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29/04/2014

Bilan avrilesque

Peu de films marquants ce mois...

Seul,Elle s'appelle Ruby, qualifiée de comédie, fantastique, romance, mélange improbable à première vue, a su à la fois me séduire et m'intriguer. Beaucoup de fraîcheur à première vue dans cette histoire d'un jeune prodige- monté en graine- de la littérature qui n'arrive plus à écrire jusqu'au jour où il décrit dans un texte une jeune femme.... qu'il va rencontrer dans la vie réelle.20217764.jpg
Reprenant le mythe de Pygmalion dans le domaine littéraire, les réalisateurs sous des dehors plaisants tirent peu à peu la comédie vers un peu plus de noirceur jusqu'à une scène où culmine le sadisme jusque là latent du créateur envers sa créature. Une dernière pirouette relance la machine et la mise en abîme.
à noter un Antonio Banderas absolument craquant en hippie chic aux cheveux gris...

Dans le genre improbable  et brève rencontre, Le temps de l'aventure,  un film plein de charme avec une Emmanuelle Devos qui n'a jamais été aussi bien filmée.20493769.jpg-r_160_240-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg Lumineuse et très juste, elle donne de la densité à ce personnage de femme un peu déstabilisée, qui attirée par la tristesse d'un bel anglais absolument charmant, va s'arranger pour le rencontrer une nouvelle fois plus longuement. Une brève  aventure qui contraste avec les messages sans réponses qu'elle lance en vain à son amoureux. Une douce mélancolie baigne ce film qui propose un très joli portrait de comédienne.

28/04/2014

Vacances à l'anglaise

"Qu'avait donc cette maison ? Elle détraquait tout le monde."

Après le décès de leur mère, Richard décide d'inviter la famille de sa sœur, dont il n'a jamais été très proche, pour des vacances au Pays de Galles. Mais la combinaison de quatre adultes ayant peu d'atomes crochus, trois ados en pleine explosion hormonale et un enfant bourré d'imagination, le tout largué au milieu d'une campagne somptueuse mais dotée d'un réseau peu favorable aux portables risque de provoquer un cocktail détonnant...mark haddon
Si l'ambiance de la maison de vacances est parfaitement bien rendue, le choix de l'auteur d’alterner les points de vue, même si l'on repère très vite l'identité du personnage ,donne au roman un côté par trop "haché", qui nuit à la fluidité du récit. Un bon moment mais rien d'exceptionnel.

 

Merci Clara pour ce roman so british à lire pendant des vacances pluvieuses pour être totalement raccord !

Par l'auteur du bizarre incident pendant la nuit.

25/04/2014

So long, Luise...en poche

"Un jour, je ferai cesser ce gourgandinage."

Qui dit testament dit en général roman bien huilé, secrets de famille, amour, haine , règlements de comptes grinçant à tous les étages.
Rien de tel chez Céline Minard . Si la narratrice- dont nous ne connaîtrons jamais la véritable identité- romancière de son état, revient bien sur son passé, éclairant pour sa compagne, Luise, des événements dont cette dernière n'avait pas perçu toutes les facettes, c'est pour mieux pulvériser tous les clichés du genre et montrer la toute puissance des mots.412bMXlMZGL._SL160_PIsitb-sticker-arrow-dp,TopRight,12,-18_SH30_OU08_AA160_.jpg
En effet, par ce qu'elle appelle jactance, la narratrice arrive à produire les effets les plus divers chez ses auditeurs médusés. Effet hypnotisant du langage parfaitement manié.
De la même façon, mêlant anglais et ancien français par petites touches, convoquant gnomes, pixies et brownies dans une sorte de flot tour à tour furieux et serein, au gré des humeurs de sa narratrice, Céline Minard entraîne son lecteur dans un texte surprenant à plus d'un égard, poétique, ludique et parfois érotique, qui le laisse parfois désorienté mais épaté par tant de virtuosité (mais comment fait-elle? !!)et d'amour du langage. Mensonges , (re)création voire récréation ,car l'humour est souvent présent, sont au coeur de ce roman jubilatoire  qui est aussi un acte d'amour...On glisse d'un univers à un autre de manière imperceptible , tout ne sera pas éclairci ,mais peu importe car il faut se laisser charmer- au sens fort du terme- par cette narratrice qui fait les quatre cents coups et ne s'en laisse compter par personne, colonie de nains bûcherons ou auto-stoppeur !
Céline Minard use du langage comme une magicienne, montrant dans ce vrai-faux testament que "nous ne possédons rien, si ce n'est la puissance et, peut être le talent de recréer, allongé sous un saule dans un fauteuil articulé, ce que nous avons soit-disant déjà vécu."

24/04/2014

La femme qui dort

"Si une épidémie répandue par Dieu et non par le diable pouvait exister, qui ne plongerait pas les hommes dans un profond malheur mais les entraînerait vers la béatitude, cette épidémie devrait s'appeler N'kunre."

