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10/05/2024

L'heure des femmes...en poche

"Oui, pourquoi les femmes ne profiteraient -elles pas de ce formidable élan de vie pour prendre enfin leur place dans cette société en pleine mue ? "

De nos jours, une jeune femme est chargée par une amie éditrice de collecter des informations sur celle qui , à l'heure de la sieste, sut donner la parole aux femmes et surtout les écouter : Menie Grégoire.  En 1967, à la radio on dialoguait à propos"de thèmes sociétaux importants dont personne ne parlait publiquement à l'époque. Il y avait la sexualité bien sûr. Mais aussi la contraception, l'avortement , les problèmes de couple, de famille, l'éducation des enfants. Sans parler de l'inceste dans les familles. "
A une époque où les femmes , pour la plupart n'avait aucune éducation sexuelle, aucun accès à la contraception et enchaînaient les grossesses , où l'avortement entraînait la mort de très nombreuses femmes, c'était révolutionnaire.
Et pourtant, Menie était une femme d'origine bourgeoise, capable d'organiser de grands dîners , d’élever ses deux filles et d'écouter avec empathie, sans juger les femmes de toutes origines sociales. adèle bréau
C'est un grand plaisir de la retrouver par le biais de ce roman écrit par sa petite fille, Adèle Bréau. Ni hagiographie, ni portrait à charge, mêlant fiction et réalité, de l'aveu propre de l'autrice, ce roman nous rend Menie Grégoire proche et formidablement vivante. Les récits qui s'entremêlent et donnent à voir le destin de femmes modestes  qui croisèrent celle qu'on appelait "La dame de cœur" sont aussi très réussis , un peu moins celui-mettant en scène le personnage principal, car trop démonstratif à mon goût. Une réussite néanmoins qui permettra de (re) découvrir cette grand dame dont la voix résonne encore à mes oreilles.

Jean-Claude Lattès 2023.

08/05/2024

Far Ouest...en poche

Quel plaisir de voir enfin en poche ce roman sorti en ...2008 !

”Elle avait simplement voulu commettre un bonheur”

Oui, vous avez bien lu "Commettre" et non pas "connaître"  un bonheur.Mais bien évidemment, quand Sixtine adopte Dalton, croisé de setter gordon et de lévrier afghan, emprisonné dans un refuge depuis de trop longues années, c'est le début d'une très belle relation entre la jeune femme éprise de liberté et le chien apparemment inapte au bonheur.fanny brucker
On sourit quand Sixtine "se  dit qu'elle n'avait pas réalisé à quel point il était gênant de passer une soirée en tête à tête avec quelqu’un qu'on en connaît pas,qu'il fût humain ou pas. même s'il ne parlait pas, elle aurait au moins aimé qu'il manifeste plus d'enthousiasme en découvrant son nouveau confort, qu'il lui témoigne tout de suite plus de reconnaissance, qu'il  se comporte comme une sorte d'acteur hollywoodien qui traverse le séjour en décrétant qu'il va prendre une  bonne douche et se sert au passage un scotch on the rocks qui lui fait fermer les yeux de plaisir.". Ou quand elle trouve le moyen de contourner un règlement imbécile pour ne pas quitter son chien dans un magasin d'alimentation...On a les larmes aux yeux quand , enfin, Dalton "  manifeste du bonheur , qu'il se révèle capable de quitter son monde des morts sans expression."  Bien sûr le bonheur de l'un va déteindre sur l'autre car "Dalton était devenu un prétexte de bonheur. Ce que  Sixtine n'aurait pas fait pour elle-même, elle le faisait pour Dalton."
En contrepoint, un peu artificiel à mon goût, nous suivons le périple de la sœur aînée de Sixtine qui, veuve, quitte les États-Unis et rentre en France avec le vague espoir de renouer avec celle qu'elle connaît à peine. Un peu caricatural mais amusant ce personnage devient peu à peu pathétique...
Quant à la fin du roman, elle  m'a fait penser à celle, très poétique, du film "Crin Blanc"...
Les personnages de Far-Ouest ne sont pas être pas suffisamment fouillés mais en même temps cela nous donne tout le loisir de compléter à notre guise ce  été esquissé et de passer un excellent moment sur les plages de l'Atlantique , en mangeant des chouquettes,  en compagnie de  ceux qui sont devenus nos amis, Sixtine,Dalton et la jument Fidèle .
Un premier roman sensible et émouvant de Fanny Brucker ,dédié à ...Dalton !

