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16/04/2011

les dents de l'amour...en poche

"Il sortait de prison, elle était décongelée..."
"J'ai gagné le gros lot à la tombola du diable.",déclare Jody, quand elle découvre qu'elle est devenue vampire.Et comme elle est pleine de ressources, faisant fi des difficultés inhérentes à ce type de situation-non prévue dans Cosmopolitan-, elle parvient à survivre et même à tomber amoureuse de Tommy, un apprenti écrivain venu à San Francisco pour crever de faim, étape obligatoire pour tout romancier qui se respecte. christopher moore
Cette love-story démarre sur les chapeaux de roues, nous balade dans les quartiers chauds de la ville où grouille une faune pittoresque sur laquelle règne et veille un Empereur-clochard céleste- flanqué de deux chiens. Les meurtres se succèdent, donnant ainsi l'occasion à un couple de policiers archétypaux d'entrer en scène. Accrochez vos ceintures et préparez-vous à hoqueter de rire avec ces Dents de l'amour où Christopher Moore revisite avec son aplomb déjanté habituel le mythe des vampires ! Les répliques hilarantes fusent à chaque instant, "Si elle a survécu à sa mère, elle peut tout endurer."et l'on se demande pourquoi un si mauvais titre( français) et une couverture aussi moche viennent gâcher notre plaisir.

A lire pour se payer une pinte de bon sang !

15/04/2011

Little bird ...en poche

La découverte du cadavre du jeune Cody Pritchard, un des quatre adolescents condamnés avec sursis pour le viol de la jeune Amérindienne Melissa Little Bird,va raviver les tensions à l'intérieur du Comtéd'Absaroka.  Son shérif, Walt Longmire, "triste, gros ,affligé d'autodénigrement chronique,  pourtant étrangement  charmant", comme le décrit son adjointe Vic, va se lancer à la poursuite de ce probable vengeur, tout en essayant de préserver un semblant de vie affective...craig johnson
Charmant, mais capable  de faire le coup de poing si nécessaire, fidèle en amitié, d'un humour ravageur ,Walt Longmire remporte tous les suffrages. Les personnages secondaires tous plus pittoresques les uns  que les autres lui renvoient la balle avec habileté et l'on n'est pas prêt d'oublier cette prison où  l'on fait la sieste dans les cellules et où l'on refuse un prisonnier car il est  trop vorace ! L'émotion est aussi au rendez-vous et rien n'est plus touchant que de voir cet homme , plus tout jeune, intimidé comme un adolescent à son premier rendez-vous , lorsqu'il va enfin renouer avec une vie amoureuse.
Le tout se déroule dans les grands espaces du Wyoming, près d'une réserve indienne, dans une atmosphère flirtant un peu avec le  fantastique mais qui s'intègre parfaitement aux rebondissements de l'enquête.
Vous l'aurez compris , j'ai adoré ce premier volume mettant en scène Walt Longmire !

Juliette a eu la chance de rencontrer l'auteur, la petite veinarde, c'est ici !

14/04/2011

Le livre rouge

"Ne jouis pas de la vie avec tristesse."

L'Inde, un pays qui fascine les occidentaux, et ce pour des raisons très variées. C'est dans ce pays que vont se croiser Françoise, une photographe australienne, venue à Bhopal dans le cadre d'une résidence artistique ayant pour objectif de commémorer les 20 ans de la fuite de gaz toxique dans l'usine Union Carbide. Cette catastrophe industrielle a causé la mort de milliers de gens et parmi eux des membres de la famille de Naga, jeune réfugié tibétain , autre héros du roman. Le troisième est un écossais , Arkay, qui, fuyant l'alcool, s'est réfugié dans le bouddhisme. Quant au livre rouge qui donne son titre au livre, il rassemble des photographies de la vie de chacun des protagonistes, photographies qui sont décrites au début de chaque chapitre.meaghan delahunt,inde,bhopal
Le récit polyphonique alterne aussi les retours dans le passé mais jamais nous ne perdons le fil car l'écriture de Meaghan Delahunt est d'une telle limpidité et d'une telle fluidité que nous avançons sans aucune peine.
Les personnages sont pleins d'humanité  (je ne suis pas prête de les oublier !)et le dialogue qui s'instaure à travers eux entre Orient et Occident est à la fois fascinant et apaisant. Un livre magnifique qui renouvelle notre vision de l'Inde.

