04/05/2017
Roland est mort ...en poche
"J'inspire. J'ai les bras en croix, un caniche qui m'attend pour aller pisser, un trou dans ma chaussette gauche, et toujours aucune perspective d'avenir professionnel. Le gros faisan m'applaudit."
Roland est mort, c'est d'abord le contraste du titre et de la couverture rose bonbon., contraste parfaitement justifié , on le verra plus loin.C'est aussi le leitmotiv qui ouvre chaque chapitre, sorte de memento mori pour le narrateur car "Je bois pour oublier que demain, Roland c'est moi."
En effet, si leur seul point commun était leur mur mitoyen, le narrateur est peut être sur le même chemin que Roland, mort seul chez lui, dans l'indifférence quasi générale. Pour tout bien, Roland laisse une caniche prénommée Mireille, en hommage à Mireille Mathieu dont Roland écoutait les chansons en boucle.
Voilà donc le voisin qui hérite de Mireille, puis de l'urne funéraire , calamités successives dont il lui faudra bien s'accommoder.
Ce pourrait être tragique, c'est follement comique car le voisin, non content d'accumuler les héritages encombrants et incongrus, est un looser fini (largué par sa copine, viré de son boulot, nanti d'une famille de frappadingues ). Le principe d'accumulation fonctionne à plein régime et le style bourré d'humour de Nicolas Robin fait le reste. Pas de bons sentiments mais un zeste de tendresse pour ce quadragénaire à qui sa grand-mère demande sans cesse "-Alors, pourquoi t'es pas marié?", "ça la chiffonne. C'est le pépin. Ne pas être marié à quarante ans, c'est la tuile dans la famille.ça cache un problème.à son époque, les hommes non mariés étaient forcément curés ou homosexuels. On demandait aux uns de parler de l’Évangile, aux autres de se taire.Mamie exige la vérité. Elle veut savoir envers qui je suis dévoué: Dieu ou Burt Reynolds."*
Nous nous permettrons juste de donner un indice: être fan de Mireille Mathieu peut présenter des avantages...Un petit plaisir déniché à la médiathèque, 183 pages dévorées le sourire aux lèvres.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas robin
28/04/2017
Je suis si bien ici sans toi...en poche
"On aime les gens. Et ils nous déçoivent. Mais pas toujours. Parfois ils continuent à nous aimer indéfectiblement , dans l'attente qu'on ouvre les yeux et qu'on réponde à leur affection.C'est comme un "je t'aime. je t'ai toujours aimé."
Richard, artiste anglais a épousé une française très belle et très intelligente, Anne-Laure. Ils ont une petite Camille de cinq ans et vivent à Paris. Le paradis donc. sauf que Richard ne se remet pas du départ de sa maîtresse (hou, le vilain) et qu'évidemment sa femme a découvert le pot aux roses. Pour tout gâcher, Richard a vendu un tableau "L’ours bleu" un symbole important pour son couple.
Dans l'espoir de reconquérir sa belle, le voilà donc parti en Grande-Bretagne à la recherche du tableau, mais peut être aussi des secrets de l’amour qui durent.
Courtney Maum, qui fait de Paris un personnage à part entière et sait exploiter le caractère romantique de cette ville, parvient même à ne pas rendre Richard totalement antipathique. En dépit de quelques longueurs, cette comédie romantique est attachante,par ses personnages principaux ou secondaires. Mention particulière pour ces vieux couples à qui l'artiste tente d'extorquer les secrets de durée de leur couple. Une bonne idée de lecture pour les vacances.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : courtney maum
20/04/2017
La clé sous la porte...en poche
"S'il faut toujours penser qu'il y a pire pour se dire que ça va bien, c'est que quelque chose cloche sérieusement."
