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31/10/2018

Traders, hippies et hamsters...en poche

"La façade de la normalité est intacte. Tout va pour le mieux."

Doro(thy) et Marcus, vieux hippies gauchistes , juste devenus excentriques aux yeux  de leur progéniture, ont décidé de se marier.Une surprise pour leurs trois enfants : Serge (ne dites pas à ses parents qu'il est trader, ils le croient thésard en mathématiques); Clara, enseignante dans une école pour enfants défavorisés et Oolie, trisomique sur le chemin de l'indépendance.
Cette union est donc l'occasion de revisiter le passé, les idéaux égratignés par la réalité, mais sans rancoeur ni idéalisation a posteriori.marina lewycka
Roman polyphonique, Traders, hippies et hamsters est sympathique en diable, plein d'humour et  fait confiance à l'intelligence de son lecteur. Voyez comment Marina Lewycka pratique l'ellipse narrative: "En l'espace de six mois, Julia et Pete s'étaient séparés et Julia étaient retournée à Merseyside, le coeur brisé et, dans la main, une touffe de cheveux auburn  arrachée à Moira." Quant au personnage désinhibé de Oolie, il suscite à la fois humour et tendresse. Un roman chaleureux et attachant , plein d'humanité, de mixité sociale, et qui fait un bien fou !

Traders, hippies et hamsters, traduit de l'anglais,  Éditions des deux terres 2013,  J'ai lu 2018320 pages à savourer !

30/10/2018

Bouche cousue

"Qui donc me rendra mon prénom ? "

 En 93 petites pages, d'une efficacité pleine de délicatesse, isabelle Minière relate une rupture amoureuse, ses prémices et ses conséquences.
Elle centre son propos sur le pouvoir des mot, l'homme abandonné passant progressivement de son surnom "Tintin" à ...rien. "Elle ne m'appelait plus du tout. J'avais perdu mon prénom et mon surnom."La versatilité de Flora, l'ex-amoureuse ira même encore plus loin dans la cruauté désinvolte, n'hésitant pas à interchanger des appellation d'un destinataire à un autre.isabelle minière
Du coup, l’abandonné ,qui ne récupérera son prénom qu'à la toute fin du récit, en perd la voix au sens propre du terme. Il lui faudra suivre tout un processus personnel de réappropriation de son identité pour la récupérer; processus qui n'ira pas sans mal car "On veut changer, mais on a toujours un peu peur de se perdre en cours de route." , réalisant peut être la prédiction inscrite dans son prénom.
Un livre raisonnablement optimiste, léger en apparence , mais plein de finesse et dont il faut noter la délicieuse couverture de Vlou.

Un vrai plaisir que de retrouver Isabelle Minière , éditée ici chez Le Verger.

 

Merci à l'éditeur et à Babelio.

29/10/2018

Mon frère

" Sa première pensée, quand le diagnostic [Parkinson] tomba, fut pour l'épouse :

-Elle veut que je me secoue, elle va être servie."

  Dans la fratrie, il ne reste plus que Daniel, le cancre, devenu écrivain qui se pose la question, des années après la disparition du frère préféré de la famille, Bernard : Qui était-il vraiment ?daniel pennac
Daniel Pennac, intercalant des passages de son spectacle consacrè à la nouvel Bartelby, revient  ici sur la personnalité de ce frère dont il estime qu'il était un lointain cousin du héros de Melville.
Plein d'humour, d'amour et d'empathie, on devine, en filigrane que ce frère, sans jamais ce plaindre, n'a pas eu une vie totalement épanouissante, ni d'un point de vue personnel, ni conjugal.
On ne tombe pourtant pas dans le règlement de compte, le temps  sans doute apaisé les esprits, et cela n'en rend que plus palpable l'émotion, contenue, certes, mais infiniment présente.

Merci à Cathy et Laurent pour le prêt.

 

19/10/2018

A quoi reconnaît-on une livre-addict qui part en vacances ?

Au fait qu'elle emporte une liseuse et des sacs comportant bien plus de livres que de jours de congés !

A bientôt !1353953229.jpg

17/10/2018

Une année lumière

Écrites pour le quotidien La croix, ces chroniques hebdomadaires évoquent souvent le passé mauricien de Nathacha Appanah, mais aussi le rôle de la fiction, son activité d'écrivaine, ses relations avec ses pairs. Il y est aussi beaucoup question de poésie, dont on la sent vraiment nourrie.
Par dessus tout, il s'y révèle une modestie et une sincérité qui font mouche et tranchent singulièrement avec le microcosme parisien de l'écriture.nathacha appanah
Attention aux autres, à la nature, on savoure ces textes qui disent un monde lumineux malgré tout.

 

Gallimard 2018, 140 pages.

