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10/01/2013

Chouquette ...en poche

"Eh bien moi aussi je suis en crise !"

Catherine peste, Catherine enrage: la voici forcée d'accueillir l'été à St Tropez son petit-fils Lucas : "C'était typiquement le genre d'imprévu qui venait contrarier les mensonges qu'elle se racontait." En effet, si elle passe pour les uns pour une mythomane, voire une dingue, Catherine (alias Chouquette -pas question pour la fringante sexagénaire de se faire appeler "mamie") est tout à fait lucide. Elle qui a troqué les séances de psychanalyse contre des liftings, se voile consciencieusement la face afin de ne pas sombrer dans le désespoir du naufrage de son couple. Elle qui a davantage été une épouse qu'une mère risque de se retrouver seule pour aborder la dernière partie de sa vie.
Quant à sa fille Adèle elle n'est pas mieux lotie : tiraillée qu'elle est entre sa volonté de s'accomplir dans l'humanitaire et sa crainte d'être une mauvaise mère.emilie frèche
Coups de griffes de part et d'autre, virages abrupts du récits qui nous ménage ainsi de belles surprises, Chouquette navigue entre tendresse un peu convenue et acidité réjouissante. Ces deux femmes tentent de s'en sortir, chacune avec leurs armes dérisoires, sans se rendre compte que le monde confortable qui est le leur est en train de s'effondrer, sous les yeux incrédules ou blasés des jet-setteurs que Chouquette fréquente.
A côté de la flamboyante sexagénaire, (qui trouve tout naturel de menacer d'un couteau une des maîtresses de son mari) ,sa fille Adèle fait forcément un peu pâle figure . Quant à l'opposition entre le monde des humanitaires et celui de la jet-set, elle est un peu est un peu caricaturale mais quelques baisses de régime dans le rythme de ces 133 pages gonflées à bloc n'ont pourtant pas gâché mon plaisir.

05/01/2013

LE DÎNER ...en poche

"Cela laisserait certes une cicatrice quelque part, mais une cicatrice n'empêche pas le bonheur."

Ce livre aurait peut être pu s'intituler "Il faut qu'on parle de nos fils". C'est en effet parce que leurs enfants ont commis un acte ignoble que deux frères- l'aîné un politicien à quelques semaines de devenir premier ministre,  le cadet dont la situation sociale nous sera révélée un peu plus tard-, et leurs épouses respectives se sont donné rendez-vous dans un restaurant pour happy few.herman koch
Au rythme des plats composant le repas, c'est toute une société du paraître qui est cruellement disséquée.
La violence , contenue ou pas, les idées nauséabondes, les mensonges vont crescendo et l'on se demande comment l'auteur va les tirer d'affaires ces hommes et ces femmes qu'ils nous livrent ainsi en pâture.
Perso ,l'explication médicale m'a laissée dubitative car trop vague (pas de maladie clairement nommée), mais j'ai été fascinée par la manière dont les parents arrivent à présenter les faits d'une manière qui les arrange.
Pas de politiquement correct ici et le lecteur doit accepter de se laisser rudoyer et de sortir sonné d'un tel livre !

04/01/2013

Saison de lumière...en poche

"Aussi froide que le verglas qui l'avait naguère couverte, la terre gelait le coeur de Jennet, mais lui donnait de l'espace pour respirer."

