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24/07/2020

C 'est lundi aujourd'hui..en poche

"Maintenant j'évite la compagnie des humains mais, bizarrement, il y a toujours quelqu'un qui se soucie de moi."

Julia, trente ans à peine, n'est plus étudiante mais vit en colocation. Elle a écrit un roman autobiographique sur son histoire d'amour terminée, mais ne se dit pas écrivaine. Elle est femme de ménage, mais seulement le matin. Elle tient à distance ceux qui s'intéressent à elle, parents ou amoureux potentiels.
Elle est solitaire, boulimique, insomniaque et souffre de maux de tête, peut être dus à sa consommation excessive d'alcool.sytske van koeveringe
Julia a fait un pas de côté en exerçant ce métier et porte aussi un regard décalé sur notre société, soulignant les travers dont nous ne sommes plus toujours conscients : la comédie sociale, la nécessité de passer par un médiateur dans nos rapports humains, la violence sociale "Mais de nombreuses personnes ont dit éprouver le besoin de voir les clients et les employés réunis. Vous êtes aussi des êtres humains après tout",   ou le fait qu"On est clients partout, même dans sa propre maison, même dans le débarras."
C'est grinçant, parfois drôle (elle songe à se déclarer allergique aux gens tristes, par exemple), révélateur des idiosyncrasies, pas toujours reluisantes ou logiques de ses clients, mais le pas de côté  dérape et ,petit à petit, Julia profite davantage des libertés que lui confèrent les clés de ses clients, s'immisçant à leur insu dans leur vies...
Un premier roman qui prend son temps pour démarrer mais instaure ensuite une tension dramatique assez fascinante. Un personnage insolite et mémorable .

 

Traduit du néerlandais par Arlette Ounanian

 336 pages parfois déroutantes mais captivantes.

17/07/2020

Les hordes invisibles...en poche

Alex s'interrogeait sur leur responsabilité collective. Tous, ils laissaient le vocabulaire commun enjoliver ce qui s'apparentait à des meurtres de masse."

Quel plaisir de retrouver les personnages des Ravagé(e)s ! Alexandra a arrêté la bière et tente de faire une place dans sa vie à l'amoureux qui bosse avec elle à la Brigade Des Crimes et Délits Sexuels.louise mey
Si le roman ne joue plus sur l'effet de surprise, il approfondit les thèmes abordés dès le premier volume et montre bien l'aspect quotidien, quasi banal des violences faites aux femmes et ce dans tous les milieux sociaux.
Le péché mignon d'Alexandra, les statistiques, permettent d'étayer les faits et de convaincre de l'ampleur du phénomène.
Un roman un peu didactique, dont l'intrigue est parfois relâchée, mais qui remplit parfaitement son contrat et qu’on ne lâche pas !

De la même autrice : clic et reclic.

16/07/2020

Porter sa voix/ s'affirmer par la parole

"Dans nos formations, le collectif fonctionne comme un miroir  qui pousse l'individu à se questionner sur ses opinions et ses émotions; en s'ouvrant aux autres, il se révèle d'abord à lui-même. Le groupe, s'il partage des valeurs de bienveillance, s'avère alors un appui incomparable: à l'école, pour développer l’intelligence émotionnelle de l’enfant, à l'âge adulte et en milieu professionnel, pour insuffler un esprit collaboratif qui permet aux employés de s'épanouir."

Le documentaire A voix haute (dont le réalisateur est Stéphane de Freitas) a permis de faire connaître  l'association Eloquentia et son concours à l’université de Saint-Denis.
Mais même sans vouloir atteindre le niveau oratoire des candidats de cette épreuve, nous sommes tous amenés à prendre la parole en public,un exercice jusqu'ici peu pratiqué en milieu scolaire. Maintenant que l’Éducation Nationale a instauré davantage d'épreuves orales, quel que soit l'examen, il va bien falloir préparer nos candidats.stéphane de freitas,eloquentia,à vois haute
En ce moment, les publications fleurissent sur ce thème et l'ouvrage Porter sa voix s'avère des plus intéressants car il souligne l’importance du groupe (maximum une quinzaine de personnes) et la nécessité de la congruence entre les idées exprimées et la manière de les porter , tant par son corps que par sa voix.
Après avoir retracé son parcours personnel et exposé le postulat pédagogique de sa méthode, l'auteur nous livre  toute une série d'exercices pratiques, précisant bien l'âge minimum des participants. le tout est émaillé de témoignages et de conseils pour éviter certains écueils aux novices. Un ouvrage qui donne envie de se jeter à l'eau et de tester in vivo !