Et pour clocher,ça cloche sérieusement ! Que ce soit pour Ferdinand, pris en tenaille entre une épouse volage et sa fille, ado atroce; José retraité solitaire et endurci; Auguste, dont les parents abusent tout à la fois de sa gentillesse et de sa disponibilité, idem pour Agnès, dont la vie amoureuse est un désastre, mais sur qui ses frères comptent bien pour qu’elle se rende au chevet de leur mère qui agonise pour la énième fois.
Rien de glorieux donc, mais rien que de très normal et de très humain. Seulement cette fois nos anti-héros ont assez et vont ruer dans les brancards, chacun à leur manière, plus ou moins radicale .
Quel régal que ce texte à la fois tendre et caustique ! Un feu d'artifices de remarques qui sonnent juste et qui donnent la pêche !
Sans illusions, ni sur eux-mêmes ni sur les autres, Ferdinand, Auguste et les autres agissent enfin pour secouer leur joug et envoyer valser tout ce qui les forçaient à "abdiquer d'[eux-mêmes]". Tonique et jubilatoire !
La clé sous la porte, Pascale Gautier, , 191 pages pour "ne pas désespérer de l'humaine espèce."
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : pascale gautier
08/04/2017
Parmi les dix milliers de choses...en poche
Gary était un peu comme un endroit où l'on aime retourner."
Deb ne peut plus fermer les yeux sur les infidélités de son artiste de mari: un paquet contenant des courriels impudiques vient d'être envoyé au domicile familial par la dernière maîtresse en date de Jack. Par manque de chance, cette boîte tombe d'abord entre les mains des enfants.
Chronique d'une famille en déconstruction, Parmi les dix milliers de choses alterne les voix des quatre principaux protagonistes et peint avec pudeur et retenue les réactions de chacun.
Riche en notations fines, le roman pêche pourtant par sa construction. En effet, une prolepse nous projette dans le futur avant que nous ne revenions sur l'été qui suit la séparation des parents, un peu comme si l’auteure avait voulu se débarrasser de ses personnages.
Des passages très réussis, comme le retour inopiné de Jack chez sa mère et son beau-père, font un peu oublier le manque d'empathie pour les personnages, bobos sans rien vraiment d'attachant. Un constat en demi-teinte donc.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : julia pierpont
07/04/2017
L'amour des Maytree...en poche
Quand même, le nombre de vies qu'on vit !"
Parce que...
-Les romans d'amour, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé.
-Ayant beaucoup aimé Pélerinage à Tinker Creek (que l'on pourrait ranger dans la catégorie Nature Writing), a-do-ré En vivant en écrivant (depuis 1997 sur mon étagère des indispensables), qui sont tout sauf des romans , j'appréhendais un peu la lecture de L'amour des Maytree.
Imbécile bête que j'étais ! Je me suis refusé pendant 3 ans un plaisir subtil ! En effet , Annie Dillard est aussi à son aise dans le domaine de l'essai que dans le romanesque.
Sur une trame en apparence toute simple, un couple qui se forme, un enfant qui naît, les amis, le flux et le reflux de l'amour, le passage des ans, Annie Dillard nous peint avec délicatesse la vie même.Ses personnages, dont on a envie d'emboîter le pas , ne se comportent jamais comme on pourrait s'y attendre. La grâce et l'harmonie, malgré les écueils, règnent en maître, tant dans les paysages décrits (ceux du Cape Cod) que dans le récit. Je me suis tout de suite nichée au creux de ce roman lumineux et puissant dont j'ai allègrement corné de nombreuses pages. Un roman qui flirte avec la poésie et enchante la vie.
L'amour des Maytree, Annie Dillard, traduit de l'anglais (Etats-unis) par Pierre-Yves Pétillon, Christian Bourgois
Plein de livres de cette autrice viennent de ressortir en poche, foncez !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : annie dillard
06/04/2017
ça aussi, ça passera...en poche
"Tout l'amour de mes amis et de mes enfants ne suffit pas pour que je puisse résister aux rafales de ton absence, j'ai besoin d'être agrippée à un homme pour ne pas être emportée dans les airs."
