Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« 2008-01 | Page d'accueil | 2008-03 »

11/02/2008

"La désintégration et l'érosion peuvent être inversés"

Il ya quelque chose de pourri dans le couple que forment Julia et Brian depuis maintenant dix ans. Le début du Garçon dans la lune est d'une acidité réjouissante car chacun des personnages traverse une mini crise existentielle, se demandant comment il est perçu par les autres.41RmonQUwSL
"Il se dit: je me demande pourquoi je ne vais pas baiser un mouton mort à l'abattoir du coin
il cligna des yeux. elle  se contracta. Il bâilla. Elle éternua. Il jouit. Pas elle.
(...)
il  se dit:  je pourrais divorcer pour moins que ça.
Elle pensa:en plus , il faut changer les draps."

Cette crise latente, car non-dite, risque de s'exacerber car le couple, accompagné de leur fils, Sam doit partir en Irlande chez le père de Brian, ce que Julia envisage comme "un long purgatoire".Ce sera pire que cela car un terrible accident va survenir ...
Kate o'Riordan à partir de là aurait pu faire sombrer le récit dans le mélo le plus larmoyant, tirant partie des paysages et de tous les clichés embusqués dans un coin de notre tête sur l'Irlande. Balayant tout cela  d'un revers de main, elle lance ses personnages défricher le passé de l'autre, jusqu'à ce que la vérité éclate. En effet, tant Julia que Brian se sont forgé une image qui ne correspond pas forcément à la réalité. "Elle  se demanda pourquoi Brian, contrairement aux autres, trouvait si nécessaire de réécrire le passé, et quelle part de leur vie les autres couples gardaient cachée. Elle éprouva une pointe de remords pour toutes les fois où  elle l'avait sciemment  blessé par ses mots, où elle avait intentionnelelemnt tenté de l'humilier parce que tant qu'il continuait à sourire de ce sourire exaspérant,  si désinvolte, ses piques ne pouvaient atteindre leur cible."
Violence des mots, violence des émotions violence tout court, l'auteure ne nous épargne pas  et montre  bien l'ambivalence des sentiments qui  agitent ses personnages. Il serait tellement plus simple que les bons soient entièrement bons et inversement pour les autres...
Le poids du passé, le poids des non-dits qui taraudent les générations suivantes sont aussi au coeur de ce roman, bien plus que la mort d'un enfant.
Kate O'Riordan sonde les reins et les coeurs,elle fouille les plaies, jouant avec les peurs de ses lecteurs (qui n'a jamais paniqué , ne serait-ce que quelques secondes, après avoir perdu de vue son enfant dans un magasin?) dosant savamment l'espoir et la désespérance...
Un livre qui vous colle une grosse boule d'angoisse , qui vous poursuit longtemps, mais qui  est une expérience magistrale.Un livre qui brûle.

10/02/2008

Un amour de Sissi #2

J'étais toujours debout, les sièges ne manquaient pas dans le bureau, mais personne ne m'avait invitée à m'asseoir. Sissi y remédia avec précision: d'un coup de boule elle me propulsa sur une chaise fort heureusement large et rembourrée et derrière moi.J'envisageai avec horreur le moment où, dans un grand élan d'affection,  elle se propulserait sur mes genoux quand les maîtres réagirent enfin .
Pour obtenir que Sissi obtempère, il fallut lui lancer quelques bonbons qu'elle goba avec adresse.
N'étant pas sûre de pouvoir en faire autant, je déclinai l'offre qui m'avait été faite ,incidemment, de partager le goûter de Sissi.
Celle-ci, vaincue par le sucre (attention,Sissi, tu ne rentreras bientôt plus dans ton maillot de bain!), ronflait tranquillement, allongée  de tout son long...fort heureusement loin de la porte, j'allais pouvoir  battre en retraite avec dignité.

