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28/08/2024

L'orage qui vient

"D'où lui vient cette idée que l'on a besoin d'eux partout, d'où vient aux hommes cette certitude d'être essentiels ? "

Une communauté de femmes vivant de manière solidaire et quasiment en autarcie dans le Hameau. Survient un homme de la ville, élément perturbateur qui va brouiller les pistes et que l'héroïne, Mila ne sent pas du tout.
Très vite, on comprend que Mila, quinze ans, possède des facultés fantastiques et tout l'art de l'autrice est de révéler comment le Hameau compose, ou non, avec ces particularités. louise mey
Un roman qui bat en brèche les clichés et fait la part belle à la sororité et à la nature.

La Ville Brûle 2022

26/08/2024

Alors c'est bien

"Face aux caprices de l'inconnu, nous tentons à l'aveuglette de faire de notre existence le meilleur film possible. pendant que nous sommes occupés à soigner le scénario, le décor et les accessoires, nous gagnons quelques instants de légèreté. Comment faire autrement ? "

Avec ce texte, Clémentine Mélois a entrepris de préserver les souvenirs liés à la vie et à la mort de son père, Bernard Mélois, sculpteur poétique, anarchiste, anticapitaliste, amoureux éperdu de sa femme (et de ses filles).
Beaucoup d'émotion, mais aussi d'humour , dans ce récit où se tissent le récit de l'enterrement "pharaonique" où mère et filles s'attachent aux plus petits détails pour faire de cette cérémonie un acte d'amour le plus fidèle possible aux volontés de Bernard Mélois qui n'appréhendait pas son décès et l'avait préparé depuis longtemps. clémentine mélois
Un sacré personnage ce Bernard Mélois, dont Dali disait : "Mélois, qui fait des sculptures avec des seaux à caca. ", comprendre des objets émaillés que toute la famille allait récupérer dans des décharges. Sa fille lui rend ici un hommage plein de tendresse, sans cacher pour autant les défauts de celui qui, plein de fièvre créatrice, n'hésitait pas à empiéter sur les créations de ses filles !
Nous serons toutes et tous confrontés à cette situation (où l'avons déjà été) et je trouve que en dehors de ses qualités littéraires évidentes et très grandes, ce récit permet aussi de mettre en avant le déni auquel nous risquons d'être confrontés et d'en comprendre les motivations.
Ainsi l'autrice reconnaît-elle tenir "le réel à distance et pratique(r) une forme de judo existentiel où l'on se sert de la force de l'adversaire  pour le renverser (même s'il est le plus costaud) Bien stable sur mes appuis, je transforme mon angoisse en action et, d'un geste souple, je fais basculer le chagrin sur le tatami de la vie".
Elle rappelle enfin que "Ceux qu'on aime  souffrent et meurent , et on se surprend à rire encore . Le champ de lin n'a rien perdu de sa beauté, la clématite sauvage croule sous les fleurs. [...] Malgré tout. "

 Un roman qui file, bien évidemment sur l'étagère des indispensables.

 L’arbalète Gallimard 2024.

23/08/2024

Sexe bombe...en poche

Ils trouvent génial de rencontrer des râleurs, même en dehors de Paris. C'est culturel, c'est folklorique, c'est la France. "

Comme dans la chanson interprétée par Jacques Dutronc, Eddy, coiffeur reconverti en toiletteur pour chien, aime les roses fanées, comprendre les femmes d'âge mûr "car elles sont aventureuses et captivantes, elles n'ont plus d'interdits ni de tabous." Il emmène donc certaines de ses clients du salon de toilettage canin au septième ciel, c'est à dire chez lui, au premier étage, juste au dessus de son lieu de travail.nicola robin
Sa routine, comme sa réputation, sont bien établies dans cette ville thermale de Dax où curistes et habitantes du cru se refilent la bonne adresse. Jusqu'au jour où débarque Maryse, ancienne speakerine, veuve, mais pas trop, flanquée de sa fille Chloé. Un très lourd contentieux oppose les deux femmes et Eddy pourrait bien malgré lui, être entraîné dans une histoire qui virerait au noir...
Le souvenir d'une lecture réjouissante ( Roland est mort) m'a incité à entamer ce nouveau roman de Nicolas Robin et je ne le regrette pas. En effet, les personnages sont hauts en couleurs, parfois outrés, mais c'est le jeu. Ils n'en révèlent pas moins des failles qui les rendent sinon attachants, du moins profondément humains. Le récit cavale à toute allure et l'on se surprend à sourire plus d'une fois en tournant les pages de ce bon roman de détente.