Itinéraire d'une artiste, Jennet, qui dès l'enfance manifeste un don certain pour le dessin, Saison de lumière retrace aussi l'histoire d'une femme qui dut tout à la fois concilier sa vie amoureuse avec un peintre assuré de son talent, voire de son génie, avec sa vie de mère et la pratique exigeante de son art.
La cohabitation entre les deux peintres ne sera pas de tout repos car David, son époux malgré lui, gaspille son talent et sa vie en une quête éperdue de plaisirs, tandis que Jennet, à force de compromis et de réflexion parvient , mue par une énergie inébranlable à contourner les obstacles et à affirmer sa puissance créatrice, même si cela doit lui demander du temps. Mais comme l'écrit Francesca kay : "Ses sentiments pour David, comme pour à peu près tout , étaient aussi changeants que l'eau , ils confluaient constamment , tel un estuaire à marée basse sans barrage pour séparer l'eau douce de l'eau de mer."Pas de manichéisme donc et Jenett n'est pas la sainte et martyr qu'on pourrait croire.  C'est une femme qui souffre, qui aime et qui avance, irriguée par le désir, tendue vers l'épure et la lumière.francesca kay
Son héroïne ayant 40 ans dans les années 60 , l'auteure en profite pour évoquer de manière très vivante ces années novatrices jusqu'à l'excès.
Mais plus que tout c'est le style à la fois précis , lumineux et poétique qui fait l'enchantement de ce roman. Rien de plus difficile en effet que d'évoquer des tableaux que le lecteur ne verra jamais mais ici le miracle opère et je peux assurer que je les ais vus les tableaux de David et Jenett, tout comme j'ai souffert avec eux, (ah le coup bas de l'artiste teutonne !) partagé leurs élans et leurs frustrations,voire atteint une forme de sérénité à la fin du roman. Un livre bien évidemment tout hérissé de marque -pages et qui vibrera longtemps en moi. Et zou sur l'étagère des indispensables !

Un premier roman époustouflant par sa maîtrise.

Une mentions particulière à la traductrice , Laurence Viallet  .

Mon premier coup de coeur de 2011.

09/11/2012

La couleur des sentiments...en poche

"Nous connaissons tous ces lois, nous vivons ici, mais nous n'en parlons jamais."

La lutte pour l'égalité des droits est en marche mais le Mississippi des années 60 n'est pas tendre pour les Noirs...Situation paradoxale : tous ces Blancs qui supportent sans broncher ou encouragent la ségrégation ont été élevés par des bonnes Noires. Que pensent ces dernières de cette situation ? Elles qui auraient pu poursuivre des études mais dont l'avenir était déjà tout tracé. Une jeune femme Blanche , en quête d'indépendance et apprentie écrivaine, va leur donner la parole. ce livre sera-til écrit? Sera-t-il publié ? Quelles en seront les conséquences ? Autant de questions qui tiendront en haleine le lecteur (prévoir un endroit isolé et des boules quiès pour laisser le monde frapper à votre porte et finir en toute quiétude ce roman qui vous prend par la main et ne vous lâche pas!).kathryn stockett
Le roman de Kathryn Stockett fourmille de personnages attachants et hauts en couleurs. Je n'oublierai pas de sitôt la pestouille ambitieuse  Blanche, reine des punaises, qu'on adore détester ! " Gertrude, c'est vraiment le cauchemar de la Blanche du Sud. Je l'adore." C'est un roman très visuel (à quand l'adaptation cinématographique ? ), un de ces romans qui procure un très grand plaisir de lecture. A découvrir sans attendre !

12/10/2012

La belle adèle...en poche

"Qui aurait parié un sou sur sa capacité cataclysmique ? "

marie desplechin,adolescence

Pour s'intégrer , se fondre dans la masse et mieux supporter "la dictature du collège", Adèle et Frédéric, qui sont juste amis depuis la maternelle décident de faire semblant d'être un couple. Cette stratégie fonctionne au delà de  leurs espérances jusqu'à ce qu'Adèle se fasse rattraper par le battement d'ailes d'un papillon, enfin par les conséquences du cadeau d'anniversaire de sa tante.

La belle Adèle , d'abord édité en épisodes à lire sur téléphone portable , ce qui lui donne un rythme trépidant fort plaisant, aborde les thèmes de l'éveil de la féminité, de la célébrité passagère (subie) et insiste sur la disproportion pouvant exister entre un acte apparemment anodin et ses conséquences.

Mais à force de cavaler  à toute allure les personnages , tout plaisants qu'ils soient, n'ont pas le temps d'être approfondis . Quant à la fin, plutôt télescopée ,elle résoud en un tour de main un problème grave et du coup perd toute crédibilité. Un roman qui possède donc les défauts de ses qualités .

