Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/05/2017

Avenue des mystères...en poche

"Le jour où les femmes cesseront de lire, alors, oui, ce sera la mort du roman !"

john irving

 


Voilà longtemps que j'avais réussi à terminer un roman de John Irving. Après l’émerveillement, l'enthousiasme suscité par ses premiers romans, je l'avais un peu perdu de vue, échaudée par les tentatives, avortées, de pavés indigestes.
Pourtant, les thèmes évoqués, les prises de position de l'auteur dans ses textes, ses propos, lors des interviews, son bureau même entrevu lors d'un reportage télévisé, tout cela me plaisait mais rien n'y faisait.Quand ça veut pas , ça veut pas.
J'aimerais écrire que ça y est, j'ai renoué avec Irving , mais non. Si j'ai réussi à lire en entier ce pavé, c'est de manière fractionnée, en alternant avec d'autres romans  (mauvais signe) car tout au long des pages , je me disais : "Mais pourquoi s'est-il trompé de narrateur ?" Ce n'est pas le gamin estropié qui survivait sur une décharge publique mexicaine qui est devenu romancier après une série de rebondissements dont Irving a le secret, le personnage intéressant, c'est sa sœur !
On se fiche pas mal que Juan Diego Guerrero, au fil de rêveries, revive son passé, tout en jonglant dangereusement entre  bêtabloquants et petites pilules bleues (qui lui permettent d'assurer auprès d'une mère et sa fille) , c'est Lupe qui éclaire véritablement ce roman ! Lupe qui parle une langue incompréhensible à tous (sauf à son frère qui lui sert ainsi de traducteur, édulcorant souvent  ses propos car Lupe lit dans les pensées) , Lupe qui lit dans le passé, moins bien dans le futur dont la mort est annoncée très rapidement.
Alors oui, il y a quelques scènes réussies (je pense ainsi au repas final troublé par un gros lézard, ou à la scène dans laquelle Juan Diego retrouve un de ses anciens harceleurs) mais au final on se demande bien quel était l'objectif de ce roman et on reste sur sa faim. Ce qui est quand même paradoxal quand on a "avalé" 528 pages.

13/05/2017

Une putain de catastrophe...en poche

"Les Wilson sont dans une impasse linguistique.Vous, Jeremy, investirez leur mariage. Vous allez, pour ainsi dire, bivouaquer sur leur champ de bataille conjugal.
-Seigneur ! s'exclama Cook. je préfèrerais conduire un camion charge de nitroglycérine."

Au chômage, le linguiste Jeremy Cook est embauché par L'Agence Pillow, cabinet de conseil conjugal,dont la particularité est d'envoyer à demeure un spécialiste du langage pour régler les conflits entre époux.
Au bord de la rupture, les Wilson voient donc débarquer celui qui, à première vue, paraît à mille lieues de comprendre la situation, étant lui-même un célibataire endurci .David Carkeet
Malentendus sur des pronoms, attentes totalement opposées, Jeremy observe, interroge et, tout en suivant la plus bizarre des méthodes, met à jour  les mines anti-mariages susceptibles d'exploser à la plus petite occasion.  C'est drôle, acéré, souvent pertinent et chacun se reconnaîtra dans l'un des motifs de dispute ou d’insatisfaction évoqués dans ce roman.

Une putain de catastrophe, David Carkeet

07/05/2017

C'est où le Nord ?

"-Parle-moi d'autre chose. C'est l'heure de la sortie des écoles : si je saute, je tue quatre gosses."

Ella, 24 ans, enseigne le français dans un collège catho du 18 ème arrondissement de Paris. Petit budget, petit appat', petit ami qui bientôt met les voiles pour retourner dans leur ville d'origine: Dunkerque.
Ella reste seule avec un poisson rouge, des doutes, quelques amis hauts en couleurs, des collègues quelque peu azimutés et des élèves  plutôt drôles et charmants.sarah maeght
Premier roman, C'est où le nord ? possède les défauts de ses qualités: plein de fraîcheur et d'humour, le récit pêche un peu par le côté sombre qu'il veut parfois se donner.
Il n'en reste pas moins que j'ai ri à plusieurs reprises (les élèves sont croqués à ravir !) et que j'ai dévoré d'une traite ce roman dont les personnages sont attachants, drôles et pleins de vie.

Ah, oui, pitié: une prof de français qui oublie qu'une négation a toujours deux éléments a eu le don de m’exaspérer...On ne se refait pas !

Un petit extrait, pour la route, c'est cash , comme les élèves (et les profs entre eux) !

 "-Il a refusé de disséquer les moules.

Le directeur ferme les yeux, agacé.

- Il m'a demandé  ce que je dirais , moi,  si on me pêchait en pleine ovulation.

Annick Caroulle grogne:

-Écoute Jojo, tu veux qu'on mette quoi ? "Refuse de disséquer la moule de sa prof de sciences " ? "

06/05/2017

Les nuits de laitue...en poche

"Désormais, Otto souffrait d'une insomnie sans fin. Ses mauvaises pensées dureraient pour toujours puisqu'il n'y aurait plus jamais de matin-désormais toutes ses nuits avaient un arrière- goût de laitue. Et Otto détestait les légumes-feuilles."

