23/11/2016
Sauveur & Fils Saison 2
"Ils rirent. Blaguer est une façon de mettre à sa juste place quelque chose qui vous angoisse."
Que sont devenus les patients de Sauveur Saint-Yves, psychologue antillais à Orléans ? On les retrouve dans cette saison 2 qui leur fait la part belle, même si les rebondissements de l'histoire d'amour du psy ne sont pas oubliés.
Marie-Aude Murail montre ici sa grande connaissance du monde des adolescents et son grand professionnalisme en matière d'écriture. On en s'ennuie pas une minute, même si la fraîcheur de la découverte et l’enthousiasme suscité par la saison 1 (clic) sont un peu estompés.
Sauveur & Fils, Saison 2 , Marie-Aude Murail, école des loisirs 20165, 314 pages qui se tournent toutes seules.
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12/07/2016
Sauveur & Fils
"-C'est la famille, bonhomme. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer."
Psychologue clinicien, Sauveur Saint-Yves, au prénom prédestiné, officie chez lui et reçoit des patients aux problèmes variés (phobie scolaire, scarifications, enfants qui ne supportent pas que leur mère se mettent en ménage avec une femme, énurésie...).
Mais, s'il doute parfois d'être vraiment utile à ses patients auprès desquels pourtant il s'investit beaucoup, il "oublie" de parler de son histoire familiale à son fils de huit ans, Lazare qui ignore presque tout de sa maman, décédée dans un accident de voiture.Mais le passé va les rattraper et Sauveur ne pourra plus faire l'impasse sur ses origines et celles de son fils.
Qui ne s'est pas demandé ce qui se passait dans la tête d'un psy lors de ses séances de travail ?Marie-Aude Murail nous permet de le découvrir avec humour et empathie avec cette première saison de Sauveur & Fils.
C'est tout un petit monde qui se donne à voir et qui nous devient très vite familier car l'autrice a le chic pour peindre le quotidien de ses personnages, se moquer-gentiment- d'eux (ah le personnage de Gabin, plus vrai que nature ! ("Gabin ne décida pas de le prendre en filature, puis qu’aucun centre décisionnel n'avait encore été officiellement repéré dans son cerveau, mais il lui emboîta le pas." ))tout en leur laissant la possibilité de montrer ultérieurement leurs qualités.
Ce n'est pas un univers édulcoré qui nous est proposé ici, les prédateurs sont présents, le racisme et la souffrance aussi mais, si les adultes sont parfois défaillants et les enfants cruels, il y a toujours une possibilité de régler les problèmes.
On prend beaucoup de plaisir à dévorer ce roman qui peut se lire à plusieurs niveaux, où l'on glane aussi bien des citations de la Bible que de Pierre Desproges et quelques conseils fort utiles sur l'élevage des hamsters, ce qui peut toujours s'avérer utile !
Comme Cuné qui m'avait donné envie, j'attends déjà la deuxième saison avec impatience !
Sauveur & Fils, Marie-Aude Murail, École des Loisirs 2016, 329 pages passionnantes de bout en bout !
Attention citation "rabat-joie" (spoiler en mauvais français) ,mais que j'adore ,éloge funèbre d'un animal familier trop tôt décédé:
"-On te regrettera Bounty. Bien sûr, tu étais fou. Mais tu avais aussi des qualités, même si on n'a pas eu le temps de savoir lesquelles."
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03/03/2011
Malo de Lange, fils de Personne
"Mais si je n'aidais que les saints, je serais au chômage, comme disait Jésus à son papa."
Malo de Lange poursuit ses aventures et, de déguisements en mauvaises rencontres, échouera dans l'enfer du bagne de Brest, ce qui nous vaudra au passage l'explication du juron si cher au capitaine Haddock.
Il aime aussi et ses amours sont bien évidemment contrariées car son rival n'est autre que le fils du préfet de police.
Un pied chez Dickens et l'autre chez Vidocq, l'inspiration de Marie-Aude Murail ne s'essouffle pas et nous donne un roman plein de pittoresque mais où les sentiments sont un peu moins présents. On ne s'ennuie pas une minute même si l'effet de surprise a disparu. Un roman confortable et qui tient toutes ses promesses !
Malo de Lange, fils de personne, Marie-Aude Murail, Ecole des Loisirs 2011, 243 pages qui fleurent bon l'arguche !
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29/05/2010
Le tueur à la cravate
"Il tuait tous ceux qu'il aimait."
