinos, Annie Salager...).
En tout une trentainede poétesses qu'une notice biographique, très courte mais précise,permet de situer et un florilège qui donne envie de se plonger plusavant dans l'oeuvre de certaines de ces femmes souvent "brûlées" par la  vie...

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Femme nue jouant Chopin

"Il y a un style de femmes qui, bien qu'ayant été ravissantes toute leur vie, connaissent une éruption de folle splendeur à l'approche de la cinquantaine."

Quand un texte commence de manière aussi parfaite (pour moi), c'est le gage qu'une excellente lecture s'annonce . Promesse tenue -et haut la main- par ce recueil de 16 nouvelles aux ambiances très diverses mais caractérisées par la tension parfois juste insoutenable qui les anime et la capacité de Louise Erdrich à se glisser aussi bien dans la tanière d'une Goth Lolita gothique que dans l'intimité d'un couple de scientifiques vieillissants .louise erdrich
La nature est forcément toujours aussi présente et l'on croise dans ces textes aussi bien des antilopes, des loups, des bisons, des chats, des chiens que des corbeaux. Et comment ne pas aimer une auteure qui fait dire à l'une de ses narratrices : "Les corbeaux sont les oiseaux qui me manqueront le plus quand je mourrai. Si seulement les ténèbres dans lesquelles nous devons plonger notre regard étaient composées de la lumière noire de leur souple intelligence.(...] J'ai observé ces oiseaux avec tant d'attention que je sens leurs plumes noires pointer sous ma peau."
Mais, bien évidemment, ce sens de l'observation, Erdrich l'exerce aussi l'égard des humains. Et leur comportement interpénètre souvent celui de la Nature, dont il emprunte parfois les ruses et parfois aussi la cruauté.Cruauté souvent adoucie par la compassion qui prend alors les chemins les plus étranges, les plus tortueux. Ainsi dans la nouvelle "Le lait paternel" dont je vous laisse découvrir toute la tendresse et la violence mêlée.
Qui manipule, qui est manipulé ? Erdrich semble sourire du comportement de ses personnages mais ne jamais s'en moquer, n'hésitant pas à ajouter quelques touches de fantastique ou d'humour dans les situations les plus tendues . Ainsi ce dialogue improbable dans un magasin d'armes :
"Exercices de tir ?
-Non. je dois tuer un mec qui fait du yoga.
-Défense du domicile alors."
à noter que L'auteure choisit , en faisant un pas de côté au moment opportun ,d éviter le pathos et/ou les situations prévisibles.
On trouve aussi dans ce recueil la course poursuite la plus lente et néanmoins la plus intense que j'ai jamais lue, le récit d'une amitié féminine , sereine, par-delà la douleur (un texte magnifique), des femmes, des hommes d'âges différents, Indiens ou non, contemporains ou pas ,mais qui tous nous émeuvent, font battre nos cœurs et nous donnent tout à la fois envie de savoir vite, vite ,ce qui va leur arriver et simultanément envie de retarder le plus possible le moment de les quitter. Quant au style de Louise Erdrich, il est sensuel, analyse au plus intime les sentiments, très imagé et sonne juste.Un vrai et grand coup de cœur pour commencer ce mois de novembre.

Et zou, sur l’étagère des indispensables !

Femme nue jouant Chopin, Louise Erdrich, traduit de l'américain par isabelle Reinharez, Albin Michel 2014, 367 pages intenses.

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La femme au carnet rouge

61b18Ck8wjL lfcr.jpg"Laurent  se trouvait devant une femme-puzzle. Une silhouette floue, comme dernière une vitre pleine de buée , un visage semblable à ceux que l'on croise dans les rêves et dont les traits se brouillent dès que l'on tente de se les remémorer."

