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02/09/2017

Mon autopsie

"J'ai toujours eu peur de l'attendrissement.
La sensibilité me semblait une faiblesse qu'il fallait cacher.
J'ai essayé d'être dur. Je crains d'avoir réussi."

C'est à une double autopsie que nous convie Jean-Louis Fournier: celle de son corps (dont il a fait don à la science), qu'il imagine réalisée par une très jolie étudiante ( charmeur jusqu'au bout des os, Jean-Louis), celle de son âme, qu'il se réserve.jean-louis fournier
Quand on est familier de l’œuvre du créateur d'Antivol ou de la Noiraude, on retrouve ici les membres de sa famille évoqués dans ces précédents ouvrages, mais ici l'auteur se livre à une sorte d'examen de conscience sans complaisance et n'hésite pas à nous livrer certains aspects de son caractère ou de son comportement pas forcément sympathiques.
Il n'en reste pas moins que l'humour s'invite régulièrement , souvent en fin de chapitre, et que la fiction de l'autopsie corporelle apporte la distance nécessaire à ce qui aurait pu devenir un exercice trop auto centré. Une nouvelle fois, l'auteur de La servante du seigneur tend les bras métaphoriquement parlant à sa fille qui s'est éloignée de lui. Une œuvre sensible et touchante qui manie l'humour noir avec dextérité.

Mon autopsie, Jean-Louis Fournier,Stock 2017.jean-louis fournier

 

01/09/2017

La rivière

"Nous promenons notre cœur aux mauvais endroits. Je m'en suis avisée au bord de chaque fleuve, et tout particulièrement de l'Oder."

Une femme s'installe "dans un appartement sommairement agencé où [elle]allait poser [sa]vie pour un temps."dans la banlieue de Londres, près d'une rivière.
D'elle, nous ne connaîtrons pas grand chose, ni son nom, ni son âge.Elle semble être dans un entre-deux à la fois temporel et spatial, à la marge de la ville, côtoyant des gens à peine insérés dans la société. Elle arpente la campagne, photographiant à l'aide d'un appareil instantané, suivant les rivières; pérégrinations où lui reviennent parfois des souvenirs, tous liés à des cours d'eau étrangers, en Italie, en Inde , en Israël, dans les pays de l'Est de l'Europe.esther kinsky
Fleuve frontières, fleuves abolissant les frontières entre l'eau douce et la mer," fleuve infusé de morts"(le Gange), elle les décrit avec une extrême précision, empreinte de poésie.
Quelques rencontres fugitives, quelques évocations oniriques , facétieuses ou dramatiques de scènes urbaines ou de nature, apparitions fantasmatiques (le Roi des Corbeaux), créent un climat étrange et fascinant où revivent parfois certaines activités économiques du passé.
Cela donne un texte au rythme lent, à la langue exceptionnelle (bravo au traducteur), qui peut parfois perdre son lecteur, mais qui offrira à qui acceptera de se laisser envoûter une magnifique expérience de lecture.

Merci à Babelio et à Gallimard.

La rivière, Esther Kinsky, traduit de allemand par Olivier Le Lay, Gallimard 2017, 391 pages piquetées de marque-pages.