29/10/2025
Les preuves de mon innocence
" Son propos, en résumé, portait sur la nécessité d’abattre les syndicats, non pas à cause de leur militantisme ou parce qu’ils prétendaient prendre le pays en otage à coups de grève, mais simplement parce qu’à long terme c’était dans l’intérêt de l’économie du pays de sous-payer ses travailleurs. Il fallait maximiser les bénéfices privés, soutenait-il : c’était le seul moyen d’inciter réellement les patrons à rechercher l’efficacité et la productivité. Et si le sommet de la pyramide était bien rémunéré, ces gens iraient dépenser leur argent, qui finirait par circuler dans l’ensemble de la société : non en taxant les riches, mais grâce à l’action naturelle et immuable du marché. "

Poussée de l'extrême droite britannique en lien avec les États-Unis, volonté assumée de détruire le système de santé pour qu'il soit privatisé et enrichisse de grands groupes aux aguets, tels sont quelques uns des thèmes du nouveau roman de Jonathan Coe.
Le tout est enchâssé dans une sorte de Cluedo comportant son lot de personnages hauts en couleurs: la vieille inspectrice gourmande, les vieux conservateurs hautains, le vieux manoir et ses passages secrets, le journaliste blogueur trop curieux, sans oublier deux étudiantes qui vont s'improviser enquêtrices.
L'auteur multiplie les clins d’œil au lecteur en terminant systématiquement les chapitres avant le meurtre par l'adjectif "meurtrier", résout le mystère de manière virtuose , tout en surprenant par une dernière pirouette . Du grand art donc mais le roman est quelque peu empesé par des longueurs récurrentes.
Traduit de l'anglais par Marguerite Capelle.
Gallimard 2025. 476 pages.
06:00 Publié dans je ne regrette pas de les avoir juste empruntés, Rentrée Littéraire 2025, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jonathan coe
09/03/2012
Désaccords imparfaits
"Il est important que certaines choses demeurent perdues."
"Ce recueil représente toute ma production de nouvelles au cours de ces quinze dernières années, ce qui relève un peu de la plaisanterie. j'avais pensé l'intituler Toute la prose courte, mais c'eût été pousser la plaisanterie un peu loin. Car il ne m'est pas facile de faire court, justement." Dixit Jonathan Coe dans la préface de ces 99 pages.
Trois nouvelles donc et un article , jamais paru en anglais car destiné aux Cahiers du cinéma, sur l'étrange passion que déclencha chez l'auteur le film "La vie privée de Sherlock Holmes " de Billy Wilder.
Thème commun aux trois nouvelles ? Les occasions manquées, les rétropédalages mélancoliques, contrebalancés par un humour pince sans rire: "Je priai mon Dieu d'acquisition récente que l'homme s'abstienne désormais de toute visite chez nous."
Le style est élégant et je me suis régalée avec "Ivy et ses bêtises" qui excelle à recréer le monde de l'enfance, ses peurs, ses cruautés délicieuses . Quant à "Version originale", elle offre un expérience très troublante et dérangeante de traduction simultanée... Seule "9e et 13e" m'a laissée indifférente car trop convenue mais peut être la version musicale, dont l'auteur donne les références possède-t-elle une autre dimension.
Quant à la quête éperdue de passages disparus du film de Wilder, cette obsession est joliment décrite et finement analysée. Il plane sur tout cela une atmosphère gentiment mélancolique mais qui ne tombe jamais dans la facilité.
Désaccords imparfaits (9th and 13th), Jonathan Coe, traduit (brillamment) de l'anglais par Josée Kamoun, Gallimard 2012, 199 pages 8.90 euros.
06:00 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : jonathan coe
02/03/2012
La vie très privée de Mr Sim
"On ne vous donne que l'illusion du choix, c'est tout."
C'est à un double voyage que nous convie Mr Sim : une épopée moderne et dérisoire (aller à l'extrémité la plus septentrionale de la Grand-Bretagne pour vendre des brosses à dents écologiques) où l'aventure est totalement balisée par les satellites et autres objets de communication qui nous situent dans l'espace et un voyage dans le temps qui va l'amener à revisiter son passé.