Tout part d'une photo de classe que la jeune Ruth va déposer sur le site perdudevue.com. Son objectif? Différencier les jumelles Eve-Marie et Marie-Eve, respectivement sa tante et sa mère, décédées à vingt ans d'intervalle, la première ayant été assassinée par le mystérieux Tueur à la cravate.
Bientôt d'anciens condisciples des jumelles vont se manifester et tout l'univers de Ruth et de sa petite soeur Betsabée va être chamboulé. sans compter que de nombreux indices concourent à désigner leur père, Martin Cassel, comme étant l'assassin...
Dans son journal (qui s'arrête à la date du 25 mais alors que le roman sera achevé le 3 septembre 2009), Marie-Aude Murail déclare: "J'ai opté pour une intrigue à la Higgins Clark(...) mais avec une problématique adolescente."
Sans doute est-ce pour cela que je n'ai pas été totalement séduite , ni par l'intrigue trop prévisible et mécanique, ni par les personnages qui manquent singulièrement d'humanité et d'intérêt. Il m'a d'ailleurs fallu trouver un moyen mnémotechnique pour différencier une bonne fois pour toutes qui d'Eve-marie ou de Marie-Eve était le "gentille" jumelle.
A trop vouloir traiter de thèmes différents, à trop vouloir accumuler les soupçons sur un personnage central trop peu charismatique, le lecteur attend passivement que les choses passent...
Le tueur à la cravate, marie-Aude Murail, Ecole des loisirs Médium 2010 , 362 pages à réserver aux ados? ou aux amateurs d'intrigues bien carrées.
l'avis de Clarabel (le 13/5)
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01/12/2009
Malo de Lange, fils de voleur
"Il n'y a pas que les colliers de perles qui font plaisir aux dames, comme disait Salomé en recevant la tête de saint Jean-Baptiste sur un plateau."
Qui est vraiment Malo ? Il ne nous faudra pas moins de 272 pages riches en événements dramatiques pour connaître l'identité de cet enfant qui se sent tiraillé entre le bien et le Mal car il est "marqué" dans tous les sens du terme par son passé.
Tantôt honnête, tantôt "pégriot" (voleur minable), il ira de Tours à Paris, rencontrant le pire et le meilleur, connaissant le froid et la faim, mais arrivant toujours à se tirer d'affaires par son intelligence et son art de la manipulation, sachant "ouvrir le robinet à larmes " aussi bien pour gagner du temps que pour émouvoir.
Il endossera bien des identités, allant même jusqu'à se travestir en fille et fréquentera le monde des chauffeurs* (de sinistre mémoire), des venterniers**ou des frimousseurs***, jaspinant-pardon-parlant argot afin de mieux se fondre dans la masse des arnaqueurs de tout poil.
Enfants abandonnés, enfants volés, amours contrariées, monde haut en couleur des grinches (voleurs), coups de théâtres, moments d'émotion, Marie-Aude Murail reprend avec un enthousiasme contagieux tous ces motifs des romans d'aventures du XIXème siècle , et l'on trouve dans Malo De Lange, fils de voleur aussi bien des échos de Dickens ou d'Hector Malot("sans famille") que des aventures de Vidocq,aventures que je suivais jadis avec ravissement à la télévision.
Je craignais un peu que l'utilisation de l'argot (pas systématique d'ailleurs et toujours traduit) n'alourdisse le récit mais au contraire il le rend plus savoureux, tout comme d'ailleurs les comparaisons pince-sans rire et teintées d'humour noir de Malo qui ponctuent un récit qui n'a rien de mièvre. On se coule avec bonheur dans un texte qui réussit le pari de nous surprendre tout en nous conduisant sur des chemins connus. A dévorer sans plus attendre !
*bandit qui brûle les pieds des gens pour leur faire dire où sont leurs économies.
**voleur qui s'introduit dans les maisons par les fenêtres ouvertes.
***tricheur aux cartes.
Malo de Lange, fils de voleur, Marie-Aude Murail, École des Loisirs 2009, 272 pages qui fleurent bon l'aventure.
L'avis de Clarabel.
Un coup de coeur pour Lucien, chez Marie !
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18/09/2009
Charles Dickens
"Il faut que je fasse quelque chose ou je vais me ronger le coeur !"
