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06/12/2013

Kinderzimmer

"Tenir encore, malgré l'hypothèse du gaz."

Lors d'une intervention dans un établissement scolaire, la question d'une jeune fille vient perturber le discours bien rodé de Suzanne Langlois venue témoigner de son internement dans un camp de concentration en 1944. "Alors quand avez-vous compris que vous alliez à Ravensbrück ?"Elle prend alors conscience de l'ignorance qui était la sienne à cette époque et émet le souhait: "Oh, retrouver Mila, qui n'avait pas de mémoire. Mila ,pur présent."
Mila qui est enceinte à son arrivée au camp et se demande si cette grossesse peut influer positivement ou non sur sa survie. Mila qui se raccroche à des faits ténus-le fait qu'un chien SS ne l'ait pas mordue- pour ne pas se jeter sur les barbelés électrifiés . Mila qui va découvrir l'impensable: cette chambre des enfants, Kinderzimmer, oasis de survie dans un univers voué à la destruction.
J'ai tout aimé dans ce roman : la manière dont est relatée l'arrivée ,le fait que pour la jeune femme "rien n'a encore de nom", que "le camp est une langue" , "Le camp est une régression vers le rien, le néant, tout est à réapprendre, tout est à oublier." Comment évoquer de manière plus juste ce  qui a dépassé l'entendement ?valentine goby
La solidarité, "Vivre est une œuvre collective", le sabotage minuscule mais efficace, l'humour-mais oui !-l'imagination font qu’un des moments les plus beaux et les plus forts du roman est l'effervescence des détenues créée par l'accouchement de la jeune résistante : chacune apporte sa contribution et leurs paroles  "tissent un châle de voix melliflues autour de Mila revenue". La joie parvient à forer son chemin dans cet univers où la mort peut surgir à tout instant.
Valentine Goby revient aussi sur un de ses thèmes de prédilection, le corps des femmes, mais sans voyeurisme ni pathos.  Avec son écriture sensible et imagée,  elle tient la note juste tout au long de son roman et parvient à faire sien l’univers concentrationnaire sans tomber dans les pièges inhérents au thème en soulignant toute l'ambiguïté des situations. On y bascule en effet de la tendresse à la cruauté en un clin d’œil et il faut l'accepter.
Il se dégage de ce roman une force exceptionnelle et un pouvoir quasi envoûtant (je n'ai pas pu le lâcher une fois commencé). Je redoutais le caractère effroyable des situations (et il existe bien sûr) mais ce que je retiendrais finalement de ce livre c'est sa formidable force de vie.

 Plein d'avis sur babelio ! Promis les filles, je collecte vos billets dès que j'ai 5 mn !

Trois mois ont été nécessaires pour que je saute le pas (il m'avait fallu plusieurs années pour ce roman là (clic) ! Merci aux copines qui, par leurs billets, ont su faire taire mes craintes !

Un livre revigorant- qui m'a sortie  en outre d'une panne de lecture- et un grand coup de cœur !

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Commentaires

Le pas, je ne suis pas encore prête à le sauter, parce que je suis parasitée par mes lectures de documents sur Ravensbrück (notamment de Germaine Tillion) et je me demande si je ne vais pas être gênée par une fiction. Mais j'y arriverai tôt ou tard.

Écrit par : Aifelle | 06/12/2013

Aifelle, Valentine Goby a su trouver le juste équilibre entre les informations issues de la documentation et la fiction qui dépasse cet aspect informatif. Je suis sûre, comme tu l'écris, que tu vas te décider. Il faut juste trouver le bon moment. Perso, quand je l'ai lu, c'était pas gagné d'avance (fatigue...) et ça a produit juste l'effet inverse de ce à quoi je m'attendais.

Écrit par : cathulu | 06/12/2013

Oui, il y a une force de vivre, un appétit de la vie qui se dégagent de ce livre coup de coeur!

Écrit par : clara | 06/12/2013

Clara, voilà : on s'attend à un livre plombant et c'est exactement l'inverse !

Écrit par : cathulu | 06/12/2013

J'ai vu que tu l'avais dévoré très vite. C'est toujours bon signe... Même si comme toi, je ne me sens pas encore tout à fait prête à le lire, je pense que je sauterai le pas un de ces jours.

Écrit par : Gwenaelle | 06/12/2013

Pas encore décidée mais je vacille...

Écrit par : keisha | 06/12/2013

Je n'ai pas trouvé ce livre "revigorant" : ce qui m'en reste, c'est l'atrocité des camps, car l'auteur ne nous épargne rien et parvient à nous la rendre physiquement perceptible. Cela donne au roman la force d'un témoignage.

Écrit par : Brize | 06/12/2013

Pourquoi tu as hésité si longtemps ah la pal

Écrit par : ptitlapin | 06/12/2013

Dans ma LAL, mais j'hésite à le lire. Pour le moment, en tout cas.