Le livre rouge, traduit de l'anglais par Céline Schwaller, Métaillié 2011, 281 pages qui se lovent en nous.

13/04/2011

Petits crimes contre les humanités

"Trop inutiles, trop trop coûteuses, trop paresseuses, trop mal pensantes...", les humanités sont donc devenues "le parent pauvre du savoir moderne, le quasi délinquant  de la grande famille universitaire."Pour preuve le manque de moyens tant au niveau du matériel que des locaux de cette université provinciale où des mails vengeurs vont venir semer la zizanie entre collègues et surtout causer la mort d'un vieux professeur émérite d'histoire de l'art.pierre christin,petit monde de l'université
L'enquête menée par Simon, jeune agrégé employé sur un demi-poste d'assistant temporaire, n'est bien évidemment qu'un prétexte pour brosser un portrait tout à la fois acide et bon enfant de ce monde universitaire français.
Mais à trop vouloir dézinguer à tout va et ratisser les moindres travers du mond euniversitaire, à trop utiliser le comique de répétition (l'estampillage Camif de chaque meuble ) la charge  s'avère un tantinet lourdingue.
Je suis d'autant plus sévère que j'avais beaucoup aimé la suite où là l'auteur semble avoir trouvé sa vitesse de croisière.

12/04/2011

Lettre à Cora Sledge

Chère Cora,

Sans doute suis-je trop étroite d'esprit mais votre tendance à gober les petites pilules comme des bonbons et à fumer malgré vos ennuis de santé m'avait déjà sérieusement agacée.Ok, Cora, nous mettrons ceci sur le compte de l'addiction. Au temps pour moi.
Je vous avais donc provisoirement abnadonnée, ayant décidé de vous laisser malgré tout une seconde chance. Las ! Une fois que je me suis habituée à votre fichu caractère (soupe au lait, c'est rien de le dire), vous commencez à laisser sous entendre qu'il vous est arrivé bien des choses qui, des choses que, bref, vous nous faites lanterner.62393405_p.jpg
Et là , grâce à vous, j'ai mis le nez sur un procédé qui m'énerve au plus haut point : les manoeuvres dilatoires. Me sont revenues en mémoire les interventions d'un chroniqueur sur France Inter qui, non content de nous abreuver dès potron minet d'histoires noires et  sordides , avait trouvé comme unique tension narrative cette même manipulation,afin de mettre nos oreilles aux aguets . Provoquant juste chez moi l'envie d'en faire la victime d'un autre faits divers. J'aurais pu, certes, changer de station de radio mais je ne voulais pas rater la chronique suivante, celle de Jean-Marc Strycker, électron libre, impertinent et d'un eclectisme remarquable dans le domaine de la littérature et de la poésie.
Bref, ma chère Cora, je vous remercie pour cette redécouverte et vous souhaite tout le bien que vous méritez.

Bien à vous

Cathulu.

 

Merci à Aifelle (qui vous mènera chez plein d'autres billets) pour le prêt (Non, je ne suis pas victime d'un abus de romans sur le 3 ème âge, j'avais commencé celui-ci bien avant les autres !:))

11/04/2011

Il baissa sa culotte et dans mon estime/Zeugmes au plat

 "Il lui fit l'amour et des zeugmes au plat."

Hervé Le Tellier (auteur de la préface du second ouvrage)

En 2001, Maryz Courberand lui dédiait un chapitre et le titre de son ouvrage. Ne reculant devant rien, elle se fendait aussi d'un texte en comportant "une petite cinquantaine (ou une bonne quarantaine)" ; quand on aime on ne compte ni son temps ni les zeugmes.maryz courberand,sébastien bailly
Le zeugme, késaco ?, se demande le lecteur matutinal bouffi de sommeil et non d'orgueil mal placé. Est-ce

a/ un mot comptant pour 17 points au scrabble ?

b/ une figure de style dans laquelle se sont illustrés Pierre Desproges, Victor Hugo et beaucoup d'autres ?

c/un procédé, dixit Desproges , qui consiste à rapprocher grammaticalement plusieurs noms à un verbe ou à un adjectif qui,logiquement , ne se rapporte qu'à un des noms ?

Pas besoin d'aspirine !

