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Rechercher : françoise guérin

Vue mer

"Stefan incarne le mouvement, la vie au pas de course, l'activité avant tout. il ne se laisse ni dépasser ni submerger. Aucune paralysie-affective, sentimentale, familiale-, aucune entrave, il gère, il avance. Comme le temps."

Stefan , pour une fois, se tient en retrait et ne démarre ni sa voiture, ni sa journée. Mentalement, ce chef d’entreprise manipule comme des marionnettes ses collaborateurs, prévoyant leurs agissements, leurs réactions face la nouvelle qu'il laisse à son associée le soin de leur annoncer. Une nouvelle qui va bouleverser leur routine bien huilée.colombe boncenne
En un peu plus de cent vingt pages, Colombe Boncenne bosse une satire sociale malicieuse, multiplie les références littéraires (Françoise Deprouste, Bart El' Bye) ou plus contemporaines (Maria Quaraie), entrecoupe son récit de poèmes d'ascenseur et observe avec acuité la vie de cette fourmilière d'entreprises modernes regroupées dans une tour.
Elle souligne le formatage des prétendues élites , la vacuité des comportements si prévisibles de chacun des rouages de cette entreprise. Une pirouette finale permettra de dégonfler les egos en beauté.

Zoé 2020.

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Si j'avais un perroquet je l'appellerais Jean-Guy parce que que Coco c'est déjà pris

"J'ai un pieu dans le cœur depuis deux ans et je n'ai trouvé qu'une pince à épiler."

Dans un roman de Françoise Sagan, la narratrice, dont on apprendra tardivement le nom et le profession, trouve un marque-page intriguant. En effet, y sont inscrits le nom d’un homme ‒ Jean-Philippe ‒ et son numéro de téléphone, suivis de l’invitation « Appelle quand tu veux ».blandine chabot
Appellera ou pas ? Traumatisée (et il y a de quoi !), la narratrice , à grands coups de mensonges et de valse-hésitation va se fourrer dans de drôles de situations, dans la pure tradition de la littérature de filles.
Le ton est drôle, enlevé et à l'exception d'une petite baisse de rythme et d'un épisode à la tonalité plus sombre, on passe un bon moment de détente avec ce premier roman prometteur car l'auteure a su se créer un univers haut en couleurs et attrayant.blandine chabot

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La légèreté...en poche

"Dans les relations humaines, il faut toujours se montrer inaccessible. Dans les relations humaines, il faut toujours se parer d'un air lointain au premier abord pour se donner un prix valable, faire monter les enchères et sortir du discount."

Des vacances estivales, comme une brève parenthèse dans la routine et la volonté farouche  de rencontrer un garçon, telle est la trame de ce roman qui dit comme jamais la douleur de vivre ce que Françoise Dolto appelait le complexe du homard, encore plus douloureux peut être pour le corps féminin.emmanuelle richard
Il aura fallu que ce roman soit dans la bibliographie suggérée pour le thème de BTS "Corps naturel, corps artificiel", pour que je me décide enfin à le lire.
Couvert de louanges, à raison, sur la blogosphère et ailleurs, ce roman âpre et cruel brosse l'autoportrait d'une adolescente entravée par le jugement des autres sur son corps, entravée par sa classe sociale modeste et aussi par le suicide d'Antoine.

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09/05/2018 | Lien permanent

Si j'avais un perroquet je l'appellerais Jean-Guy...en poche

J'ai un pieu dans le cœur depuis deux ans et je n'ai trouvé qu'une pince à épiler."

Dans un roman de Françoise Sagan, la narratrice, dont on apprendra tardivement le nom et le profession, trouve un marque-page intriguant. En effet, y sont inscrits le nom d’un homme ‒ Jean-Philippe ‒ et son numéro de téléphone, suivis de l’invitation « Appelle quand tu veux ».9782266288460ORI.jpg
Appellera ou pas ? Traumatisée (et il y a de quoi !), la narratrice , à grands coups de mensonges et de valse-hésitation va se fourrer dans de drôles de situations, dans la pure tradition de la littérature de filles.
Le ton est drôle, enlevé et à l'exception d'une petite baisse de rythme et d'un épisode à la tonalité plus sombre, on passe un bon moment de détente avec ce premier roman prometteur car l'auteure a su se créer un univers haut en couleurs et attrayant.

