26/12/2008
Heureuse surprise !
Des a priori , j'en avais plein mes poches: l'histoire , dramatique au possible , cette femme qui veille,en Afghanistan ou ailleurs, sur un homme dans le coma; le style, que je craignais lyrique.Mais Papillon avait su me tenter, Aifelle aussi (pas de billet pour l'instant ? )et quand je l'ai trouvé à la médiathèque j'ai sauté dessus.
Bien m'en a pris car Syngué Sabour, pierre de patience fait voler en éclats tous les clichés que l'on pourrait s'attendre à trouver dans un tel texte. J'y aivu une tragédie se déroulant inexorablement en un seul lieu, cette pièce où l'homme est étendu, pièce qui fonctionne comme un aimant, attirant à elle tous les protagonistes. Peu de personnages,principalement bien sûr cette femme qui se libère par la parole devant ce corps masculin qui devient peu à peu pour elle une pierre de patience, "pierre magique que l'on pose devant soi pour déverser ses malheurs, ses souffrances, ses misères...".Cette femme, tiraillée entre rébellion et soumission,soigne son mari mais en même temps l'injurie et lui assène tout ce qu'elle n'a jamais osé lui dire: "Cette voix qui émerge de ma gorge, c'est la voix enfouie depuis des milliers d'années.". Peu à peu se reconstitue l'histoire d'un mariage arrangé, mariage qui a peu de réalité , sinon aux yeux de la loi et de la religion, tandis qu'autour la guerre se déroule et parfois s'immisce dans la maison. Cette épouse sauve ses filles mais parviendra-t-elle à se préserver ?
Il y a une telle vitalité dans ce roman qu'on a envie de crier : "Vas-y, fais ce que tu dois faire !",révoltée que l'on est devant la situation qui est imposée au femmes en Afghanistan et ailleurs . Rappelons par ailleurs qu'Atiq Rahini a écrit ce roman "à la mémoire de N. A.*-poétesse afghane sauvagement assassinée par son mari."
Dans une langue fluide et poétique le romancier célèbre la victoire-même de courte durée- de la sensualité sur l'oppression politique et religieuse. Un prix Goncourt qui restera dans les mémoires .
Syngué sabour. Atiq Rahini.POL.154 pages.
*Nadia Anjuman (25 ans)
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : prix goncourt 2008, syngué sabour, pierre de patience, atiq rahimi