Infatigable.Une force de la nature, ayant plusieurs romans en cours, plusieurs amours au feu aussi, une famille nombreuse à entretenir, des lectures publiques de ses oeuvres qui le laissent exténués -ce sont de vrais one man shows avant l'heure !- mais ravi, tel nous apparaît Dickens sous la plume alerte et fervente de Marie-Aude Murail.
Mais sous cette visible boulimie de vie , d'amour et de travail, il y a toutes les fêlures de cet ancien enfant qui dut assumer l'entretien de ses parents dès son plus jeune âge et qui n'oublia pas qu'il avait été pauvre , dénonçant sans trêve les injustices .
"- Personne n'est plus disposé que moi à reconnaître qu'il est dans son tort, dit-il un jour à un ami. Seulement je ne suis jamais dans mon tort.
Ce n'est pas tout à fait une plaisanterie. Entre les autres et lui, il y a un contentieux. il est l'enfant qu'on n' a pas aimé, l'adolescent qu'on a rejeté, le coeur qui n'a pas été compris. Les autres ont tort mais pas lui."
Ah elle l'aime et elle l'admire ce Charles qui a su la séduire très tôt et c'est cet amour sans doute qui nous le rend si proche et nous fait dévorer cette biographie qui file à toute allure, au gré de chapitres aux titres savoureux et pleins d'enthousiasme !
Charles Dickens, Marie-Aude Murail, Belles vies, Ecole des Loisirs 2005, 164 pages et de précieuses photographies du grand homme.
L'avis enthousiaste de Cuné.
Pour prendre le thé avec l'auteure autour de Charles Dickens, c'est ici !
Le site de l'auteure.
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17/07/2009
Papa et maman sont dans un bateau
Les Doinel , à première vue, constituent une famille comme les autres: le père, Marc, très sexy et gentiment voyou sur les bords,dirige une boîte de transport routier qui va être méchamment restructurée par des Hollandais. Nadine, la mère, s'efforce de remplir consciencieusement les fiches d'acquisition de ses élèves de maternelle . Charlie, la fille, a la tête dans ses séries de manga et le coeur à la dérive au collège, tandis que le petit dernier, Esteban, enfant précoce intellectuellement, s'efforce de supporter sans broncher les brimades de la cour de récréation de l'école primaire.
Chacun a donc ses problèmes mais personne n'en parle aux autres jusuqu'à ce que la photographie d'une yourte mongole dans un magazine ne viennent cristalliser tous leurs espoirs d'évasion, de nouvelle vie...
Avec le talent qu'on lui connaît, Marie-Aude Murail parvient à se glisser aussi bien dans la tête (et le coeur) d'un chef entreprise qui aurait pu "mal tourner", d'une instit sclérosée par les demandes de sa hiérarchie , d'une adolescente ou d'un gamin rêveur. Mais plus que le portrait d'une famille qui s'aime mais qui ne trouve plus le temps de se le dire, hâchée menu par la société de consommation, ce temps qui ne leur appartient plus (voir la liste d'activités de la mère le mercredi après-midi ou les appareils ménagers qui se détraquent à tour de rôel). Même l'école maternelle risque la déshumanisation, puis-qu'entre deux fiches d'évaluation, Marie Doinel, présentée comme une excellente instit, ne trouve plus le temps de s'intéresser à chacun de ses élèves et à leur personnalité naissante.
La restructuration de l'entreprise de transport , autrefois familiale, de transport est saisissante de vérité dans sa brutalité. Pas de vision édulcorée, pas d'angélisme, Marc Doinel nous est montré tiraillé entre sa volonté de sauver ses employés et de préserver sa dignité. Lui qui ne rentrait pas dans le moule de l'école a su donner sa chance à des êtres que la société avait définitivement catalogués et qui vont se trouver une nouvelle fois rejetés...
Malgré ce portrait très réaliste de la société violente dans laquelle nous vivons, l'auteure prend néanmoins le temps de dégager quelques îlots de tendresse et d'humour. Les mots sont là aussi pour alléger l'atmosphère même si les poèmes appris à l'école par Esteban sont eux aussi très sombres ...Pas de solution "miracle" pour résoudre les problèmes de chacun, il y a des dégâts collatéraux comme l'écrivent si bien les journaux, des dégâts mais aussi de l'espoir pour ceux qui savent saisir les opportunités et ne pas laisser les oeillères entraver leur chemin.Une TOTALE réussite qui dresse un portrait sans complaisance de notre société.