05/10/2012

Une vie pleine...en poche

"Concentrée sur la terre, j'étais fondamentalement plus heureuse."

Délaissant sa vie de parfaite citadine , plus Sex and the city que La petite maison dans la prairie donc, Kristin Kimball va devenir une presque parfaite fermière bio, n'ayant parfois même pas la force de se laver (d'où le titre original :The dirty life) et transformant un douillet cachemire noir en pull troué mais confortable pour aller traire une vache au petit matin.kritin kimball
Tout ça parce qu'elle est tombée amoureuse d'un agriculteur de première génération, Mark,et encore plus peut être d'une ferme mais aussi de tout ce que cela implique comme vie bien remplie car cela représente "un challenge infini." Cela n'ira évidemment pas sans mal mais avec beaucoup d'humour, Kristin nous relate ses aventures (qui aurait cru qu'une expérience de pom pom girl pourrait être de quelque utilité face à un taureau furieux ? !), soulignant au passage les difficultés d'ajustement entre elle et son amoureux concernant la gestion de l'exploitation , leurs erreurs mais aussi insistant sur la solidarité dont ils ont bénéficié.
Un portrait qui n'est en rien idyllique mais plein d'optimisme , une écriture fluide et pétillante (l'auteure avait écrit auparavant des guides de voyage) font de ce livre un véritable régal où l'on glanera au passage plein d'infos (j'ai ainsi appris que les premiers AMAP avaient vu le jour au Japon !)

28/09/2012

La tête en friche...en poche

”et je me dis que tenir à une grand-mère, c'est pas plus reposant que tomber amoureux.”

marie sabine roger

La peste (Camus), La promesse de l’aube (Gary) , Le vieux qui lisait des romans d’amour (Sepulveda), c’est en partageant la lecture de ces trois romans que Germain, le balourd, l’abruti quasi analphabète et Margueritte, la vieille dame fluette et cultivée, vont tisser des liens sur un banc de jardin public.
Germain qui a La tête en friche, va peu à peu évoluer grâce aux livres , dans ses relations avec les autres mais aussi en réfléchissant sur lui-même.
Le joli roman de Marie-Sabine Roger nous montre que le vocabulaire nous permet d’affiner nos pensées et par là même nos actes.L’auteure peint avec tendresse les relations quasi filiales qui s’établissent entre ces personnages en apparence si dissemblables
De jolies trouvailles linguistiques quand Germain malmène la langue mais aussi un sentiment de facilité et de fatigue dû ce torrent de langage grossier qui se déverse sur nous. Une réussite en demi-teinte.

22/09/2012

Automne...en poche

"J'ai commencé à lire assez tard. J'ai commencé quand j'ai eu besoin de croire en quelque chose."

Pluie, pluie, pluie.Téquila, bière ,téquila.L'Automne est chez Mons Kallentoft placé sous le signe du liquide. Tiens d'ailleurs le corps d'un riche avocat parvenu a été retrouvé dans les douves du château qu'il venait d'acheter. Son cadavre va , comme dans les précédents romans de la série, commenter les événements mais cette fois Malin ne se contentera pas d'entendre les voix de son intuition. En effet, son addiction à l'alcool est devenue encore plus importante. De plus,  la policière supporte mal l'éloignement de sa fille.Un intermède à Ténérife ne relance même pas l'intérêt.mons kallentoft,policierL'enquête est mollement menée,les errements de Malin ne convainquent pas vraiment et on se laisse porter jusqu'à la fin du récit plus par routine qu'autre chose...Un petit coup de mou donc.

Mon calendrier dit que l'automne c'est aujourd'hui...

15/09/2012

Retrouvailles...en poche.

"Nous sommes des êtres humains à l'état brut."