Laurent Letellier, libraire, découvre un jour un sac mauve, probablement volé,  sans indication de l'identité de la propriétaire. Il décide alors de mener une enquête , placée sous les auspices de Modiano (que nous croiserons ! ) de Sophie Calle et de Pessoa, afin de le lui restituer.
Se tissent alors entre l'apprenti détective et la victime du vol des liens qui vont très largement dépasser le simple acte civique...
Si je n'avais pas acheté ce roman en format poche, il est probable que j'aurais moins ressenti le charme  subtil, quelques fois un peu forcé, de ce roman agréable et léger qui fait un bien fou, car j'en aurais sans doute attendu trop. Mais là, nonobstant une couverture criarde (je sais que le jaune est à la mode cette saison, mais c'est définitivement non à cette couleur) , je me suis régalée à  lre cette romance qui s'élabore  quasi malgré les principaux protagonistes.

 Des avis très tranchés sur Libfly !

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La solitude des femmes qui courent

 

"Ma vie n'est pas satisfaisante. Je suis seule, j'ai un travail qui me frustre. Adèle est mon unique réussite, la personne qui donne un sens à ma vie." Ainsi parle Justine Trévise , divorcée, la petite quarantaine, qui s'échine à courir dans Paris entre une entreprise qui bat de l'aile, ses amies fidèles et sa petite fille.
Revenir s'installer dans le village de son enfance lui permettra peut être de repartir de zéro, de retomber amoureuse et d'élucider les non-dits familiaux.julie printzac
Romance fortement axée sur l'amitié entre femmes, La solitude des femmes qui courent est un roman qui obéit aux lois du genre, tout en ménageant un certain suspense. Si l'histoire est bien menée, les dialogues qui l'émaillent sonnent faux, ce qui enlève toute harmonie au texte. Dommage.

La solitude des femmes qui courent, Julie Printzac, Lattès 2017.

julie printzac

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La femme d'en haut

"Les gens n'ont pas envie de s'inquiéter pour la Femme d'En Haut. Elle est fiable, organisée, sans histoires."

L'arrivée d'une jeune élève d'origine étrangère, Reza,  dans sa classe de primaire ,va bouleverser la vie bien rangée de Nora.claire messud,artfemme
Abordant bientôt les rives de la quarantaine, cette institutrice modèle prend en effet conscience au contact de la famille de Reza de tout ce à quoi elle a renoncé: ambition artistique, maternité, amour; en bref,  la vie et son intensité. Nora tombe pour ainsi dire amoureuse à titres divers de Sirena, la mère de l'enfant, une artiste en passe d'être mondialement reconnue, de son époux, Skandar et bien sûr de Reza, qu'elle va chérir. Renouant avec une pratique artistique aux côtés de Sirena , Nora se prend à espérer d'une autre vie.
Récit a posteriori dont la narratrice est Nora, cette Femme d'En Haut,"invisible durant des décennies" , le roman de Claire Messud scrute avec précision les moindres remous intérieurs de cette femme qui a soif de vivre et qu'anime une colère monstrueuse.Ce texte à la structure circulaire, qui peut se lire comme la réponse de Nora à la trahison inévitable et extrême, souffre de quelques longueurs, comme souvent chez Claire Messud ,mais j'ai néanmoins pris beaucoup de plaisir à entrer dans l'univers de Nora, femme frustrée, bridée ,mais jamais caricaturale.

La femme d'En Haut, Claire Messud, traduit de l’anglais (E-U) par France Camus-Pichon, Gallimard 2014, 373 pages.

 

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Recherche femme parfaite

"La folie, me dit-elle, c'est de faire toujours la même chose, mais en espérant qu'un jour il y ait un résultat différent."

