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Et tu n'es pas revenu...en poche
"Survivre vous rend insupportables les larmes des autres. On pourrait s'y noyer."
Quand elle est arrêtée, à quinze ans, son père lui dit :"Toi, tu reviendras peut être parce que tu es jeune, moi je ne reviendrais pas."
Cette prophétie s'accomplira . Marceline pourra brièvement ,et au risque de sa vie, revoir son père , envoyé à Auschwitz, tandis qu'elle est déportée à Birkenau et elle recevra un billet de lui. Ce billet, il a disparu dans la tourmente, les mots se sont effacés de sa mémoire mais pas le fait qu'il ait signé de son prénom juif, alors qu'il se voulait français.
Des décennies plus tard, Marceline répond à ce billet, remonte le cours du temps et brosse, à grands traits parfois, des pans de sa vie.
La survie au camp, le retour, la chape de plomb qui pèse sur les survivants, la mère qui veut juste savoir si elle n'a pas été violée et ,par dessus tout, cet amour de la fille pour son père ,font de ce récit tendu comme un arc ,une lecture âpre et nécessaire. Il y a dans ce texte une sourde énergie. Le temps n'a pu balayer les émotions et on sent Marceline Loridan-Ivens à fleur de peau tout au long de ce texte.
28/08/2016 | Lien permanent | Commentaires (2)
L'amour après ...en poche
"Il faut déserter les modèles, fuir leurs pièges, leurs barbelés invisibles. L'important, c'est d'avoir de l'air, alors tout peut commencer."
Années 50, Marceline Loridan -Ivens qui est "une fille de Birkenau" est rentrée en France et ne tarde pas à prendre son indépendance vis à vis de sa mère.
La jeune femme dont le corps a été figé dans l'adolescence par le camp a soif de vie et de culture. Elle enchaîne aussi les aventures amoureuses ,même si son corps ignore toute sensation de plaisir, de désir ,et restera à jamais "sec", c'est à dire stérile, sans que Marceline le regrette, bien au contraire.
La nudité reste attachée au regard d'un médecin décidant de la vie ou de la mort et Marceline aura toujours des difficultés à se dénuder, y compris dans un contexte médical.
Un récit rare qui évoque le corps, les sentiments d'une jeune femme fracassée par les camps mais qui est pleine d'ardeur, de vie, d'énergie et d'une formidable liberté.
06/02/2019 | Lien permanent | Commentaires (2)
Et tu n'es pas revenu
"Survivre vous rend insupportables les larmes des autres. On pourrait s'y noyer."
Quand elle est arrêtée, à quinze ans, son père lui dit :"Toi, tu reviendras peut être parce que tu es jeune, moi je ne reviendrais pas."
Cette prophétie s'accomplira . Marceline pourra brièvement ,et au risque de sa vie, revoir son père , envoyé à Auschwitz, tandis qu'elle est déportée à Birkenau et elle recevra un billet de lui. Ce billet, il a disparu dans la tourmente, les mots se sont effacés de sa mémoire mais pas le fait qu'il ait signé de son prénom juif, alors qu'il se voulait français.
Des décennies plus tard, Marceline répond à ce billet, remonte le cours du temps et brosse, à grands traits parfois, des pans de sa vie.
La survie au camp, le retour, la chape de plomb qui pèse sur les survivants, la mère qui veut juste savoir si elle n'a pas été violée et ,par dessus tout, cet amour de la fille pour son père ,font de ce récit tendu comme un arc ,une lecture âpre et nécessaire. Il y a dans ce texte une sourde énergie. Le temps n'a pu balayer les émotions et on sent Marceline Loridan-Ivens à fleur de peau tout au long de ce texte.
Merci Clara .
En avril sortira en DVD" La petite prairie aux bouleaux".
16/03/2015 | Lien permanent | Commentaires (7)
La petite prairie aux bouleaux
Après avoir lu Et tu n'es pas revenu (clic), j'avais très envie de voir la fiction consacrée par Marceline Loridan-Ivens à Birkenau. Le DVD vient de ressortir, probablement pour l'anniversaire de la libération des camps, cela tombait donc bien.
C'est Anouk Aimée, les cheveux couleur flamme, qui endosse l'identité de Myriam Rosenfeld, nom de naissance de la réalisatrice, pour son retour à Birkenau, souvent associé à Auschwitz, près de Cracovie.
Les dialogues de cinéastes, les interviews croisées de la scénariste, la réalisatrice et de Simone Veil qui a connu la toute jeune Marceline, quinze ans lors de son arrivée à Birkenau, permettent d'éclairer certains détails de la fiction et de leur conférer encore plus de force.
Ainsi si Myriam s'obstine à entrer par une porte récalcitrante dans le camp, c'est parce que cette issue était réservée aux Allemands.
Elle se réapproprie ainsi un lieu où elle affirme avec force être chez elle et s'autorise des libertés que les autorités actuelles interdisent aux visiteurs . Il n'est pas né celui qui pourrait faire plier la survivante !
Par petites touches, nous prenons conscience de l'antisémitisme de la population polonaise contemporaine et passée, mais aussi de la douleur de l’ancienne déportée qui garde certains réflexes de survie. Nous comprenons aussi sa volonté de nier certains souvenirs trop dérangeants, des décennies plus tard (le film est sorti en 2003).
Une fiction extrêmement puissante, digne et sincère,sans pathos, et d'une très grande beauté. Le seul film, à part celui réalisé par l'écrivain Imre Kertésk, Être sans destin, à avoir été réalisé par une survivante.
