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13/04/2016

Fairyland...en poche

 

 

*Fairyland, Alysia Abbott.Récit très émouvant et intéressant d'une femme qui revient sur son enfance et son adolescence aux côtés d'un père, poète homosexuel, qui décèdera du sida. Une relation très forte, qui ne va pas sans heurts, la narratrice se rendant compte a posteriori des sacrifices amoureux qu'a fait son père face à l'intransigeante ado qu'elle était. L'occasion aussi de découvrir la manière violente et honteuse dont on traitait les gays aux débuts de l'épidémie de Sida.alysia abbott

10/04/2016

Dix minutes par jour...en poche

"Parce que en effet, le meilleur de la vie est dans toutes les expériences intéressantes qui nous attendent encore : je suis en train de l'apprendre avec le jeu des dix minutes.
 Et donc, il réside aussi dans les livres que tout le monde alu mais, pour un quelconque motif, nous pas encore."

Chiara est un tournant de son existence: on a confié sa rubrique hebdomadaire à une gagnante de la téléréalité, son mari, qu'elle a connu très jeune, l'a quittée et, cerise sur le gâteau elle habite Rome où elle se languit de son village natal. chiara gamberale
Pour lui redonner de l'élan,sa psy lui demande de tenter chaque jour pendant dix minutes une nouvelle expérience. Chiara se prête au jeu de bonne grâce et, forte des liens qu'elle a su nouer avec tout un panel d'amis et de connaissances éclectiques et sympathiques, va repartie de plus belle et envisager sa vie sous un nouvel angle.
C'est plein de fraîcheur, léger mais jamais mièvre, et Chiara est diablement sympathique. Un petit plaisir qu'on ne se refuse pas !

Chiara Gamberale, Pocket 2016.

 

09/04/2016

L'effet Rosie/Le théorème de la cigogne/Comment devenir le père idéal...en poche

Trois titres pour un roman...

 "- Je laisserai la thalidomide dans le placard.
-Tu as de la thalidomide ?
-C'est une blague, Don, une blague."

"-Nous sommes enceints, a-t-elle dit." Et  Don de commencer à tout prévoir en bon planificateur qu'il est , pour pallier à la désorganisation chronique de Rosie. graeme simsion
Mais si Don est imbattable sur alimentation d'une femme enceinte, l'évolution du fœtus, pas sûr qu'il soit capable d'établie une relation interpersonnelle avec le bébé à venir, la faute à son syndrome d'Asperger.
Si l'aspect loufoque est moins présent que dans le premier volume (lecture non indispensable pour la compréhension mais ce serait dommage de s'en priver), Don, à force de cachotteries pour éviter de stresser Rosie, va se fourrer dans de beaux guêpiers dont il parvient toujours à se tirer in extremis avec des moyens bien à lui ! Scènes d'anthologie à foison (entraînement à l'accouchement,  voyage en avion, choix du prénom...) !
Si la tonalité est  parfois un peu plus sombre, on passe un excellent moment de lecture avec Don,Rosie et leurs amis  !

Graeme Simsion, Pocket 2016.

08/04/2016

Une journée dans la vie d'une femme souriante...en poche

"Le mécanisme s'était enrayé parce qu’il avait été tropmargaret drabble mis à l'épreuve. Cela faisait des années qu'elle le sollicitait.
Sans lui, elle n'était pas sûre de pouvoir supporter la situation."

