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28/09/2020

Procédure Dublin

"Mais c'est leur vie, elles font ce qu'elles veulent et surtout ce qu'elles peuvent. Si nous étions à leur place, je me demande ce que nous ferions.
- Nous ne ferions pas mieux."

Divorcée, sexagénaire, retraitée, solitaire (les enfants ont pris leur envol à l'étranger), la narratrice de ce roman devient bénévole dans une association qui accueille les femmes à la rue , essentiellement des migrantes, perdues dans les limbes administratives de cette procédure Dublin qui oblige à demander l'asile dans le premier pays européen où elles sont entrées.juliette jourdan
Elle s'attache particulièrement au parcours d'une jeune femme africaine, Aminata, parcours erratique, douloureux mais dont la narratrice ne connaît que des bribes et s'en satisfait d’ailleurs car elle a bien conscience du gouffre qui sépare les deux femmes et ne prétend pas pouvoir comprendre Aminata.
Elle est en outre tout aussi lucide sur sa démarche, absolument pas militante : "une bonne action de dame patronnesse. A quoi bon se mentir ? ",ainsi que sur ses relations avec ses proches.
De facture assez classique, le roman brosse un portrait sans fard des manquements français, l'État ne s'occupant que de l'aspect judiciaire et répressif, et déléguant aux "assoces" l'aspect humain et matériel, le tout avec des moyen dérisoires. Sans bons sentiments, sans pathos, Juliette Jourdan, avec beaucoup d’humanité , ne prétend pas vouloir sauver le monde, mais son personnage, même laminé par la fatigue, éclaire avec chaleur une réalité trop souvent reléguée à la rubrique "faits-divers". Je craignais un peu l'utilisation du pronom "Tu" mais cela n'a en rien gêné ma lecture ni mon identification à des personnages, bénévoles  guettés par le burn-out, migrantes confrontées à une réalité violente,  que je n'oublierai pas de sitôt.
Un roman dont on parle trop peu et c'est vraiment dommage.

 

le Dilettante 2020