18/09/2024
Un printemps en moins
" Je veux me souvenir de Gabriel à dix-sept ans.
Je veux me souvenir de Gabriel à trente-trois ans.
Sinon il n'y aura plus de vrais dimanches. "
Trois voix alternent dans ce roman choral : Cellede Gabriel , treize ans, dans le coma, à l’hôpital ; celle de son père , Martin, qui n'a rien vu venir; celle de Romane enfin, une prof du collège où Gabriel se faisait harceler et qui a vu le corps de l' adolescent tomber dans la cour de l’établissement scolaire.
Trois points de vue pour mieux comprendre la violence exercée via les réseaux sociaux et dont les adultes ne veulent ou ne peuvent pas prendre la mesure. Mais un roman qui fait aussi la part belle à la poésie et à l'espoir, par petites touches.
On échappe ainsi au roman - dossier et on partage un peu de la vie des ces trois personnages attachants en diable, qu'on aimerait bien retrouver...
les Avrils 2024. 122 pages.
Merci à L'auteur et à l'éditeur pour l'envoi. Je n'ai pas été rémunérée pour ce billet.
06:00 Publié dans Rentrée Littéraire 2024, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : arnaud dudek
21/08/2020
On fait parfois des vagues
"[..]; si la certitude est un pays, l'esquive est un empire- et mon père maîtrise cet art aussi bien que le badminton."
A dix ans, le narrateur , Nicolas, apprend qu'il est né d'un don de gamètes et que le père qui l'élève n'est donc pas son père biologique. "En grandissant, je prends l'habitude de vivre à côté de mon père sans en ressentir pleinement la présence, comme si ses contours avaient été floutés pour qu'il se fonde dans le décor; comme s'il était devenu presque invisible- une sorte de décalcomanie, à la Magritte, une silhouette à travers laquelle on voit tout mais qui n'est rien." Aucun reproche à faire à ce père mais les deux hommes s'éloignent peu à peu, le silence qui a suivi la révélation a laissé des traces.
Devenu adulte, Nicolas va à la fois décider de partir à la recherche du donneur bienveillant, mais aussi d'écrire un récit de filiation car "[...] ouais, la vie est foutrement tordue, mais elle ne peut pas s'échapper quand je l'emprisonne entre mes lignes, alors-là, j'en fais ce que je veux."
Pouvoir des mots, pouvoir du créateur qui peut écrire à sa façon le roman familial, et faire preuve d'empathie envers ce père disqualifié par la nature et par la société aussi d'une certaine façon.
On retrouve ici l'écriture faussement simple d'Arnaud Dudek, son extrême sensibilité, sans jamais tomber pour autant dans la sensiblerie .
Si on dévore d'abord ce roman, avec l'envie de savoir ce qu'il 'il va advenir de ces pères et de ce fils, on prend ensuite le temps de le savourer pour mieux apprécier la délicatesse et la force d'émotion de ce roman. Une grande réussite !
Éditions Anne carrière 2020.
06:00 Publié dans Rentrée 2020, romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : arnaud dudek
Laisser des traces...en poche
"En d'autres termes, l'engagement politique est un fragile équilibre entre détermination et doutes. Naguère, Maxime a jonglé sur ce fil; ensuite, il est tombé."
D'extraction modeste, Maxime Ronet a très tôt eu envie de Laisser des traces. Après avoir intégré par la petite porte les rangs du Mouvement, nouveau parti politique, présentant d’étranges ressemblances avec un parti que chacun pourra aisément identifier, il devient ensuite maire de la commune de Nevilly.
Le nouvel édile, nonobstant quelques petits accrocs dans son parfait parcours ,se laisse porter par son ambition jusqu'à ce qu'un fait divers le fasse basculer, puis reprendre pied.
Grâce à Arnaud Dudek, on a l'impression d'être une petite souris et de visiter, comme si on y était les coulisses du pouvoir, que ce soit celles d'un parti politique ou celles d'une municipalité .
Nourries de digressions parfois malicieuses (l'érection de la statue d'Hégésippe Simon, par exemple), les pages se tournent toutes seules ou presque. On suit le parcours de ce jeune homme, qui se perd parfois en route, mais retrouve son humanité de justesse avec autant de bienveillance que l'auteur.
Le propos sonne juste, soulignant les défauts mais aussi les espoirs que chacun peut placer en ces hommes et femmes politiques qui, à l'instar de Maxime Ronet, voudraient impliquer davantage les électeurs et voir "comment changer le système en en faisant partie." Vaste programme...