Treize nouvelles inédites en France (et parues directement au format poche) composent ce recueil . Leur écriture s'étale entre 1967 et 2000 et ces textes sont centrés autour de la vie des femmes, dépeinte dans leur intimité et l'exploration de leur quotidien.
On pourrait parler de miniatures tant les faits décrits peuvent apparaître anodins, mais tout l'art de Margaret Drabble est de donner de l’intensité à ces récits, souvent pleins de malice et d'humour. Je pense par exemple à "La veuve joyeuse" qui entend bien partir en vacances comme prévu, maintenant que son mari atrabilaire est décédé  ou à la manière dont la narratrice envahissante et pique-assiette de Devoirs à la maison se fait manipuler, sans qu'elle s'en rende même compte.
La tonalité est parfois plus mélancolique , quand les œillères tombent, il n'en reste pas moins que la plupart du temps chez Drabble les femmes acquièrent une sorte de légèreté qui leur sied bien. Ainsi l'actrice romantique qui tombe plus amoureuse d'une propriété que d'un homme et s'accommode sans façons de l'aspect délabré du Petit manoir de Kellynch ;ou Mary Mogg, qui, partie en randonnée sur les traces du poète Wordsworth, constate avec flegme, alors qu'elle est en difficulté, loin de tout lieu habité : "Je m'étais abîmé un tendon ou déchiré un vaisseau. ce sont des choses qui arrivent. J’entamai un deuxième sandwich."
Quant à Une journée dans la vie d'une femme souriante, écrit en 1973, il pourrait décrire une de nos collègues, une de nos amies, tant il reste moderne. Cette femme, absolument parfaite, mère de famille, qui a un emploi en vue, qui accepte les sollicitations avec un sourire immuable , au risque de s'oublier, jusqu'à ce qu'un grain de sable vienne enrayer la mécanique, nous montre que la situation est restée la même à peu de choses près plus de quarante ans plus tard.

 Une journée dans la vie d'une femme souriante, Margaret Drabble, Un pur délice en poche, 349 pages, traduites par Claire Desserrey.

 

 

 

 

 

 

Du même auteur : clic

07/04/2016

Les intéressants...en poche

Les intéressants, bon gros roman de 564 pages, où je ne me suis pas ennuyée une minute. Une analyse  fine des liens d'amitié et de leur évolution au fil du temps, entre des personnes, ayant parfois de grandes différences de niveau social

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01/04/2016

La carapace de la tortue...en poche

Disgracieuse, maladroite, Clotilde a vite compris qu'elle désespérait sa famille et l'a quittée très jeune. Quand elle revient habiter chez sa tante, surnommée la Vilaine, c'est pour reconquérir son estime de soi, fort mise à mal par son obésité et les agressions qu'elle suscite.

marie-laure hubert nasser


C'est grâce à l'art et à l'aide de certains des habitants de cet immeuble bordelais que Clotilde va commencer à s'épanouir.
J'ai passé un bon moment avec ce microcosme bordelais mais certains tics de style (phrases nominales courtes, voire très courtes), un peu trop de joliesse dans l'écriture, utilisation des italiques durant tout le journal intime de Clotilde (G. Delacourt est sûrement à l'origine de cette allergie !), manque d'une charpente narrative un peu plus solide ont fait que je n'ai pas été aussi enthousiaste que Laure.
Comme elle, j'ai pourtant apprécié que l'auteure ne cède pas à la facilité dans l'épilogue. Un premier roman prometteur et un joli moment de lecture .

31/03/2016

Le chemin s'arrêtera là...en poche

"Parfois,  c'est à se forger la certitude que quelqu’un en coulisse complote contre vous, s'obstine à faire de votre vie une comédie absurde."

Il n'y a pas que l'air qui soit vicié dans ce microcosme, cinglé par le sable, où le vent "mugit dans l'acier", paysage post-industriel traversé par d’énormes minéraliers.
"Condamnés à survivre" dans ce lieu mortifère, des êtres ,dont les destins sont liés sans qu'ils le sachent toujours, vivent loin des regards qui pourraient les contraindre à "contrôler [leurs] humeurs." Ils ne peuvent que constater : "Nous nous faisons du mal . Nous ne savons pas nous faire du bien . Nous n'y avons pas été habitués.  Et puis l’ambiance n'est pas favorable."pascal dessaint
Certains vont même plus loin et,particulièrement monstrueux, pratiquent une fausse logique pour justifier leurs débordements. L'humour noir vient  ainsi alléger quelque peu l'atmosphère plombante . Ainsi, un personnage se creuse la tête pour identifier, parmi la longue liste de ses méfaits, celui qui pourrait être connu et , bien évidemment, "oublie" celui qui lui paraît le plus normal. Ou bien encore quand il se compare à un autre qu'il détecte aussitôt comme étant : "Un vicelard, j'ai tout de suite compris parce que j'en suis un moi même . Je les flaire de loin et ça aiguise une sorte d'envie de compétition. Je ne crois pas aux signes que la Nature  pourrait nous envoyer mais ça devait être un vicelard doublé d'un malfaisant."
La Nature est elle -même bien malmenée dans cet univers saturé à la fois par la pollution et la cruauté des hommes. Seul un faucon parvient encore à faire rêver un adolescent, symbole d'un ailleurs auquel il pourrait, peut être, encore aspirer.
Atmosphère lourde, quasi asphyxiante, voire de fin du monde, personnages monstrueux ,on pense à Goya, au film Delivrance, mais bien vite ces références s'estompent car si Pascal Dessaint fore encore plus loin dans la noirceur, ce n'est jamais de manière complaisante mais avec une grande maîtrise dans la narration (chorale) et le style. Il peint un paysage et ses habitants "coincés de ce côté du vilain monde", broyés par la crise, mais chez qui subsiste néanmoins , pour certains d'entre eux, une vraie humanité. De quoi retrouver un peu d'air in extremis ! Du grand art !