Écrit par : Alex-Mot-à-Mots | 06/12/2013

Ce livre a été un véritable coup de poing pour moi. Il fait partie de mes lectures les plus marquantes de 2013.

Écrit par : saxaoul | 06/12/2013

C'est un de mes deux coups de cœur de la rentrée littéraire et je te souhaite un magnifique entretien avec l'auteure et Michel Quint demain (je penserai bien à toi). Bisous

Écrit par : Philisine Cave | 06/12/2013

Quelle claque ce roman...! Sûrement un de mes plus gros coups de coeur de cette rentrée !

Écrit par : Noukette | 06/12/2013

Gwenaëlle, peut être à l'occasion d 'une rencontre ? :)
Keisha, j'espère que bientôt quelqu'un effectuera la dernière petite poussée nécessaire.
Brize, je trouve ce roman encore plus fort qu'un témoignage. je ne fais pas abstraction des atrocités, bien au contraire, mais ma lecture, forcément subjective, a privilégié les pépites d'espoir.
Ptitlapin, ah la trouille surtout !:)
Alex, ça viendra, tu as déjà fait le premier pas...
Saxasoul,Noukette, un livre extrêmement marquant c'est sûr.
Philisie, c'est vraiment dommage que tu ne puisses pas venir ! Bises et rebises

Écrit par : cathulu | 06/12/2013

Je serai à Paris avec des amies mais quelques unes de mes pensées te seront adressées. Bisous bis !

Écrit par : Philisine Cave | 06/12/2013

Je rejoins complétement ce que tu dis de ce roman. Le sujet fait peur, mais son traitement ici n'est pas pathétique, il sonne très juste. Et c'est surtout cette réflexion sur la reconstruction du souvenir qui m'a interessée. Comment raconter encore, alors que par la force des choses, il n'y aura plus de témoins ? Ce roman permet de prendre le relais des témoignages.

Écrit par : Athalie | 06/12/2013

Je sais que je le lirai , mais comme toi je sais qu'il me faut du temps pour aller vers les livres sur ce sujet.
Mais ce que tu m'en dis résonne dans ma tête avec cette petite phrase "encore un! un que tu ne dois pas manquer!"
Luocine

Écrit par : luocine | 07/12/2013

Ton billet est magnifique, vraiment, j'aurais (presque) hâte de le lire maintenant...même s'il me fait encore très peur

Écrit par : sous les galets | 07/12/2013

Très hâte de le lire aussi (mais quand ?). Seul "des corps en silence" m'avait déçu, sinon j'aime tout ce que cette auteure fait (grande force d'écriture).

Écrit par : antigone | 07/12/2013

Athalie, oui et il souligne aussi l'utilisation de l'art pour résister et témoigner.
Luocine, prends ton temps et laisse-toi faire!:)
Merci Galéa ! Je te donne le même conseil qu'à Luocine!:)
Antigone, je n'ai pas lu Des corps en silence mais l'écriture de celui-ci est magnifique!

Écrit par : cathulu | 07/12/2013

Coup de coeur pour moi aussi et pourtant, comme beaucoup de blogueurs, j'avais lu beaucoup de récits sur les camps, mais elle réussit à faire un livre magistral !

Écrit par : cathe | 08/12/2013

Cathe, c'est tout à fait ça !

Écrit par : cathulu | 08/12/2013

Bonjour Cathulu, je l'ai noté après avoir lu beaucoup de billets élogieux sur ce roman. Bon dimanche.

Écrit par : dasola | 08/12/2013

Bon dimanche à toi aussi, Dasola ! Il ne reste plus qu'à le lire...

Écrit par : cathulu | 08/12/2013

je ne vois que de bons échos de ce roman, je vais finir par me laisser tenter...

Écrit par : Hélène | 09/12/2013

Je vais bien finir par franchir le pas un jour, aussi... De Valentine Goby, je n'ai lu que Banquises, qui ne m'avait convaincue qu'à moitié.

Écrit par : kathel | 09/12/2013

J'étais sûre que tu allais l'aimer ce roman. Beau, lumineux et au final, plein d'espoir !

Écrit par : Theoma | 09/12/2013

Hélène, oh oui !:)
Kathel, très au dessus de banquises!
Theoma, nous en avons la même vision !

Écrit par : cathulu | 09/12/2013

J'ai aussi prévu de le lire. Je dois juste dépasser le cap de la couverture, avec ce landau...
Bonne journée.

Écrit par : Bonheur du jour | 10/12/2013

J'apprécie beaucoup cet auteur, dont j'avais lu deux romans et notamment "Qui touche à mon corps je le tue", énorme coup de coeur à l'époque. J'hésite à la suivre cette fois-ci compte tenu du sujet mais je finirai sans doute par me laisser convaincre par tous les avis que je lis.

Écrit par : Lou | 10/12/2013

Bonheur du jour, la couverture est amovible...:)
Lou, j'en suis sûre!:)

Écrit par : cathulu | 12/12/2013

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