22/08/2024

Les sources...en poche

[...] elle va avoir trente ans et sa vie est un saccage, elle le sait, elle est coincée, vissée, avec les trois enfants, il est le père des trois enfants , il les regarde à peine mais il est leur père, il est son mari et il a des droits. "

D'amour conjugal, il ne sera jamais question dans ce récit en trois actes qui commence le samedi 10 et dimanche 11 juin 1967. Une tragédie est en marche, on le devine à la tension quasi insoutenable qui irrigue les 80 premières pages du roman. Tension entre la narratrice et le tyran domestique qu'elle a épousé. Trois enfants, trois césariennes successives ont saccagé son corps. Les coups, aussi. Et surtout les mots dont il use pour faire "autant de dégâts que les coups, peut-être même davantage parce qu'ils ne la lâchent pas pas et lui tombent dessus au moment où elle s'y attend le moins, quand elle pourrait être à peu près tranquille et penser à autre chose. "marie-hélène lafonMais, elle aussi commence  aussi à mettre des mots sur ce qu’elle vit. Elle possède le permis de conduire et une famille qui pourrait ne plus fermer les yeux. Parviendra-t-elle à sortir de l'emprise de cet homme toxique à une époque où une femme divorcée subit l'opprobre de la société ?
La deuxième partie, sept ans plus tard, donne cette fois la parole au mari et le roman se clôt  en 2021 par le constat d'un des enfants revenu dans cette ferme du Cantal où tout a commencé.
Un roman court, une centaine de pages, mais qui concentre des émotions  d'une rare puissance, sans pathos mais en étant au plus près des corps. On n'oubliera pas de sitôt ces personnages, témoins d'une époque et d'un lieu. Un roman qui file, bien évidemment, sur l'étagère des indispensables.

21/08/2024

#Ilneigesurlepianiste #NetGalleyFrance !

"Et j'aimais bien m'expérimenter dans l’œil du renard en tant que maison dont un bras sort à la tombée de la nuit pour déposer sur un plat des reliefs de repas, une sorte de maison débordante de délices ou de compost à prodiges. "

Grâce à la neige, une femme âgée retient dans sa maison, isolée en forêt, un pianiste très beau et bien plus jeune qu'elle. Parallèlement, elle nourrit un renard , témoin de la  Nature qui parvient tant bien que mal à survivre. claudie hunziger
Beauté de la musique, beauté du renard qui se joue des dangers dans un monde au bord de la destruction. Deux formes d'amour aussi, pour effacer les frontières entre les êtres et une écriture magnifique pour dépeindre  tout cela.
Si l'ossature  de ce roman peut paraître bien légère, elle est compensée par l'art poétique de Claudie Hunziger qui nous enchante et nous emporte. Un grand coup de cœur.

 Grasset 2024. claudie hunziger

 

19/08/2024

Le bleu n'abîme pas

"La carte de ton corps; la carte du monde.
Dans le regard des autres, tes yeux bleus de Russie, de Roumanie ou de France. Tes cheveux, un mélange de la France et du Niger. Tes fesses hautes, tes hanches pleines du Niger. Ton histoire, leur histoire à eux, Inna, Abba, Vito et Danièle, pour dire ton anatomie, pour expliquer le désir qui monte. "

Avant la narratrice était fière d'être, au vu de son histoire familiale, à la croisée de plusieurs continents .Mais être une métisse, pour certains, engendre obligatoirement la question des origines, voire suppose des préjugés sexistes : "Les métisses, ça m'excite, il a dit. "81A+MwagnNL._SL1500_.jpg
Premier roman, qu'on devine autobiographique, Le bleu n'abîme pas  , revient, sous une forme éclatée, sur ces problématiques dans une langue très, voire trop travaillée. L'émotion ne passe pas pas et l'ennui surgit beaucoup trop vite, malgré l'intérêt des thématiques. Dommage.

Le Seuil 2024.

