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18/10/2010

Contrepoint. Anna Enquist #7

"Dans la boîte crânienne dominerait l'harmonie, rien que l'harmonie."

Une femme décrypte les variations Goldberg et, ce faisant , laisse affleurer à sa mémoire les souvenirs de sa fille, aujourd'hui disparue.51xwPvXQC+L._SL500_AA300_.jpg
Le pouvoir de la musique, celui des mots sont des thèmes chers à Anna Enquist qui les revisite ici avec une intensité très maîtrisée dans ce texte autobiographique. Et c'est cette maîtrise même qui , dans un premier temps ,m'a fait ruer dans les brancards . Pourquoi nommer les personnages "la mère", "la fille", les tenir  autant à distance ? Cette volonté de contenir l'émotion à tout prix correspond au cheminement de la mère qui , au fur et à mesure de ses interrogations sur l'interprétation des variations Goldberg cherche une restauration, une remise en ordre de son monde intérieur totalement bouleversé par cette catastrophe qu'est la mort de sa fille. Elle  établit aussi un pont par delà les années entre la vie de Bach , marquée par la douleur et la sienne.
J'avoue que toute une partie des interrogations concernant la musique m'est passé par dessus la tête mais l'émotion portée par l'écriture a su l'emporter et ce texte, tout corné qu'il est, je le relirai j'en suis sûre.

Contrepoint, Anna Enquist, traduit du néelandais par Isabelle Rosselin, Actes Sud 2010, 228 pages fortes et sensibles.

11/08/2009

Le saut. Anna Enquist #5

Même si la couverture indique" Nouvelles", ce sont bien six monologues , destinés à être joués,  qui sont regroupés sous le titre Le  saut.51XZQF5DT6L._SL500_AA240_.jpg
Autant vous le  dire d'emblée, je n'ai pas accroché totalement à  ces six textes,probablement  parce les indications de mise en scène rappellent constamment la nature véritable de ces  textes et que le théâtre lu n'aura jamais la même force que le théâtre joué. Nonobstant, nous retrouvons ici les thèmes chers à Anna Enquist: la  supériorité de la musique sur les mots : "Quand on ne peut pas parler, il  faut écouter de  la musique. la musique parle  sans les mots. Un morceau d emusique peut exprimer des  sentiments qui  sont trop  vagues ou trop  douloureux pour être pris au piège des mots. Ou trop  terribles.", la seconde  guerre mondiale, situation extrême et ses conséquences sur le comportement des gens ordinaires, la  lente descente dans la folie...
Par contre, nouveauté, Anna Enquist fait preuve dans la  premier texte d'un humour vachard et totalement irrévérencieux vis à vis de Malher. Reprenant la  figure emblématique de la femme artiste étouffée dans l'oeuf par le  pouvoir masculin, à  savoir Alma Malher qui  devra mettre  sous le  boisseau son talent  de compositrice  pour obéir à son génie de mari, Enquist, s'appuyant sur  des  faits historiques (la lettre de vingt pages dans laquelle le compositeur la somme de ne se  consacrer qu'à lui, si elle décide  de l'épouser !) éclaire d'un jour nouveau la  situation, la  montrant nettement moins caricaturale et plus complexe. Quant aux descriptions physiques  de  Malher, elles sont tout à fait  réjouissantes ! Un recueil à emprunter rien que pour ce  texte !
Quant à la quatrième de  couverture, une nouvelle fois, elle vous permet en quelques minutes de  connaître le  déroulement quasi  complet des six textes (soupir !).

Le saut, Anna Enquist, Pays-bas, 2003, Actes Sud, 2006.Traduction  de Annie Kroon.

31/07/2009

Le secret. Anna Enquist #2

Dora Dirique, dès l'enfance, n'a toujours vécu que pour la musique. Après avoir dû interrompre brusquement une carrière de pianiste, elle se réfugie dans une ville d 'eaux des Pyrénées française. Là, elle  qui ne s'est plus confrontée  à la musique depuis  des années,  vient de se faire livrer un piano, l'occasion pour elle d'affronter aux souvenirs du passé.  A savoir une enfance  aux Pays-bas durant la  seconde  Guerre mondiale entre une mère férue de chant, un père sombre qui veut à tout  prix protéger le  frère handicapé de Dora. Seule échappatoire à cette atmosphère pesante, les cours de son professeur de  piano. Tandis que Dora remonte le  temps, un homme qu'elle n'a pas su aimer traverse l'Europe pour la  rejoindre...4158NDN44ZL._SL500_AA240_.jpg
De facture plutôt classique ce roman d'Anna Enquist alternant passé  et présent,jusqu'à la révélation du Secret n'a pas su totalement me séduire , sans doute parce que je suis trop hermétique au monde de la musique .La description des sensations et des sentiments de l'héroïne est cependant tout à fait réussie et l'on suit sans aucun ennui ce roman langoureux.

Le secret, Anna Enquist, paru aux Pays-bas  en 1997,  chez Actes Sud en 2001.Babel 2003.  Traduit du néerlandais par Micheline Goche.

L'avis de Clarabel

16/03/2009

"Et ces manteaux-là, il ne serait que trop heureux de les tenir toute la soirée."

Cette douce obscurité est à la fois une citation d'un madrigal, spécialité de la musicologue Eliza, et représente également la situation dans laquelle se trouve le lecteur qui, au fil du récit, verra s'éclairer sous une autre jour bien des personnalités et des comportements.
Dido, orpheline bien plus mûre que ses neuf ans officiels, navigue avec assurance entre sa tante qui l'a élévée et le futur ex-mari de celle-ci, Giles. Giles, chanteur lyrique et Eliza, qui traîne une thèse de musicologie depuis des années, n'arrivent pas à se séparer franchement et définitivement. Il faudra le départ pour la Cornouailles d'Eliza et de Dido pour que tout se mette en marche ...51bVLiAwWaL._SL500_AA240_.jpg
Patrick Gale nous fait ici découvrir le monde de la musique classique, ses egos surdimensionnés et ses faiblesses cachées, et explore avec délicatesse habituelle les tours et détours de l'amour. Une très jolie balade et un récit plein de revirements et de surprises, évitant avec soin les écueils des clichés. On tremble jusqu'au bout : qui repartira avec qui, qu'adviendra-t-il de tous ces personnages auxquels nous nous sommes attachés ? (A noter un personnage d'agriculteur particulièrement craquant !)
534 pages sans mièvrerie, où je ne me suis pas ennuyée une minute !

Patrick Gale , Une douce obscurité, 10/18