16/09/2024
Ilaria ou la conquête de la désobéissance
"Je n'ose pas dire "non", je n'ose pas dire que je ne comprends pas , que je m'en fiche complètement des choses plus importantes. Je veux aller à l'école, jouer, voir mes copines, aller aux anniversaires, aux cours de gym. Je veux faire des flic-flac, des roulades,, m'entraîner à la poutre et faire comme Nadia Comaneci. Je veux rentrer. Puis l'idée de quitter Papa me glace. Je ne peux pas le laisser seul. "
Mai 1980. Son père vient chercher Ilaria à la sortie de l'école. Commence alors une errance italienne car, même s'il refuse le mot, le père vient bel et bien d'enlever sa fille de huit ans à sa mère et à sa grande sœur.
Mensonges, internat, vie paysanne en Sicile, la petite fille est trimballée au gré des humeurs de son père et de sa vie d'expédients. Un père qui parfois se fâche, boit trop et se révèle incapable d'assurer une certaine normalité pour sa fille, ce qui entraîne parfois un renversement des rôles.
Sans pathos, l'autrice rend compte de la situation dont s’accommode plus ou moins bien l'enfant, rendant compte du conflit de loyauté dont elle est victime. Cela aurait pu être un fait divers sordide, cela devient un récit poignant mais toujours écrit "à l'os"., laissant au lecteur le soin de combler les vides.
Et zou, sur l'étagère des indispensables.
Éditions Zoé 2024. 173 pages.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Rentrée Littéraire 2024, romans suisses | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : gabriella zalapi
12/03/2019
Antonia Journal 1965-1966
"Face à les infimes changements, Franco ne sourcille pas. Il ne voit rien, noyé dans son absence."
En une petite centaine de pages, illustrées de photos en noir et blanc, suffisamment libres d'interprétation, Gabriella Zalapi imagine le journal intime d'une jeune femme, issue d'une grande famille juive cosmopolite, mariée pour de mauvaises raisons à un bourgeois de Palerme qui l'exaspère. Elle ne se rapproche que par éclipses de son fils, Arturo, que lui dispute âprement la nurse chargée de s'occuper de lui.
Plutôt immature, Antonia, par le biais de documents anciens, va reconstituer le puzzle du passé de sa famille et éclairer d'un jour nouveau son attitude.
N'ayant eu accès ni à l'amour de sa mère, ni à une véritable éducation, Antonia ne peut que s'émanciper en tombant amoureuse et en fuyant tout à la fois un foyer et une mère toxiques. L'arbre généalogique final nous indique qu'elle serait toujours en vie...
Si j'ai aimé la forme du roman, ses ellipses, son écriture précise et allant droit à l'essentiel, je suis restée plus en retrait face au caractère de l'héroïne, trop évaporée à mon goût, en dépit de l'arrière plan dramatique.
Antonia, Gabriella Zalapi, Éditions Zoé 2019.
06:00 Publié dans romans suisses | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : gabriella zalapi