Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/09/2008

Immobilisme triomphant

Frank Horvat, a parcouru plus de  cent mille kilomètres pour photographier les arbres que l'on retrouve dans A hauteur d'arbres.
N'ayant au départ pas de passion pour ce sujet, comme il s'en explique dans une  très belle préface, il a rapidement  découvert que les "arbres ont pour [lui]une signification particulière.", et  a vécu cette expérience   "Comme si  l'arbre, à la fois passif et tout puissant, se servait de ma  recherche de photographe pour étendre ses ramifications  dans l'espace de notre imaginaire". Après le vent, les oiseaux et les  hommes qui font voyager les graines des arbres, un autre "parasite": le photographe !51ZV-o+xoLL._SL500_AA240_.jpg
Arbres des villes  qui se  jouent  des grilles, arbres des champs ou des forêts, tous attirent notre attention et sont accompagnés de textes poétiques ou philosophiques qui soulignent  la spécificité des arbres et celle des liens que l'homme entretient avec eux car "L'homme, comme l'arbre, est un être où des forces confuses viennent  se tenir debout." De quoi se ressourcer .

Un livre adopté immédiatement  et devenu un de mes livres de chevet.

Merci, Cath!

 

 

11/09/2008

"Les arcs-en ciel sont sourds et les trésors ont disparu."

Pour empêcher la jeune L.  de commettre le  pire, l'ange (son ange gardien ? ), utilisant une régie particulière projette devant elle des  moments clés de sont existence, qu'ils  soient joyeux ou pénibles. Simultanément s'instaure un dialogue très animé entre les  deux personnages , dialogue d'autant plus important que pour l'ange "les mots sont des tiroirs, ils dissimulent des trésors aigres et doux. Je  voudrais juste que tu apprennes à les comprendre , à déjouer leurs pièges, à passer à travers leurs apparences. Un mot  de haine, parfois c'est un cri."
Mais qu'ils sont durs  les mots  pour qualifier cette jeune  fille . Ceux de ses camarades de  classe: "La mère fait des ménages, la fille fait des saletés."ou ceux de la  mère justement "qui  n'étaient pas  des gros  mots , mais  des  mots épais. Impossible  à digérer." Toute tentative pour les utiliser avec plaisir ces mots est bientôt réprimée, ainsi pour l'institutrice de son enfance : "On ne pouvait pas parler de tout  en poésie. Le dernier poème s'appelait La Bouteille de papa."9782848652405.jpg
Les mots de tendresse, ils  sont pour l'ange "Mon ange" car "C'était peut être l'amour qui manquait. La  possibilité de croire qu'il existe."
Beaucoup  d'ellipses  et d'implicite dans Il n'y a pas  d'ange.  Anne Mulpass  laisse au lecteur le soin  de combler les  trous  du récit, de formuler clairement  ce qui est suggéré, conférant ainsi  une  forte densité à ce roman parfois oppressant.  Cependant la prose  poétique de  l'auteure nous offre quelques échappées bienvenues, quelques bouffées d'air  frais pour  échapper à ce mal être de l'adolescence si  bien dépeint. On pourrait reprocher à  ce roman son déterminisme mais  tous les  membres  de  la même fratrie ne réagissent pas  de la même manière à  ce qu'ils vivent  au sein  du huis-clos  familial. D'ailleurs les différents points devue  des protagonistes qui sont proposés permettent de relativiser ou d'éclairer d'un jour nouveau les événements.
Une oeuvre puissante et émouvante mais que je ne proposerai pas à un ado en plein désarroi.