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”La folle qui parle aux bébés”

Ma Dolto c'est non seulement la vision qu' a Sophie Cherer de la psychanlyste française qui aurait eu cent ans cette année, mais c'est surtout une référence à Ma Dalton, la "mère tutélaire, rebelle patentée", par volonté de bousculer l'image trop lisse qu'on a souvent de Françoise Dolto.

Dans une volonté de transmettre  sous une forme non linéaire, mais au contraire aussi dynamique que le sujet traité, en bousculant le genre par trop poussiéreux de la biographie, l'auteure m^le avec bonheur, poésie, étapes importantes de l'itinéraire de cette rebelle souriante, rappels d ecascliniques qui s elisent comme autant de petits romans mais aussi réflexions personnelles de l'auteure qui s 'implique ainsi dans sontexte, comme autant d' illustrations de la prégnance de la pensée de Dolto.

Dès l'âge de 8 ans, Françoise déclare qu'elle veut être "médecin d'éducation", métier qu'il lui faudra inventer , tout en se débarassant du poids de son histoire familiale et sociale. C'est ainsi que se forge un destin. Elle défendra ainsi inlassablement "la cause des enfants", titre d'un de ses livres, parlera la première aux nouveaux-nés, les considérant comme de véritables personnes en devenir. Bien sûr, elle connaîtra aussi des  échecs. Sophie Chérer relate ainsi le cas de cet enfant "retardé" qui "tout au long  de la cure [...]se trnsorme, s'éveille, rattrape son retard " et ne vient plus voir Dolto. Réussite donc . A première vue seulement car "Personne n'ayant pris le relais dans son éducation" , ce jeune homme va devenir "chef de bande dans des affaires de vol à main armée" et fera de la prison. Dolto revient sur ce cas  et conclut : "En l'occurrence, il y avait une personne qui vait conscience, tout en ayant fait son boulot, d'avoir été une salope: et c'était moi!" On se demande si tous les psy ont autant de scrupules...

J'avais quasiment tout lu de l 'oeuvre de Dolto (et beaucoup oublié) mais je ne me suis pas ennuyée une seconde avec le formidable livre de Sophie Cherer où se croisent deux voix : celle de l'auteure et celle de Dolto. Une réussite.

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13 à table ! 2019

"Il parle d'une certaine organisation du temps, d'une certaine portion de temps laissé à autre chose que le travail ou le repas. Il parle des heures  passées à cuire de  la viande, à s'affaler dans l'herbe et à trinquer. Il parle d'une propension à rassembler des chaises autour d'une table en lançant aux amis de passage: "Serrez-vous de ce côté -là, ça fera de la place à Michel." Alice Zeniter

Il y a les fêtes auxquelles on voudrait assister pour se sentir enfin acceptée ou juste vivante. Quand on est une ado et qu'on se prénomme Perpétua, c'est pas gagné d'avance, comme nous le montre Véronique Ovaldé dans sa nouvelle "Je suis longtemps restée une clématite", nouvelle où elle analyse avec sa finesse habituelle les relations entre un père et sa fille vivant dans un environnement très particulier.
Quand on est une femme sous emprise cloitrée chez elle par un mari sans amour, La fête des voisins de Leila Slimani peut déboucher sur une folle envie de libération à tout prix.
Il y a aussi les fêtes l'on donne pour se convaincre qu'on est une famille joyeuse , même si amputée, pour retrouver "Le goût des fraises sauvages" chez Alice Zeniter.index.jpg
Celles qui tournent mal, par exemple quand l'obsession de la perfection risque de gâcher tout plaisir ou quand le passé rattrape les pestes chez Tatiana de Rosnay . Y aurait-il une justice ? Philippe Jaenada semble montrer que non, revisitant , non sans humour,  l'histoire d'une femme demeurée dans les mémoires  comme étant la Pompe funèbre...
Il y a enfin les fêtes que  l'on donne avec un objectif clairement assumé: se trouver un amoureux chez Françoise Bourdin, nouvelle où j'ai appris le nom des figures du rock, ou un financier comme chez Romain Puertolas  . Objectifs atteints ou non ? à vous de le découvrir en dévorant cet excellent cru, couverture illustrée par Plantu.