Bianca, quarante ans, vient de perdre sa mère . Elle part en vacances dans la maison familiale de Cadaqués, entraînant avec elle ses deux amies, ses deux ex-maris et ses enfants.N'oublions pas l'amant du moment qui rôdera aussi dans les parages, accompagné de sa propre famille. Une situation pour le moins atypique mais qui correspond bien à la narratrice, amoureuse éperdue de la vie.
Dans un paysage baigné de soleil, au bord de la mer, Bianca qui mène "une vie désordonnée et enfantine" s'adresse à celle qui vient de mourir entre deux considérations sur les relations hommes/femmes et un rendez-vous amoureux. La vie, la mort , tout est mêlé et Bianca , malgré sa douleur, est toujours prête à séduire,à aimer.
Ce pourrait être glauque, c'est lumineux, tendre et cruel à la fois,plein d'amour et d'apaisement. Une petite parenthèse de bonheur.
ça aussi, ça passera, Milena Busquets, traduit de l'espagnol par Robert Amutio, 176 pages ensoleillées.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : milena busquets
05/04/2017
Nos années sauvages ...en poche
En 2014, j'écrivais ceci :
De Karen Joy Fowler j'avais lu, il y a quelques années, un texte fort plaisant,Le club Jane Austen. Mais rien qui nécessite de me précipiter sur un roman pas encore traduit en français , même conseillé par Cuné. Sauf que quand cette dernière écrit :"Toi, il faut ABSOLUMENT que tu le lises, je ne peux pas te dire pourquoi mais tu es LA lectrice idéale pour ce roman, foi de moi :)", on ne peut que craquer !!! En plus sur liseuse, le prix est ridiculement bas et le dico anglais/anglais a permis de me dérouiller vite fait .
Je ne vous cacherai pas qu'au tout début de ma lecture , quand j'ai vu le temps restant s'afficher , j'ai blêmi mais le rythme a été vite pris surtout quand je suis arrivée à la fatidique page77 qui contient un twist tellement renversant que j'ai failli en crier ! Tout ce qui pouvait paraître vaguement intriguant et/ou bizarre dans ce qui s'annonçait comme un secret de famille avec disparitions à la clé et narratrice perturbée prend alors tout son sens et sa profondeur. Cette révélation (surtout ne pas lire les billets, articles, 4 ème de couv' révélant Le secret de la page 77 ) n'est pas un effet de manche de l'auteure (regardez comme je vous ai bernés) mais correspond parfaitement à la volonté de renverser notre point de vue sur un thème ô combien passionnant !
Un roman bouleversant brassant , entre autres, les thèmes de la culpabilité et du souvenir à découvrir absolument ! Et zou sur l'étagère des indispensables !
17:57 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : karen joy fowler
Bons baisers de Mesménie...en poche
"- Je m'appelle Chlobak Androv Peranovski et j'arrive à pied de la Russie. J'ai faim et j'ai froid , madame. Je ne voulais pas abuser de vos poules."
Vous n'avez jamais entendu parler de la Mesménie ? Normal car c'est "un petit territoire nordique [...] pustule marécageuse pour ainsi dire, dans la mer balte.", "une des régions les plus pauvres de l'URSS qui en comportait pourtant beaucoup".
Thomas Lagrange , suite à une petite annonce cherchant un traducteur "pour le mesmène vers le français" va se trouver embarqué dans une série d’aventures qu'il ne va guère maîtriser, bien loin de sa petite vie plan plan et parisienne.
Tout va partir de sa traduction catastrophique d'un roman mesmène, langue dont il ne possède que quelques rudiments, et de la pression qu'il va se mettre à rendre son travail rapidement. En effet, notre ami Thomas, tout "immature ", "irresponsable " et "inconséquent " soit-il est aussi doté d'une belle imagination qui l'entraîne à violer allègrement toutes les règles de la traduction,ce qui m'a valu de nombreux éclats de rires !