Onze mois de différence entre Veronica et son frère Liam. Onze petits mois qui expliquent peut être l'affection indéfectible qui les unit et les particularise dans cette famille nombreuse (ô combien !) irlandaise. Quand son frère se suicide,Veronica écrit furieusement pour remonter à la source de ce geste pour elle incompréhensible, tenter de mettre à jour la scène qui a pu déclencher le mécanisme aboutissant à cette mort.anne enright,irlande,famille
Alternant passé et présent Retrouvailles est un roman puissant, dérangeant ,qui reconstitue le passé, non pas avec une assurance tranquille, bien peignée, lisse, (et un tantinet suspecte) mais d'une manière hirsute," à la diable",n'hésitant pas à dire qu'il s'agit peut être de souvenirs inventés, mais revenant avec obstination sur cette scène primitive qui devrait lui livrer-peut être- la clé de cette famille marquée par l'influence d'Eros.
La narratrice,surtout au début du roman utilise un langage cru, que ce soit pour parler de sa famille ou de sa relation de couple qui s'effiloche : "Il y avait des filles, à l'école, dont les familles augmentaient jusqu'au nombre conséquent de cinq ou six. il y en avait chez qui ça grimpait jusqu'à sept ou huit- ce qui était jugé un tant soit peu enthousiaste-et puis il y avait les pitoyables comme moi, avec des parents totalement désarmés qui se reproduisaient comme on irait aux chiottes."Mais cette violence n'est là que pour montrer le maëlstrom d'émotions de Veronica, qui triture les phrases, malmène son mari et embarque le lecteur ,parfois abasourdi mais totalement conquis dans une lecture qui le laisse un peu groggy mais en même temps séduit.
Au diable les bons sentiments ! "Le truc merveilleux quand on est élevé à la diable, c'est qu'il n'y a de reproches à faire à personne. Nous sommes entièrement élevés en plein air. Nous sommes des êtres humains à l'état brut. Certains survivent mieux que d'autres, c'est tout."Pourtant il y a de l'amour qui court tout le long de ce livre, un amour qui ne dira son nom que quand la narratrice aura enfin trouvé l'apaisement.
Quant au style, il est tout à la fois sensuel, le passé étant très lié aux sensations,cru, cahotique, fougueux et plein d'humour féroce. On se laisse embarquer dans ce roman comme on ferait un tour dans une essoreuse à plein régime et on en sort étourdi mais bourré d'énergie.

14/09/2012

Le sac, un petit monde d'amour...en poche

Quoi de plus intime qu'un sac (de fille ) ? Et pourtant, cédant à l'appel du sociologue Jean-Claude Kaufmann, nombreuses sont celles qui ont accepté de lui détailler le contenu du leur. S'appuyant sur ces témoignages mais aussi sur des extraits de romans ou de blogs, l'auteur se penche avec beaucoup d'empathie sur ces inventaires que Vialatte,* en son temps avait si bien résumé :

La femme : « C’est par le sac à main qu’elle se distingue de l’homme. Il contient de tout, plus un bas de rechange, des ballerines pour conduire, un parapluie Tom Pouce, le noir, le rouge, le vert et la poudre compacte, une petite lampe pour fouiller dans le sac, des choses qui brillent parce qu’elles sont dorées, un capuchon en plastique transparent et la lettre qu’on cherchait partout depuis trois semaines. Il y a aussi, sous un mouchoir, une grosse paire de souliers de montagne. On ne s’expliquerait pas autrement la dimension des sacs à main. »jean-claude kaufmann

Suivant les âges de la vie, les sacs grossissent ou s'allègent et rares sont les femmes à ne pas céder à l'appel du sac ou à ne pas  sacrifier à la recherche du sac parfait, ni trop grand , ni trop petit... Ils constituent  des  mondes peut être pas aussi mystérieux que les hommes pourraient bien le croire.
Des redites parfois mais surtout beaucoup de sympathie et aussi d'émotion quand Jean-Claude Kaufmann évoque à la fin de son étude ces vieilles dames qui s'accrochent à leur sac à main ou la souffrance éprouvée par les femmes à qui on l' arrachait à leur arrivée à Auschwitz. Car le sac n'est en rien futile, il "est au coeur de l'être et [...] on le saisit surtout au moment d'affronter le néant.

* Non cité ! Un oubli sans doute !