05:30 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : arnaud dudek
26/05/2019
Laisser des traces
"En d'autres termes, l'engagement politique est un fragile équilibre entre détermination et doutes. Naguère, Maxime a jonglé sur ce fil; ensuite, il est tombé."
D'extraction modeste, Maxime Ronet a très tôt eu envie de Laisser des traces. Après avoir intégré par la petite porte les rangs du Mouvement, nouveau parti politique, présentant d’étranges ressemblances avec un parti que chacun pourra aisément identifier, il devient ensuite maire de la commune de Nevilly.
Le nouvel édile, nonobstant quelques petits accrocs dans son parfait parcours ,se laisse porter par son ambition jusqu'à ce qu'un fait divers le fasse basculer, puis reprendre pied.
Grâce à Arnaud Dudek, on a l'impression d'être une petite souris et de visiter, comme si on y était les coulisses du pouvoir, que ce soit celles d'un parti politique ou celles d'une municipalité .
Nourries de digressions parfois malicieuses (l'érection de la statue d'Hégésippe Simon, par exemple), les pages se tournent toutes seules ou presque. On suit le parcours de ce jeune homme, qui se perd parfois en route, mais retrouve son humanité de justesse avec autant de bienveillance que l'auteur.
Le propos sonne juste, soulignant les défauts mais aussi les espoirs que chacun peut placer en ces hommes et femmes politiques qui, à l'instar de Maxime Ronet, voudraient impliquer davantage les électeurs et voir "comment changer le système en en faisant partie." Vaste programme...
Éditions Anne Carrière 2019.
L'avis de Sabine: clic.
11:45 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : arnaud dudek
06/04/2018
Tant bien que mal
"Je lui dois le petit peuple de mes cauchemars. Je lui dois une myriade de troubles obsessionnels.Je lui dois mon inaptitude chronique à la décision.Je lui dois des litre de sueur. Je lui dois des idées noires et quelques crise de nerfs."
Il n'en a parlé à personne. Pourtant ce petit garçon qui a accompagné l'homme à la boucle d'oreille dans la Mondeo blanche pour l'aider à retrouver son chat n'a pas oublié. Comment le pourrait-il ?
Quand vingt-trois ans après les faits, il reconnaît la voix de l homme, comment va-t-il réagir?
En 90 petits pages, Arnaud Dudek relate le parcours d'un renversement subtil et efficace de situation. Tout est suggéré et donc bien plus efficace et poignant. On suit, pas à pas, le récit de ce futur père et écrivain et on a le cœur serré.Tout est dense et pudique, parfaitement réussi dans le dosage de l'émotion.
En plus, dans "lignes de suite"comme d'hab', l'auteur nous donne des nouvelles, histoire de mieux maintenir le lien avec son lecteur. On peut le rassurer: il nous a bien fait tanguer. Une pure réussite qui file sur l'étagère des indispensables.
Alma Éditeur 2018.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : arnaud dudek
04/03/2017
Une plage au pôle nord...en poche
"Il se jugeait incapable de transmettre, d’enseigner: il déploie des trésors de patience et de pédagogie.Elle se croyait rouillée: ses progrès sont assez rapides.Ils se surprennent; ils se font du bien."
Une improbable rencontre: celle de Jeanne, veuve et septuagénaire avec Jean-Claude, jeune père divorcé.Et c'est beau, non pas comme "la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie" comme aurait dit Lautréamont mais comme "Le Pôle Nord et la plage de sable" d’où l'oxymore du titre.
Le plus beau est qu'ils s’épaulent et qu’autour d'eux gravitent des personnages fantasques, traités avec humour et un brin de moquerie : "Teint crayeux, dents grises, bouton suspect entre les sourcils, le libraire n'a sans doute pas rencontré de fruits et légumes depuis plusieurs années."
Un roman doux et tendre qui possède la parfaite longueur: juste de quoi nous laisser un tout petit peu sur notre faim...De quoi éclairer notre hiver.
06:31 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : arnaud dudek
12/08/2015
Les fuyants...en poche
"Son corps était en train de déclarer forfait. Jacob a mis du temps à réunir assez de courage pour être lâche . Ou l'inverse."
Dans la famille Hintel , les hommes ont une fâcheuse propension à se carapater et à fuir toute forme d'engagement sentimental. Le petit dernier de cette lignée familiale, Joseph, aidé par son oncle Simon, parviendra-t-il, en explorant le passé, à dépasser ce schéma transgénérationnel ?
