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Le petit Gus fait sa crise
"Si elle est sévère avec moi pour ma console, c'est normal que je sois sévère avec elle pour les câlins. c'est vrai quoi."
Gus (tave) a dix ans, une mère qui a eu la fâcheuse idée de lire (et d'appliquer) les conseils d'Aldo Nouillerie( pédiatre de la pire espèce, le roi de la frustration), un père qui claironne les prix au supermarché, filant la honte à son fils, un grand frère qui a "des boutons d'apnée plein la tronche", et une grande soeur qui rêve d'introduire en fraude un rat dans la maison, pour faire style.
Mais lui Gus, a la délicieuse intention de ne pas suivre l'exemple de ses aînés :"Quand je serai un ado, j'éviterai d'être égoïste et feignant et j'aiderai ma mère à se taper les corvées de la maison. c'est la moindre des choses et je le ferai dès que je serai en âge de le faire." (Vite signe-là mon fils ! ).Remarquons néanmoins au passage qu'il prend la précaution de ne pas préciser quand se situe cet âge bénit ...
Mais Gus ne se limite pas à son petit nombril, il chope au passage les faits d'actualités qui le touchent ou l'énervent et les commentent parfois dans un langage peu châtié (mais qui irait prétendre que nos chérubins s'expriment toujours de manière endimanchée ? ). Certains thèmes sont abordés de manière un peu maladroite mais globalement on se glisse avec délices dans la vie mouvementée de cette famille qui ressemble peu ou prou à la notre, chat compris !
Claudine Desmarteaux a su trouver le ton et le langage de Gus, mêlant à-peu-près et néologismes, et le récit cavale à toute allure entre Tamara qui balance des coups de trousse et DS Lite.
Ne reste plus qu'à le faire valider par Mister Ferdi !:)
01/10/2010 | Lien permanent | Commentaires (12)
Une semaine avec ma mère...en poche !
"Elle avait l'impression de nager toute habillée"
Elles sont trois. Ni Grâces, ni Parques, trois mères soucieuses de mieux connaître leurs fils et débarquant chacune à l'improviste chez leur trentenaire de fils, trop secret à leur goût.
Après l'embarras initial, chacun des garçons va secrètement se réjouir de cette arrivée impromptue et durant la semaine de cohabitation bien des secrets seront révélés, tant du point de vue des mères que des fils, non sans cris, non sans larmes mais toujours avec l'amour en ligne de mire...
Ce pourrait être dégoulinant de bons sentiments ou hérissé de combats épiques et hystériques, mais non ,c'est infiniment juste et terriblement drôle.Les rapports de couple sont passés au crible,( comment William Sutcliffe arrive -t-il à se glisser avec autant d'aisance dans la peau de trois femmes en âge de devenir grands-mères? (ce qu'elles réclament d'ailleurs plus ou moins ouvertement)) mais sa vision du rôle maternel est beaucoup plus apaisée et tendre. Après tout ce sont de bons petits et ils font tout ou presque pour satisfaire leur mère . Ainsi Daniel va-il "prendre contact avec Allison, la mère de l'enfant qui allait à la crèche avec le fils du neveu de la soeur de la femme dont le chien l'avait mordu quand il était petit", ouf !, devinez à l'instigation de qui ...
Sutcliffe souligne aussi au passage ,avec infiniment de drôlerie , le fossé qui s'est creusé entre les générations, en particulier au niveau du langage mais ne rend jamais ridicules ses personnages pour qui il semble éprouver une grande tendresse. Pas de happy end généralisé pour autant ,nous sommes dans une comédie certes mais pas au pays de Candy !
07/05/2011 | Lien permanent | Commentaires (3)
Le temps des métamorphoses
"Un huis clos magistral aux troublants échos hitchcockiens" dans "un vieux manoir victorien des années 50 à nos jours", il ne m'en fallait pas plus pour me précipiter sur Le temps des métamorphoses de Poppy Adams . Las , cette famille de lépidoptéristes qui trucide à tour de bras les papillons- mais pas seulement...- pour d'improbables recherches qui nous sont détaillées à longueur de pages n'a suscité chez moi qu'un ennui poli. Pourtant dieu sait si je suis capable de m'intéresser à quasiment n'importe quoi pour peu que l'auteur ait du talent...
