05/01/2009
"J'aurais fait un petit garçon très acceptable, mais j'étais une fillette désespérante."
"Pour réussir un pique-nique, il faut prévoir six homards, un roulé de tête de veau, des feuilletés à la confiture, , beaucoup de bière, des jeunes gens, une vieille fille pour les surveiller, trois ou quatre enfants faciles, quelques messieurs mûrs,des ruines à visiter (rien à voir avec les messieurs mûrs), des fraises à cueillir, un orage en fin de journée. Tante Janet avait pensé à tout ."Ambiance champêtre donc, du moins en partie, pour Miss Charity.La campagne est vraiment l'endroit où l'héroïne de Marie-Aude Murail prend vraiment son envol, herborisant, recueillant des animaux, observant sans relâche et peignant "au plus près de la fontaine."Autant d'oasis de bonheur dans une vie très morne entre un père laconique lâchant quelques "En effet", lourds de sens et une mère possessive, tiraillée entre la volonté de marier sa fille et la peur panique de ne plus la régenter. On peut comprendre que dans une atmosphère aussi réfrigérante "Prudence, ma soeur aînée, avait renoncé à vivre trois heures après être née. Quant à Mercy, venue au monde deux ans plus tard, elle n'avait pas voulu tenter l'aventure plus d'une semaine."Charity, elle, tient bon gâce à une volonté sans faille et trouve des dérivatifs entre son "zoo" et ses pièces de Shakespeare apprises par coeur, passant ainsi pour une originale dans cette bonne société policée.
Ambiance urbaine en partie aussi dans ce Londres des années 1880, où une gouvernante à demi- folle raconte des histoires horrifiques à Charity petite fille, où l'on croise aussi bien des personnages comme sortis d'un roman de Dickens que les dramaturges Bernard Shaw ou Oscar Wilde.
Nous suivons Charity de son enfance à l'âge adulte avec un égal bonheur, partageons ses soucis et ses joies, la voyons prendre une indépendance toute relative mais ô combien choquante pour certains.On ne s'ennuie pas une seconde car Marie-Aude Murail a su s'imprégner de l'esprit anglais, pratiquant avec doigté l'humour britannique : "Mais Albert, je crois que c'est la deuxième fois qu'elle enterre sa mère.
-Auatnt que les choses soient bien faites."
Les illustrations de Philippe Dumas ont su trouver l'esprit de celles de Beatrix Potter-dont la vie a servi de base à Murail- sans pour autant les plagier et concourent à notre plaisir de lecture.
A lire quand il fait moche et froid, pour se réchauffer le coeur !
L'avis de Cuné qui vous enverra chez tous ceux qui l'ont aussi beaucoup aimé !
Marie-Aude Murail. Miss Charity.L'école des loisirs. Ne pas se laisser impressionner par les 563 pages qui se lisent d'une traite !
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