 

Philippe BESSON • Françoise BOURDIN • Maxime CHATTAM • François d'EPENOUX • Éric GIACOMETTI • Karine GIEBEL • Philippe JAENADA • Alexandra LAPIERRE • Agnès MARTIN-LUGAND • Véronique OVALDÉ • Romain PUÉRTOLAS • Jacques RAVENNE • Tatiana de ROSNAY • Leïla SLIMANI • Alice ZENITER

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Avec mon meilleur souvenir

à cause d'un documentaire chopé par hasard à la télévision, à cause d'un livre dont je parlerai prochainement, j'ai mis la main sur ce recueil de texte où Françoise Sagan évoque des moments heureux, brosse le portrait sensible des gens qu'elle a aimés : Billie Holiday,  l'ogre Orson Welles qui la trimballait "comme un sac de vêtements à travers toutes les rues de Paris et les Champs Elysées" "sous prétexte qu'[elle] ne [se] fasse pas écraser", Sartre à qui elle écrivit une lettre d'amour/admiration.françoise sagan
  Sagan évoque aussi son addiction au jeu, à la vitesse,dans des pages qui nous montrent- si on en avait douté - son talent de styliste. Sans oublier une évocation teintée de mélancolie de Saint Tropez qui n'est pas sans rappeler une autre habitante de cette station: Colette.
Mais c'est à la littérature que l'auteure de Bonjour tristesse consacre ses plus belles pages car elle lui voue un amour"d'une grande supériorité sur l'amour tout court, l'amour humain."car, selon elle, "la littérature en revanche offre à notre mémoire des coups de foudre autrement fracassants, précis et définitifs."Et Sagan de nous décrire  avec un entousiasme intact sa rencontre avec  les quatre textes qui lui "restent toujours comme des tremplins , des boussoles"dans cette "existence aisément qualifiable d'agitée", existence où elle affirme ne rien avoir appris.
Ces quatre textes ? Les nourritures terrestres (Gide), L'homme révolté (Camus), Les Illuminations (Rimbaud) et Proust bien sûr, dont elle recommande de commencer la lecture par Albertine disparue.
Pour conclure quelques phrases d'un chapitre qui mériterait d'être cité en entier :

"Je découvris que le don d'écrire était un cadeau du sort, fait à très peu de gens, et que les pauvres nigauds qui voulaient en  faire une carrière ou un passe-temps n'étaient que misérables sacrilèges. Qu'écrire demande un talent précis et précieux et rare-vérité devenue inconvenante et presque incongrue de nos jours; au demeurant, grâce au doux mépris qu'elle éprouve pour ses faux prêtres ou ses usrpateurs, la littérature se venge toute seule: elle fait de ceux qui osent la toucher, même du bout des doigts, des infirmes impuissants et amers- et ne leur accorde rien- sinon parfois, par cruauté, un succès provisoire qui les ravage à vie." Des mots forts, définitifs et toujours d'actualité...

Avec mon meilleur souvenir, Françoise Sagan, Folio 2010 (1ère édition folio 1985)150 pages délicieuses .



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Lithium pour Médée

"J'étais celle qui tissait les toiles et rendait la nuit contagieuse."

Elle a vingt-sept ans et constate: "les pins qui ont le même âge en savent plus sur la vie que moi. Alors je me suis dit que cette énorme fleur  qui s'ouvrait devait peut être porter le nom de Rose." Ni son père, en train de faire face à une récidive de son cancer, ni sa mère qui, ayant vécu le rêve américain, est devenue productrice , ne l'appelant par son prénom, nous devons nous contenter  de cette décision.kate braverman,rick moody
Identité mal cernée, comportement erratique, la narratrice analyse avec une lucidité parfois glaçante, son comportement et celui de ses parents aujourd'hui séparés.
Elle revient sur son passé et, à mesure du roman, accède, non pas à la sérénité , mais à une forme de libération.