Si le voyage en Mesménie est un peu moins réussi à mon goût, tournant un peu trop vite à la farce lourdaude, et ralentit un peu le rythme,il n'en reste pas moins que la description psychologique des personnages est très réussie et très drôle (voir comment Télématin rythme la matinée de sa copine est un pur régal...).
L'évolution de Thomas est aussi très intéressante et Fabienne Betting réussit à brosser un portrait nuancé de ce velléitaire professionnel, ce qui, au début, n'était pas gagné d'avance...
Un premier roman qui, malgré quelques maladresses, nous offre un bon moment de lecture! embarquez vite pour la Mesménie !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fabienne betting
01/04/2017
les ennemis de la vie ordinaire...en poche
"Être addict, ça ne me défrise pas. Je suis addict , et alors. Le problème, c'est de se donner les moyens de son addiction."
Voici une jolie"bande d'irréductibles, d'asociaux [...] de fous furieux" réunie par une thérapeute résolue à bouleverser le monde de la thérapie en réunissant dans un groupe de parole transversal des gens de milieux sociaux très différents et accro qui au sexe, qui à la drogue, qui au sport, entre autres.
Un mélange détonnant qui ne va certainement pas atteindre les résultats escomptés et ce, pour le plus grand plaisir du lecteur qui se laisse embarquer dans ce récit où l'on croise un prêtre accro à la coke, sosie du pape François, célébrant une messe inoubliable et qui m'a fait éclater de rire. Car oui, si l'on n'est pas adepte du politiquement correct, on rit et sourit beaucoup en lisant ce roman qui ose beaucoup (mais sait aussi ménager quelques délicates ellipses).
Des personnage féminins très forts, qui, comme Mylène, sont des "guerrières, des ennemies de la vie ordinaire", même si au départ, elles se considèrent plutôt comme des épaves.
Seul petit bémol: toutes les subtilités du poker , dont il est beaucoup question dans la dernière partie du roman, m'ont totalement échappé , mais ce n'est pas bien grave. un roman tonique, iconoclaste et drôle.
Les ennemis de la vie ordinaire, Héléna Marienské , 319 pages jouissives.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : héléna marienské
27/03/2017
Paula Spencer...en poche
"Une femme luttant contre la folie en se jetant à sa rencontre."
Rares sont les romans évoquant l'alcoolisme au féminin. Paula Spencer au début du roman est abstinente depuis quatre mois et cinq jours. Nous allons la suivre tout au long de cette reconquête d'elle même et de sa dignité, avec ses minis victoires, ses tentations, ses prises de conscience a posteriori de ce qu'elle a fait vivre à ses enfants.
Aucun apitoiement, aucune rédemption moralisatrice. Paula a des ambitions modestes et formidables: ouvrir un compte en banque, pouvoir offrir un ordinateur à son plus jeune fils, parvenir à communiquer avec sa fille Leanne , avec la compagne de son fils aîné, retrouver un compagnon qui ne la batte pas...
Tout le talent de Roddy Doyle est dans la forme de ce roman qui rend compte du flux de pensées de Paula, qui passe souvent du coq à l'âne sans pour autant perdre son lecteur en route et n'oublie pas de ponctuer son texte de grands éclats de rires, même dans le situations les plus désespérées:
"-Bon, continue Paula. Tout ce que je dirai, c'est que si ça m'arrive, je veux que vous éteigniez la machine.
-mais où est cette putain de prise ?
ça, c'est Leanne."
Un roman riche d'humanité , jamais condescendant envers cette femme de ménage que d'aucuns auraient trop à la légère pu qualifier de" cas social" .
Paula Spencer, Roddy Doyle, pavillons poche 2017, traduit de l'anglais (Irlande) par Isabelle D. Philippe, 385 pages qui se tournent toutes seules.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : roddy doyle