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14/11/2013

Petites scènes capitales

"Son écorce est brunâtre, sillonnée de crevasses et rugueuse au toucher. Les feuilles plates et trapues, sont infusées de lumières, saturées de jaune franc; certaines sont tachetées de rouge-orangé, à peine. Au moindre  souffle de vent, le feuillage frémit et répand une formidable sonnaille de jaune, un cliquetis d'or , de soufre, de paille et de safran. Barbara est saisie d'une allégresse aussi plein et aussi nue, aussi pure que cette trémulation de lumière."

sylvie germain

Comment ne pas être pétri d'admiration devant un style aussi ciselé et sensuel ? Ces Petites scènes capitales, vignettes pour dire les moments forts de l'évolution d'une d'abord toute petite fille orpheline de de mère qui va, sa vie durant, conquérir son identité et sa place au sein d'une constellation familiale pour le moins chaotique, sont un pur régal de lecture !
Néanmoins, je dois avouer que l'aspect un peu trop morcelé fait que je n'ai pas été aussi enthousiaste quant à la structure du livre. Elle nuit en effet un peu à l'attachement que l'on pourrait porter aux personnages. Un roman constellé de marque-pages !

Le billet tentateur d'Aifelle  !

12/11/2013

Dora la dingue

 "Être une fille dans ce monde n'est donc qu'une question d'argent et d'organes génitaux ? La vie n'est-elle qu'une série de transactions ? "

Trahie par son père  (qui a une maîtresse), négligée par sa mère (dépressive), Ida, 18 ans,  va traverser une "épreuve psycho-sexuelle", comme elle qualifiera après coup la série d'aventures racontée dans Dora la dingue.41nHIzujyaL._AA160_.jpg
Entre séances de psy où Ida a toujours un coup d'avance sur le Dr Sigmund, cavalcades effrénées avec sa bande, Ida devient Dora et ne maîtrisera bientôt plus les règles d'un jeu cruel.
Il y a une grande inventivité langagière dans Dora la dingue (bravo au traducteur!), une belle énergie aussi mais je suis toujours restée extérieure à ce récit qui semble enchaîner les morceaux de bravoure sans pour autant susciter d'émotions.

11/11/2013

La mécanique du bonheur

"Je vais persister. Je vais continuer à penser et je vais continuer à agir. Et donc il s'assit  et écrivit une chronique dans laquelle il s'adressait au Premier ministre."

Pendant longtemps Morris Schutt a exposé l'intimité de sa famille dans des chroniques qui ont fait sa renommée. Mais la mort de son fils , tué en Afghanistan, va le faire déborder du cadre qui lui était imparti et son journal va le mette en congé.david bergen
Morris , qui voit le reste de sa famille se déliter peu à peu, va se tourner vers les philosophes anciens pour essayer de retrouver un point d'ancrage et lutter contre la culpabilité qui le taraude.
Tout sauf complaisant et pathétique La mécanique du bonheur est un roman qui explore  avec empathie les complexités d'un homme intelligent et sensible mais qui se retrouve complètement désorienté. Comme Herzog, le héros de Saul Bellow, il écrit des lettres, envoyées ou non, qui lui permettent de mettre à plat ses sentiments. Comme beaucoup d'hommes, il a ses faiblesses, ses mensonges mais au final David Bergen parvient à nous le rendre sympathique , ce qui n'était pas couru d'avance ! 283 pages constellées de marque-pages !

La mécanique du bonheur, David Bergen, Albin Michel 2013, traduit de l’anglais (Canada) par Hélène Fournier.

L'avis de Keisha.

10/11/2013

La bibliothèque idéale d'Anna Gavalda #1

Recension effectuée d'après un article de Elle N°3540 (manque toute la saveur de ses commentaires parfois surprenants ...)

-Margaret Mitchell,Autant en emporte le vent64425_628113737203187_1618699045_n.jpg

-Jane Austen, Orgueil et préjugés

-Karen Blixen, La ferme africaine

-Nick Hornby, Haute fidélité

-Brady Udall, Le destin miraculeux d'Edgar Mint

-David Nicholls, Un jour

( One day,(en VO) )

- Angela Huth, Les filles de Hallows Farm

- Françoise Sagan, Les Faux-Fuyants

- Willa Cather, Mon Antonia

- Laurie Colwin, Franck et Billy, Une vie merveilleuse, Une épouse presque parfaite,  Comment se dire adieu ?

- Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac

-Roald Dahl, Matilda

-Jim Harrison, Dalva, mais pas que.

-Alessandro Baricco, Soie

06:00 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : anna gavalda

La bibliothèque idéale d'Anna Gavalda #2

- Dina Vierny, Histoire de ma vie racontée à Alain Jaubert41C62A9VshL._.jpg

- Tereska Torrès ,Une française libre41R+dIqcGxL._.jpg

- Simon Leys, tout

- Recueil de citations: Les idées des autres

- Une anthologie de poésie

- Anne-Margot Ramstein, Matthias Arégui, Avant, après(jeunesse)

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05:55 Publié dans Bric à Brac | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : anna gavalda

09/11/2013

Baka !

"Elle avait toujours un faible pour les laids à sex-appeal."

Pas de duo ici mais la seule Louise Morvan, détective privée envoyée au Japon par un évêque parisien pour remettre dans le droit chemin un neveu exilé .41N33A+9bhL._AA160_.jpg
On se balade avec plaisir au côté de la française découvrant les charmes de la vie tokyoïte , entre temple zen et yakuzas invectiveurs (Baka signifie Idiot (e), espèce de conne"), interprète évaporée et beau gosse nippon. Du bel ouvrage qui tient ses promesses: dépaysement et suspense.

