19/11/2010
Le journal secret d'Amy Wingate
"...à qui j'ai envie d'abandonner mon self-contrôle, le bon sens qui m'a étranglée depuis tant d'années, ma solitude , aussi, vide , aride."
Elle qualifie parfois son journal de "divagations psychologiques à la noix", dépréciant ainsi le contenu du texte qui l'aide à canaliser le flot de ses pensées et à satisfaire la curiosité du lecteur. Elle ? Amy Wingate, prototype parfait de la vieille fille coincée . Du moins en apparence. Car la trop sage Amy qui analyse, sans concessions les liens qui l'unissent à sa riche et jeune amie un tantinet condescendante à son égard, qui use d'elle comme d'un faire-valoir, sait aussi se montrer impulsive et passionnée.
Willa Marsh , avec un style parfois délicieusement surranné (qui fait encore des emplettes de Noël ? ) nous brosse ici un portrait à la fois plein de charme et de causticité. Un régal dont j'ai savouré la lecture en la faisant durer le plus longtemps possible pour ne pas quitter trop vite cette Amy aux multiples facettes. Si délicieusement british !
Merci Cuné !
De la même auteure : ici !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : willa marsh, so british!
04/01/2009
Ricochets
Hier je vous parlais de méthode de jardinage apparemment désinvolte, laissez-moi vous présenter celle de Thomasina Fox, héroïne du roman de Jane Gardam, Un amour d'enfant.
"Le visage sombre de Thomasina vu à travers les cordes de sa raquette avant un squash particulièrement diabolique montrait une qualité d'agressivité qu'on n'aurait jamais soupçonnée quand elle recevait dans son salon de shintz ou son jardin débordant de roses démodées, de buissons échevelés, d'herbes aromatiques, de dahlias ou de jacinthes des bois selon la saison, de lis et de trilliums difficiles à venir et de "tout ce qu'il me prend la lubie de planter". Main verte ? Absolument pas "J'achète et je prie, c'est tout."
Mais ce n'était pas tout à fait vrai, car dans son jardin-en salopette, puis en fuseau, puis en jean, puis en pantalon lâche au fur et à mesure que passaient les années-, Thomasina peinait, creusait, taillait à longueur de journée, de semaine, de saison, désherbant, nettoyant, régéné rant le sol, le nourrissant de riche compostnoir, y ajoutant des toniques plus violents ("du caca de poule de préférence"), tournant, touillant, malaxant le tout. Deux fois l'an, elle ouvrait au bénéfice des infirmières dans le cadre des jarisn Nationaux. C'était une discipline tuante mais qui apaisait, recentrait, apportait un grand réconfort.Le jardin de Thomasina la récompensait amplement: les feuilles étaient comme il convient, ou luisantes ou soyeuses,les roses sans taches et sans pucerons, prêtes à être admirées, prêtes à être photographiées.
Mais à l'intérieur de Thomasina Fox, que se passait-il vraiment ? "
Oui, que se passe-t-il à l'intérieur de Thomasina qui vient de perdre sa fille et d'hériter d'un encombrant nouveau-né que chacun se passe comme une patate chaude nous donnant ainsi l'occasion de découvrir toute une galerie de portraits à la fois caustiques et tendres ?
Jane Gardam bouscule les conventions comme seules les romancières anglaises savent le faire, avec une férocité réjouissante !
Jane Gardam. Un amour d'enfant. Fayard 1998 .376 pages dans lesquelles je pioche régulièrement.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : jane gardam, un amour d'enfant, roman anglais, une écrivaine à redécouvrir de toute urgence, so british!