Julie est une femme parfaite , mère, épouse , qui mène sa carrière tambour battant. Elle est profondément admirée par sa voisine, la narratrice,  photographe beaucoup plus bohème:"C'était insensé tout ce qu'elle était capable de faire en une seule journée. Avec gentillesse et l'air de ne pas faire d'efforts . Sans se plaindre . Et le sourire aux lèvres, s'il vous plaît!".
Mais un jour la belle mécanique s'enraye : Julie craque et se retrouve internée à Ste Anne. Diagnostic: "épuisement maternel aigu". anne berest
La narratrice commence alors une quête de femmes parfaites, cooptées par d'autres femmes, qu'elle photographiera en vue d'une exposition à Arles. Mais ce qu'elle trouvera au bout de sa recherche n'aura rien à voir avec le but attendu.
Avec humour et empathie, Anne Berest brosse le portrait de femmes de tous âges qui ont fort à faire avec leur féminité et la perfection qu'elles s’obstinent à atteindre, ou pas...Un roman joyeusement féministe, mené tambour battant , plein d'optimisme, de références et de conseils iconoclastes. Une galerie de personnages hauts en couleurs, (notamment une conseillère: Marie-Amélie Roussel,"sorte de psychanalyste concrète" qui vous donne son avis sur les choses" que j'ai tout particulièrement adorée) ,qui donne la pêche ! Un coup de cœur !

Recherche femme parfaite, Anne Berest, grasset 2015, 295 pages toniques

 

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Une femme au téléphone

« Ah, j’en vire des hommes, qu’est-ce que je peux en virer ! j’en ai plein ma corbeille ! »

Une mère laisse des messages sur le répondeur de sa fille. Par le truchement de cette situation de communication perturbée ( autant que la narratrice !) se dessine le portrait d'une femme tour à tour dragueuse sur internet, mère envahissante, qui refuse de vieillir et fait preuve d'un humour, parfois noir « Il faut choisir, le cancer, la phlébite ou la dépression » , dévastateur.On devine très bien, en creux,  les réactions des interlocuteurs invisibles et le procédé n’est jamais pesant, bien au  contraire.carole fives,rapports mèrefille
Les revirements de la mère vis-à-vis de sa petite-fille, ses tentatives de culpabilisation i la mélancolie, la dépression qui s’immiscent entre deux tout cela sonne très juste.  L’émotion n'est pour autant pas oubliée, en particulier quand s'amorce une possible inversion des rôles.Ça cavale à toute allure et quand la fin arrive, on est tout étonné et un peu déçu car on aurait bien continué !
Carole Fives nous fait vivre des montagnes russes émotionnelles, c'est rondement mené, brillamment écrit (j'ai surligné à tour de bras) et ce roman file donc directement sur l’étagère des indispensables !

Une femme au téléphone, Carole Fives, Gallimard 2017

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La femme brouillon ...en poche

"Le bébé siphonne notre tendresse. On s'adresse l 'un à l’autre comme deux vieux collègues exaspérés."

Entre bonheurs et inquiétudes, "Le père du bébé aurait fait une bien meilleure mère. Son instinct de sacrifice est plus développé, et c'est toujours lui qui fait les crêpes.", mais toujours avec beaucoup d'humour et d'énergie, la narratrice nous raconte les étapes obligées de sa grossesse, de l'annonce  à une conclusion qui évoque très joliment la transmission.amandine dhée
Celle qui se définit successivement ou simultanément comme "la gosse qui n'a pas les mots, l'ado blessée, la femme-lézard, la féministe, l'écrivaine et la demi-mère", une femme brouillon donc, dont on devine que le rapport à sa propre mère est plutôt douloureux, pose des mots très justes sur cette grossesse.
Si elle souligne l'attendrissement de certains devant son gros ventre, elle n'en oublie pas néanmoins que, bizarrement, ce dernier semble  devenir invisible dans les files d'attente ou les transports en commun...Avec lucidité, elle décrit ses propres contradictions de féministe et de mère en devenir, tiraillée entre le fait qu'on veuille la limiter à ce rôle et l'acceptation de ce rôle, trop normatif à son goût.
Ne perdant jamais son regard critique, dénichant la violence sous la guimauve, la narratrice s'en tire haut la main, ne reniant jamais son aspect  revendiqué de Femme brouillon, bien loin des mères parfaites qui nous sont imposées comme modèles. 
Un livre qui pose un regard décapant, drôle et intelligent sur la grossesse, voilà qui ne se refuse pas, quel que soit son âge !

Un grand coup de cœur, constellé de marque-pages !

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