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04/04/2011

San Francisco

"C'est ma spécialité, les choses qui ne sont plus là."

Contrairement à ce que donne à penser le titre de ce roman de Catherine O'Flynn, l'action ne se déroule pas à San Francisco mais à Birmingham, ville où Franck présente les infos régionales sur une chaîne de télévision locale. Nettement moins exotique donc, pourtant le présentateur est très attaché à cette ville où son père, architecte autrefois renommé, a construit de nombreux bâtiments dans le style brutaliste .
Mais Birmingham, assoiffée de renouveau, fait abattre un à un ces immeubles tandis que Franck semble hanté par tout ceux qui disparaissent autour de lui : non seulement son vieil ami et prédécesseur, renversé sur une route de campagne par un chauffard, mais aussi celles de tous ces inconnus , morts en solitaire,  à qui il s'efforce de redonner une identité.31xQkHrl27L._SL500_AA300_.jpg
La vie de Franck n'est en rien clinquante: entre les visites à sa mère qui entretient une vision cynique de l'existence , les petitesses ridicules du milieu médiatique dans lequel il évolue, sans compter les chemins boueux de la campagne où il habite, il y aurait de quoi déprimer !
Hé bien non, Franck vaille que vaille, trace sa route, élucide les mystères et parvient, presque malgtré lui à tirer son épingle du jeu , ayant accepté au final que le changement fait partie de la vie et qu'on ne peut rien contre lui.
Une ambiance un peu triste et feutrée, mais un style précis, en demi-teintes, entre humour et désenchantement  qui confirme tout le bien que je pensais du premier roman de Catherine O'Flynn.

San Francisco (The News Where You Are), Catherine O'Flynn, traduit de l'anglais par Manuel Tricoteaux, Jacqueline Chambon 2011, 389 pages.

29/11/2010

L'homme inquiet

"Ce personnage inquiet et mal assuré dans la marge: c'est moi."

Wallander est devenu grand-père , à sa grande surprise et à sa grande joie. Le spectre de la retraite commence à rôder autour de lui  tandis que la vieillesse gagne davantage de territoire, détériorant non seulement son corps, qu'il a part trop négligé, mais aussi, et c'est ce qui l'angoisse le plus, sa mémoire.
Malgré tout cela , obstiné,  il mène une enquête, en parallèle des services officiels ,sur la disparition des beaux-parents de sa fille Linda. Remontent alors à la surface des échos de la guerre froide , de sous-marins et d'espionnage.51T5j08M9GL._SL500_AA300_.jpg
L'enquête est particulièrement lente dans cet ultime épisode de la série des Wallander. Ce qui prime avant c'est le personnage en lui même, qui fait le bilan de sa vie à la fois professionnelle et personnelle. Reviennent ainsi à sa mémoire des souvenirs des enquêtes précédentes et des gens du passé. Les femmes de sa vie réapparaissent également pour un dernier tour de piste, une manière d'évaluer si , une fois pour toutes, il pourra se  faire à l'idée de vivre seul à la campagne , en compagnie d'un chien.
Parcouru de nombreux allers-retours, à la fois dans l'espace et dans le temps, L'Homme inquiet évoque aussi une période trouble de l'histoire de la Suède et la nécessité, selon l'auteur, de ne pas négliger la politique. Tout ceci a parfois des accents de testament et ce n'est sans doute pas un hasard si, à la fin du récit, Wallander éprouve le besoin de mettre au clair ses idées sur une enquête non entièrement élucidée, par écrit.
Henning Mankell en finit avec son personnage d'une manière particulièrement efficace et réussie, lui laissant tout à la fois un espace de liberté et l'impossibilité physique de réapparaître dans une autre enquête. Un texte riche en réflexions et un portrait particulièrement poignant.

L'homme inquiet, traduit du suédois par Anna GIbson, Henning Mankell, Seuil 2010, 552 pages sombres .

02/09/2010

Grandir

Bien sûr, il y eut des fêlures , mais quand la mère, âgée, devient fragile, que la relation de "dépendance" commence à s'inverser, c'est l'occasion pour chacune d'elle de Grandir d'une manière différente et d'apprivoiser le temps qui passe .31PfXVGmQjL._SL500_AA300_.jpg
Avec beaucoup de pudeur et d'élégance Sophie Fontanel nous livre ce beau récit entremêlant souvenirs heureux et découverte d'un tout autre univers, celui de la vieillesse et de ses aléas, en complet décalage avec le monde futile de la monde dans lequel évolue la narratrice. Des chapitres courts, comme autant de vignettes, pour dire la tendresse et les jolies choses dont il faut se souvenir, pour s'en servir comme d' un viatique.
A mille lieues de l'univers habituel (chichiponpon )de l'auteure.

Grandir, Sophie Fontanel, Robert Laffont 2010, 145 pages réconfortantes.

Merci à Stéphie pour cette découverte.

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Un coup de coeur pour Keisha !

09/11/2009

Dernière adresse

"Il ne me reste que ça: la nature et les éléments."

Une vieille dame, dont nous ne connaîtrons pas l'identité-juste l'origine irlandaise- comme si le temps l'avait déjà gommée, comme si elle ne se définissait déjà plus que par rapport aux autres membres de sa lignée, revient sur sa vie et surtout sur ce que les autres interprètent comme un naufrage: la vieillesse.31GmFzoLWlL._SL500_AA240_.jpg
L'inexorable perte d'autonomie, le corps qui ne suit plus, la relégation dans ce que la narratrice préfère appeler un "nursing home", les liens familiaux qui se distendent, le corps qu'on ne caresse plus, les petites folies qu'on s'offre et qui sont interprétées comme des folies tout court...
Toute cette description intériorisée de ce glissement progressif, je l'ai beaucoup apprécié.
J'ai juste regretté les souvenirs d'enfance qui viennent perturber le récit en voulant lui apporter une tension dramatique qui n'arrive pas à exister vraiment et n'apporte donc rien au roman. L'héroïne n'avait guère besoin de cela pour marquer son détachement et son cheminement vers la sérénité. Un très joli style pour accompagner une vison juste et sensuelle, d'une calme lucidité. Premier roman qu'il faut lire en dépit de ces quelques maladresses.

Deux extraits en passant :

"Merveilleuse utopie: je rêve d'une maison de retraite où le personnel prendrait le temps  de gestes dérisoires pour maquiller les femmes en fin de vie, les vieilles peaux, les poches sous les yeux et les cous de chien.
Les femmes en fin de vie n'en demeurent pas moins des femmes.
Et la prochaine fois que qulqu'un me maquillera , je serai sûrement complètement refroidie."

"Je pleure sur tous les centimètres carrés de ma peau laissé à l'abandon et qui n'aspirent qu'à cette caresse affectueuse."

Dernière adresse, Hélène Le Chatelier, Arléa, 90pages.

 

L'avis de Clarabel.

Recommandé aussi par Patricia Martin de France inter.