29/01/2010
Park life
"...il m'a semblé que nous étions intimes , comme si elle avait le double de la clé de ma chambre."
Un jeune employé, seul ou accompagné de son collègue senior, a pour habitude de se ressourcer dans un parc niché au milieu des buildings de Tôkyô. Nous allons l'accompagner au fil de ses rencontres et comme lui frôler les vies des différents personnages plus ou moins pittoresques qu'il y croise.
Ce très court roman (115 pages) est surprenant à plus d'un titre. D'abord parce que l'intrigue est très ténue mais suscite néanmoins notre intérêt de bout en bout. Il est ici question d'un héros -dont l'anonymat ne sera jamais levé- qui éprouve des difficultés à établir des relations amoureuses dans la réalité mais semble davantage doué pour la vie virtuelle, de couples qui, apparemment ne peuvent vivre ensemble, même s'ils s'aiment , mais tout cela est évoqué en pointillés et non de manière pesante.
Que l'action se déroule au Japon est également intéressant car cela nous permet de percevoir les différences culturelles. Ainsi notre salary man feint -il d'entretenir une conversation intime au téléphone portable à voix haute pour gêner et ainsi déloger le couple qui occupe "son " banc"...
Enfin, même si la traduction est parfois ampoulée (Gérard Siary qui signe aussi la postface semble particulièrement friand de verbe "muser"), elle ne parvient pas à dénaturer la délicatesse du style. Bref, un très joli moment de lecture.
Park life, Yoshida Shuichi, traduit du japonais par Gérard Siary et Mieko Nakajima-Siary, Picquier poche, 2010. 115 pages, une petite bulle de délicatesse.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : yoshida shuichi, japon, relations humaines
04/09/2008
"Qu'ont-ils fait de toi, ma petite pierre ? "
"Pour vous" est l'agence qu'a créée Delphine, agence discrète destinée à satisfaire les demandes les plus bizarroïdes en matière de relations humaines. Scandé par les rapports circonstanciés et les tarifs de ses prestations, la narratrice, créatrice et directrice de ces prestations de services , égrène les récits de ses interventions, nous raconte ses débuts quasi involontaires ainsi que son évolution- bien involontaire- au contact d'un client tout à fait particulier qui lui ouvrira, peut être, enfin, le chemin de la compassion.
D'emblée, le premier chapitre nous plonge dans un atmosphère opressante quand nous découvrons jusqu' où Delphine est allée et ce sans le moindre état d'âme. Pas question ici d'empathie ou d 'altruisme. Tout est question de tarifs. Les demandes des clients : "Il n'est rien dont nous ne fassions commerce, la vie, l'amour, la mort."- sont dérangeantes à plus d'un titre. Comment peut-on se sentir si seuls et demander à une étrangère de mimer des sentiments ? Comment peut-on accepter de telles demandes ? Je ne vous les détaillerai pas , vous laissant le soin de les découvrir avec peut être le même sentiment d'angoisse que celui que 'jai éprouvé. Certes, Delphine va évoluer mais on peut se demander si elle n'a pas vraiment loupé le coche en chossissant de se calfeutrer dans une telle carapace, bien à l'abri des sentiments, cette absence étant "l'âme et la colonne vertébrale de Pour vous." Un jour Delphine va ouvrir ce qu'elle appelle elle-même, la boîte de Pandore,boîte qui rappelons-le contenait les malheurs et les maladies. Seule était restée l'espérance...
Un roman dérangeant où l'on retrouve l'écriture souple et délicate de Dominique Mainard. Un roman qui nous invite à une réflexion sur notre société et sur les rapports humains, nous offrant au passage une galerie de personnages plus vrais que nature.
06:06 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : ouverture à la vie, relations humaines, dominique mainard, pour vous