Pélerinage ? Pas tout à fait car à chaque étape , des vérités dérangeantes se font jour sur ses proches (pas si proches d''ailleurs) et sur lui même.
Alors , il se raccroche à la voix de féminine de son GPS, seul bouée de secours dans un monde en plein changement, où règne une uniformisation qu'il juge réconfortante et où la solitude est de plus en plus aiguë.
Looser magnifique Mr Sim ,et attachant par dessus le marché, qui n'hésite pas à reconnaître ses faiblesses dans un univers où l'artifice est de mise, un monde qui repose sur du vent.
Les pirouettes sont nombreuses dans ce roman qui brosse un portrait juste et acide de notre époque et qui ne sacrifie pas l'art du récit à la démonstration virulente. Une parfaite réussite !
06:05 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : jonathan coe
23/05/2011
La vie très privée de Mr Sim
"On ne vous donne que l'illusion du choix, c'est tout."
C'est à un double voyage que nous convie Mr Sim : une épopée moderne et dérisoire (aller à l'extrémité la plus septentrionale de la Grand-Bretagne pour vendre des brosses à dents écologiques) où l'aventure est totalement balisée par les satellites et autres objets de communication qui nous situent dans l'espace et un voyage dans le temps qui va l'amener à revisiter son passé.
Pélerinage ? Pas tout à fait car à chaque étape , des vérités dérangeantes se font jour sur ses proches (pas si proches d''ailleurs) et sur lui même.
Alors , il se raccroche à la voix de féminine de son GPS, seul bouée de secours dans un monde en plein changement, où règne une uniformisation qu'il juge réconfortante et où la solitude est de plus en plus aiguë.
Looser magnifique Mr Sim ,et attachant par dessus le marché, qui n'hésite pas à reconnaître ses faiblesses dans un univers où l'artifice est de mise, un monde qui repose sur du vent.
Les pirouettes sont nombreuses dans ce roman qui brosse un portrait juste et acide de notre époque et qui ne sacrifie pas l'art du récit à la démonstration virulente. Une parfaite réussite !
La vie très privée de Mr Sim, Jonathan coe, traduit de l'anglais par Josée Kamoun, Gallimard 2011, 449 pages à dévorer cul sec !
Raflé à la médiathèque au nez et à la barbe de M !:)
Le billet de Cuné qui m'avait donné envie de le lire.
Celui de Sassenach qui vous enverra vers plein d'autres !
L'avis de Brize.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : jonathan coe, mondialisation, uniformisation solitude
06/02/2009
"Une chose n'a pas besoin d'exister pour rendre les gens heureux, pas vrai? "
Rosamond vient de mourir mais a laissé à une mystérieuse Imogen, jeune femme aveugle,une série de cassettes enregistrées où, s'appuyant sur vingt photos dûment sélectionnées, elle révèle un secret de famille courant sur trois générations de femmes.Plus que tout cela peut être, l'objectif est de lui laisser "la conscience de [son] histoire, de (son )identité, la conscience de [ses]origines, et des forces qui [l]'ont façonnée."
Traversée par des coïncidences qui réapparaissent par delà les années, par des scènes qui semblent se rejouer, La pluie, avant qu'elle tombe est sous-tendu par le thème de l'amour maternel déficient et des conséquences qu'il peut entraîner sur plusieurs générations.
Tissant avec virtuosité l'histoire de cette lignée de femmes à celle de l'Histoire, Jonathan Coe nous livre ici une oeuvre sombre mais fluide, qui se lit sans déplaisir, mais qui laisse un peu sur sa faim. le style et la construction sont impeccables mais il manque cette petite étincelle de folie qui faisait tout le charme de la maison du sommeil.
L'avis de Marie.
celui de Lily.
06:10 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : jonathan coe, la pluie avant qu'elle tombe


