04/10/2012
Tous ensemble , mais sans plus
"Tous ensemble, mais sans plus. Sans les trop vieux, les trop pauvres, les trop colorés, les trop moches. Sans les trop autres."
Fi des élans de fraternité, prônant les mixités sociales, les familles/fratries recomposées de gens de tous âges et de toutes origines ! Les nouvelles rassemblées dans ce recueil corrosif font exploser les faux-semblants et craquer le vernis !
D'emblée le ton est donné car il en faut bien peu pour entraîner une trop sage assemblée à lâcher les chiens et à envisager sans sourciller d'envoyer les ancêtre encombrants faire un stage au Club de Vie Intense , un zeste de manipulation et "avec entrain et un peu d'autorité" tout le monde s'exécute sans broncher, quite à se retrouver avec un petit démon sur l'épaule...
Racisme feutré à qui il faut juste un coup de pouce pour qu'il se donne libre cours, cruauté qui se pare des oripeaux de la vertu, tout ce qu'on relègue dans "le marais" des non-dits finit par remonter et éclabousser ceux qui n'appartiennent pas aux mêmes mondes, même s'ils feignaient d'en détenir les clés. Le rejet ne se situe pas d'ailleurs pas forcément là on s'y attendrait car Georpes Flipo est fort madré et nous surprend de biens des façons ! Il faudra attendre la fin du recueil pour qu'enfin quelques lueurs de fraternité se donnent à voir , histoire de ne pas totalement désespérer de l'humanité ?
En tout cas, tous ceux qui aiment la causticité et l'humour féroce, dévoreront comme moi tous ces textes , tout sauf sentencieux et donneurs de leçons, d'une seule traite !
Tous ensemble, mais sans plus, Georges Flipo, Anne Carrière 2012, 282 pages jubilatoires et alertes !
Keisha a été conquise !
Le blog de l'auteur .
06:00 Publié dans Nouvelles françaises, rentrée 2012 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : georges flipo
07/01/2009
...on n'a jamais fini de vous connaître, vous êtes comme le Bronzé d'Amposta."
Alexis, cinéaste en devenir et démiurge potentiel, s'acoquine avec Sammy, malfrat cinéphile qui veut faire de sa vie une oeuvre d'art à savoir bien évidemment un film, quitte à modifier son existence pour que le script "colle" mieux aux desiderata du réalisateur.Mais très vite, cette amitié se révèlera encombrante , voire dangereuse, pour Alexis qui découvrira à ses dépens que la réalité peut très rapidement dépasser la fiction...
Entrer dans Le film va faire un malheur c'est se laisser entraîner dans un récit au rythme endiablé, une mécanique de précision où chaque détail a son importance tôt ou tard, où les personnages , évoluant tour à tour dans les milieux de la pub, du cinéma, ou du crime ont comme point commun de chercher à manipuler, avec des résultats souvent fort drôles, leurs prochains.
Alexis, qui souhaite entretenir avec les autres des "rapports intermittents et irresponsables" pourrait être franchement imbuvable , mais le fait qu'il soit comme placé dans un shaker agité par un fou furieux du début à la fin le rend finalement plus supportable. Sammy , lui, s'échappe très vite du stéréotype dans lequelle réalisateur voudrait commodément l'enfermer et fait craquer le vernis littéraire de son coach cullturel. Quant à Clara, "plan cul" ou "fiancée" suivant l'humeur d'Alexis, elle se révèle bien plus forte et équilibrée que les hommes qui l'entourent et elle rendra coup pour coup car "La gentillesse de Clara était ce qu'elle avait de plus féroce."
Flirtant parfois avec le drame, le roman est néanmoins une comédie grinçante dont le style alerte, truffé de formules qui font mouche (mon exemplaire en est sorti tout hérissé!) nous emporte dans une frénésie intense .On se demande parfois comment Georges Flipo va s'en sortir mais il révèle ici une habileté diabolique et jamais son récit ne s'essouffle. A quand l'adaptation cinématographique ? !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : georges flipo, le film va faire un malheur, humour, cinéma, publicité, manipulations à gogo