Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/11/2008

"Je suis un homme seul, un homme ivre, un homme qui marche."

La gunite :  mélange de ciment et d'eau  qui fait vivre et mourir tout à la fois ces ouvriers du bâtiment  dont nous suivons les  pérégrinations dans San Francisco et ses environs. Sorte  de cow-boys urbains , à la  fois flegmatiques, économes de leurs mots et de leurs gestes, ils vivent gunite, ils respirent gunite et anesthésient leur douleur à coup de poings ou de rasades d'alcool.
L'équipe formée par Broadstreet, Rex, Juan et Don Gordo  va voir sa vie  transformée  par l'arrivée d'un contremaître improbable, sorte de prédicateur fou dont la religion serait la gunite :  "J'aime  la  gunite, dit Root. Parce que la gunite, c'est la tâche qui révèle,la  propension à l'honneu  de cette créature,  par ailleurs méprisable, connue sous le nom d'homme. La gunite, c'est l'honneur, et l'honneur, c'est tout." Il  est prêt à tout pour la gunite, y compris à faire plier le temps  devant sa volonté dictatoriale: "-Il est huit heures , dit le  gosse.
-Non, dit Root. Il n'est pas  plus de huit heures.  c'est un ordre catégorique."41ctydldMvL._SL500_AA240_.jpg
Là où  un Zola aurait mis de l'excès, de la flamboyance pour peindre les conditions  de vie et de  travail de ces hommes qui peuvent en un clin d'oeil être promus et l'instant d'après rétrogradés ou virés,  Eric Miles Williamson use d'une sobriété sans pareille. Il éclaire la noirceur de ses propos par de brefs  moments de tendresse et de poésie qui sont autant de goulées d'air, tant pour ses personnages que pour ses lecteurs.
Noir béton est un roman rare, une sorte de diamant noir qui brille d'un éclat singulier.  Envoûtant .

Noir Béton. Eric Miles  Williamson Fayard noir.353 pages intenses.