16/06/2009
Une confession
Pendant six ans l'éditrice Véronique de Bure a été très proche du philosophe catholique Jean Guitton. Après son décès, elle estime : "c'est bien dans un brouillard qu'il me semble voir avancer ma vie" et s'adresse donc à lui dans une quête identitaire où s'entrecroisent anecdotes sur le philosophe et récit d'une passion adultère avec un autre homme.
Même si l'auteure sait nous rendre attachante la figure de Jean Guitton, c'est davantage le style à la fois pudique et franc, souple et heurté qui a su ma séduire: "La réalité est malléable. On peut la tordre, la gondoler, la rendre plus lourde ou plus légère. Certains, les optimistes dont je ne suis pas, la pétrissent comme une boule de glaise , lui donnent les rondeurs qui lui manquent, une douceur qui la rend supportable, voire aimable. ils savent se faire du bien, ils prennent soin d'eux. Ma réalité est une pierre, un marbre dur et impitoyable; au lieu d'en gommer les apérités, je la taille à la serpe, j'en affûte le tranchant, j'en aiguise la lame, et tel un scalpel elle me griffe, me coupe, me cloue. Je saigne et mes blessures, que je n'ai de cesse de raviver , ne cicatrisent jamais."
Il y a là une volonté de se reconstruire qui a su tout à la fois me toucher et me fasciner. Nécessité de passer du réconfort moral offert autrefois par Guitton "car vous aviez ce don merveilleux d'élever l'esprit de votre interlocuteur" aux bras de cet amant qui la fait vivre avec intensité même si elle ne l'aime pas vraiment car "le véritable amour n'est pas toujours fait de chair et de sang".
L'avis de Laure.
Une confession, Véronique de Bure, Stock, 201 pages précieuses.(Je n'ai pas copié sur Laure, le même adjectif m'est venu :))
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : une confession, véronique de bure