Les trois , nous informe Pierre Bailly, qui lui consacre un petit traité faisant l'éloge de cette tournure à la fois humoristique et poétique. L'incongruité est la marque de fabrique du zeugme et peu nous chaut de savoir si oui ou non si ce bouleversement de la syntaxe est fautif ou pas. Les plus grands lui ont donné ses lettres de noblesse, de Hugo et son classique "Vêtu de lin blanc et de probité candide." à maryz courberand,sébastien baillyRenaud, plus trivial "Alors elle va manger une pizza / Au jambon et au centre commercial."
Mais le champion du zeugme double salto demeure sans conteste Desproges avec son fameux : "Après avoir sauté sa belle-soeur et le repas de midi le Petit Prince reprit enfin ses esprits et une banane."

Si vous avez envie de vous lancer dans le zeugme et dans mes bras (pour me remercier), ce livre est fait pour vous car l'auteur avec générosité et clarté vous en livre le mode d'emploi ! Yapluka !

Il baissa sa culotte et dans mon estime (Bizarreries de langage) , Maryz Courberand, Mots & Cie 2001.

Les zeugmes au plat, Sébastien Bailly, Mille et une nuits, 2011.

10/04/2011

Cette main qui a pris la mienne

"Vous autres, les jeunes, vous êtes obsédés par la vérité. C'est une chose qu'on surestime souvent."

Alexandra, rebaptisée Lexie par celui qui va lui mettre le pied à l'étrier et lui ouvrir les portes de l'univers londonien de l'art , a réalisé son rêve : devenir journaliste et mener sa vie professionnelle et amoureuse avec indépendance et insolence. Elle évolue avec aisance dans ce swinging London mais , comme nous en prévient bientôt l'auteure , Lexie ne vivra pas bien vieille...maggie o'farrell,famille,naissance,de l'importance des prénoms...
Quarante ans plus tard, la naissance du bébé d'Elina et Ted vient perturber le bel ajustement de leur vie. Tandis que la jeune femme se remet difficilement d'un accouchement qui a failli lui coûter la vie et semble avoir perdu des pans entiers de sa mémoire récente, son mari, au contraire, recouvre  sous forme de flashs des moments de son passé qui ne semblent pas correspondre à ce qui lui a été raconté par sa mère. Bientôt, il découvrira en quoi les non dits ont pesé sur sa vie.
Assez rapidement, on pressent de quelle manière les destins d'Elina et Lexie sont liés mais tout l'art de Maggie O'Farrell est de parvenir néanmoins à surprendre son lecteur et à le plonger dans un profond malaise.
Il est question ici de filiation et O'Farrell analyse avec une sensibilité extrême la manière dont à quarante ans de distance deux femmes se laissent bouleverser par l'arrivée de leur premier enfant, ce qui nous vaut de très belles pages, n'occultant pas l'aspect à la fois sauvage et exclusif de cette relation. Elle fait également la part belle au nouveau père qui se trouve quelque peu démuni devant cet enfant qui restera longtemps sans prénom...
Un roman plein de vigueur, d'énergie et de sensibilité qu'une fois commencé on ne peut lâcher et dont on prolonge à loisir la lecture pour en profiter un peu plus encore...

Ps: il faut passer outre le titre très harlequinesque et se régaler !

Cette main qui a pris la mienne, Maggie O'Farrell, traduit de l'anglais (Irlande) par Michèle Valencia, Belfond 2011, 419 pages à savourer.

Récompensé par le très prestigieux Costa Book Award.maggie o'farrell,famille,naissance,de l'importance des prénoms...

09/04/2011

Une fois deux...en poche

"D'une pierre deux coups, elle s'était débarassée des deux personnes qui comptaient le plus pour elle.

Essayez donc d'en faire autant !"iris hanika

L'histoire d'amour entre Senta et Thomas ne pouvait commencer que dans la ville de Berlin, cette ville qui porte encore les traces de son ancienne déchirure...En effet, rien ne prédisposait ces deux quadragénaires (perso au début, je les imaginais plus jeunes) à se rencontrer. Situation classique donc mais que Iris Hanika va dynamiter avec un bel aplomb. La rencontre, figure imposée de la littérature amoureuse n'a jamais été racontée d'une manière aussi surprenante et mérite d'emblée d'entrer dans les anthologies !
Las, après l'éblouissement de la rencontre viennent les atermoiements de Senta,  reine des autodestructrices (et des pleureuses), car elle se rend compte qu'elle est tombée amoureuse d'un homme qui n'est pas son genre...La description de l' héroïne battant du lait en mousse pour son amant, action domestique toute simple qui va tourner au désastre apocalyptique , et son explication ensuite, valent absolument le détour!
Iris Hanika nous promène dans la ville de Berlin comme elle nous balade de scène de théâtre en article d'encyclopédie voire en discours entreprenarial féministe comme en rêverait d'en entendre un jour !, le tout entrelacé de citations de chansons.
Et si comme Antigone, j'ai regretté les quelques longueurs, je me suis beaucoup divertie à la lecture de ce roman bourré d'énergie et d'humanité. Autre petit bémol: Senta la pleureuse impénitente  a eu parfois le don de m'agacer mais bon...