Otto et Ada "avaient passé un demi-siècle ensemble à cuisiner, à faire des puzzles géants de châteaux  européens et à jouer au ping-pong le week-end (du moins jusqu'à l'arrivée de l'arthrite) dans un quartier dont les habitants sont aussi haut en couleur que leur maison jaune.51WhO1nIuQL._SX318_BO1,204,203,200_.jpg
Au début du roman, Ada vient de mourir. Otto tente donc  tout à la fois de lutter contre ses insomnies, tout en remettant de l'ordre dans ses pensées. En effet, selon lui,  quelque chose" cloche "dans son univers peuplé de personnages fantasques et souvent "perchés", mais il n'arrive pas à élucider l'affaire...
L'aspect policier n'est ici qu'un prétexte dans ce roman enjoué et chaleureux, peignant un microcosme grouillant d'originaux  en tous genres, ayant parfois des rêves plus grands qu'eux mais parvenant à enchanter leur quotidien, de manière simple et cocasse.
Un très bon moment de lecture.

Les nuits de laitue, Vanessa Barbara, traduit  du portugais (brésil) par Domnique Nédellec, Zulma 2015, poche 2017 223 pages toniques !

04/05/2017

Roland est mort ...en poche

"J'inspire. J'ai les bras en croix, un caniche qui m'attend pour aller pisser, un trou dans ma chaussette gauche, et toujours aucune perspective d'avenir professionnel. Le gros faisan m'applaudit."

Roland est mort, c'est d'abord le contraste du titre et de la couverture rose bonbon., contraste parfaitement justifié , on le verra plus loin.C'est aussi le leitmotiv qui ouvre chaque chapitre, sorte de memento mori pour le narrateur car "Je bois pour oublier que demain, Roland c'est moi."
En effet, si leur seul point commun était leur mur mitoyen, le narrateur est peut être sur le même chemin que Roland, mort seul chez lui, dans l'indifférence quasi générale. Pour tout bien, Roland laisse une caniche prénommée Mireille, en hommage à Mireille Mathieu dont Roland écoutait les chansons en boucle.
Voilà donc le voisin qui hérite de Mireille, puis de l'urne funéraire , calamités successives dont il lui faudra bien s'accommoder.Nicolas Robin
Ce pourrait être tragique, c'est follement comique car le voisin, non content d'accumuler les héritages encombrants et incongrus, est un looser fini (largué par sa copine, viré de son boulot, nanti d'une famille de frappadingues ). Le principe d'accumulation fonctionne à plein régime et le style bourré d'humour de Nicolas Robin fait le reste. Pas de bons sentiments mais un zeste de tendresse pour ce quadragénaire à qui sa grand-mère demande sans cesse "-Alors, pourquoi t'es pas marié?", "ça la chiffonne. C'est le pépin. Ne pas être marié à quarante ans, c'est la tuile dans la famille.ça cache un problème.à son époque, les hommes non mariés étaient forcément curés ou homosexuels. On demandait aux uns de parler de l’Évangile, aux autres de se taire.Mamie exige la vérité. Elle veut savoir envers qui je suis dévoué: Dieu ou Burt Reynolds."*
Nous nous permettrons juste de donner un indice: être fan de Mireille Mathieu peut présenter des avantages...Un petit plaisir déniché à la médiathèque, 183 pages dévorées le sourire aux lèvres.

28/04/2017

Je suis si bien ici sans toi...en poche

"On aime les gens. Et ils nous déçoivent. Mais pas toujours. Parfois ils continuent à nous aimer indéfectiblement , dans l'attente qu'on ouvre les yeux et qu'on réponde à leur affection.C'est comme un "je t'aime. je t'ai toujours aimé."

Richard, artiste anglais a épousé une française très belle et très intelligente, Anne-Laure. Ils ont une petite Camille de  cinq ans et vivent à Paris. Le paradis donc. sauf que Richard ne se remet pas du départ de sa maîtresse (hou, le vilain) et qu'évidemment sa femme a découvert le pot aux roses. Pour tout gâcher, Richard a vendu un tableau "L’ours bleu" un symbole important pour son couple.
Dans l'espoir de reconquérir sa belle, le voilà donc parti en Grande-Bretagne à la recherche du tableau, mais peut être aussi des secrets de l’amour qui durent.courtney maum
Courtney Maum, qui fait de Paris un personnage à part entière et sait exploiter le caractère romantique de cette ville, parvient même à ne pas rendre Richard totalement antipathique. En dépit de quelques longueurs, cette comédie romantique est attachante,par ses personnages principaux ou secondaires. Mention particulière pour ces vieux couples à qui l'artiste tente d'extorquer les secrets de durée de leur couple. Une bonne idée de lecture pour les vacances.

20/04/2017

La clé sous la porte...en poche

"S'il faut toujours penser qu'il y a pire pour se dire que ça va bien, c'est que quelque chose cloche sérieusement."