07/05/2024

#Assisedeboutcouchée #NetGalleyFrance !

Mais si on accepte que la mort d'un animal nous plonge dans une telle douleur, ne doit-on pas aussi accepter la valeur de sa vie ? C'est peut-être pour ça que le deuil canin reste un impensé. Parce qu'il nous force à envisager la valeur de ces vies animales que nous concevons si volontiers comme mineures ou sacrifiables. 

Depuis l'enfance, La vie d' Ovidie est liée à celle des chiens. Le chien est en effet le garant de sa sécurité quand elle part faire des courses à vélo. Le chien est toujours le garant de la sécurité des femmes quand elles décident, ces insensées, de marcher seules en forêt, ou en campagne. Pourquoi croyez-vous que mon beagle et moi parcourons toujours ensemble les champs alentours ? ovidie
La thèse d'Ovidie, et j'y adhère volontiers est que si les chiens et les femmes ont créé un lien si fort c'est parce qu'ils sont tous deux, sous des formes différentes , victimes de la violence de la société patriarcale. Mêlant récit personnel et informations historiques, Ovidie nous offre ici un texte sensible et fort qui ne pourra que toucher (mais aussi instruire ) tous les ami.e.s des canidés. 

 

J-C Lattès 2024. ovidie

 

Merci à l'éditeur et à Netgalley.

 

06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ovidie

06/05/2024

La théorie des ondes

La naissance d'un drame est indubitablement question d'ignorance. Tout au moins de perte: de soi, des autres, du passé oublié au profit d'un avenir sans cesse plus urgent, plus rapide, sans pieds ni jambes pour tenir debout. 

Chalon-sur Saône est en proie au monstre Carnaval. Mais un autre monstre a sévi laissant au bord de la rivière le cadavre d'une très jeune fille. Une découverte qui réveille de bien tragiques souvenirs car plusieurs assassinats de jeunes filles sont restés inexpliqués.31waBxFN8uL.jpg
Catherine Gauthier, ancienne flic devenue assistante d'un avocat entêté, Pierson,va mener l'enquête et tous deux vont tenter de faire rouvrir ces "cold cases".
Pascale Chouffot choisit une héroïne atypique (elle ne ressent plus la douleur) mais laisse la part belle à l'humanité de ses personnages. Remontant le temps, elle évoque d'autres monstres, d'autres ogres qui prennent des formes différentes (PDG soucieux de rentabilité mais pas d'humanité, par exemple) et nous fait découvrir la situation des "colons du Morvan", orphelins ayant subi les pires horreurs avant que justice leur soit rendue en 1911. Un roman haletant que j'ai dévoré en deux jours.

 Éditions du Rouergue Noir 2024, 426 pages .

02/05/2024

Les Loups de Babylone

"Dans une sorte de vertige, il s'aperçut qu 'il avait plongé dans un monde dont il ne connaissait rien. Un monde où le Mal était possible, non pas le grand Mal qui fait peur aux enfants dans les contes de fées qu'on lui avait lus, enfant. Mais un petit mal ordinaire, un peu sale, veule. Un Mal de tous les jours."
 Une officière de gendarmerie qui, pour échapper à une relation toxique, a demandé sa mutation à Millau. Une adolescente fragile, Cassandra, qui atterrit, par hasard dans une famille d'accueil du coin et va se lier d'amitié avec Estéban Perrault, un enfant d'une  communauté écolo radicale qui vit en autonomie sur les Causses du Tarn. Tels sont les personnages dont les destinées vont se croiser par l'intermédiaire d'une disparition inquiétante : celle d'une jeune zadiste vue pour la dernière fois dans l'estive où paissent les moutons  de la communauté.
Il paraît que des loups rôdent la nuit sur les causses, mais le Mal prend des formes beaucoup plus anodines.  Et si les références à la mythologie et aux contes sont semées comme autant de petits cailloux,  c'est peut-être pour mieux nous rappeler que mieux vaut se fier parfois à ceux qui nous paraissent les plus cabossés, les plus fragiles pour se tirer d'affaire...anne percin
La nature joue  un rôle essentiel dans ce récit . Ce sont  d’ailleurs certains de ses habitants qui délivreront la solution d'un des mystères de ce roman qui ne ménage pas ses effets et fait la part belle à des personnages qu'on quitte à regret.

