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23/05/2016

Non exclusif

catherine charrier"-Je ne t'ai pas menti. Je t'ai dit que je n'avais rien dans ma vie qui puisse m'empêcher d'avoir une relation et c'était vrai."

Laure, à quelques heures de partir en week-end , apprend incidemment que Vincent, son nouvel amoureux, est déjà en couple avec Anne, une peintre. Pour la quadragénaire, le choc est rude. Elle appelle celui qui, estime-t-elle, l'a trahie et ils décident de se laisser une quinzaine de jours avant de se revoir.
Laure ignore encore ce qu'elle va faire, mais les conseils de sa vieille voisine pourront l'aider à y voir plus clair.
Situation digne d'une vaudeville ? à première vue, oui .Mais Catherine Charrier a le chic pour dynamiter les clichés et son héroïne est d'une trempe telle qu’elle saura analyser la situation sans préjugés et l'affronter avec énergie.
Pour elle, Vincent n'a rien d'un Don Juan et son histoire personnelle peut expliquer son comportement. Il n'en reste pas moins que Laure souffre et que certaines de ses décisions auront des conséquences sur plus d'une vie.
J'ai beaucoup aimé ce portrait de femme et les réflexions très pertinentes qui l'émaillent, tant sur la vie amoureuse que sur la vie professionnelle de Laure.
Finesse psychologique, récit mené tambour battant, écriture précise et efficace, Catherine Charrier confirme ici tout le bien que je pensais déjà d'elle !

Non exclusif, Catherine Charrier, Éditions Kero 2016.catherine charrier

De la même autrice: clic et reclic

07/08/2014

L'attente

"Non, mon enjeu est ailleurs, dans la reconquête d'une solidité ,dans la diminution de ma dépendance affective, dans l'apprivoisement d'une solitude partielle, mais plus dans le don, plus dans cet amour sans condition dont j'ai exploré, avec lui en tout cas, les voluptés et les tourments."

Il y a quelques années j'avais lu un roman de Fanny Hurst, Back street, devenu emblématique de ces femmes qui, maîtresses d'un homme marié, n'avaient d'autre choix que de vivre dans l'ombre, sacrifiant leur vie à un amour impossible. catherine charrier
Je rechignais donc un peu à lire L'attente mais le nom de Catherine Charrier  dont j'avais déjà pu apprécier l'écriture dans un premier recueil de nouvelles (clic) m'a décidée. 
Et j'ai bien fait ! En effet, il ne s’agit plus ici d'une héroïne soumise (même financièrement) mais d'une femme indépendante, au caractère trempé,  mariée, mère de famille et qui se lance avec ardeur dans une relation avec un homme lui aussi marié et père de famille. Pas de grande scène de rencontre mais d'emblée une analyse de l'espace qui devient particulier aux amants et l'enclenchement d'une chronologie, d'un décompte de cette attente qui donne son titre au roman.
Nous n'aurons que son point de vue à elle, ne découvrirons les détails de cette histoire qui va durer treize ans que par l'analyse qu'elle en fera, des chapitres consacrés à l'attente (qui finira personnifiée ,tant elle est récurrente) s'intercalent d'ailleurs entre cette chronologie à J+ qui jalonne le roman, lui conférant sa densité. L'écriture est sensuelle sans être vulgaire, aucune complaisance de la part de l'héroïne mais un récit prenant, sensible  et maîtrisé qui emporte l'adhésion. Une réussite ! 239 pages bruissantes de marque-pages !

L’attente, Catherine Charrier Pocket 2014.

Le billet de Clara qui vous mènera vers d'autres.

 

 

13/06/2013

La fréquentation des à-pics

"On rejoint les adultes au seuil de l'explication du monde et on voit bien qu'ils n'en savent pas plus."

Épouses, mères, grands-mères ou petites-filles,  de l'immédiat après-guerre au XXIème siècle, Catherine Charrier s'attache à nous  peindre ces femmes qui connaissent La fréquentation des à-pics.catherine charrier,femmes
Rien de spectaculaire pourtant mais des situations sur le fil du rasoir, des prises de consciences infimes mais marquantes, des vies simples capturées dans la durée ou en un fragment et qui possèdent une intensité extrême. Des détails capturés,  un bisou sur une nuque paternelle dans une 403, et c'est tout l'amour d'une ex-petite fille qui reparaît. Cela peut être aussi un regard suffisamment  aigu pour prendre conscience d'une injustice, d'une violence banale et l'on bascule dans la "désillusion sombre et imbécile des adultes." Mais ce sont  également des repères lumineux qui apparaissent dans la trame des jours, une amie qui tend la main quand le monde se dérobe sous vous, des éclaircies dans le malheur.
On sent beaucoup d'empathie de la part de l'auteure car toutes ces histoires, vécues par elle ou qui lui ont été confiées, sont racontées avec pudeur et sensibilité. J'ai mis du temps à entrer dans la première nouvelle, Irène, car je craignais la caricature, l'histoire déjà rabâchée (une jeune française s'entichant d'un GI noir) mais , au fil du récit, les descriptions pleines de luminosité et de sensualité ont fait que j'ai pu accepter l'attitude de cette femme libre, plus femme que mère. Une très jolie découverte !

Lu dans le cadre de Masse critique.

La fréquentation des à-pics, Catherine Charrier, Kero 2013 , 225 pages sensibles et poétiques.

 

Merci à Babelio et à aux éditions Kero !catherine charrier,femmes