Ils auraient tout pour qu'on les déteste ces Fuyants mais tout l'art d 'Arnaud Dudek, par une construction subtile du récit, par un humour parfois tendre, parfois féroce (ah la visite au beau-père potentiel collectionneur de tire-bouchons !) et surtout par son écriture , fertile en formules et en métaphores, est de nous les rendre sinon sympathiques , du moins diablement attachants. Car il y a beaucoup de tendresse et de délicatesse dans ce roman qui revisite, sans prendre la forme d'un règlement de comptes, les périlleuses relations père/fils. Un roman qui nous laisse un peu K.O, avec juste l'envie de le relire aussitôt pour encore mieux le savourer. Un pur délice !
11:16 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : arnaud dudek
22/01/2015
Une plage au Pôle Nord
"Il se jugeait incapable de transmettre, d’enseigner: il déploie des trésors de patience et de pédagogie.Elle se croyait rouillée: ses progrès sont assez rapides.Ils se surprennent; ils se font du bien."
Une improbable rencontre: celle de Jeanne, veuve et septuagénaire avec Jean-Claude, jeune père divorcé.Et c'est beau, non pas comme "la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie" comme aurait dit Lautréamont mais comme "Le Pôle Nord et la plage de sable" d’où l'oxymore du titre.
Le plus beau est qu'ils s’épaulent et qu’autour d'eux gravitent des personnages fantasques, traités avec humour et un brin de moquerie : "Teint crayeux, dents grises, bouton suspect entre les sourcils, le libraire n'a sans doute pas rencontré de fruits et légumes depuis plusieurs années."
Un roman doux et tendre qui possède la parfaite longueur: juste de quoi nous laisser un tout petit peu sur notre faim...De quoi éclairer notre hiver.
Une plage au Pôle Nord, Arnaud Dudek, Alma éditions, 2015, 161 pages pleines de fraîcheur.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : arnaud dudek
20/08/2014
Rester sage...en poche !
"La vie se termine souvent là où les statistiques commencent."
Martin Leroy a tout perdu en quelques semaines: sa femme, leurs amis communs, son emploi. Cette "accumulation de revers" va le décider à se rendre chez son ancien patron car "Il est prêt à tout pour remettre sa vie dans le bon sens". Gare !
En chemin, il croisera toute une galerie de personnages et surtout son ami d'enfance , l'occasion de faire revivre un passé à la fois douloureux et cocasse et de reconstituer une amitié en pointillés.
On flirte avec la mélancolie mais l'humour pince sans rire d'Arnaud Dudek rattrape à chaque fois le récit qui pourrait sombrer dans l'apitoiement : "Difficile de rester poli dans ces circonstances. face au premier macchabée de leur existence d'être humain, peu d'individus parviennent à garder leur flegme, à ponctuer cette scène d'un what the hell , à prononcer un saperlipopette, . à moins d'avoir du sang anglais. Et encore." Les deux amis n'ont rien d'héroïque ou d'extraordinaire mais c'est justement ça qui nous touche et fait qu'on dévore ce roman d'une traite , avant de le relire afin de mieux savourer son charme. C'est un exercice périlleux que de choisir des personnages en apparence ordinaires sans pour autant ennuyer le lecteur et Arnaud Dudek réussit son pari haut la main !
L'auteur s'est créé un univers à la fois subtilement poétique et plein d'humour ,qui transfigure le quotidien et le rend presque séduisant. De quoi voir la vie non pas en rose mais au moins en couleurs !
16:41 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : arnaud dudek
15/08/2013
Les Fuyants
"Son corps était en train de déclarer forfait. Jacob a mis du temps à réunir assez de courage pour être lâche . Ou l'inverse."
Dans la famille Hintel , les hommes ont une fâcheuse propension à se carapater et à fuir toute forme d'engagement sentimental. Le petit dernier de cette lignée familiale, Joseph, aidé par son oncle Simon, parviendra-t-il, en explorant le passé, à dépasser ce schéma transgénérationnel ?
Ils auraient tout pour qu'on les déteste ces Fuyants mais tout l'art d 'Arnaud Dudek, par une construction subtile du récit, par un humour parfois tendre, parfois féroce (ah la visite au beau-père potentiel collectionneur de tire-bouchons !) et surtout par son écriture , fertile en formules et en métaphores, est de nous les rendre sinon sympathiques , du moins diablement attachants. Car il y a beaucoup de tendresse et de délicatesse dans ce roman qui revisite, sans prendre la forme d'un règlement de comptes, les périlleuses relations père/fils. Un roman qui nous laisse un peu K.O, avec juste l'envie de le relire aussitôt pour encore mieux le savourer. Un pur délice !
Clara a elle aussi été conquise.
Le billet de Cuné !
Les Fuyants, Arnaud Dudek, Alma Editeur, 127 pages, un concentré de bonheur.
Du même auteur: clic !
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans français | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : arnaud dudek