Quant aux relation vénéneuses entre les membres de cette famille d'excentriques anglais, elles m'ont laissé sur ma faim. Certes, des révélations fracassantes il y en a mais elles tombent régulièrement à plat ou presque. De plus, le choix de la narratrice unique, la soeur aînée, ne permet pas un changement de point de vue générant le malaise comme l'avait très bien réalisé Hilary Mantel dans La locataire.Leurs héroïnes ont beaucoup de points communs mais celle de Poppy Adams ne suscite que baîllements. J'ai réussi à terminer ce roman , lui laissant toujours une dernière chance mais ce fut une perte de temps. Peut être qu'en visant moins l'exhaustivité et en concentrant l'intrigue en une centaine de pages aurions-nous eu la chance de lire un roman équivalent à l'Ailleurs de Julia Leigh.
Poppy Adams, le temps des métamorphoses,330 pages.
26/05/2009 | Lien permanent | Commentaires (10)
La donation
"Et nous lui en voulions de démolir chaque jour notre vie."
A l'occasion d'une donation entre vifs, la narratrice commence une lettre à ses parents pour les remercier.N'y parvient pas. En effet lui reviennent en mémoire les souvenirs d'une enfance sous le signe de la Psychose Maniaco Dépressive maternelle, où la narratrice et sa soeur souffraient en quelque sorte de "PMD passive, un peu comme on parle de tabagisme passif." Et de s'interroger sur les sens de ce don :
"La donation est-ce aussi cela? La transmission du gène du doute. Du doute de soi, vertigineux. Je me suis toujours interrogée sur la réalité de ce sombre héritage. J'ai souvent voulu lire une étude sur le psychisme des enfants de mères maniaco-dépressives". Sondant les mots, citant des auteurs comme autant de bornes sur un chemin marqué par le doute, la narratrice interroge aussi sa propre filiation: quelle mère est-elle pour ses filles ?
Une écriture toute en retenue, l'auteure tient à distance ses sentiments par différentes stratégies, qui peuvent parfois agacer, mais réussit ici un roman à la fois cruel et tendre.
La donation, Florence Noiville. Livre depoche. 118 pages.
L'avis de Solenn
21/09/2009 | Lien permanent | Commentaires (18)
Bienvenue à Cedar Hole !
Soit deux garçons que tout semble opposer et qui vivent aux Etats-Unis, dans une petite ville dont le grand événement annuel est le concours de tondeuses à gazon. C'est dire si leur existence est palpitante.
D'un côté, Francis, seul garçon d'une tribu de neuf amazones féroces qui sont paraît-il ses soeurs mais que l'affection ne semble pas étouffer. De l'autre, Robert, l'élève modèle dont la principale activité est d'adorer la ville de Cedar Hole. Le destin va s'amuser à mélanger les cartes , pour le plus grand plaisir du lecteur.
J'ai d'abord été agacée par l'attitude de Robert, assez typique de ce que l'on peut voir dans certains films américains. Heureusement des personnages nettement plus pittoresques viennent rapidement lui voler la vedette !
Stephanie Doyon dans Les tondeuses à gazon s'amuse avec les clichés américains (le self made man, entre autres) pour mieux les battre en brèche et a le chic pour brosser des portraits à la fois chaleureux et drôles.
Si vous voulez savoir comment on peut torturer une bibliothécaire par bureau interposé, lisez ce livre !
L'avis de Cuné.
19/06/2008 | Lien permanent | Commentaires (5)
L'échappée belle...en poche
(La première version de ce texte était paru chez Fr*nce L*isirs , il y a quelques années)
Ce "rab de bonheur" que vont s'octroyer, en se faisant la belle d'un mariage ,une fratrie de frères et soeurs que la vie a quelque peu malmenés, n'a rien perdu de son charme. Si les francs ont cédé la place aux euros, si meetic est apparu dans le monde de la célibattante, rien que de très normal. Mais je n'ai pas supporté le langage que se croit parfois obligée d'employer Gavalda. Et là, je suis allée dénicher la version 2001 où l'on trouve, entre autres, : "Sitôt la guitoune du péage franchie, j'ai enfoncé ma cassette dans l'autoradio", devenu en 2009, "Sitôt la guitoune du péage franchie, j'ai enquillé la zique dans l'autoradio."Et je vous passe l'écriture phonétique de lexique à la mode qui a le don de m'énerver. Franchement, je n'en vois pas l'utilité. Les bornes, style "mille bornes" imprimées pour séparer les étapes du récit ne m'ont pas paru absolument indispensables non plus.
Par contre, ne pas louper , comme dans les génériques de films, la dernière intervention d'un personnage, après la fin du roman, clin d'oeil facétieux qui m'a permis de relativiser mes agacements précédents. Quelques péchés véniels donc qui n'empêcheront pas les lecteurs moins pointilleux que moi de se régaler.
