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03/02/2017

Les livres prennent soin de nous...en poche

Ce n'est pas facile de dire à un tiers ce que l'on a vécu, et qui fait qu'on ne va pas bien. à qui en parler ? à un proche ? C'est prendre le risque d'être renvoyé au silence ou de l'entrainer dans son propre malheur. à un psychologue ou un psychiatre ? Mais le patient refuse souvent ce recours. Restent les livres et le bibliothérapeute."

Encore mal connue  en France, la bibliothérapie se propose de restaurer un espace à soi par l'intermédiaire des livres.régine detambel
Rien à voir avec le développement personnel "Car il faut qu'un livre soit plurivoque, un épais feuilletage de sens et non une formule plate, conseil de vie ou de bon sens, pour avoir le pouvoir de nous maintenir la tête hors de l'eau et nous permettre de nous recréer." Et Régine Detambel de célébrer la métaphore ainsi que l’aspect plurisensoriel du livre.
L'intuition doit présider au choix des livres, pas de systématisme dans les prescriptions ,car un même livre pourra se révéler remède ou poison selon son lecteur.
Telles sont donc les grandes lignes de cette thérapie que l'auteure, kinésithérapeute de formation , enseigne sous sa forme créative à Montpellier. Un avant-goût qui donne envie d'approfondir cette piste.

Babel 2017, avec une préface qui resitue un peu les faits par rapport à la polémique et aux accusations de plagiat (R. Detambel citent les personnes pionnières dans cette discipline).

05/02/2016

Son corps extrême...en poche

"Et tout le monde chante le silence des os dont on avait oublié le miracle."


De l'accident nous ne saurons rien ou presque. Et déjà cette manière d'entamer le récit en faisant fi de tout sensationnalisme , en abordant apparemment de biais ce qui n'est en fait "que" l'élément déclencheur m'a paru originale et de bon augure. régine detambel
La victime (peut être consentante) ? Alice, une femme aux abords de la cinquantaine qui va devoir se réapproprier un corps détruit. Une expérience de douleur et de reconstruction que nous suivrons au plus près, à l'intérieur même du corps souvent et l'écriture de Régine Detambel donne ici sa toute puissance , charriant les images,  associant les muscles et les mots de la poésie : "Et puis dire des poèmes , car dire un poème c'est marcher en chantant. Les poètes ont toujours quelque chose de rythmique à chuchoter, si bien que, même si on ne marche pas encore, on entend au moins des pas intérieurs qui se meuvent en silence."
Mais c'est  aussi au cœur de l'hôpital et de ses soignants que se vit cette expérience,  "L'hôpital [qui] démontre sa remarquable faculté à réveiller d'anciennes émotions  qui n'étaient oubliées qu'en surface." car c'est bien d'émotions qu'il s'agit, d'émotions et de douleurs vécues dans la fraternité, voire dans ce qui n'est pas de l'amour mais s'en approche de très près. Un texte formidable, à lire et relire pour mieux le laisser décanter et s'en imprègne.

Régine Detambel, Babel 2016.

 

30/03/2015

Les livres prennent soin de nous

"Ce n'est pas facile de dire à un tiers ce que l'on a vécu, et qui fait qu'on ne va pas bien. à qui en parler ? à un proche ? C'est prendre le risque d'être renvoyé au silence ou de l'entrainer dans son propre malheur. à un psychologue ou un psychiatre ? Mais le patient refuse souvent ce recours. Restent les livres et le bibliothérapeute."

Encore mal connue  en France, la bibliothérapie se propose de restaurer un espace à soi par l'intermédiaire des livres.régine detambel
Rien à voir avec le développement personnel "Car il faut qu'un livre soit plurivoque, un épais feuilletage de sens et non une formule plate, conseil de vie ou de bon sens, pour avoir le pouvoir de nous maintenir la tête hors de l'eau et nous permettre de nous recréer." Et Régine Detambel de célébrer la métaphore ainsi que l’aspect plurisensoriel du livre.
L'intuition doit présider au choix des livres, pas de systématisme dans les prescriptions ,car un même livre pourra se révéler remède ou poison selon son lecteur.
Telles sont donc les grandes lignes de cette thérapie que l'auteure, kinésithérapeute de formation , enseigne sous sa forme créative à Montpellier. Un avant-goût qui donne envie d'approfondir cette piste.

