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10/02/2022

Requiem

"Or, ce qui rend la vie supportable, c'est de pouvoir oublier."

Jonas quitte Reykjavík  et se réfugie dans un village des fjords de l'Est de l’Islande. Là, il note dans un carnet de moleskine toutes les musiques qu'il entend dans les bruits du quotidien : ronronnement du réfrigérateur, bruits de moteurs etc.  Mais il ne cesse de minorer cette création et ne se revendique jamais comme compositeur. gyrdir eliasson
On comprend petit à petit que sa vie de rédacteur publicitaire lui pèse , que son couple se délite et qu'un drame les a frappés : "Pourquoi nul ne s'enquiert de Joakim ? ". Comme autant de petit cailloux semés au fil du texte, les indices de cette souffrance jamais clairement énoncée apparaissent. Car c'est bien là le problème: Jonas ne peut parler à parler de choses importantes.
Il s'enfonce de plus en plus dans la solitude et les pertes successives jalonnent son parcours. Son identité elle-même peu à peu s'efface et cet itinéraire,tout en retenue, n'en devient que plus poignant. Un roman où quelques pointes d'humour (souvent noir) émergent d'une tonalité mélancolique et prenante. Un grand coup de cœur qui file sur l'étagère des indispensables.

Traduit de l'islandais par Catherine Eyjolsson. La Peuplade 2022

 

Du même auteur: clic 

reclic.

 

16/11/2020

La fenêtre au sud

"Certains jours sont en quelque sorte particulièrement misérables, quand le temps, la situation sociale, l'état physique et moral transforment tout en désert poussiéreux. Même la conjoncture actuelle a ici son importance, et la radio en donne des nouvelles avec une précision impitoyable."

Un écrivain, qui n'a plus écrit de poésie depuis des lustres, tente de rédiger un roman sur un couple , personnages auxquels il ne parvient à insuffler aucune énergie.Les saisons, du printemps à l'hiver, scandent son séjour dans un hameau de maisons noires , fréquentées uniquement en été, à deux pas de la mer, en Islande.
Notations sur la nature, les rares humains qu'il est amené à fréquenter, sur la littérature, l'état désastreux du monde viennent au fil de sa plume, tandis qu'il s'échine à frapper sur une vieille Olivetti dont les rubans n'impriment plus grand chose, reflet de son manque d'inspiration, sans doute.gyrdir eliasson,catherine eyjolfsson
Ici la frontière entre rêves et réalité devient poreuse, et, non, sans humour, le narrateur nous livre des bribes de sa vie familiale et amoureuse, de manière pas toujours fiable d’ailleurs.
Il se dégage de ce texte une véritable fascination, comme dans le premier volet de ce tryptique sur la solitude Au bord de la Sanda. (clic )Un coup de cœur. Et zou, sur l'étagère des indispensables.

 

La Fenêtre au Sud, Gydir Eliasson, traduit de l'islandais par Catherine Eyjolfsson, La Peuplade 2020, 161 pages pour un confinement poétique.

L'avis d'Aifelle: clic

08/03/2019

Au bord de la Sandà

 

" C'est drôle comme on s'habitue à la solitude. Au début, on  a l'impression qu'elle va être intolérable. On regrette les gens et les relations. Mais, peu à peu, quelque chose d'autre les remplace. Ce que l'on considérait comme indispensable s'avère ne pas l'être forcément au bout du compte."

Un peintre vit et peint dans ses caravanes, au bord d'une rivière glaciaire, en Islande . Il ne cherche pas à frayer avec les estivants et ,quand le camping se vide à la fin de l'été, il reste seul .
Il arpente la forêt, cherchant à rendre la vérité des arbres, épaulé par des écrits de peintres, seulement troublé par l'apparition d'une femme vêtue de rouge.gyrdir eliasson
Ni la visite d'un de ses enfants, ni celle d'un acheteur potentiel de ses tableaux ne semblent le toucher et petit à petit s'affirme une volonté à la fois radicale et paisible: celle de ne plus pouvoir vivre dans une société dont il refuse les valeurs frauduleuses: "Le ciment est lourd, en tout cas, et un joug de béton peut faire couler n'importe qui . J'avais une maison que je ne pouvais pas payer et cela m'ôtait tout désir de soulever un pinceau, car je ne pouvais me résoudre à lier d'aucune façon tableaux et revenus. Ce qui est sans doute une notion totalement dépassée dans la société où nous vivons."
Roman contemplatif et intense, faisant la part belle à la nature, Au bord de la Sandà est un roman doté d'une écriture à la fois précise et poétique, exprimant" la force vitale à l’œuvre dans la création". Un roman de 142 pages, bruissant de marque-pages. Un roman qui m'a parlé comme rarement et qui file non seulement sur l'étagère des indispensables, mais également sur ma table de chevet, comme un viatique. Un coup de foudre littéraire !

Magnifiquement traduit de l'islandais par Catherine Eyjolfsson, La Peuplade 2019.