Existe aussi en livre-audio (non testé)
Dans son chat avec des internautes, Anna Gavalda nous apprend même que dans des chapitres supplémentaires, elle nous donne des nouvelles des personnages. Affaire à suivre...
04/05/2012 | Lien permanent
L'échappée belle (Gavalda vs Gavalda)
In Cold Blog m'avait confié ici une mission: comparer les deux versions du (très ) court roman d'Anna Gavalda. la première version , destinée à un club de lecture (et entre temps devenue"culte"), je la relis régulièrement pour me redonner la pêche. La seconde, avec sa couverture très colorée, Cuné a eu la bonne idée de me l'envoyer ! :)
Rassurez-vous , je ne me suis pas livrée à une étude loupe à la main, traquant les changements de ponctuation, les précisions ajoutées ou les chansons citées (elles ont changé, sisi!), non, je me suis juste laissée porter par la lecture, notant dans un coin de ma tête ce qui me paraissait nouveau.
Bon, l'esprit est le même, ce "rab de bonheur" que vont s'octroyer, en se faisant la belle d'un mariage ,une fratrie de frères et soeurs que la vie a quelque peu malmenés, n'a rien perdu de son charme. Si les francs ont cédé la place aux euros, si meetic est apparu dans le monde de la célibattante, rien que de très normal. Mais je n'ai pas supporté le langage que se croit parfois obligée d'employer Gavalda. Et là, je suis allée dénicher la version 2001 où l'on trouve, entre autres, : "Sitôt la guitoune du péage franchie, j'ai enfoncé ma cassette dans l'autoradio", devenu en 2009, "Sitôt la guitoune du péage franchie, j'ai enquillé la zique dans l'autoradio."Et je vous passe l'écriture phonétique de lexique à la mode qui a le don de m'énerver. Franchement, je ne vois pas l'utilité. Les bornes, style "mille bornes" imprimées pour séparer les étapes du récit ne m'ont pas paru absolument indispensables non plus.
Par contre, ne pas louper , comme dans les génériques de films, la dernière intervention d'un personnage, après la fin du roman, clin d'oeil facétieux qui m'a permis de relativiser mes agacements précédents. Quelques péchés véniels donc qui n'empêcheront pas les lecteurs moins pointilleux que moi de se régaler.
L'avis de Cuné que je remercie encore.
celui de Bellesahi
Et de Laure
Ps: vous avez deviné quelle version, je relirai cet été...:)
L'avis de Juliette.
19/11/2009 | Lien permanent | Commentaires (23)
”La voix des enfants et leur pureté.”
Un flic à la retraite,au cuir épaissi -du moins le croit-il, un jeune flic drogué mais très doué, voilà un de ces improbables duos comme nous les aimons. Ce qui va les rapprocher ? Le meurtre d'un chilien d'origine allemande, chef de choeurs de garçons de plusieurs églises dans Paris. Piste politique? Piste pédophile ? Chacun des flic a sa préférence mais la réalité va vite s'emballer et dépasser toutes leurs hypothèses...
Jean-Cristophe Grangé est au mieux de sa forme dans Miserere. Certes, il emploie des procédés classiques (la relation père-fils qui s'établit entre les deux héros, les fausses pistes) mais c'est pour mieux tromper son lecteur qui , ainsi mis en confiance, ne peut que se laisser surprendre par les chausse-trappes que l'auteur a ménagés.
Ses héros trimballent leurs zones d'ombre mais elles ne sont évoquées qu'en pointillés et leur élucidation nous explose à la figure au moment où nous les avions preque oubliées. Kasdan, le vieil arménien retraité et Volokine, le jeune loup russe, évoluent principalement dans un décor urbain, très cinématographique, et les péripéties se succédent, toujours plus étonnantes. L'intensité monte dans l'horreur, mais sans complaisance. Grangé utilise certains thèmes historiques qui pourraient sembler rabâchés mais il les dynamite,les poussant à l'extrême , sans pour autant tomber dans les excès pseudo ésotériques du Concile de pierre. Un roman profondément pessimiste sur l'âme humaine, un roman traversé par la musique, un roman que vous ne lâcherez pas une fois que vous l'aurez commencé et dont vous sortirez groggy . Ames sensibles s'abstenir !
Miserere. Jean-Cristophe Grangé.Albin michel.524 pages
29/10/2008 | Lien permanent | Commentaires (14)
Dans les angles morts
"Frances était la seule femme de la famille de Catherine à avoir poursuivi une carrière et dont la vie n'avait pas été assujettie aux besoins et aux intérêts des autres."
