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30/11/2020

Brûler Brûler Brûler

"Avions-nous déjà assisté à pareil ébrouement ? "

Voilà longtemps que je n'avais pas été autant emportée par un tel torrent poétique !
Ardeur de l'écriture qui prend à bras le corps tout ce qui fait la vie de ceux que l'on a relégués "aux derniers rangs" : toutes les formes de violence (harcèlements, homophobie, pauvreté, racisme...), qui dit la solidarité, le découragement, la sororité,  l'amour maternel dans une langue qui brûle, dans une langue qui claque dans l'urgence de vivre, dans l'urgence de dire.CVT_Bruler-bruler-bruler_1999.jpg
Elle décrit au plus près l'envie de liberté, le désir d'une très jeune femme qui se rebelle contre l'autorité du père et file à bicyclette rejoindre celui qu'elle aime, mais aussi celle qui martyrise son corps pour conserver l'homme infidèle, et ces figure de femmes se rejoignent dans ce cortège de guerrières hétéroclites, fatiguées,  captées dans le plus petit détail révélateur, qui formeraient "...un majestueux animal collectif !
Un gigantesque poisson aux écailles métalliques avec
chaque écaille-femme, chaque écaille-fille,chaque écaille-mère armée à sa manière pour riposter contre la violence du système."
Un texte qui emporte , transporte, revigore et nous prouve que ,malgré ce qu'on en dit, la poésie est toujours vivante. Un putain de coup de cœur qui file sur l'étagère des indispensables et devient d'emblée un compagnon de route.

Lisette Lombé, Brûler Brûler Brûler, L'Iconoclaste 2020.

25/11/2020

Petite salamandre Le merle voisin du jardin

La revue des enfants curieux de nature (destinée aux 4-7ans) s’avère être une mine d'informations sur les animaux qui nous entourent (phasmes, lérots,  crapauds...), mais aussi bien évidemment sur le merle, vedette de ce numéro.
De superbes photos et un poster permettent d'admirer cet oiseau et de le découvrir plus avant. On croirait presque l'entendre chanter !CVT_La-petite-salamandre-n32_1255.jpg
Un foule d'activités (coloriage comptage, jeu d'observation...) permettent d'oublier le confinement et une histoire qui fera battre les cœurs complète le programme.
La mascotte de cette revue, Sam, la petite salamandre, accompagne la lecture au fil des pages et un logo P'tit web signale des surprises à retrouver sur le site web. De quoi allier papier et écrans...Bref, une revue très complète, très belle graphiquement et riche d'infos que je vais m'empresser d'offrir à une petite fille de 4 ans et demi !

Merci à Babelio et à l'éditeur pour cette belle découverte .masse_critique.jpg

06:00 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (0)

23/11/2020

La lectrice disparue

"La fonction primaire de la communication écrite est de faciliter l'asservissement."


Cette lectrice disparue, c'est Edda, dévoreuse de livres, mais aussi empêtrée dans tout ce qu'elle lit et ne parvient pas à oublier. Edda , qui peinant à établir des relations avec les autres, est soudain devenue une influence mettant en scène sa vie sur les réseaux sociaux avant que de s'enfuir aux États-Unis, plantant là son mari et son fils nouveau-né.sigridur hagalin bjornsdottir
Son frère, Einar est plus habitué à pister le gibier qu'à rechercher des humains, mais il se lance à la poursuite de sa sœur, ce qui n'est pas une mince affaire pour ce dyslexique dont la sœur palliait souvent les difficultés avec l'écrit.
Un père, deux mères, deux enfants ayant chacun un rapport à la lecture très différent, tel est le schéma de ce roman à la croisée de plusieurs genres: roman familial, roman d'anticipation (qui semble juste très très proche), fable et  roman policier avec cette lectrice disparue qui donne son titre au roman.
Titre français qui résonne d'un double sens , mais cela on ne le comprendra qu'à la fin du récit, récit qui se déroule en partie  dans un pays , l’Islande ,où le livre est roi.
Ce roman est donc  aussi une réflexion sur la lecture et l'écriture et son autrice n'hésite pas comme dans L'île à susciter le malaise, confrontant ses personnages, et ses lecteur par la même occasion,à des situations extrêmement dérangeantes.
Il n'en reste pas moins que le style, la composition , les personnages et les thèmes choisis font de ce roman une lecture forte et addictive.

 

Traduit brillamment de l’islandais par Eric Boury, Gaïa 2020,324 pages piquetées de marque-pages.

De la même autrice : clic.,

16/11/2020

La fenêtre au sud

"Certains jours sont en quelque sorte particulièrement misérables, quand le temps, la situation sociale, l'état physique et moral transforment tout en désert poussiéreux. Même la conjoncture actuelle a ici son importance, et la radio en donne des nouvelles avec une précision impitoyable."