Papa et maman sont dans un bateau, Marie-Aude Murail, ecole des loisirs, collection medium, 294 pages saisissantes de vérité.
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20/01/2009
"Nous on n'aime pas lire"
"Je me suis rendue à plusieurs reprises en 2008 dans un collège "ambition réussite", pour voir comment je pourrais aider les professeurs à donner aux élèves le goût des livres et de la lecture." (extrait de la 4 ème decouverture). Vaste programme ! Dans ce récit l'auteure nous raconte donc l'expérience qu'elle a vécue et nous offre ses reflexions tant sur l'Education Nationale, certains pédagologues qu'elle fustige au passage, proposant des pistes de réflexion frappées au coin du bon sens, aidée en cela par son expérience d'ancien professeur. J'adhère en grande partie aux idées de Danièle Sallenave mais suis restée très en dehors de ce livre qui manque singulièrement de chaleur et d'empathie. L'auteure se montre très empesée, gourmée et même si au fil de l'expérience, elle semble s'attacher à ces élèves , elle ne peut se départir d'une certaine froideur.
Beaucoup plus de chaleur humaine et d'énergie bouillonnante dans le livre de Marie-aude Murail , paru il y a déjà quelques années et qui, très coloré et attractif ,nous donne des piste de lectures destinées aux ados. On sent chez l'auteure une véritable aptitude à transmettre cet amour des livres et de la lecture. Un livre revigorant !
06:00 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : nous on n'aime pas lire, danièle sallenave, marie-aude murail
05/01/2009
"J'aurais fait un petit garçon très acceptable, mais j'étais une fillette désespérante."
"Pour réussir un pique-nique, il faut prévoir six homards, un roulé de tête de veau, des feuilletés à la confiture, , beaucoup de bière, des jeunes gens, une vieille fille pour les surveiller, trois ou quatre enfants faciles, quelques messieurs mûrs,des ruines à visiter (rien à voir avec les messieurs mûrs), des fraises à cueillir, un orage en fin de journée. Tante Janet avait pensé à tout ."Ambiance champêtre donc, du moins en partie, pour Miss Charity.La campagne est vraiment l'endroit où l'héroïne de Marie-Aude Murail prend vraiment son envol, herborisant, recueillant des animaux, observant sans relâche et peignant "au plus près de la fontaine."Autant d'oasis de bonheur dans une vie très morne entre un père laconique lâchant quelques "En effet", lourds de sens et une mère possessive, tiraillée entre la volonté de marier sa fille et la peur panique de ne plus la régenter. On peut comprendre que dans une atmosphère aussi réfrigérante "Prudence, ma soeur aînée, avait renoncé à vivre trois heures après être née. Quant à Mercy, venue au monde deux ans plus tard, elle n'avait pas voulu tenter l'aventure plus d'une semaine."Charity, elle, tient bon gâce à une volonté sans faille et trouve des dérivatifs entre son "zoo" et ses pièces de Shakespeare apprises par coeur, passant ainsi pour une originale dans cette bonne société policée.
Ambiance urbaine en partie aussi dans ce Londres des années 1880, où une gouvernante à demi- folle raconte des histoires horrifiques à Charity petite fille, où l'on croise aussi bien des personnages comme sortis d'un roman de Dickens que les dramaturges Bernard Shaw ou Oscar Wilde.
Nous suivons Charity de son enfance à l'âge adulte avec un égal bonheur, partageons ses soucis et ses joies, la voyons prendre une indépendance toute relative mais ô combien choquante pour certains.On ne s'ennuie pas une seconde car Marie-Aude Murail a su s'imprégner de l'esprit anglais, pratiquant avec doigté l'humour britannique : "Mais Albert, je crois que c'est la deuxième fois qu'elle enterre sa mère.
-Auatnt que les choses soient bien faites."
Les illustrations de Philippe Dumas ont su trouver l'esprit de celles de Beatrix Potter-dont la vie a servi de base à Murail- sans pour autant les plagier et concourent à notre plaisir de lecture.
A lire quand il fait moche et froid, pour se réchauffer le coeur !
L'avis de Cuné qui vous enverra chez tous ceux qui l'ont aussi beaucoup aimé !
Marie-Aude Murail. Miss Charity.L'école des loisirs. Ne pas se laisser impressionner par les 563 pages qui se lisent d'une traite !
06:00 | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : miss charity, marie-aude murail, beatric potter, philippe dumas, so british