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12/07/2019

Le poids du monde est amour...en poche

"Je l'aime, je trouve très doux de le regarder et le fais comme on s'assoit devant un paysage apaisant."

En cent micro-fictions ciselées, David Thomas dresse la carte du tendre contemporaine. Du célibat de la jeunesse à la solitude subie de l'âge mûr, il narre les mille et une variations , fluctuations de l'amour et son livre peut donc se lire comme un roman, où un seul "Je" (mais à multiples facettes: homme, femme, homo, hétéro, jeune, vieux...) prend la parole, assurant ainsi la continuité et la fluidité.david thomas
La structure est donc assurée, mais pourrait tourner à la mécanique, façon Exercices de style, s'il n'insufflait autant de vie à ses personnages, variant les tonalités (tendresse parfois rugueuse, humour, poésie...). L'exercice de la nouvelle est souvent périlleux, mais David Thomas, en funambule expert, se tient toujours sur le fil, et nous réjouit le cœur.
à lire, relire, un petit bréviaire amoureux qui file sur l'étagère des indispensables !

04/06/2014

On ne va pas se raconter d'histoires

"J'ai parfois la sensation de m'accrocher de plus en plus aux aspérités de la vie. Ce qui me paraissait comme insignifiant il y a trente ans me semble aujourd'hui lourd, laborieux."

On ne va pas se raconter d'histoires affecte d'emblée, dès le titre,  la volonté d'une certaine franchise de bon aloi, d'une camaraderie sans chichis. On joue cartes sur tables et on confie sans barguigner ses sentiments, ses sensations. Les héros sont souvent accumulé pas mal d'années au compteur, seuls ou en couples, et cela les rend plutôt taiseux, patients. Ils aspirent souvent à un idéal (que certains atteignent grâce à des stratégies que je vous laisse le plaisir de découvrir) : "Vivre avec lui est une caresse ,tout est simple, fluide, il dénoue tout sans efforts ni complications."david thomas
Une certaine nostalgie pleine de douceur et de délicatesse baigne souvent ces très courts récits où, par exemple, une femme constate que son père, son mari et son fils partagent la même caractéristique: ils rêvassent et cela la touche car "dès qu'il se mettent à rêver, je vois les petits garçons qu'ils ont été."
Mais parfois le ton se fait plus caustique, voire revendicatif ,mais toujours avec beaucoup d'humour et d'empathie. J'ai ainsi adoré un texte intitulé

Merci

 « Je sais, c’est un mot bizarre, parce qu’on l’utilise autant quand on vous tient une porte que pour répondre à ces moments qui vous construisent. Il ne vaut souvent pas grand chose en regard de ce qu’on vous donne mais j’ai quand même envie de te le dire. Je voulais te remercier de m’avoir aimée. Je voulais te remercier de n’avoir jamais rien dit quand j’étais odieuse. Je voulais te remercier de m’avoir fait de beaux enfants. Je voulais te remercier d’avoir fait de ma vie quelque chose d’ennuyeux mais de confortable. Je voulais te remercier d’avoir supporté ma bêtise, même si moi aussi j’ai supporté la tienne. Je voulais te remercier d’avoir aimé avec sa boue, ses cendres, la petite fille triste et effrayée que j’étais. Je voulais te remercier de m’avoir fait jouir et de m’avoir foutu la paix. Je sais, j’ai pas toujours dit ça, mais ce soir, c’est ce que j’ai envie de te dire. Je voulais aussi te remercier d’être mort avant moi. »

On ne va pas se raconter d'histoires, ce recueil de micro-fictions est un pur régal à dévorer d'une traite, puis à relire pour mieux savourer toute la gamme d 'émotions qu'il nous fait partager ! Et zou sur l'étagère des indispensables !

 David Thomas , Stock 2014, 148 pages de pur plaisir !

Du même auteur : clic

Noukette m'a donné envie, Hélène a porté le coup fatal !

13/06/2011

La patience des buffles sous la pluie

"Bon je sais , c'est un peu confus , je ne sais pas trop ce que je veux mais ce qui est sûr, c'est que j'aimerais être loin de moi."

Soixante-dix textes ,souvent courts, voire très courts, où s'expriment des narrateurs /narratrices à la première personne pour dire la banalité, l'intime, ce qui nous rassemble tous et pourtant nous paraît si unique, avec une élégance désenchantée.david thomas,humour désenchanté
L'amour est bien souvent au centre des préoccupations de ces "je" multiples, certains d'entre eux envisageant même l'usure du temps au tout début de leur histoire car rien n'est sûr chez David Thomas. Pas de héros donc, chacun se coltine sa vie, aspire à une forme de sérénité et soliloque ou invective l'autre dans des logorrhées qui soudain retombent et font un "plat" comme à la piscine. Mais ici pas d'échec car le sourire vient de poindre chez le lecteur !
En effet on sourit beaucoup au fil de ces morceaux de vie dans lequel chacun(e) peut se reconnaître.
Pas étonnant donc que ce soit Jean-Paul Dubois qui signe la préface de ces textes,  lui qui avait écrit "Je ne crois en rien, je ne vaux pas grand chose, et pourtant tous les matins, je me lève".
Il prédit un grand avenir à David Thomas et c'est tout le mal qu'on lui souhaite à défaut de rencontrer une sportive professionnelle et de s'exiler au soleil comme l'a fait le précédent coup de coeur de Dubois !

La patience des buffles sous la pluie, David Thomas, Livre de poche 2011, 151 pages  enthousiasmantes (du coup j'ai commandé le roman qui vient de sortir !). A glisser d'urgence dans vos besaces, à lire et à relire !

L'avis d'Hélène