Les origine de N'kunre, Mieux encore que les fleurs et la femme qui dort, trois nouvelles aux tonalités extrêmement différentes et très dépaysantes. La première l'est d'autant plus qu'elle se déroule en Amérique du sud et flirte avec le conte ou plutôt le récit initiatique.ikezawa natsuki
Les deux autres sont contemporaines et proposent des visions très particulières du couple. Ainsi dans la seconde, là où des occidentaux verraient une histoire mettant en scène ce qu'il est convenu d’appeler une couguar, Ikezawa Natsuki  envisage les faits d'une manière vraiment originale. Quant à La femme qui dort, elle nous permet de voir que même l'univers onirique des japonais n'a rien à voir avec le notre...

Des récits troublants .

La femme qui dort, traduit du japonais par Corinne Quentin, picquier poche 2014, 134 pages.

22/04/2014

Miscellanées à l'usage des gens heureux (ou désirant le devenir)

"Plus une personne participe à des activités culturelles, plus elle est heureuse."*

Il y a neuf ans (déjà!) nous découvrions et nous entichions des miscellanées , florilège de fragments littéraires remis au goût du jour.agnès michaux,anton lenoir,citations,bonheur
Agnès Michaux et son compère Anton Lenoir ont choisi pour ce recueil un thème  parlant à tous: le bonheur.Mêlant, entre autres,  définitions du bonheur selon des célébrités quelque peu décalées à des articles nettement plus érudits où j'ai eu le plaisir de découvrir les mots "apotropaïque" **ou le néologisme inventé par Tolkien "l'eucastrastrophe"***, ce qui réjouit toujours mes neurones  !
Qu'on le picore ou qu'on le dévore d'une traite ce recueil vous mettra forcément le moral au beaux fixe !
J'y ai pour ma part déniché une citation particulièrement imagée : "Je pense que le secret du bonheur , c'est d'avoir l'esprit en Teflon. Quelle que soit la chose qui se présente , soit vous laissez glisser, soit vous faites votre petite cuisine avec." (Diane Lane, actrice américiane) )

Éditions Autrement 2014, 117 pages à (s') offrir.

*Selon la récente étude de Koenraad Cuypers, du Nord-Trondelag Health Study Research Center  de l'université norvégienne de sciences et de technologie.

** sert à qualifier un objet, une formule ou un rite dont le but est de conjurer le mauvais sort.Vous refusez de passer sous une échelle ? Rite apotropaïque.

*** désigne le moment précis où la situation se retourne, où le mal qu'on croyait jusque là devoir gagner le combat est finalement vaincu. à ne pas confondre avec le happy end, qui est une conclusion et non un retournement.

21/04/2014

La soirée de Mrs Dalloway

"-de temps en temps, il lui venait malgré tout des instants délicieux, par exemple l'autre soir en lisant au lit, ou à pâques au bord de la mer, sur le sable, au soleil,-oui, retrouve cela-une grande touffe d'herbe jaillissant toute tordue du sable, tel un faisceau de lances contre le ciel lisse, ferme, dur et bleu comme un œuf de porcelaine, et puis la mélodie des vagues -"Chu-u-ut, chu-u-ut", disaient-elles, et les enfants piaillaient en pataugeant-oui cela avait été un instant divin, et elle sentait qu'en de tels instants elle se lovait dans la main de cette déesse qui était le monde- déesse un peu cruelle mais combien belle-comme un petit agneau déposé sur l'autel (des absurdités de ce genre vous traversaient parfois l'esprit, ce n'était pas grave du moment qu'on ne les disait pas)."

Des nouvelles de Virginia Woolf, traduites et présentées par Nancy Huston, éditées aux Allusifs, une combinaison imparable pour un moment de pur bonheur !
Rédigées pendant et après l'écriture du roman Mrs Dalloway, ces textes avaient été rassemblés dans un premier temps par Stella Mc Nichol. Ils nous permettent non seulement de retrouver le personnage principal du roman mais aussi de croiser d'autres invités  de sa réception, inconnus du roman. On peut , comme Nancy Huston, les considérer comme une belle introduction à l'univers de Virginia Woolf et à sa pratique du stream of consciouness (monologue intérieur) mais aussi comme l'occasion rêvée de prolonger le plaisir de la lecture du roman.virginia woolf,nancy huston
Personnages ambivalents, se réjouissant à l'idée de l'énergie effervescente dégagée par cette soirée mais simultanément empêtrés dans leurs inhibitions, ils/elles se laissent aller à des rêveries champêtres , souvent placées sous le signe du féminin, les réalisations architecturales et industrielles étant de l'ordre du masculin.
Il faut se laisser porter par cette écriture musicale et imagée, sinueuse, mais ne se perdant jamais en route, et profiter de ces rencontres imposées par la mondanité qui donnent lieu à de subtiles passes d'armes, des revirements improbables et fugaces.

 Du coup, j'ai envie tout à la fois de relire Mrs Dalloway mais aussi Les Heures de Michael Cunningham et de revoir son adaptation ciné avec Merryl Streep !

La soirée de Mrs Dalloway, Virginia Woolf, traduit de l'anglais par Nancy Huston, Les Allusifs 2014, 76 pages brillantissimes !