09/02/2008

Un amour de Sissi #1

Le garage des champs fait naître au milieu de la campagne d'étranges fleurs métalliques mais en aucun cas de panneaux indicateurs. Point nen est besoin : ses seuls usagers sont des autochtones.  Il est donc particulièrement malaisé de les dénicher car, en outre, le garage des champs pousse dans des zones non répertoriées par les satellites.  D'où un petit goût d'aventure quand on part à sa recherche.
Il ne reste donc qu'à coincer au bord d'un fossé le joggueur véloce ou à guetter le facteur féroce*...
Le garage des champs est doté d'un attribut canin haut sur pattes chargé de l'accueil.Le seul risque en payant son écot de caresses est de récupérer  une main un peu (beaucoup ) cradingue qu'il ne restera plus qu'à oublier. dans une poche.
Ce jour là l'accueil avait été particulièrement chaleureux. D'emblée Sissi avait fourré son gros museau dans mon entrejambes (je jure que mon hygiène corporelle est irréprochable) et s'était statufiée.Ayant la faiblesse  de tenir autant à ma main droite qu'à ma  main gauche,je ne bronchais pas  et continais à discuter avec les "maîtres " de l'adorable Sissi, Rottweiller d'à peu près 40 kilos, qui semblaient ne rien avoir remarqué.

08/02/2008

La paix, la paix, maintenant.

"Et j'ai écouté l'histoire de Chaïma. Mon histoire. Notre histoire. ce que l'on peut trouver dans nos  veines. A elle et à moi." Ainsi parle Camille dans les couloirs de l'hôpital de Toulouse où est en train d emourir sa grand-mère.41qI2Q33DoL
Camille , d'origine juive, Chaïma, palestinienne réfugiée en France et dont les destins familiaux sesont croisés bien avant cette rencontre entre les deux ados.
Shalom salam maintenant est un récit plyphonique où s'entrecroisent des voix palestiniennes et israëliennes, dévidant le fil de l'Histoire.
Un récit sensible et touchant, où je me suis parfois perdue mais dont je suis ressortie vraiment émue par ces destins.
Rachel Corenblit par ce premier roman donne déjà envie dedécouvir le  reste de son oeuvre.

l'avis de Clarabel.

07/02/2008

Taguéeda tsoin tsoin

Taguée !


Bellesahi m'a taguée ! Alors voilà il faut...

Ecrire le lien de la personne qui nous a tagué

Préciser le règlement sur son blog

Mentionner six choses sans importance sur soi

Taguer six autres personnes en mettant leur lien

Prévenir ces personnes sur leur blog respectif

Roulement de  tambour :

1/ je suis tellement frileuse que je dors parfois avec deux bouillottes remplies de noyaux de cerises.

2/Inversement, je  dors parfois la  fenêtre  ouverte alors qu'il fait très froid (faut pas chercher à comprendre).

3/Plus ça vient , moins j'aime conduire.

4/Si je conduis, il faut que ça  avance.  D'ailleurs,  un jour de  blocage de l'autoroute par les routiers,j'ai préféré garer  la voiture sur un parking et rentrer à pied .

5/Je viens  (enfin)  de ranger (une partie)  de mes  livres.

6/Par la  même occasion , j'ai rapatrié sur une étagère les différentes piles constituant ma PAL (éparpillées un peu partout dans la maison). Le rayon était plein, ça m'a filé  le bourdon...

Au tour  de Cuné, N-taloClarabel, Ptitlapin, Fashion  et Katell  !


Cluedo dans la plus grande bibliothèque du monde

La délégation norvégienne, d''Hugo Boris, semble de prime abord s'inspirer de deux schémas classiques. D'une part des gens, qui, différents tant par leur nationalité que par leur origine sociale vont se  retrouver dans un espace  qui va rapidement devenir clos, en l'occurence un chalet nordique; d'autre part, un point commun qui les unit, la chasse, ce qui va donner lieu à quelques récits troublants , racontés pour se distraire,  comme le faisaient les personnages-prétextes de Maupassant dans le recueil de nouvelles Contes de la  bécasse.
Mais ,d'emblée le fantastique confère une toute autre dimension à ce roman. Cette forêt d'où est issue la majorité des livres publiés en Europe  devient une bibliothèque puis un personnage à part entière :"Il lui semble marcher entre des piles fragiles de livres élancées vers le ciel, se surprend à pousser les  branches alourdies avec plus de circonspection, comme s'il avait à coeur de ne pas faire s'écrouler ces étagères de livres." les chasseurs, dont chaque sortie  ne se déroule pas normalement, seront-ils " digérés et rejetés " par la forêt? 41IMP8ASseL
Livres et forêt, étroitement imbriqués...L'auteur sème  des indices comme el petit poucet et nosu fait basculer dans un monde où le  narrateur principal est aveuglé par la réverbération de la neige et où le lecteur lui même devient acteur:  à lui d'influer, ou non, sur le cours des événements en tranchant dans le vif et dans le dernier cahier du livre, volontairement non massicoté....
Si Clarabel  ne me l'avait pas gentiment envoyé, je doute que j'aurais sauté le pas vu mon aversion pour les  chasseurs. mais là, bizarrement, mon amour des mots a prévalu et je me suis régalée avec le vocabulaire technique de la  chasse, le style puissant et efficace de l'auteur. Je me suis laissée prendre au charme de  ce roman qui traite bien plus du pouvoir des livres et des mots que de la traque  des animaux. Une réussite !