Rick Moody, dans sa préface, voit dans Lithium pour Médée "une tragédie banale : la famille éclatée". J'y verrais plutôt le poids d'une hérédité et d'un passé transgénérationnel dont on a voulu faire l'économie. L'héroïne est tout sauf sympathique mais la langue, parfois incantatoire, poétique avec quelques points d'humour, rend ce roman totalement hypnotique. à noter que ce texte fait la part belle à la ville de Los Angeles qui devient presque un personnage à part entière.

 Lithium pour Médée, Kate Braverman, traduit de l'anglais (E-U) par Françoise Marel, Rivages poche 2012,318 pages intenses.

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Honte de tout

"Ok pour être un homme, mais pas comme lui. Pas comme mon père."

Honte de tout, ils ont ! Rémi, Sofian, Jeanne et les autres, des ados  en pleine mutation, le regard des autres, les réflexions et le comportement trop con des parents en prime !
Dans ces seize nouvelles, ils prennent la parole avec une lucidité aiguë car, s'ils sont empêtrés dans leur corps et leur identité sexuelle, ils analysent finement les situations. Qu'ils soient issus de l'immigration , qu'ils fassent partie des "tuyaux de poêle, des Groseille, ce qui veut dire des gens sans manières, sans gêne", ou d'une famille monoparentale qui a du mal à couper le cordon, ils paraissent parfois plus mûrs que leurs parents.carole fives,adolescents
Beaucoup d'humour aussi dans ces textes ( où les anciens adolescents se reconnaîtront sans doute !), de sensibilité et de tonalités très variées . Le premier texte, "Cette connerie de virginité", est aussi le plus dérangeant, car on reste quelque peu estomaqué par la crudité des messages SMS, mais bon, ça fait partie aussi de le la violence due à l'âge, et l'on ne sait si on doit rire jaune de cette ado qui affirme avec sérieux "Je ne voulais pas figurer dans les vieilles filles de la classe, je devais passer ce cap. Je devais coucher." Elle n'est qu'en 4 ème quand même...Les adultes ne pratiquant pas Facebook découvriront aussi la brutalité et les implications de la rupture via les réseaux sociaux, bref, ils mettront un pied dans cet univers en perpétuel changement et comprendront peut être un peu mieux ces êtres ronchons et mal lunés qui vivent à leurs côtés.
Une écriture vive et pleine d'empathie, une auteure qui ne rit jamais de mais avec et un panorama plutôt réjouissant de ces homards, comme les appelait Françoise Dolto.
Piqueté de marque-pages, in-dis-pen-sable !

Honte de tout, éditions Thierry Magnier 2013, Carole Fives, 150 pages jamais trash !

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Indesirable

"Sauve qui peut, voilà la fille aux frelons !"

Sur fond de préparation de l'opinion publique américaine à la guerre en Irak, un couple d'intellectuels de la banlieue aisée de New-York, Brendan et Chloe, voit son monde douillet menacé. D'abord par la présence sur leurs terres d'un braconnier. Puis par l'irruption dans leur vie bien lisse de la nouvelle petite amie de leur fils, une jeune réfugiée Croate, au caractère bien trempé, Salomé : "Une sensation déconcertante, comme lorsqu'on voit une araignée sortir fièvreusement de quelque trou noir dans la cave." Le ton est donné.
Avec cette jeune femme, c'est tout un monde étranger et sauvage, marque par la violence de l'Histoire qui va bouleverser leur existence de fond en comble.417tK5-YyGL._SL500_AA300_.jpg
Ce n'est d 'ailleurs pas un hasard si  Chloe illustre Les Hauts de Hurlevent , et travaille en particulier sur l'identité de Heathcliff...Par ailleurs, Brendan qui est historien mais travaille sur un sujet bien plus confortable et distancié, les croisades, va se trouver confronté de plein fouet  à un conflit bien plus contemporain, ce qui nous vaudra des pages très dures consacrées à l'ex-Yougoslavie.
Valerie Martin maîtrise totalement son écriture et choisit de ne jamais nous faire connaître les pensées de Salomé, personnage qui sera uniquement vu par le truchement des autres, de manière plus ou moins indulgente .
En refermant ce roman, le lecteur s'interroge encore sur la figure de Salomé: victime ou fieffée intrigante ?

Indésirable, Valerie Martin, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Françoise du Sorbier, Livre de poche 2010, Albin Michel, 2008.

Lu aussi par Cuné

et Clarabell.

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