Un roman addictif.

 

 Éditions la manufacture de livres 2024. 

08/03/2024

Les doigts coupés

"La vérité , c'est que vous mourez de peur que l'on découvre que vous ne servez absolument à rien ! "

Oli,femme de la préhistoire, est féministe sans le savoir. Elle se rebelle contre ce qu'on appelle pas encore le patriarcat qui veut lui interdire de chasser, rationne la nourriture des femmes, les cantonne aux soins des enfants et à l'assouvissement des besoins sexuels.hannelore cayre
Elle le paie au prix fort, comme toutes celles qui ont osé déplaire aux hommes et se retrouve avec une main mutilée. Ces mains aux doigts coupés dont a retrouvé les empreintes dans des grottes.Mais Oli n'a pas l'intention de subir...
Ayant été passablement échaudée par un roman ,qui voulait faire de la chick litt, se déroulant à la même époque, c'est avec un peu d'appréhension que j'ai ouvert ce nouvel opus d'Hannelore Cayre.
Mais pas de souci, l'autrice de La Daronne sait à merveille nous plonger dans cette période,en prenant soin d'étayer ses dires par des précisions historiques et scientifiques. Elle nous rend proches ces personnages , à la fois si éloignés et pourtant qui nous ressemblent tant. 185 pages qui se lisent d'une traite et balaient tous les clichés misogynes sur la préhistoire.

Éditions Métaillié 2024.

Envoi de l'éditeur, sans  rémunération pour cette chronique.

 

06/03/2024

Face à la pente

"Projets de seconde partie de vie
Petits projets de seconde partie de vie.
J'ai pris le coup dans l'estomac."

A cinquante-huit ans, après une carrière professionnelle quelque peu erratique , mais toujours liée aux mots, Léonore accepte de partir en pré-retraite, dotée d'un petit pécule dont elle ne sait que faire en vérité.
Une série de rencontres improbables-un médium qui lui transmet un message de l'au-delà lui enjoignant de bien regarder, un D.J dont l'heure de gloire est derrière lui - va l'amener dans une petit village de l’Isère. cécile reyboz
Totalement ignare en matière de végétation, Léonore prend ses marques en arpentant la campagne et en se liant prudemment aux autochtones, non sans maladresses.En devenant propriétaire d'un terrain qui suscite bien des polémiques dans le village, Léonore parviendra-t-elle à se tenir Face à la pente, au sens propre comme au  figuré ?
J'ai adoré ce roman qui fait la part belle à la nature, car oui, Léonore va prendre le temps de regarder , non seulement les paysages, mais aussi les êtres, ce qui nous vaudra une magnifique description du corps nu d'un sexagénaire, entre autres. De plus, la narratrice s'insurge contre la condescendance dont on fait preuve à son égard en tant que retraitée. Comme si l'exclusion du monde du travail entraînait une exclusion de la vie tout court et n'était que l'antichambre de la mort.
A coups de statistiques, elle remet ses idées en place (et les nôtres par la même occasion) afin de nuancer la place que devrait occuper l’emploi dans notre vie . Enfin, sans tomber dans un optimisme béat, elle envisage un avenir non solitaire pour son héroïne , ce qui nous vaut un passage mémorable sur la différence entre "construire" et "poursuivre" (quand je vous disais que Léonore était attachée aux mots et à leurs nuances !). Un livre constellé de marque-pages , qui file, zzz, sur l'étagère des indispensables.