 

19/04/2014

"Loves letters" by Metronomy


Aux manettes, Michel Gondry, bien sûr. Apparemment bricolé, mais tout est hyper précis et fluide ! J'adore les gens qui dansent et battent des mains en arrière plan !

Une superbe énergie !

Le jeu des ombres

"L'idée de symétrie était si puissante que pendant de longues années je ne compris pas que la structure s'était gauchie."

Un couple, lui ,peintre, elle, son unique modèle, se délite .Le tout sous les yeux de leurs trois enfants. Écrit ainsi, cela paraît trivial, voire pire. Sous la plume de Louise Erdrich cela devient un récit fascinant tant par la composition que par l'écriture, acérée et poétique à la fois. En effet, de prime abord Gil, Irene et leurs trois enfants constituent une famille modèle. Mais petit à petit, de petits indices, vus en particulier à travers des yeux enfantins, font prendre conscience de l'ampleur des dégâts et de la catastrophe imminente qui se profile.louise erdrich
Tout est ambivalent dans ce récit, y compris le faux journal que Irene écrit à l'intention de son mari quand elle découvre que celui-ci a lu le vrai. Au lecteur de confronter les deux versions , y ajoutant le point de vue de Gil et celui du narrateur omniscient. Manipulations de part et d'autre, mais aussi complicité qui renaît contre la psychothérapeute que le couple va consulter, tout peut basculer dans la violence ou l'amour et tout peut être utilisé comme une arme: la peinture ou les mots.
J'ai adoré chaque élément de ce ce roman de Louise Erdrich, le premier que je lis de cette auteure. L'attention portée aux détails qui pourraient paraître insignifiants mais sont tellement révélateurs. Ainsi l'attitude des chiens qui captent la tension de la famille et s'interposent pour mieux la gérer. Le fait que le lecteur voie sans cesse remise en question sa vision des principaux protagonistes, y compris dans la dernière partie, magistral retournement de situation. Mais aussi l'écriture, au plus près des sensations , des sentiments, une écriture qui fouille et appuie là où ça fait mal, cingle pour mieux s'adoucir. Un roman dans lequel on retrouve, mais sous un mode mineur l'un des principaux thèmes de Louise Erdrich: celui des Indiens d'Amérique, un retour aux sources qui permettra à certains personnages de trouver le chemin de la résilience. Une oeuvre magistrale et dérangeante. Un vrai et beau coup de coeur !

18/04/2014

L'embellie...en poche

"Vous ne serez plus la même, mais au bout du compte, vous serez debout tenant la lumière dans vos bras."

Elle manie une dizaine de langues, apprises sans efforts, mais n'a "jamais su spécialement [se] servir des mots, en tête à tête, face à un homme."Coup sur coup, en ce mois de novembre pluvieux, cette trentenaire apprend , sans traumatisme apparent, avec une grande souplesse, pourrait-on dire, que son mari veut divorcer et que sa meilleure amie lui confie son fils de quatre ans, très myope et quasi sourd. audur ava olafsdottir
Commence alors un périple en voiture sur la route qui fait le tour de l'Islande pour regagner une vieille maison familiale .Un voyage, souvent cocasse, pendant lequel la jeune femme fantasque et l'enfant tisseront des liens qui ne passeront pas forcément par les mots , rencontreront des animaux et des hommes qui permettront peut être à une prédiction de s'accomplir.
En filigrane et par bribes, une histoire  plus grave, venue du passé, se construit, éclairant sous un autre jour ce road trip.
Quel bonheur que ce livre lumineux et plein de fraîcheur ! Je l'ai d'abord dévoré d'une traite, puis ai pris le temps de le relire pour mieux en apprécier l'humour et surtout la manière pleine de justesse  qu'à l'héroïne d'affronter les vicissitudes de la vie.
Un voyage initiatique, plein de charme et de tendresse retenue, qui se conclut d'une manière généreuse par quarante- sept recettes de cuisine et une de tricot !

17/04/2014

chroniques de new york

"Pour paralyser une ville, les Français peuvent compter sur leurs manifestations et les Américains sur leurs parades."

Journaliste  française installée à New York, Cécile David-Weill dans ses chroniques s'amuse à croquer toutes les particularités de cette ville , de ses habitants et de leurs mœurs.
De quoi satisfaire notre curiosité dans de nombreux domaines, voire de nous effarer face à certains comportements comme cette course à l’échalote visant à inscrire dès le plus jeune âge ses enfants dans une école privée cotée.cécile david-weill
Invasion de punaises de lits qu'on s'efforce de passer sous silence, rat géant, voire cercueil contenant un cadavre de cire, utilisés par des grévistes, restaurants à la mode (mais le sont-ils encore ? ), les comportements  new-yorkais paraîtront fortement exotiques à nos yeux français. Plein d'infos donc dans ces chroniques auxquelles on reprochera pourtant un ton un peu plat et un intérêt centré très largement sur un mode de vie aisé.

Livre de poche 2014, 186 pages et des adresses à la fin de chaque chronique.