09/03/2018
Un avenir...en poche
"Quittez cet endroit, me direz-vous , mais j'ai laissé passer le moment où c'était encore possible, a dit la femme, dans la plupart des cas, nous laissons passer ce moment."
Paul, malgré un "rhume colossal" parcourt les 300 kilomètres le séparant de la demeure familiale, pour vérifier qu'un robinet a bien été purgé. C'est en effet le prétexte qu'a trouvé son frère Odd- qui lui a annoncé par courrier qu'il disparaissait pour un certain temps- pour le faire revenir à la maison .
Bientôt la neige va bloquer Paul qui aura ainsi tout le loisir de revenir sur son passé et de reconstituer progressivement l'histoire de sa famille, une famille haute en couleurs !
"Cascade narrative" annonce la quatrième de couverture et c'est tout à fait cela. On se retrouve embarqué dans un récit où les identités se constituent par petites touches, souvent par paires qu'on devine potentiellement interchangeables, où les destins se jouent à peu de choses, évoluent de manière surprenante et où les lieux et les moyens de transport (parfois saugrenus) jouent un rôle essentiel ...La boucle sera bouclée mais nous serons entre temps passés des paysages alpestres enneigés aux terrasses monégasques sans oublier un petit détour par la Malaisie.
Il faut accepter de perdre ses repères pour embarquer dans le récit de Paul et le laisser décanter pour mieux le savourer.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : véronique bizot
07/03/2018
Futurs parfaits
"C'est alors qu' à la façon dont il m'a regardée j 'ai entrevu que la chambre de Compiègne était sur le point de m'être proposée, et si grand a été mon effroi que je me suis mise à tousser."
Dans les onze nouvelles de Futurs parfaits règne une stratosphère subtilement décalée où de longues phrases désorientent subtilement le lecteur.
Tout est ici dans la nuance, on pourrait basculer dans le fantastique, le burlesque ou l'humour noir, si fréquemment présents dans la forme courte, mais dans ce recueil même la chute des textes est amortie.
Les maisons ne sont jamais des lieux de refuge, il faut les vendre , on les occupe à peine, et l'un des personnages se fait même construire "une maison invivable". Chaque personnage est surprenant mais de manière discrète, polie, sans ostentatoire.
Un parcours dont on sort un peu étourdi mais fasciné.
Actes Sud 2018.
De la même autrice : clic, clic,, clic et reclic
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : véronique bizot
05/02/2014
âme qui vive
"Et il est un fait que pendant ces visites ma solitude m'apparaît comme en relief,je la perçois clairement, distante de moi mais palpable, cependant j'ai définitivement cessé de me faire pitié, si bien que je ne m'en émeus plus."
Quatre hommes , très différents, que ce soit par l'âge, leur activité, leur passé (dont nous n'apprendrons que des bribes) expérimentent la solitude dans un univers de brouillard et de campagne un peu montagneuse.
Le narrateur qui ne s'exprime plus depuis un événement traumatique prend en charge le récit et observe la chorégraphie de ces personnages qui ,bien que solitaires, ne peuvent vivre sans maintenir des liens avec les autres.
Des événements ,minuscules ou pas, viennent briser l'austérité choisie de ces vies, avec une volonté de briser toute prévisibilité narrative. Amateurs de récits cadrés, formatés, passez votre chemin ! Un long paragraphe par chapitre, sans que pourtant le lecteur se sente étouffé, telle est ici la mesure de l'écriture de Véronique Bizot. On sourit, on s'étonne, on souligne , on s'émerveille devant plein de phrases comme celle-ci : "Les choses paraissaient plus solides que chez nous, comme absorbées dans une sourde densité qui tenait le monde à l'écart." Et le lecteur d'acquérir un regard neuf, à l'image du narrateur, plongé dans un univers à la fois si proche et si étrange.110 pages hors-normes, hérissées de marque-pages !
Âme qui vive, Véronique Bizot, Actes Sud 2014.
Du même auteur: clic
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : véronique bizot
26/08/2011
Un avenir
"Quittez cet endroit, me direz-vous , mais j'ai laissé passer le moment où c'était encore possible, a dit la femme, dans la plupart des cas, nous laissons passer ce moment."
