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14/08/2011

Son corps extrême

"Et tout le monde chante le silence des os dont on avait oublié le miracle."


De l'accident nous ne saurons rien ou presque. Et déjà cette manière d'entamer le récit en faisant fi de tout sensationnalisme , en abordant apparemment de biais ce qui n'est en fait "que" l'élément déclencheur m'a paru originale et de bon augure.régine detambel
La victime (peut être consentante) ? Alice, une femme aux abords de la cinquantaine qui va devoir se réapproprier un corps détruit. Une expérience de douleur et de reconstruction que nous suivrons au plus près, à l'intérieur même du corps souvent et l'écriture de régine Detambel donne ici sa toute puissance , charriant les images,  associant les muscles et les mots de la poésie : "Et puis dire des poèmes , car dire un poème c'est marcher en chantant. Les poètes ont toujours quelque chose de rythmique à chuchoter, si bien que, même si on ne marche pas encore, on entend au moins des pas intérieurs qui se meuvent en silence."
Mais c'est  aussi au coeur de l'hôpital et de ses soignants que se vit cette expérience,  "L'hôpital [qui] démontre sa remarquable faculté à réveiller d'anciennes émotions  qui n'étaient oubliées qu'en surface." car c'est bien d'émotions qu'il s'agit, d'émotions et de douleurs vécues dans la fraternité, voire dans ce qui n'est pas de l'amour mais s'en approche de très près. Un texte formidable, à lire et relire pour mieux le laisser décanter et s'en imprégner.

Son corps extrême, régine Detambel, Actes Sud 2011, 147 pages dont beaucoup ont été cornées et recornées.

L'auteure lit un extrait du début de son roman ici.

Commentaires

Sûrement un très beau livre mais je passe. Bisous Cath et bon dimanche

Écrit par : ptitlapin | 14/08/2011

Sûrement un très beau livre mais je passe. Bisous Cath et bon dimanche

Écrit par : ptitlapin | 14/08/2011

Ah la je note. Bon dimanche !

Écrit par : Un autre endroit... | 14/08/2011

Ouh là là, à lire très certainement "au bon moment", je note mais avec précaution... même si j'aime beaucoup ces histoires de "corps en reconstruction".
Bon dimanche Cath !!

Écrit par : antigone | 14/08/2011

J'ai peur que cela réveille de vieilles blessures, je ne sais pas

Écrit par : Stephie | 14/08/2011

rTrop de souvenirs d’hôpitaux, de corps malades, mon grand père et l'handicap, je passe

Écrit par : michel | 14/08/2011

à tous : un thème pas facile, c'est vrai mais un livre terriblement attachant !

Écrit par : cathulu | 14/08/2011

Je le note !

Écrit par : Anne | 15/08/2011

Le sujet a l'air grâve mais je note tout de même dans un coin de ma tête vu ton enthousiasme...

Écrit par : Noukette | 15/08/2011

Noukette, très bonne idée!:))

Écrit par : cathulu | 15/08/2011

Merci de vos commentaires, c'est à lire en effet (et je sais de quoi je parle !), mais sans oublier l'essentiel : l'importance d'une vie en exercice ! Son corps extrême est un ouvrage né de l’idée même d’exercice, non pas du banal entretien physique que je pratique moi-même, mais surtout des résultats obtenus quand, au sein de mon cabinet de kinésithérapie, j’ai «fait faire» des exercices à mes patients. L’exercice et l’habitude de l’exercice combattent les forces d’inertie qui ont fini par nous gouverner à notre insu, devenant un lourd complexe d’habitudes sédimentées, qui nous lestent, et font tellement partie de notre identité qu’on croit se dessaisir d’un trésor personnel en luttant contre elles !
Alice, dans Son corps extrême, s’adonne à son tour à cette vie exercée, à cet exercice de la vie, à cette existence en exercice.
Pour ce qui est des influences lisibles dans ce roman, j’ai lu avec passion le Nietzsche des réflexions diététiques de Ecce homo. Ensuite, au travers des pensées de Foucault, Dewey, James, Shusterman, Sloterdijk (notamment Tu dois changer ta vie), j’ai apprécié les philosophies qui tiennent compte de l’exercice du corps, de l’énergie qu’il insuffle à la pensée. Et j’ai toujours constaté que l’énergie et l’autorité de ces théories diverses me revigoraient, intellectuellement, physiquement. D’où la transformation d’Alice, dans le roman, cette tension verticale qui soudain l’anime, comme si le kinésithérapeute était un gourou, tout au moins un coach, un entraîneur, et la salle de rééducation un dojo ou un monastère. Le langage de la mise en forme est une langue assez neuve encore, capable d’engendrer de nouvelles motivations pour produire de nouveaux efforts.
Dans le cas d’Alice, il s’agit de s’intéresser aux possibilités d’un dépassement de la maladie qui produise un sens, là où la patiente ressent un vide total. Ce que j’ai expérimenté, en tant que thérapeute, est que le «simple fait» de diriger des exercices, de compter de un à vingt, de surveiller la respiration, de pousser un patient dans ses retranchements, peut relancer sa vitalité, et soudain créer un besoin de mouvement dans une existence morne et qui semblait perdue. Le simple fait de «s’y mettre» est un élan qui pousse en avant, un élément lanceur de soi, qui entame l’ascension, sans nul besoin de bonnes raisons morales ou spirituelles ou métaphysiques. «Avec ou sans Dieu, chacun ne va que jusqu’où sa forme le porte» écrit Peter Sloterdijk. Le thérapeute ou le coach est littéralement en position de ranimer les volontés, de tirer vers le haut.

Écrit par : RD | 17/08/2011

Merci, Régine Detambel pour toutes ces précisions. je note d'emblée toutes les références que vous donnez car cette problématique me touche de près et me passionne !

Écrit par : cathulu | 17/08/2011

Un livre magnifique que j'ai moi aussi adoré !

Écrit par : Liliba | 19/08/2011

Moi aussi, j'ai adoré. Et si le livre est puissant il ne faut pas en avoir peur. C'est un hymne à la vie. Il y a des moments extraordinaires comme la nuit des Perséides, des moments drôles comme l'histoire de la miraculée de Lourdes, le curieux destin du poisson rouge. En tout cas, j'ai lu ce roman d'un seul trait. Excellent.

Écrit par : Marion | 23/08/2011

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