Un écrivain, qui n'a plus écrit de poésie depuis des lustres, tente de rédiger un roman sur un couple , personnages auxquels il ne parvient à insuffler aucune énergie.Les saisons, du printemps à l'hiver, scandent son séjour dans un hameau de maisons noires , fréquentées uniquement en été, à deux pas de la mer, en Islande.
Notations sur la nature, les rares humains qu'il est amené à fréquenter, sur la littérature, l'état désastreux du monde viennent au fil de sa plume, tandis qu'il s'échine à frapper sur une vieille Olivetti dont les rubans n'impriment plus grand chose, reflet de son manque d'inspiration, sans doute.gyrdir eliasson,catherine eyjolfsson
Ici la frontière entre rêves et réalité devient poreuse, et, non, sans humour, le narrateur nous livre des bribes de sa vie familiale et amoureuse, de manière pas toujours fiable d’ailleurs.
Il se dégage de ce texte une véritable fascination, comme dans le premier volet de ce tryptique sur la solitude Au bord de la Sanda. (clic )Un coup de cœur. Et zou, sur l'étagère des indispensables.

 

La Fenêtre au Sud, Gydir Eliasson, traduit de l'islandais par Catherine Eyjolfsson, La Peuplade 2020, 161 pages pour un confinement poétique.

L'avis d'Aifelle: clic

12/11/2020

Des vies à découvert

"On ne peut plus aller aux abris quand il n'y a plus d'abris."

Deux époques de profonds bouleversements, 2016 et 1871, un pays , les États-Unis et une même volonté de trouver un abri, réel ou métaphorique, pour des personnages auxquels nous nous attachons très rapidement, tel est le contenu du roman de Barbara Kingsolver Des vies à découvert.
Pour relier ces deux époques, une maison, mal conçue, mais qui agira comme un révélateur  de déni ou au contraire incitera à des prises de conscience.barbara kingsolver
Barbara Kingsolver brosse ici le portrait passionnant de la famille Knox , intellos bohèmes rattrapés par la crise , un fils dans le monde de la finance, une fille plus atypique, mais qui se révèlera sans doute plus lucide et plus adaptée à la situation contemporaine, marquée par la crise climatique, sociale et politique.
Au XIXème siècle, c'est le personnage de Mary Treat, scientifique injustement oubliée, qui montre la voie vers une science plus moderne , loin des diktats obscurantistes.
Les relations familiales sont également au cœur des problématiques et l'humanité inquiète de Kingsolver s'épanouit ici avec beaucoup de finesse ,à son habitude. Un roman puissant où luit un peu d'espoir.

Traduit de l’anglais par Martine Aubert, Éditions Rivages 2020

 

11/11/2020

à cinq ans, je suis devenue terre à terre

"à l'horizon rectiligne d'une conversation sans but, il arrive parfois qu'un mot fasse éclater la bulle policée du phatique."

Quelle bonne idée de demander à la chanteuse, autrice, compositrice, pianiste Jeanne Cherhal que d'écrire à propos des mots !
Reine des métaphores, elle les personnifie aussi et les célèbre parfois de manière synesthésique,  associant un goût à leur sonorité, ce qui nous vaut ainsi un petit délice  à l'entrée "Yoga", mot fort usité en ce moment: "Lacté, légèrement sucré, frais sans être glacé, mélange subtil et doux de confiture de rose et de colle Cléopâtre, yoga a le goût du zen. Non seulement, il n'agresse pas, mais mieux, il repose. Il recouvre le palais d'un édredon léger et invite à la contemplation." L’article se termine néanmoins sur une note plus malicieuse et prosaïque !jeanne cherhal
Car oui, de l'humour il y en a et de sacrés personnages aussi car Jeanne Cherhal nous dévoile un peu de sa famille, de son enfance, de sa jeunesse au fil des entrées. La tonalité se fait parfois plus sombre pour évoquer de manière délicate son père disparu ou  le récit d'une amitié toxique illustrant le mot "Vampiriser".
"Sexy", "Féministe", "Sorcière" l’artiste multifacettes nous glisse aussi quelques conseils littéraires et une astuce pour se débarrasser de la lettre W au Scrabble. Ses textes sont de purs délices et certains confinent à la perfection, tel "Procrastiner ou "Cercle". Vite ,précipitez-vous sur ce recueil !

Points seuil 2020

 

10/11/2020

La Payîsanna

"Quand la paysanne n'est pas à l'écurie, je trouve vraiment le bon rythme. L'ennui, c'est qu'après un moment, j'ai la bouche cousue. Ma voix descend en rampant le long de ma gorge et les mots me montent à la tête. Ils y bâtissent un monde second et toutes les choses que tu m'as dites se transforment en foin et ne paille. Je les trimballe avec moi jusqu'à ce qu'elles restent  collées à ma peau et que ça devienne vrai que j'ai fait un jour partie de toi."


