Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/03/2022

Pourquoi pas la vie

"Son génie, ce sera d'être vivante. "

Là où d'aucuns jouent avec la réalité historique à des fins souvent pessimistes (que ce serait-il passé si l'Allemagne nazie avait gagné la guerre, par exemple) , Coline Pierré prend l'exact contrepoint et imagine que la poétesse américaine Sylvia Plath (qui s'est suicidée au gaz) a échappé à la mort. coline pierré
La jeune femme va donc devoir composer avec un mari , Ted Hughes poète reconnu, mais père et mari plus que défaillant, son rôle de mère et sa volonté de création. Le tout dans le swinging London, où les Beatles colonisent les ondes.
Avec beaucoup de nuances, sans jamais stigmatiser ni idéaliser, l'autrice évoque les problématiques qui restent contemporaines pour les femmes créatrices et propose ici le récit d'une émancipation progressive par le biais de  femmes atypiques qui aideront Sylvia à se dégager de ses conditionnements et de sa dépression. Un roman qui réchauffe le cœur et aiguise la réflexion.

Éditions de l'Iconoclaste 2022.

11/04/2016

Ma fugue chez moi

"La distance et le silence permettent d'oublier plus facilement, de ne pas se soucier de ceux qu'on laisse derrière nous."

Trahie par celle qu'elle croyait être sa meilleure amie, se sentant incomprise par son père qui croit qu'elle est assez forte pour affronter cette situation, Anouk , 14 ans, décide de fuguer.
Mais, ayant le sens des réalités,  l'action se déroule quelques jours avant Noël, elle se réfugie dans le grenier au dessus de sa chambre,  tandis que sa famille s'inquiète et la recherche partout.
Une situation inédite, la fugue chez soi, en apparence plus confortable, va se révéler en fait plus perturbante pour Anouk et simultanément plus enrichissante.coline pierré
En effet, elle investit, sur le modèle de Robinson Crusoé (un des romans qu'elle a emportés )- mais de manière plus écolo !- un lieu en devenir, voué à la transformation en chambre d'amis mais rassemblant aussi les témoignages du passé. Un lieu hybride  qui "sent la peinture fraîche et le moisi, le neuf et le vieux. Drôle d'impression." Un lieu d'une certaine façon à l’image de l'adolescence.  Un endroit qui occupe aussi une position stratégique car les tuyaux du chauffage, "comme un immense système sanguin " ,conduisent le son et permettent à l'adolescente d'entendre les paroles de son père, de sa sœur cadette. Elle est ainsi témoin de leur souffrance et entend,lors d'une réunion collégiale, le portrait à 360° que trace "ceux qui se soucient" d'elle. Pas toujours confortable mais c'est aussi l'occasion de réaliser qu'ils la connaissent mieux qu'elle ne le pensait.
Anouk constatera donc à la fin du texte : "J'ai l'impression d'avoir fugué à l'intérieur de moi.", un voyage intérieur ,enrichissant tant au point de vue personnel que familial.
En 116 pages sensibles et poétiques, Coline Pierré brosse le portrait d'une adolescente attachante dont le mal être traduit celui d'une famille au fonctionnement pour le moins particulier. Sans manichéisme, mais avec beaucoup de tendresse, elle laisse entendre la voix de chacun pour que l’harmonie soit rétablie à la toute fin du roman. Un gros coup de cœur !
La découverte d'une auteure que j'ai bien l'intention de suivre !

Ma fugue chez moi, Coline Pierré, Éditions du Rouergue 2016.

 Le billet du petit carré jaune qui m'a donné une furieuse envie de lire ce roman !