14/08/2011

Son corps extrême

"Et tout le monde chante le silence des os dont on avait oublié le miracle."


De l'accident nous ne saurons rien ou presque. Et déjà cette manière d'entamer le récit en faisant fi de tout sensationnalisme , en abordant apparemment de biais ce qui n'est en fait "que" l'élément déclencheur m'a paru originale et de bon augure.régine detambel
La victime (peut être consentante) ? Alice, une femme aux abords de la cinquantaine qui va devoir se réapproprier un corps détruit. Une expérience de douleur et de reconstruction que nous suivrons au plus près, à l'intérieur même du corps souvent et l'écriture de régine Detambel donne ici sa toute puissance , charriant les images,  associant les muscles et les mots de la poésie : "Et puis dire des poèmes , car dire un poème c'est marcher en chantant. Les poètes ont toujours quelque chose de rythmique à chuchoter, si bien que, même si on ne marche pas encore, on entend au moins des pas intérieurs qui se meuvent en silence."
Mais c'est  aussi au coeur de l'hôpital et de ses soignants que se vit cette expérience,  "L'hôpital [qui] démontre sa remarquable faculté à réveiller d'anciennes émotions  qui n'étaient oubliées qu'en surface." car c'est bien d'émotions qu'il s'agit, d'émotions et de douleurs vécues dans la fraternité, voire dans ce qui n'est pas de l'amour mais s'en approche de très près. Un texte formidable, à lire et relire pour mieux le laisser décanter et s'en imprégner.

Son corps extrême, régine Detambel, Actes Sud 2011, 147 pages dont beaucoup ont été cornées et recornées.

L'auteure lit un extrait du début de son roman ici.

17/05/2010

50 histoires fraîches

"Les heures bachi-bouzouks préparent le bonheur."

Certains des  personnages qui peuplent ces 50 histoires fraîches se regardent  dans un miroir, non dans une optique narcissique , mais pour "observer comment l'intérieur de moi se glisse hors de moi et s'il peut jamais y avoir un rapport entre ce que je suis et ce que je vois de moi.", pour donner aussi de la densité à un moment où tout vacille, on ne sait trop pourquoi. D'autres y voient des fantômes car nous sommes le réceptacle de ce que nous avons vécu et de tout l'arbre généalogique qui tremble en nous.
D'autres se plaignent du nombre d'heures à attendre un bonheur qui ne vient pas, beaucoup d'heures sans importance où il faudrait savoir écouter "ces bruits qui s'entrouvrent" pour épaissir la vie.4148VlWbk0L._SL500_AA300_.jpg
Les mots aussi pourraient nous aider,car "Il est des mots sorciers, ayant pouvoir sur l'âme, sur l'oreille des mots qui, avant d'avoir été dits, avant même d'avoir été  tout à fait entendus , ont agité la caisse du tympan et parlé directement aux os du crâne."; ces mots contre lesquels bataille une écrivaine, les prenant à bras le corps,  aspergeant d'encre son univers...
L'amour, la mort, l'écriture, la vie apparemment trop fade, Régine Detambel les décrit avec une sensualité, une gourmandise jamais repue.
50 histoires fraîches pour dire la vie brute, celle qu'on envisage d'un oeil neuf, non sans un humour parfois désenchanté.
Une langue riche, pleine de sève qui irrigue ces 50 histoires qui s'éclairent les unes les autres, se répondent parfois, 50 histoires où toujours dénicher au moins une phrase qui résonne en nous. A lire et relire.

50 histoires fraîches, Régine Detambel, Gallimard 2010, 226 pages savoureuses.