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16/07/2018

Mariage contre nature

"C'était comme si son visage avait oublié qui il était."

Après quatre années de mariage, San, jeune femme au foyer, se rend compte que son mari et elle se ressemblent physiquement de plus en plus. Elle n'est d'ailleurs pas la seule à le constater, des regards extérieurs le confirment et une voisine lui recommande même une méthode un peu magique pour  récupérer son individualité.yukiko motoyaMalgré cette mise en garde,San, comme engourdie par le gras, l’alcool et les programmes de variétés que lui prodigue son mari ,se laisse pourtant glisser vers une fusion autodestructrice.
Dans ce roman, dévoration, phagocytage sont des métaphores (parfois crues) prises au sens propre du mariage. La narratrice est bien consciente de sa tendance à se laisser envahir par l'autre et multiplie les images végétales pour en rendre compte. 
C'est peut être d'ailleurs du côté de la nature et non de la culture (son mari après le travail veut juste se vider la tête) que viendra la solution.
Roman très court, un peu fantastique, Mariage contre nature séduira le lecteur qui n'aura pas peur de se faire un peu rudoyer .

De la même autrice: clic

 

15/11/2016

Comment apprendre à s'aimer

"Linde rit."Moins j'ai confiance en moi, plus je m'en donne l'air." C’était la seule qualité qu'elle pouvait se vanter d'avoir acquise."

Avec beaucoup de délicatesse, un soupçon de poésie et une rudesse feutrée, Yukiko Motoya nous propose des instantanés d'une même femme, Linde,à différent âges de sa vie.yukiko motoya
Si les premiers textes suivent l'ordre chronologique,  (16 , 28, 34 et 47 ans), il faut attendre l'avant dernier pour avoir un épisode révélateur se déroulant à l'école maternelle (alors qu'elle a trois ans )pour que notre vision du personnage se  réorganise et que nous ayons l'explication de son prénom si original.
L'avoir placé juste avant celui de ses soixante- trois ans me paraît fort judicieux car les deux  textes permettent de voir l'évolution du personnage.
Linde peut apparaître insatisfaite, mais il me semble surtout qu'elle peine à trouver sa place et se soucie beaucoup du regard des autres, n"hésitant pas par exemple à mettre en scène sa maison pour le regard d'un personnage qui pourrait paraître anodin mais joue un rôle important dans sa vie : le livreur de colis.
Nous ne connaissons pas tout de Linde,mais cette vacuité nous la rend encore plus proche peut être car chacun peut y projeter ce qu'il veut, remplir les pointillés à sa guise.
J'avoue que dans un premier temps ce roman m'a paru seulement intéressant du point de vue de la description de la vie quotidienne, mais dans un second temps, avec la lecture du chapitre consacré à la petite enfance, tout a gagné en profondeur.
Une vie ordinaire mais dont la description distille un réconfort subtil.

Comment apprendre à s'aimer, MOTOYA Yukiko, traduit du japonais par Myriam Dartois-Ako, Picquier 2016, 152 pages au charme exquis