Merci à l'éditeur et à Babelio . masse_critique.jpg

 

05/07/2024

Bienvenue aux Bergeronnettes...en poche

"- Quatre Épingles, sachez que rien n'est facile dans le mariage. C'est comme un sport pour lequel on n'aurait pas suivi l'entraînement adéquat et où on  commencerait directement par les Jeux olympiques. "

La dernière lubie de Maguy ? Transformer leur logis en maison d'hôtes pour artistes. Voilà donc le jardin bichonné par son époux , Germain Germinal, envahi par des "saltimbanques" qui semblent tous détenir un secret.
C'est pourquoi, quand le maire du petit village est assassiné , juste derrière "les Bergeronnettes", les soupçons se portent aussitôt sur les résidents.coralie caujolle
"Cosy Mistery" Bienvenue aux Bergeronnettes respecte toutes les règles du genre mis en y insufflant beaucoup d'humanité, d'humour et de bienveillance.
Si les personnages peuvent de prime abord frôler la caricature et leur comportement loufoque  sembler quelque peu exagéré, ils gagnent au fil du texte en densité, grâce à la révélation progressive de leurs failles respectives.
Quant au crime, j'avoue avoir été surprise quant à son mobile.
L'écriture est fluide et enjouée. Un très bon moment de lecture estivale.

04/07/2024

Cinq articles maximum...en poche

"Tout ce tissu pour envoyer les signaux indispensables et témoigner du fait que j'ai compris les codes , je m'habille comme il faut, incorporez-moi dans votre groupe, j'ai tout acheté pour en faire partie, j'ai la panoplie. Alors qu'il suffit d'être humain pour avoir sa place. "

Nous sommes à Niort, mais nous pourrions être dans n'importe quel magasin de vêtements dont les chaînes  occupent les centres-villes un peu partout en Europe.
Un lieu où les femmes de tous âges viennent, seules ou en bandes, flanquées ou non de leur compagnon , mais toujours de leurs névroses.
Car oui, s'acheter un vêtement quand on est une femme n'a rien d'anodin et ce n'est pas Juliette,  la vendeuse qui sert de lien à toutes les saynètes qui se déroulent dans ce microcosme, qui nous dira le contraire. claire renaud
Claire Renaud brosse ainsi  une galerie de portraits , parfois acides, parfois très drôles,  mais toujours justes et remplis d'humanité. Elle nous dévoile aussi l'envers du décor et l’écœurement  de Juliette face à cette masse de vêtements : "Je suis ivre de ces marchandises, saturée, comme une cuite quotidienne qui donne la nausée puis fait vomir. "
Un roman bien moins léger qu'il y paraît, que j'ai surligné à tour de bras et qui se révèle une excellente surprise.

01/07/2024

Traverser les forêts

Il y a quelques mois, j'ai fait une petite fixation sur les forêts...

 Voici donc en quelques lignes, du moins au plus apprécié,  des romans traitant de ce thème.

 Trois femmes, une forêt, celle de la dernière forêt primaire d'Europe, en Pologne. Nina, de retour d'Occident avec son fils et Nina, journaliste biélorusse , vivent, pour des raison différentes au cœur de cette forêt que tente désespérément de traverser Alma, exilée pourchassée par des militaires. 51BJ19zCdwL._SX195_.jpg
Même si l'écriture est fluide et agréable, il ne m'est pas resté grand chose de ce roman, trop classique à mon goût et dont les personnages m'ont paru bien artificiels.

Éditions du Rouergue 2024.

 

 

29/06/2024

Les autres ne sont pas des gens comme nous...en poche

" Je veux être considérée comme potentiellement monstrueuse, comme possiblement perverse, au moins autant que n'importe quel valide. "

Ainsi parle Julie, jeune femme tétraplégique qui, depuis, son fauteuil observe le monde comme une La Bruyère contemporaine.
Si elle se montre volontiers corrosive envers ses non-semblables, elle ne s’épargne guère non plus : "Suite à un accouchement difficile, j'ai hérité d'un corps à euphémismes: différent, singulier, en situation de handicap, en position de non-réalisation des habitudes de vie d'une personne. Le truc sympa, quoi (oui, j'ai aussi hérité d'un cerveau à  antiphrases) ."J.M. Erre
Les familiers de J. M. Erre retrouveront ici dans les différents textes écrits par Julie son amour des mots, sa volonté de pousser à l'extrême les travers de la société ainsi que des personnages (aux noms improbables) issus de ses précédents romans. Pas de quoi s'affoler pour ceux qui découvriraient cet auteur: vous ne serez pas exclus de la fête et cela vous donnera sans doute l'envie de découvrir les précédentes œuvres de l’auteur.
J.M. Erre célèbre ici, entre humour noir et amour de l'humanité malgré tout, les vertus et les défauts du récit : éviter de nous coltiner avec la réalité mais aussi accepter de se  la prendre en pleine face.
 200 pages piquetées de marque-pages.