Paul, malgré un "rhume colossal" parcourt les 300 kilomètres le séparant de la demeure familiale, pour vérifier qu'un robinet a bien été purgé. C'est en effet le prétexte qu'a trouvé son frère Odd- qui lui a annoncé par courrier qu'il disparaissait pour un certain temps- pour le faire revenir à la maison .
Bientôt la neige va bloquer Paul qui aura ainsi tout le loisir de revenir sur son passé et de reconstituer progressivement l'histoire de sa famille, une famille haute en couleurs !
"Cascade narrative" annonce la quatrième de couverture et c'est tout à fait cela. On se retrouve embarqué dans un récit où les identités se constituent par petites touches, souvent par paires qu'on devine potentiellement interchangeables, où les destins se jouent à peu de choses, évoluent de manière surprenante et où les lieux et les moyens de transport (parfois saugrenus) jouent un rôle essentiel ...La boucle sera bouclée mais nous serons entre temps passés des paysages alpestres enneigés aux terrasses monégasques sans oublier un petit détour par la Malaisie.
Il faut accepter de perdre ses repères pour embarquer dans le récit de Paul et le laisser décanter pour mieux le savourer.
Un avenir, Véronique Bizot, Actes Sud 2011, 104 pages déroutantes et savoureuses.
L'avis de Mélopée
06:00 Publié dans rentrée 2011, romans français | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : véronique bizot
20/08/2011
Mon couronnement ...en poche
Sur les gens habitués à réfléchir, avait-il ajouté, Le Touquet agissait comme un lavage de cerveau , et ils ne le toléraient naturellement pas."
108 petites pages qui se calent avec aisance dans la main et racontent Mon couronnement, celui d'un scientifique à la fin de sa vie, pour une découverte dont il a tout oublié -ou presque- et qui ne sera jamais précisée...
Gentiment mais fermement pris en main par sa femme de ménage qui ne jure que par " un bon plat de petites lentilles" pour se remettre d'aplomb, le narrateur fait face à ce déferlement de visites et à cette notoriété subite dont il n'a que faire. C'est aussi l'occasion pour lui de renouer avec son passé, passé lacunaire dont le lecteur complètera les pointillés...Mais c'est lors d'une escapade sur la Côte d'Opale que l'absurdité de l'existence ,qu'il ne cesse de souligner, culminera dans un discours pseudo scientifique hilarant sur les typologies respectives des habitants d'Etaples et du Touquet. Un monde où rôde une folie douce, une folie en sourdine, un monde d'une étrangeté familière. 108 pages, un excellent format, à la fois dense et léger.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : véronique bizot
13/01/2010
Mon couronnement
"Sur les gens habitués à réfléchir, avait-il ajouté, Le Touquet agissait comme un lavage de cerveau , et ils ne le toléraient naturellement pas."
108 petites pages qui se calent avec aisance dans la main et racontent Mon couronnement, celui d'un scientifique à la fin de sa vie, pour une découverte dont il a tout oublié -ou presque- et qui ne sera jamais précisée...
Gentiment mais fermement pris en main par sa femme de ménage qui ne jure que par " un bon plat de petites lentilles" pour se remettre d'aplomb, le narrateur fait face à ce déferlement de visites et à cette notoriété subite dont il n'a que faire. C'est aussi l'occasion pour lui de renouer avec son passé, passé lacunaire dont le lecteur complètera les pointillés...Mais c'est lors d'une escapade sur la Côte d'Opale que l'absurdité de l'existence ,qu'il ne cesse de souligner, culminera dans un discours pseudo scientifique hilarant sur les typologies respectives des habitants d'Etaples et du Touquet. Un monde où rôde une folie douce, une folie en sourdine, un monde d'une étrangeté familière. 108 pages, un excellent format, à la fois dense et léger.
Véronique Bizot confirme ici tout le bien que je pensais déjà d'elle après avoir lu son recueil de nouvelles Les sangliers. Billet ici !
Merci Cuné !:)
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : véronique bizot, absurde, humour