16/10/2018

Valentine ou la belle saison

"Tu en connais beaucoup des familles où tout le monde s'aime, se parle sans hypocrisie ni jalousie, et ne cache rien à personne ? "

A l'aube de la cinquantaine, Valentine et son frère aîné, Frédéric, vont devoir faire face à de nombreux bouleversements.
Sur fond de campagne électorale présidentielle ,chacun d'entre eux va devoir affronter à sa manière et "digérer" des secrets de famille façon poupées russes , secrets d'autant plus violents qu’ils les obligeront à faire le deuil de l'image idéalisée de leurs parents.anne-laure bondoux
Pour ne rien arranger, Fred comme Valentine doivent simultanément faire face à des tourments personnels...
Centré sur le personnage de Valentine, femme qui a bien du mal à accepter et son corps et la réalité, le roman d’Anne-Laure Bondoux se révèle addictif tant il excelle à croquer des personnages pleins de vie, de doutes mais d’énergie aussi.
Interrogeant les liens subtils, et parfois tortueux, qui unissent frères et sœurs, il brosse aussi en arrière plan le désenchantement d'une certaine gauche idéaliste.
Même si la fin me laisse dubitative, j'ai dévoré à belle dents ce roman qui fleure bon la joie de vivre malgré tout.

 

Fleuve éditions 2018, 407 pages.

 

15/10/2018

Asymétrie

"Dites-moi, monsieur, vous voulez bien ralentir un peu ? J'aimerais attendre d'être à l’hôpital pour mourir."

Roman composé de trois parties, Asymétrie commence par le récit d'une relation en apparence improbable entre Alice, trentenaire qui travaille dans le milieu de l'édition et un très vieux monsieur qu'elle reconnaît rapidement. Il s'agit d’Ezra  Blazer, écrivain célèbre et nobélisable. lisa halliday, Philip Roth
Après le badinage commence une relation surprenante, tant dans sa forme que dans sa narration, tout en ellipses, élégance et ponctuée de remarques pleines d'humour.
Le récit central n'a en apparence rien à voir avec les deux autres parties car il y est question d'un jeune irakien, retenu dans un aéroport londonien qui se remémore son enfance.
Il faudra attendre la troisième partie, où l'on retrouve l'écrivain en pleine interview à la radio, pour avoir l'explication de cette apparente incongruité.
Le récit est fluide, souvent surprenant dans sa manière de relater les événements et prend encore plus de sel quand on pose le nom de Philip Roth, récemment disparu à la place d'Ezra Blazer.

Gallimard 2018

 

Déniché à la médiathèque.

 

12/10/2018

#MissJane #NetGalleyFrance

Handicapée mais raisonnablement heureuse, ainsi pourrait-on résumer le roman de Brad Watson. Née en 1915 dans une petite ferme du Mississippi, Jane souffre dune malformation qui handicapera à jamais sa vie sociale, affective et sexuelle, car non opérable à l'époque. brad watson
Sur un sujet aussi scabreux, Brad Watson écrit un roman tout en délicatesse mais qui n'a pas su me séduire, par manque de relief sans doute.

 

Grasset 2018.

 

Keisha a davantage été séduite. clic.

11/10/2018

Un homme aborde une femme

"La rue aujourd'hui n'est plus un terrain de jeu et de hasard. Je l'ai compris  en marchant aux côtés d'Océane, la fille de Mette."

Une femme qui vient d'être plaquée se souvient, depuis l'enfance, de toutes les interactions ( sous forme de cailloux jetés contre son vélo,  de mots plus ou moins  crus...) que les hommes ont ébauché avec elle dans la rue.fabienne jacob
Elle convoque aussi les témoignages de femmes d'âges, de milieux différents et évoque leur rapport au corps pour mieux retrouver cet élan qui lui a fait soudainement défaut.
C'est avec bonheur que l'on retrouve la langue charnelle, drue et vigoureuse de Fabienne Jacob dans cette série de textes qui disent le bonheur d'être femme, même dans un monde qui s'est "pasteurisé".

 

Buchet-Chastel 2018

09/10/2018

Comment t'écrire adieu #Rentreelitteraire2018 #NetGalleyFrance

"J'ai fait payer de longues années à mon frère de onze ans les posters de Samantha Fox et Sabrina ; et moi, femme adulte, cérébrale somme toute, et armée de convictions inversement proportionnelles à celles de mes bonnets, je me fais cueillir par cette blonde peroxydée, fluette mais qui s'est fait rajouter des seins comme si elle devait instamment exercer la profession de nourrice." [Il s'agit de Dolly Parton].

R. est parti. Sans dire adieu à Juliette qui, du coup, revisite via quatorze chansons éclectiques  la bande sonore de sa vie. Elle décortique à sa manière drôle et futée les paroles de ces viatiques singuliers et revient sur cette histoire d'amour chaotique, ses fêlures, son enfance, son chien Gros, ses amis, ses amours précédentes, ses fixettes, le tout avec panache.juliette arnaud
 Le texte de Juliette Arnaud pâtit un peu de cette volonté de vouloir tout dire en une seule fois,en vrac, mais  c'est avec une sincérité désarmante. On retrouve avec beaucoup de plaisir le style si reconnaissable de la chroniqueuse de France Inter (dans l'émission Par Jupiter) et si la fin est un peu abrupte, on a néanmoins passé un très bon moment avec cette fille très sympathique dont on aimerait bien faire sa copine.

 

Belfond 2018