L'avis,  plus nuancé, de Cuné.

06/02/2008

"Tout était made in Vian."

Louis et Elsa forment un « bébé-couple » qui se connaît depuis 5 ans déjà et « C’est long cinq ans, à vingt ».410ReRoE4rL

Habituée par ses parents trotskystes à manier les mots, Elsa ne supporte plus les silences de Louis. Pour mieux nier l’évidence et/ou ou tenter de le garder, La jeune femme se lance à corps et cœur perdu dans une histoire d’amour avec…Boris Vian. Boris Vian dont elle range la bibliothèque et qui lui apparaît à plusieurs reprises…

Premier roman de la jeune Lou Delachair, Boris Vian et moi fourmille d’invention langagière et d’énergie. Le monde des parents est traité à la kalachnikof , « Et je songeais que les vieux couples finissent toujours par communiquer par porosité, comme les jeans les jours de pluie, quand l’eau monte jusqu’au genou » mais aussi avec beaucoup de tendresse.

Malgré quelques longueurs et scories d’écriture (quelques clichés côtoient de superbes images), on suit le sourire au lèvres, les péripéties de ces amours (débutantes) qui, on le sait bien, « finissent mal, en général . »Lou Delachair se crée un univers poétique et dynamique et pas besoin d’être une groupie de l’auteur de « L’écume des jours » pour apprécier ce très joli premier roman destiné aux ados. Un talent à suivre.

05/02/2008

Xingu, vous avez dit Xingu ? Comme c'est Xingu !

Xingu , ce nom exotique qui donne son titre à la nouvelle d 'Edith Wharton, claque et rebondit  debouche en bouche parmi les membres du très select "Lunch Club d'Hillbridge".9782842054915
Seule échappatoire à  la morgeue de la célèbre romancière Osric Dane, ce nom, qui la  déroute,  lancé à la  volée par la moins intellectuelle du groupe, leur permet dans un premier temps de sauver la  face, en maintanant un flou artistique sur l'identité de ce fameux Ingu.
La consultation du livre-sauveur, le dictionnaire,  plongera ensuite ces femmes  qui se piquent de  culture, plus dans un esprit de pose et de snobisme qu'autre chose, dans un désarroi decourte durée...
Edith Wharton, avec un art d e la formule et de l'image consommé"Mrs Van Vluyck rajusta ses lunettes comme le bourreau sa  cagoule", épingle avec beaucoup d'humour les  travers de cette coterie impitoyable  et pathétique.
Un concentré dhumour acide réjouissant ( pour un euro cinquante !).
Pas eu le temps de chercher vos billets les filles, donnez-les moi, je les mettrai en lien, merci !

L'avis de Papillon

04/02/2008

"Tout est bon chez elle, y a rien à jeter..."