Cinq saisons où une jeune femme travaille dans une ferme suisse, près de la villa en ruines de ses grands parents. Naissance d'un veau, taille des onglons , mais aussi prise de conscience de la nature : "Les grillons me mettent au diapason Ils tendent leurs filets sonores autour de ma tête et la vallée entière se met à valser avec le temps" lui permettent d'apprivoiser la séparation d'avec son amoureux. Les êtres décédés l'accompagnent  dans son quotidien avec un naturel confondant et on est bien loin ici du fantastique flamboyant sud-américain.noëmi lerch,yann stutzig
Tout semble feutré dans ce roman très très court (65 pages) qui infuse lentement en nous pendant et après la lecture. Amateurs de sensations fortes, de retournements de situations et de rebondissements passez votre chemin. Ce roman est de l'ordre du ténu, du tranquille et pourtant il produit une impression forte sur qui veut bien prendre le temps de se lier à lui.

Traduit de l'allemand par Yann Stutzig, Éditions d 'En Bas 2020

09/11/2020

Ce genre de petites choses

"Etait-ce possible de continuer durant toutes les années, les décennies, durant une vie entière, sans avoir une seule fois le courage de s'opposer aux usages établis et pourtant se qualifier de chrétien, et se regarder en face dans le miroir ? "

Bill Furlong a quarante ans, une femme, cinq filles bien élevées, ce dont il se félicite, une vie de labeur (il est marchand de bois et de charbon), pas de dettes, mais il s'interroge sur son existence.
En cette fin d'année 1985, à New Ross,des bruits courent sur le couvent où les sœurs du Bon Pasteur exploiteraient des mères célibataires et vendraient leurs enfants à de riches étrangers.
Mais il faudra que Bill, à l'occasion de livraisons, prenne  de visu conscience de la situation (qui aurait pu être celle de sa mère ) pour qu'enfin il envisage de se défaire du carcan des habitudes et de l'emprise de l'église catholique.claire keegan
Sorte de conte de Noël, ce roman très court de 120 pages revient avec une extrême sensibilité sur ce scandale des sœurs Magdalen d’Irlande dont la dernière blanchisserie a été fermée en 1996.
Par petites touches, avec des détails choisis mais intenses, Claire Keegan nous dépeint un microcosme figé dans l'obéissance et l’hypocrisie ,où subsiste néanmoins un peu d’humanité. Un format court mais efficace.

 

Traduit de l’anglais (Irlande) par Jacqueline Odin.

 

Éditions Sabine Wespieser 2020

08/11/2020

#MerciquiMercimonchien #NetGalleyFrance

"La compagnie des animaux me rend moins bête."

Avec tendresse, avec humour, le créateur de la Noiraude (la vache qui a des états d'âme et téléphone régulièrement à son vétérinaire ) rend hommage et remercie les animaux qui ont traversé sa vie, mais aussi tous les animaux en général (à l'exception des mites, mouches, moustiques et autres vecteurs de maladie).
Il fait appel à quelques auteurs (Tesson, Kundera, entre autres) pour appuyer ses propos mais ne tombe jamais dans le sentencieux. jean-louis fournier
C'est en apparence léger, pas toujours tout à fait exact (Je pense en particulier à la Suisse où en fait depuis 2008, la nouvelle loi sur la protection des animaux mentionne que les cobayes, tortues, lapins ou poissons rouges ne doivent pas vivre seuls , et non pas tous les animaux de compagnie comme il l'indique) mais ne chipotons pas, ne boudons pas notre plaisir et profitons pleinement de ce petit plaisir.

Buchet-Chastel 2020

jean-louis fournier

07/11/2020

Petit problème paranoïaque :

Afin d'éviter de piétiner dans le froid et les miasmes, Madame C. a programmé un rendez-vous à 11 h 30 pour se faire tester dans un labo situé à 20 km de chez elle et , ô surprise, à un jet de pierre d'une librairie.
Elle pourra donc collecter (c'est bien) des biens non essentiels (c'est mal).
Questions:
a/ Afin d'éviter les foudres des forces de l'ordre postées à l'entrée du boulevard que Madame C. devra emprunter pour son retour, quelle(s) case(s) devra-t-elle cocher sur son attestation ?
b/ Pourra-t-elle se contenter de brandir , façon crucifix aillé, l'attestation fournie par son laboratoire ?
Réponse: Madame C. empruntera des chemins de traverse et, profitant de la pause prandiale, rentrera tranquillement chez elle.
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