20/12/2011
Moi, Eugénie Grandet
Du 3 novembre 2010 au 6 février 2011, s'est tenue à la maison de Balzac une exposition de "seize petit panneaux en hommage à la pâle héroïne de Balzac", ultime projet de Louise Bourgeois. L'artiste y renouait avec l'art de la broderie et du tissage, qu'elle avait pratiqué dans sa jeunesse, aidant ainsi ses parents qui rénovaient des tapisseries.
La reproduction des oeuvres est précédée d'un texte de l'artiste, "Ode to Eugénie Grandet (suivi de sa traduction) et surtout d'une très pertinent essai de Jean Frémont, le premier à avoir présenté , en 1958, l'oeuvre de celle qui était encore une inconnue en Europe.
Ce dernier souligne d'abord les points communs entre les thèmes fondateurs entre Balzac et Bourgeois, tout particulièrement la maison ,mais aussi ,et de manière plus surprenante, ceux entre l'héroïne du premier vrai grand succès du romancier et l'excentrique artiste. à première vue en effet, tout sépare Louise qui quitta la France et l"ignorante fille sans cesse occupée à rapetasser des bas, à ravauder la garde-robe de son père, et dont la vie s'était écoulée sous ces crasseux lambris." Mais pour Jean Frémon "Victimes de la manipulation et de l'arrogance d'un père, Eugénie et Louise le furent toutes deux." Et d'établir des passerelles entre la biographie de Bourgeois et le roman de Balzac. Je le suis davantage quand il évoque "la lenteur et la résignation qui sont transformées en exercice spirituel, ces petits tableaux sont des mandalas, des prières [...] ces tableaux ne sont pas seulement des objets, ce sont des supports d'émotion, des reposoirs." Il souligne également que "Les torchons , les mouchoirs souvent usés, qui sont les supports de la plupart des oeuvres réunies ici sont ceux de son enfance, rapportés de France et entassés dans des armoires pendant toutes ces années en attendant le bonheur d'être recyclés en oeuvres d'art." Si Jean Frémont les envisage dans leur rapport au temps, "Quadrillages, symétries rassurantes, sentiment des heures qui passent.",j'y vois aussi la réappropiation des linges domestiques et la récupération/transformation d'éléments hétérogènes.
Des extraits d'Eugénie Grandet viennent illustrer cette brillante présentation , présentation qui donne envie d'approfondir la découverte de celle dont le" travail fut considéré comme implicitement mineur parce qu'il était celui d'une femme."
Moi, Eugénie Grandet, Louise Bourgeois, précédé d'un essai de Jean Frémon, Editions Le Promeneur, 2010
Cette exposition, Je ne suis pas Eugénie Grandet l'avait évoquée et je ne pouvais que craquer sur le catalogue de l'exposition. Celui-ci patientait sur mon bureau en attente d'un billet jusqu'à ce qu'un nouveau ricochet, en l'occurence un autre roman, le remette en lumière. Mais c'est une autre histoire...
PS: vu ta réaction enthousiaste, Angélique, je croyais que l'exposition avait été prolongée !!
06:00 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : louise bourgeois, jean frémon
10/11/2011
Je ne suis pas Eugénie Grandet
"On ne peut pas toujours être au premier rang de la vie des autres, vois-tu. On a sa propre vie à mener et ce n'est pas facile d'être soi."
Deux oeuvres d'art comme repères dans ce roman : Eugénie Grandet qu'Alice s'efforce de lire parce que sa soeur aînée, Anne-Louise a décidé de l'emmener visiter l'exposition de Louise Bourgeois, Moi, Eugénie Grandet et la Cerisaie, pièce sur laquelle travaillent Anne-Louise aux costumes et son amoureux Max à la mise en scène. Deux oeuvres d'art sur le thème de la famille qui vont permettre à l'adolescente de se positionner, avec intensité . Quand elle affirme: Je ne suis pas Eugénie Grandet , elle refuse ainsi le destin fané de l'héroïne de Balzac et trouvera aussi sa juste place vis àvis de sa soeur et un peu plus tard d'une grand-mère quasi inconnue et revêche.
Quant à la Cerisaie, un désatre de dernière minute permettra à Max de revenir sur son passé familial mais aussi de rebondir face à l'adversité.
L'art comme combat mais aussi l'art comme révélateur des luttes intérieures: Alice doit quitter l'exposition de Louise Bourgeois quand elle prend conscience qu'elle pourrait rater sa vie. Un roman troublant et intense , qui souffre peut être d'un défaut de construction mais une écriture qui plonge directement dans l'âme adolescente et la transcrit de manière intense et juste. Un roman qui donne évidemment envie de découvrir le catalogue de l'exposition de Louise Bourgeois.
Je ne suis pas Eugénie Grandet, Shaïne Cassim, Medium de l'Ecole des Loisirs 2011 , 182 pages hérissées de marque -page.
Couverture de Hélène Millot, en parfaite adéquation avec un texte qui évoque aussi beaucoup les tissus.
Je découvre Shaïne Cassim avec ce roman et j'ai bien envie de continuer à la lire...
06:00 Publié dans Jeunesse, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : shaïne cassim, soeurs, eugénie grandet, louise bourgeois