08/04/2011

L'homme qui marchait sur la lune...en poche

Rambo poète ?

Il n'a pas l'air commode sur la photo de 4 ème  de couverture, Howard Mac Cord. Et le héros de  L'homme  qui marchait sur la lune non plus.howard mccord
La" lune" est une "montagne de nulle part. Elle est délaissée par ceux qui y vivent à portée de vue, comme par ceux qui,à différents moments, peuvent être  fascinés par son isolement et sa difficulté.(...) ses charmes (...) ne sont pas évidents et ne se dévoilent qu'à de rares marginaux."
Embarqué à la suite du narrateur dans une balade dans cette montagne en plein coeur du Nevada, le lecteur  se  dit d'abord qu'il va se  régaler d'une ode à la nature, lyrisme et petits oiseaux à la clé.Que nenni !Il part surtout à la découverte progressive d'une personnalité hors du commun, au passé plein de violences et qui a une drôle de façon d'engager la conversation avec celui qui, on le découvre progressivement, le poursuit...
Epris  de liberté, le narrateur se définit comme bougon, loin des montagnes  et "[il ] ne tolère pas  facilement la présence  d'une barrière entre [lui] et la courbe infinie de l'univers." Nous avons ici un homme  qui "maîtrise la monotonie", maîtrise de soi acquise par le tir ,et cette tension se , retrouve également dans la narration car petit à petit c'est dans un récit  entremêlé de souvenirs réels ou imaginaires que le narrateur  se dévoile et nous ne le lâchons plus, estomaqué par des découvertes que je vous laisse le plaisir de lire. Noces d'une nature âpre et d'un marcheur-escaladeur , "une constante  en mouvement, jamais vraiment évident  à définir par l'observation."
Le  rythme s'accélère à la fin et le roman se termine sur les chapeaux de roues. Vous restez le  souffle  coupé.
Même si on peut rester  dubitatif par rapport à  certaines idées exprimées par le personnage, mais qui sont forcément en adéquation avec sa logique particulière, on ne peut qu'être séduit par ce texte qui rudoie le lecteur, le happe et le fascine

07/04/2011

Danbé

"On souffre tout seul et sans bruit et il n'y a personne alentour pour le voir ni pour l'entendre."

Née en France de parents maliens, Aya connaît une enfance plutôt heureuse, même si ses parents ne disposent pas de tous les codes leur permettant d'intégrer la vie en France.aya cissoko,marie desplechin,boxe,portrait d'une résilente.
La mort,dans un incendie criminel, de son père et de sa petite soeur va métamorphoser la petite fille : plutôt rebelle à l'école, ellle reste néanmoins fidèle au danbé, la dignité en malinké. La boxe lui offrira aussi une échappatoire et elle enchaînera les titres avec une apparente facilité.
Portrait troublant d'une jeune fille qui ne semble tirer ni plaisir ni orgueil des victoires sur le ring. Très peu de descriptions d'ailleurs de ses combats, Aya attache plus d'importance aux personnes qu'elle rencontre qu'à la manière de combattre.
Récit troublant aussi d'une vie où le mot "racisme" n'apparaît jamais mais où on ne peut s'empêcher de penser que si cette famille avait été blanche, elle aurait été logée dans un immeuble plus décent, traitée de manière moins désinvolte par certains avocats ou médecins et aurait ainsi évité bien des drames.
Un récit plein de dignité,  sans pathos, mais qui m'a émue aux larmes.

Danbé, Aya Cissoko, Marie Desplechin, Calmann-Lévy 2011.

Merci à Chiffonnette pour le prêt !

L'avisde Stéphie qui organise une semaine Marie Desplechin !