Vous y croyez vous au coup  de la fille  qui n'a pas acheté de disque depuis que Kate Bush a sort son dernier album (je préfère ne pas regarder la date) et qui,  à l'écoute d'une seule  chanson à la radio, achète le  Cd de quelqu'un dont elle n'avait jamais entendu parler? Hé bien, c'est moi et franchement, j'ai été é-pa-tée !
Je laisserai à Ch'ti 31 , quand il aura le temps,le soin de décortiquer les influences musicales d'Agnès3521383410264 Bihl,sachez quand même que dans les remerciements, elle cite en vrac, Jacques Brel,Anne Sylvestre qui l'a portée sur les fonds baptismaux de la chanson, Charles Aznavour dont elle a assuré  la  première partie, Renaud Séchan( Clin d'oeil avec "You are fouting of my gueule" )...et vous aurez une idée de la lignée dans laquelle elle s'inscrit.
Quant aux paroles, c'est un régal ! Pas  étonnant que dans la liste gigantesque de remerciements se niche le nom de Pierre Desproges dont elle détourne au passage un aphorisme .Elle manie le zeugma comme une majorette son bâton , "moi qui fais la morale et la grasse matinée", elle oscille entre l'hystérie et la tendresse dans "La  Complainte de la  mère parfaite", égratigant au passage le père qui dort tranquillement au salon tandis que la mère débutante s'évertue  à chanter"Dodo, l'enfant do, crise de nerfs , maman limite", balançant entre  injures "espèce d'antiféministe"et la menace "sinon je te déshérite", celle qui ne se reconnaîtra pas dans ce portrait est une menteuse ou une chanceuse qui n'entend pas le bébé pleurer ! On rit mais aussi on pleure (et ce  n'est pas une figure de style) avec une chanson sur l'inceste "Touche pas à mon corps" où Agnès Bihl réussit le tour de force de trancrire en quelques  minutes tous les sentiments éprouvés par l'enfant violée par son père.
Rien de lourd rien de caricatural quand , tout en évoquant le monde de l'école avec son prof de maths,  sadique (pléonasme, bien sûr), elle traite mine de rien du problème  des  sans-papiers, "Liberté j'écris ton nom mais sans papiers,  c'est pas pratique". Chanteuse  engagée oui,  mais sans rien de l'aspect caricatural, l'humour et la virtuosité dans le maiement des mots. sont à pour alléger le tout.
le monde  d'agnès Bihl,  c'est aussi celui des  régimes, des histoires d'amour (souvent ratées),  des femmes qui se font belles, tellement libres que"j'suis libre tous les soirs", énumérant tous les types de garçons rencontrés, mais aussi débinant avec une perfidie raffinée  celle dont elle voudrait prendre la  place : "Après tout elle est trop modeste, Elle  cache si bien ses  qualités...Et puis son âge, comme  c'est curieux Vu qu'c'est pourtant ce qu'lle  fait d'mieux". Vous l'aurez compris, Agnès vaut mieux être sa copine ! :) Et ça tombe bien,  j' l'adore !

Le site officiel d'Agnès Bihl

 

03/02/2008

Quand le cinéma guimauve mène à la poésie

Dans son Manuel de  poésithérapie, Jean-Joseph Julaud se proposait avec beaucoup d'humour et d'érudition  de  guérir les maux de notre vie avec les mots des poètes.3189G60MS3L
Je doute fort que les  scénaristes de In her shoes ait lu  ce manuel mais ils ont utilisé cette idée de manière caricaturale dans le film, un poème d'Elisabeth Bishop guérissant en un rien de  temps la  dyslexie du personnage interprété par Cameron Diaz.
J'ignore si  les ventes de cette poétesse ont grimpé , mais j'ai trouvé ce procédé assez malhonnête quand on sait la difficulté à traiter la dyslexie  et les souffrances qu'elle peut entraîner.
Néanmoins, le poème est très beau,le  voici:

L’art de la perte

 

L’art de la perte n’est pas dur à maîtriser,

tant de choses sont d’un naturel si fuyant,

que leur perte n’est pas une calamité.

 

Perdez quelque chose chaque jour .Acceptez la contrariété

de la disparition de vos clés, d’un moment absent.

L’art de la perte n’est pas dur à maîtriser.

 

Puis habituez-vous à perdre, perdez, perdez :

les endroits , les noms, et même la clé des champs.

Rien de cela ne sera une calamité.

 

J’ai perdu la montre de ma mère. Eh, tiens ! pas la dernière mais

l’avant-dernière de trois maisons que j’aimais pourtant.

L’art de la perte n’est pas dur à maîtriser.

 

J’ai perdu deux villes, très jolies. Sans compter

des royaumes que je possédais, deux fleuves, un continent.

Ils me manquent, mais ce ne fut pas une calamité.

 

-Même ta perte (la voix moqueuse, un geste aimé)

ne saurait me faire mentir, c’est évident

l’art de la perte n’est pas trop dur à maîtriser

même s’il apparaît comme (écris-le !) comme une calamité.

 

08:39 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (9)