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10/10/2015

Le grand & le petit

"Et leur rire fait fuir les bêtes de la nuit."

Sont-ils frères ou amis ? L'ambiguïté est maintenue et c'est très bien car ainsi chaque lecteur pourra s'identifier à ces personnages, l'un  GRAND, l'autre petit qui sont chacun persuadé que l'autre est le préféré, justement grâce à sa taille (ou son rang d'âge).
L'esprit de compétition fait son apparition, l'exaspération monte, et le grand finit par partir dans la nature pour éviter tout débordement de sa force.
Mais très vite, chacun d'eux va se rendre compte  que "C'est moins bien sans lui."et qu'il vaut mieux s'unir pour affronter l'obscurité.catherine leblanc,jean-françois martin
Avec des phrases en apparence simples, Catherine Leblanc nous fait partager une situation qui parlera à beaucoup d’enfants et explore ,avec délicatesse et justesse, les pensées intimes de ces personnages.
Quant aux dessins, ils jouent sur l'ombre et la lumière mais révèlent, quand on les regarde plus attentivement, une foule de détails délicats et poétiques.La typographie souligne aussi avec élégance l’opposition entre les personnages
Un ouvrage aussi agréable à lire qu'à regarder et qui, mine de rien, est tout à la fois poétique et utile. Une belle réussite !

 

Le grand & le petit, catherien Leblanc, Jean-François Martin, le Seuil 2015.

Merci à catherine Leblanc

17/03/2011

Si loin, si près

"Il existait des liens secrets, des ferveurs en partage."

Adèle a quarante six ans mais "Elle n'avait pas seulement son âge mais tous ses âges empilés coexistant, 20 ans parfois, 35 le plus souvent et même 60, certains jours...Tous étaient présents à des degrés divers, se manifestant par surprise."
Premières phrases du livre et d'emblée Adèle nous devient familière. Nous ne pourrons plus la quitter au fil de cette année 2009 , année de crise qui verra tant de bouleversements dans sa vie, d'incendies ,aux sens propre et figuré.catherine leblanc,femme
A quelle distance se tenir des gens qu'on aime, de ceux que l'on croit être ses amis ? Faut-il profiter de sa solitude ou faire un pari sur l'avenir et sur les autres ?
Confrontée à différents accidents de la vie, qui pourraient nous arriver à tous, Adèle avance en tâtonnant, ploie ,mais toujours se relève et finira par essayer "de se traiter avec beaucoup de douceur et pas trop d'importance."
On retrouve ici avec bonheur la prose lumineuse de Catherine Leblanc, qui scrute avec acuité et bienveillance  aussi bien la ville d'Angers, où se déroule l'action (et la description qu'elle en fait donne tout de suite envie d'aller se plonger dans les lumières de cette ville)  que les aspirations de son héroïne : "un espace libre de tout jugement, surtout du sien." Un roman que je n'ai pu lâcher, sauf pour en corner de multiples pages... 

Si loin, si près , Catherine Leblanc, Editions du Petit Pavé 2011, 202 pages pleines d'émotion, à savourer.

 

10/06/2010

Rester vivante

"Les mots ont été pires que les coups."

Coincée entre une mère passive et un père qui entretient une relation trouble à la sexualité, Josepha, fille unique, peine à ajuster son corps et ses idées. Elle bride ses mots car "Si je commence à dire ce que je ressens, ça fera un massacre." Il lui faudra aller vers les autres pour Rester vivante.41SW2eDDQbL._SL500_AA300_.jpg
Catherine Leblanc a su trouver les mots pour dire le mal-être de cette adolescente, la violence et la tendresse qui se succèdent à la seconde, la révolte et la léthargie qui caractérisent souvent cette période riche en montagnes russes. A plus de trente ans de distance, j'ai revécu au plus profond les sensations et les sentiments qui se bousculaient alors en moi. Une drôle d'expérience !
La couverture sobre, presque épurée de cette nouvelle édition s'ajuste parfaitement aux propos de l'auteure.

Rester vivante, Catherine Leblanc, Actes Sud junior 2007 , réédition 2010 , 109 pages qui sonnent juste.

20/11/2009

Fragments de bleu

"On perd un à un des morceaux de soi."

Il est des livres que l'on voudrait garder jalousement pour soi. Parce qu'on a l'impression que l'auteure s'adresse directement à nous, que les mots qu'elle a inscrits sur la page sonnent juste, juste comme on aurait aimé les trouver.
Parce qu'elle parle du temps, de ces fragments de vie, vie que l'on devine au plus près de la sienne, de ces fragments de bleu qui vibrent malgré la douleur du monde , que l'on devine en filigrane mais qui résistent malgré tout.51xFAlchZPL._SL500_AA240_.jpg
Parole d'une femme qui redit son amour de trente ans à l'homme qui l'accompagne. Parole d'une mère pour qui les enfants sont tour à tour et simultanément des adultes en devenir mais aussi le nouveau-né qui a failli mourir.Permanence des émotions par de-là le temps. Richesse des sensations de la vie quotidienne où l'on guette le facteur ,"Je crois toujours qu'il va m'apporter une merveille." où l'on est au plus près des saisons: "Printemps, été , automne, hiver, quatre horizons, quatre voyages, forment des paysages changeants, mobiles, renouvelés. On se replie dans le gris, on se déploie dans les couleurs, on avance, on tourne avec les jours, on marque les temps pour que la valse nous entraîne."
Quant aux mots de l'écriture, "Ce sont des mots gardés, des mots goûtés, des mots sauvés, des mots choisi un à un pour former une flèche touchant au coeur. les mots écrits préservent le silence. Les mots parlés emportent la pensée. le monde est un puzzle dont on détient tous une pièce, un fragment de vérité." Ces mots dont Catherine Leblanc, psychologue auprès d'enfants en difficulté , connaît particulièrement la valeur.
Une écriture fine et précise, lumineuse et généreuse. Une très belle découverte qui va m'accompagner longtemps, j'en suis sûre.

Fragments de bleu, Catherine Leblanc, Editions le temps qui passe, 2008, 143 pages où piocher quand les couleurs semblent vaincues.

Le site de l'auteure.