28/04/2015 | Lien permanent | Commentaires (3)
L'amour après
"Il faut déserter les modèles, fuir leurs pièges, leurs barbelés invisibles. L'important, c'est d'avoir de l'air, alors tout peut commencer."
Années 50, Marceline Lorida -Ivens qui est "une fille de Birkenau" est rentrée en France et ne tarde pas à prendre son indépendance vis à vis de sa mère.
La jeune femme dont le corps a été figé dans l'adolescence par le camp a soif de vie et de culture. Elle enchaîne aussi les aventures amoureuses ,même si son corps ignore toute sensation de plaisir, de désir ,et restera à jamais "sec", c'est à dire stérile, sans que Marceline le regrette, bien au contraire.
La nudité reste attachée au regard d'un médecin décidant de la vie ou de la mort et Marceline aura toujours des difficultés à se dénuder, y compris dans un contexte médical.
Un récit rare qui évoque le corps, les sentiments d'une jeune femme fracassée par les camps mais qui est pleine d'ardeur, de vie, d'énergie et d'une formidable liberté.
Grasset 2018
22/01/2018 | Lien permanent | Commentaires (7)
Retour à Birkenau...en poche
"Nous remontons. On retrouve nos mortes, on retrouve nos poux, on retrouve la nuit."
Déportée en 1944 avec son père, son frère et son neveu, Ginette Kolinka sera la seule à revenir de Birkenau.
Si elle annonce brutalement à sa mère la mort du reste de sa famille,elle ne raconte à personne, même pas à son mari, l'horreur de ce qu'elle a vécu. Les 26 kilos qu'elle pèse à vingt ans en disent bien plus long et la culpabilité de la survivante l'en empêche tout autant.
Il faudra la création de la fondation Spielberg, après le film la liste de Schindler pour que Ginette Kolinka accepte de se confier , avant que d’accompagner des groupes d'élèves à Birkenau.
Retour à Birkenau, où l'on croise fugitivement Marcelline (Loridan -Ivens) et Simone (Veil ) ,est un récit bref, cru, où Ginette Kolinka ne s'épanche guère, sauf à regretter la quasi aseptisation des anciens camps d'extermination, le décalage entre ce dont elle se souvient et ce que sont devenus ces endroits, parfois presque trop jolis au printemps. Afin d'imaginer le bruit , les odeurs, la promiscuité, la violence, le froid, il faut lire ce témoignage cru.
Il faut aussi deviner entre les lignes et les quelques détails qu'elle donne, presque en passant, la reconstruction de cette femme, qui ne pouvait se défaire de l'habitude prise au camp de baisser les yeux, qui a fait deux dépressions mais qui se réjouit de ce que ses sœurs ne l'aient pas considérée comme une déportée. Un récit nécessaire.
11/03/2020 | Lien permanent | Commentaires (1)
Retour à Birkenau
"Nous remontons. On retrouve nos mortes, on retrouve nos poux, on retrouve la nuit."
Déportée en 1944 avec son père, son frère et son neveu, Ginette Kolinka sera la seule à revenir de Birkenau.
Si elle annonce brutalement à sa mère la mort du reste de sa famille,elle ne raconte à personne, même pas à son mari, l'horreur de ce qu'elle a vécu. Les 26 kilos qu'elle pèse à vingt ans en disent bien plus long et la culpabilité de la survivante l'en empêche tout autant.
Il faudra la création de la fondation Spielberg, après le film la liste de Schindler pour que Ginette Kolinka accepte de se confier , avant que d’accompagner des groupes d'élèves à Birkenau.
Retour à Birkenau, où l'on croise fugitivement Marcelline (Loridan -Ivens) et Simone (Veil ) ,est un récit bref, cru, où Ginette Kolinka ne s'épanche guère, sauf à regretter la quasi aseptisation des anciens camps d'extermination, le décalage entre ce dont elle se souvient et ce que sont devenus ces endroits, parfois presque trop jolis au printemps. Afin d'imaginer le bruit , les odeurs, la promiscuité, la violence, le froid, il faut lire ce témoignage cru.
Il faut aussi deviner entre les lignes et les quelques détails qu'elle donne, presque en passant, la reconstruction de cette femme, qui ne pouvait se défaire de l'habitude prise au camp de baisser les yeux, qui a fait deux dépressions mais qui se réjouit de ce que ses sœurs ne l'aient pas considérée comme une déportée. Un récit nécessaire.
Grasset 2019.
Déniché à la bibliothèque.
14/10/2019 | Lien permanent | Commentaires (2)
La grande vie...en poche
Quoi de plus beau pour terminer l'année que ce recueil de textes de Christian Bobin ?
Un opuscule d'une centaine de pages comme "une déclaration de vie, une échelle plantée sur le sol, appuyée sur le ciel", image par laquelle Bobin désigne Marceline Desbordes-Valmore mais qu'on pourrait tout aussi appliquer à l’auteur de La grande vie.
Des textes courts ,en apparence légers, poésie qui ne dit pas son nom, mais fait étinceler le quotidien comme jamais.L'intensité est là, la spiritualité aussi, mais jamais dérangeante, jamais contraignante. On glane au fil des textes les métaphores affûtées, les réflexions et on sort de ce texte ébloui.
Je vous souhaite donc pour l'année 2016 La grande vie !
31/12/2015 | Lien permanent | Commentaires (16)
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