Déniché à la médiathèque.

08/11/2013

Ainsi soit Benoîte Groult

"On me demande régulièrement: "Vous êtes encore féministe  ?" Comme si j'avais un eczéma dont je n'arrive pas à guérir !"

En 1975 sortait Ainsi soit-elle, essai sur la condition féminine, où Benoîte Groult écrivait pour la première fois seule (elle avait rédigé auparavant des romans avec sa sœur chérie , Flora). En 2013, sort un bon gros roman graphique, Ainsi soit Benoît Groult, où Catel retrace avec l'élégance de son trait la vie, les amours et les convictions de cette jeunette née en 1920 qui continue à se battre  autant pour les droits des femmes que pour le droit à mourir dans la dignité.catel,roman graphique
Celel qui affirme en couverture " Je n'aime pas la bande dessinée" , leitmotiv  malicieux qui scande les 326 pages, finira bien évidemment  non seulement par l'apprécier mais aussi par se lier d'amitié avec la dessinatrice Catel.
Même si comme moi vous avez lu tous les ouvrages de Benoîte Groult, y compris ses romans où elle dévoile largement sa vie, vous prendrez beaucoup de plaisir à la suivre, fonçant au volant de sa twingo où évoquant avec un peu de nostalgie sa liberté amoureuse. Toujours frondeuse, celle qui affirme joliment "j'ai le printemps en moi" ne pourra que vous plaire! Une femme comme on rêve d'en rencontrer plus souvent ! Et si vous ne la connaissez pas encore, n'hésitez pas une seconde !

06:00 Publié dans BD | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : catel, roman graphique

07/11/2013

Qui touche à mon corps, je le tue

"Qui peut prendre sa douleur ? Qui peut la lui voler ? Qui peut prendre sa chair ? "

De l'aube à l'aube, dans une atmosphère teintée alternativement de jaune et de bleu, trois êtres à  la limite de la vie et de la mort. En ce 29 juillet 1943, Lucie L., faute d'avoir su se déprendre du corps de sa mère, avorte, seule. Dans sa cellule de la Roquette,  Marie G, faiseuse d'anges, attend son exécution. Quant à Henri D., bourreau,il n'est pas le mieux loti, quoique on en pense.
Chacun revient sur son passé, sur ce qui l'a conduit, de manière plus ou moins consciente à cette situation.valentine goby,corps des femmes
Avec une sensibilité extrême, Valentine Goby nous peint de manière à la fois poétique et charnelle ces trois corps qui, d'une certaine manière ne s'appartiennent pas vraiment.  Ancrant sa fiction dans un socle historique, elle la sublime par son écriture magnifique et nous la rend d'autant plus poignante.  Un titre plein d'une rage sourde et et menaçante autour duquel je tournais depuis trop longtemps. à découvrir absolument.

déniché à la médiathèque et en poche.138 pages brûlantes.

Du même auteur: clic.

le billet d’Antigone !

05/11/2013

The Main

"Un homme qui serait arrivé à préférer la paix au bonheur, le silence à la musique."

Après deux romans hautement enthousiasmants de  Trevanian (clic), c'est le sourire aux lèvres que j'ai entamé la lecture de The Main (prononcer comme dans Main street). Hélas, l'histoire de ce vieux flic solitaire qui arpente "son" secteur dans l'hiver montréalais m'a laissé de marbre tant il est daté et prévisible.trevanian
Le rythme est languide, plusieurs fois, j'ai failli piquer du nez et je n'ai rien retrouvé des ambiances électriques des autres textes de Trevanian. Dommage.

Merci à Babelio et à l'éditeur.trevanian

 

d'autres avis plus enthousiastes ici.

04/11/2013

Il faut beaucoup aimer les hommes

"Les étranges et merveilleuses traces sur ma peau sont le signe que je n'ai pas rêvé-non le signe c'est l'entaille, l'attente, la route ouverte."

Solange, actrice française installée à Los Angeles, rencontre un acteur dans une soirée. Cet homme,  en dépit d'une description extrêmement fouillée, nous ne l'apprenons pas immédiatement, est noir. Et alors ? , comme se demande la quatrième de couverture. Et alors, cela ne va pas de soi et Solange va en faire l'expérience.41eXwMuM7pL._AA160_.jpg
Marie Darrieusecq place son roman sous l'égide de Marguerite Duras (par son titre, extrait d'une citation de l'auteure de L'amant) et effectivement on va retrouver ici certains des thèmes chers à Duras :  les relations amoureuses interraciales,  l'attente mais aussi la description de la Nature opiniâtre (la mer dans Un barrage contre le Pacifique, la forêt africaine ici).  Mais Marie Darrieusecq, si elle analyse finement tout ce qu'implique cette relation entre une femme blanche et un homme noir, met aussi en scène un créateur habité par une vision : il veut à toutes forces adapter au cinéma le roman de Conrad, Au cœur des ténèbres et le réaliser en Afrique, bien évidemment. S'en suit une description hallucinée du tournage où Solange devra lutter pour trouver sa place.
L'écriture de Marie Darrieusecq est à la fois puissante et lumineuse. Elle sait aussi bien s'attacher aux détails , de superbes pages sur l'attente, que décrire la puissance inexorable de la nature africaine. Un roman souvent cruel mais où l'héroïne parvient toujours à conserver sa dignité.
Un roman enthousiasmant,  tout hérissé de marque-pages ! Un énorme coup de cœur et un énorme merci à Clara !

Ps: Solange, adolescente ,était déjà l'héroïne de Clèves, un roman non chroniqué, au charme trouble qui m'avait moins convaincue.