Éditions Le Robert 2018stéphane de freitas,eloquentia,à vois haute

13/07/2020

Avant que j'oublie

"Une dernière fois, je l'ai admiré pour son esprit original et si mal compris, pour l'élégante précision de ses idées, pour son entêtement insensé à ne s'être jamais autorisé que ça alors qu'il avait tant d'ampleur et pour m'avoir appris à être sensible à la poésie que dégagent les choses modestes."

Ni hagiographie, ni règlement de compte, le texte d'Anne Pauly est comme le définit elle-même l'autrice un tombeau de mots pour son père. Un père tout à la fois "déglingo" et féru de poésie, alcoolique et autodidacte, qui  s'empêchait d'exprimer sa sensibilité. Un père à l'image de la maison que doit ranger sa fille après son décès: chaotique.anne pauly,prix du livre inter 2020
Avec un tel début on pourrait craindre le pire, surtout pour un premier roman aux accents autobiographiques : bons sentiments à foison, vous êtes priés de préparer vos mouchoirs . Fort heureusement il n'en est rien. D'abord parce que le temps a fait son œuvre et que le texte n'a pas été écrit "à chaud". Ensuite parce qu’Anne Pauly regimbe devant les figures imposées du deuil qu'on veut nous vendre aujourd'hui : un deuil qu'il faut savoir "faire" rapidement. Et l'autrice de se moquer avec un humour grinçant de notre société qui nous vend pour tout et n’importe quoi du bonheur prêt à consommer.
Un texte d'une extrême pudeur, d'une écriture fluide et belle, qui ne se pose jamais en donneur de leçons et dont la fin m'a particulièrement touchée.

 

Verdier 2019.

Prix du Livre Inter 2020.

Prix "Envoyé par La poste"2019

 

 

 

 

08/07/2020

Le chien de Madame Halberstadt...en poche

Tu me laisses passer où je t'éclate la gueule, ai-je articulé, d'une voix parfaitement désincarnée. Je te jure, j'hésiterai pas à te bouffer l'oreille."
 Je ne sais pas d'où ça m’est venu. Des réminiscences de Myke Tyson, de Scarface, du Silence des agneaux. En tout cas, je le recommande dans des circonstances similaires."

Stéphane Carlier nous avait déjà régalé avec son personnage de cochon dans Les gens sont les gens (clic).
Cette fois, c'est à un chien, et plus précisément à un carlin nommé Croquette, que s'attache son personnage d'écrivain à la dérive, persuadé que ce dernier lui porte chance.stéphane carlier
En effet, depuis qu'il rend service à sa voisine hospitalisé en gardant ce petit dogue, les ventes de son dernier roman s'envolent et son ex-petite amie s'est disputée avec son nouvel amoureux. Comment le sait-il ? Sans doute parce qu'il les observe depuis sa voiture...
Pathétique, certes, mais on s'attache à ce loser, à lui et à toute la petite bande de personnages secondaires gravitant autour de lui, tant la plume de Stéphane Carlier st vive et pleine d'humour (j'ai même ri aux éclats à plusieurs reprises).
Petit bémol: le sort réservé aux chiens dans cet opus n'est pas toujours folichon...


 Le Tripode poche 2020, 174 pages où l'on croise aussi Fanny Ardant...

07/07/2020

14 ans déjà !

Des hauts, des bas, mais des lectrices et des lecteurs fidèles qui m'accompagnent en dépit des aléas;
des coups de cœur, des échecs, des découvertes, des Piles à Lire, une étagère (extensible) des indispensables;
un confinement, un déconfinement qui nous ont plongé -bien malgré  nous -dans un scénario digne des romans d'anticipation qui sonnent l'alarme mais que nous refusons encore , pour la majorité , de croire réalistes, voilà tout ce qui aura fait la matière de cette année si particulière.
Encore merci à vous et même si le manque de temps m'empêche de répondre systématiquement à vos commentaires (les conditions de travail ne s'améliorent pas, loin s'en faut), sachez qu'ils me réchauffent le cœur !

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02/07/2020

Des orties et des hommes...en poche

"Chacun dans sa cour de ferme, on n'a pas grandi avec du Nutella entre les doigts mais avec la glaise, la sueur, les caresses animales et la sale matière du travail pur. L'âge qui s'avance nous pèse comme la bosse de Joël. On devient adolescents et lointains."

Pia, double de l'auteure, nous relate dans ce roman poétique et sensuel, le monde rural de la Charente où s'est installée une famille d’origine italienne.
Le travail dur, la sécheresse intolérable d'un été des années 70 qui fait pleurer une mère de faille agricultrice, mais aussi les orties cueillies sans se faire piquer et progressivement le passage à une agriculture industrielle, sont au cœur de ce récit.paola pigani
En parallèle, c'est aussi le passage à  l'adolescence et si, parfois , le rythme semble lent et sans véritable intensité narrative, à la fin, on se retrouve un peu démuni et on aimerait savoir ce que sont devenus les différents protagonistes.