Catherine, George Clare et leur adorable petite Franny ont emménagé , pour une bouchée de pain , dans une ancienne ferme laitière d'une bourgade peu à peu envahie par les New-yorkais en mal de week-end. Ce que George a omis de préciser à sa femme est que leur demeure a été le théâtre d'événements dramatiques.
Huit mois, plus tard, Catherine est retrouvée assassinée dans sa chambre. Le shériff soupçonne aussitôt le mari , mais ce dernier ne sera pas inquiété.
Commencé par le meurtre de Catherine, le roman remonte le temps et peu à peu se dévoile une réalité très différente de ce que voulait bien bien montrer les Clare. En parallèle se déroule aussi en quelques épisodes significatifs, la vie des précédents occupants, les Hale, dont les fils vivent encore à Chosen. Passé et présent s'entremêlent dans ce roman polyphonique qui fait aussi la part belle à la maison, personnifiée de manière très efficace, qui fait monter l’intensité dramatique
Petit à petit les convictions se forgent et l’intensité dramatique n'est plus de voir identifier le coupable mais de savoir comment procéder pour que justice soit enfin rendue.
Dans les angles morts est un roman parfaitement construit, tout en tension, qui donne chair à tous ses personnages, qu'ils soient universitaires ou simples habitants de cette bourgade campagnarde. Elizabeth Brundage nous gratifie de magnifiques portraits de femmes, femmes qui, dans ces années 70, sont tiraillées entre les modèles résignés que leur inculquent leurs mères et le vent de liberté qui se donne aussi à voir.
Le style est magnifique, les marque-pages qui le constellent en témoignent- créant l'émotion, sans jamais tomber dans le pathos car l'auteure maîtrise l'art de l'ellipse sans pour autant perdre son lecteur. à dévorer et savourer ! Et zou sur l'étagère des indispensables !
Lu dans le cadre du grand prix des lectrices de Elle.
Éditions Quai Voltaire (qui ont troqué leur couverture pervenche contre un marron beaucoup plus inquiétant) 2018. Magnifiquement traduit de l'américain par Cécile Arnaud.
14/02/2018 | Lien permanent | Commentaires (7)
Lucky girls...en poche
”Ce sont les gens qui ne savent pas être heureux qui voyagent.”
"Les Américains peuvent faire le tour du monde et rester des Américains, mener exactement la même vie qu'en Amérique sans que personne ne se demande qui ils sont , ni pourquoi ils agissent de telle ou telle manière." Certains d'entre eux, dont ces Lucky Girls dont nous entretient Nell Freudenberger dans ces nouvelles vont cependant se trouver profondément changés par leurs séjour dans différents pays d'Asie.
Chanceuses, ces héroïnes des quatre premières nouvelles le sont d'une certaine manière , car issues de milieux plutôt aisés, elles peuvent choisir de séjourner à l'étranger, sans pour autant remettre en question leur identité, ce séjour étant de durée déterminée.
Pourtant, confrontée à la mère de son amant marié, l'héroïne du premier texte s'entendra dire "Vous n'étiez pas chez vous ici.(...) Personne ne savait qui vous étiez."Elle qui ne souvient même plus du prénom de sa future belle-soeur , ne rentrera pas aux Etats-unis pour le mariage de son frère ,ne pourra désormais plus ignorer l'importance de la famille en Inde...En effet, la famille américaine , en comparaison, semble bien déliquescente puisque dans la seconde nouvelle, des parents cachent à leurs enfants au bord de l'âge adulte; qu'ils sont séparés et ne savent comment leur annoncer leur divorce. Même souci du secret dans "Le professeur particulier" où une jeune fille apprendra enfin les véritables raisons du séjour en Inde de son père. Vivre à l'étranger c'est aussi l'occasion de faire ses premières armes amoureuse ou de rééclairer d'un jour nouveau le passé. Ainsi dans mon texte préféré, "Devant la porte orientale", une quadragénaire revient sur son enfance , à la fois douloureuse et enchantée, pleine d'odeurs et de couleurs, grâce à la magie d'une mère hors-norme dans laquelle finalement elle ne peut que se retrouver...
La dernière nouvelle, quant à elle, analyse par une subtile mise en abîme le processus de la création littéraire et nous montre une fois de plus que, mine de rien, les femmes sont les plus à même de se confronter à la réalité...
Riches et pleines d'émotions, les nouvelles de Nell Freudenberger réussissent le petit miracle de nous transporter dans des univers chatoyants et subtilement désenchantés.
10/01/2014 | Lien permanent | Commentaires (6)