Et pour clocher,ça cloche sérieusement ! Que ce soit pour Ferdinand, pris en tenaille entre une épouse volage et sa fille, ado atroce; José retraité solitaire et endurci; Auguste, dont les parents abusent tout à la fois de sa gentillesse et de sa disponibilité, idem pour Agnès, dont la vie amoureuse est un désastre, mais sur qui ses frères comptent bien pour qu’elle se rende au chevet de leur mère qui agonise pour la énième fois.
Rien de glorieux donc, mais rien que de très normal et de très humain. Seulement cette fois nos anti-héros ont assez et vont ruer dans les brancards, chacun à leur manière, plus ou moins radicale .
Quel régal que ce texte à la fois tendre et caustique ! Un feu d'artifices de remarques qui sonnent juste et qui donnent la pêche !pascale gautier
Sans illusions, ni sur eux-mêmes ni sur les autres, Ferdinand, Auguste et les autres agissent enfin pour secouer leur joug et envoyer valser tout ce qui les forçaient à "abdiquer d'[eux-mêmes]". Tonique et jubilatoire !

La clé sous la porte, Pascale Gautier, , 191 pages  pour "ne pas désespérer de l'humaine espèce."

08/04/2017

Parmi les dix milliers de choses...en poche

Gary était un peu comme un endroit où l'on aime retourner."

Deb ne peut plus fermer les yeux sur les infidélités de son artiste de mari: un paquet contenant des courriels impudiques vient d'être envoyé au domicile familial par la dernière maîtresse en date de Jack. Par manque de chance, cette boîte tombe d'abord entre les mains des enfants.julia pierpont
Chronique d'une famille en déconstruction, Parmi les dix milliers de choses alterne les voix des quatre principaux protagonistes et peint avec pudeur et retenue les réactions de chacun.
Riche en notations fines, le roman pêche pourtant par sa construction. En effet, une prolepse nous projette dans le futur avant que nous ne revenions sur l'été qui suit la séparation des parents, un peu comme si l’auteure avait voulu se débarrasser de ses personnages.
Des passages très réussis, comme le retour inopiné de Jack chez sa mère et son beau-père, font un peu oublier le manque d'empathie pour les personnages, bobos sans rien vraiment d'attachant. Un constat en demi-teinte donc.

07/04/2017

L'amour des Maytree...en poche

Quand même, le nombre de vies qu'on vit !"

Parce que...

-Les romans d'amour, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé.

-Ayant beaucoup aimé Pélerinage à Tinker Creek (que l'on pourrait ranger dans la catégorie Nature Writing), a-do-ré En vivant en écrivant (depuis 1997 sur mon étagère des indispensables), qui sont tout sauf des romans , j'appréhendais un peu la lecture de L'amour des Maytree.annie dillard

Imbécile bête que j'étais ! Je me suis refusé pendant 3 ans un plaisir subtil ! En effet , Annie Dillard est aussi à son aise dans le domaine de l'essai que dans le romanesque.
Sur une trame en apparence toute simple, un couple qui se forme, un enfant qui naît, les amis, le flux et le reflux de l'amour, le passage des ans, Annie Dillard nous peint avec délicatesse la vie même.Ses personnages, dont on a envie d'emboîter le pas , ne se comportent jamais comme on pourrait s'y attendre. La grâce et l'harmonie, malgré les écueils, règnent en maître, tant dans les paysages décrits (ceux du Cape Cod) que dans le récit. Je me suis tout de suite nichée au creux de ce roman lumineux et puissant dont j'ai allègrement corné de nombreuses pages. Un roman qui flirte avec la poésie et enchante la vie.

L'amour des Maytree, Annie Dillard, traduit de l'anglais (Etats-unis) par Pierre-Yves Pétillon, Christian Bourgois

Plein de livres de cette autrice viennent de ressortir en poche, foncez !

06/04/2017

ça aussi, ça passera...en poche

"Tout l'amour de mes amis et de mes enfants ne suffit pas pour que je puisse résister aux rafales de ton absence, j'ai besoin d'être agrippée à un homme pour ne pas être emportée dans les airs."

Bianca, quarante ans, vient de perdre sa mère . Elle part en vacances dans la maison familiale de Cadaqués, entraînant avec elle ses deux amies, ses deux ex-maris et ses enfants.N'oublions pas l'amant du moment qui rôdera aussi dans les parages, accompagné de sa propre famille. Une situation pour le moins atypique mais qui correspond bien à la narratrice, amoureuse éperdue de la vie. product_9782072710872_180x0.jpg
Dans un paysage baigné de soleil, au bord de la mer, Bianca qui mène "une vie désordonnée et enfantine" s'adresse à celle qui vient de mourir entre deux considérations sur les relations hommes/femmes et un rendez-vous amoureux. La vie, la mort , tout est mêlé et Bianca , malgré sa douleur, est toujours prête à séduire,à aimer.
Ce pourrait être glauque, c'est lumineux, tendre et cruel à la fois,plein d'amour et d'apaisement. Une petite parenthèse de bonheur.

 

ça aussi, ça passera, Milena Busquets, traduit de l'espagnol par Robert Amutio, 176 pages ensoleillées.