Denoël 2024.

Livre envoyé par l'éditeur, sans aucune rémunération.

 

28/02/2024

Fille en colère sur un banc de pierre...en poche

Profitez de votre enfance, le monde se chargera de vous briser le cœur bien assez tôt. "

Parce qu'elle a été estimée responsable de la disparition de sa petite sœur, alors qu'elle même n'était qu'une enfant,Aïda a été ostracisée par son père et ses deux sœurs ainées, puis exfiltrée par sa mère.
La paria sera néanmoins contactée par ses sœurs lors du décès du père de famille, le Vieux. L'occasion de se confronter au passé et de peut-être trouver la vérité...
L'action se déroule sur une île italienne écrasée de soleil, au sein d'une famille atypique comme les affectionne Véronique Ovaldé, tout à la fois baroque et tragique. 61dSg5jp-2L._SL1051_.jpg
Malgré l'atmosphère très réussie, je n'ai pas vraiment apprécié ce roman dont l'intrigue m'a rappelé celle d'Une souris bleue de Kate Atkinson et j'ai trouvé le temps long.

08/02/2024

Python

"Nos textes quand ils s'affichent sur l'ordinateur s'écrivent sur un millefeuille d'autres textes écrits par d'autres mains. L'idée de palimpseste a toujours enchanté les écrivains, mais de ce palimpseste-là, ils ne parlent pas. "

La narratrice,  romancière d'une cinquantaine d'années, est un jour fascinée par la concentration avec laquelle le fils d'un de ses amis est penché sur son ordinateur, en train de coder. Intéressée par ce nouveau langage, elle se met en tête d'apprendre à coder, tente la "piscine" pour intégrer la fameuse école 42 de Xavier Niel, échoue, évidemment, mais se met à fréquenter , en observatrice tout ce petit monde de geeks. nathalie azoulai
Si on apprend plein d'informations intéressantes sur cet univers qui trop souvent dépasse ceux qui ne sont pas nés avec Internet, très vite, on se demande où va le roman et quel est son réel intérêt. Pourquoi évoquer tout à coup son ami d'enfance qu'elle ne voit plus ? Pourquoi débusquer cet étudiant de l'école 42 jusque chez lui ? Le récit se termine de manière abrupte et peu satisfaisante.

 

 P.O.L 2024.

05/02/2024

Fantastique histoire d'amour

"-attendre quelqu'un dans un McDo un dimanche soir  de pluie étant une démonstration redoutable de la nullité morale du capitalisme. "

Un homme, fasciné, observe une jeune femme qui, dans un parc de Lyon, nourrit, à la main, des mésanges.
Lui, c'est Bastien, inspecteur du travail . Il ne se remet pas d'avoir été quitté et supporte difficilement de ne pouvoir être efficace que pour une toute petite partie des salariés qui le contactent.
Elle, c'est Maïa, journaliste scientifique, elle assume pleinement ses envies charnelles et son célibat.
Pour que ces deux-là soient réunis-ou pas-, il faudra une tante physicienne au CERN qui vient de faire une expérience (ratée) sur un cristal scintillateur et une compacteuse "responsable" d'un accident de travail (ou serait-ce un homicide? ).
Explorant cette fois le territoire du thriller; Sophie Duvry, nous livre un roman hautement addictif qu'on se réjouit de retrouver le soir tant elle joue avec nos nerfs mais sait aussi nous émouvoir avec ces deux bras-cassés de l'amour.sophie divry
Une pointe de roman social,  une critique du financement privé de la recherche scientifique viennent relever le tout et des personnages secondaires bien campés finissent de parfaire ces 512 pages sans aucune longueur et parsemées d'oiseaux.....  Dès la scène inaugurale, j'ai su  que j'étais cueillie.Une réussite qui file  sur l'étagère des indispensables.

 

Le  Seuil 2024.