26/03/2016

La femme d'en haut...en poche

"Les gens n'ont pas envie de s'inquiéter pour la Femme d'En Haut. Elle est fiable, organisée, sans histoires."

L'arrivée d'une jeune élève d'origine étrangère, Reza,  dans sa classe de primaire ,va bouleverser la vie bien rangée de Nora.
Abordant bientôt les rives de la quarantaine, cette institutrice modèle prend en effet conscience au contact de la famille de Reza de tout ce à quoi elle a renoncé: ambition artistique, maternité, amour; en bref,  la vie et son intensité. Nora tombe pour ainsi dire amoureuse à titres divers de Sirena, la mère de l'enfant, une artiste en passe d'être mondialement reconnue, de son époux, Skandar et bien sûr de Reza, qu'elle va chérir. Renouant avec une pratique artistique aux côtés de Sirena , Nora se prend à espérer d'une autre vie.claire messud
Récit a posteriori dont la narratrice est Nora, cette Femme d'En Haut,"invisible durant des décennies" , le roman de Claire Messud scrute avec précision les moindres remous intérieurs de cette femme qui a soif de vivre et qu'anime une colère monstrueuse.Ce texte à la structure circulaire, qui peut se lire comme la réponse de Nora à la trahison inévitable et extrême, souffre de quelques longueurs, comme souvent chez Claire Messud ,mais j'ai néanmoins pris beaucoup de plaisir à entrer dans l'univers de Nora, femme frustrée, bridée ,mais jamais caricaturale.

18/03/2016

Lola Bensky...en poche

"Pour sa part, Lola avait macéré dans le passé de ses parents , depuis toute petite."

De Londres à New-York en passant par Monterrey, Lola Bensky, 19 ans, interviewe les stars en devenir dans l'effervescence des sixties pour le journal australien Rock-Out. Mais, loin d'être un catalogue plus ou moins nostalgique de portraits sur le vif, c'est surtout à une quête identitaire particulièrement intéressante  que nous assistons.9782264066251WEB.jpg
En effet, Lola est la fille de deux rescapés d'Auschwitz et  interroger Mick Jagger ou Jimi Hendrix lui donne l'occasion de revenir sur son enfance si particulière, de poser en quelque sorte les questions qu'elle n'osera jamais poser à ses parents.
Se trouvant régulièrement trop grosse (elle est toujours en train de se programmer des régimes plus bizarres les une que les autres), Lola, cahin-caha, finira par trouver un certain équilibre et bouclera la boucle en retrouvant plus de quarante ans plus tard le chanteur des Rolling Stones à un dîner très chic.
Les portraits des rock stars sont extrêmement vivants, sensibles et sonnent très justes. On se prend aussi de sacrés chocs en découvrant les informations distillées plus ou moins clairement par les parents de Lola et la manière dont les enfants des rescapés développent des comportements psychologiques semblables. Mais Lola , vaille que vaille, conserve toujours l'équilibre et ne plonge jamais son lecteur dans la dépression. Un roman troublant.

 

Lola Bensky, Lily Brett, traduit de l'anglais par Bernard Cohen, la grande Ourse 2014, 271 pages marquantes.

10/18 2016.

 

 

17/03/2016

La nuit des princes...en poche

"Peut être cette décadence était-elle à l'image d'un écosystème qui ne parvient pas à l'auto-suffisance; le regarder mourir est un spectacle d'une grande tristesse. Le virus mortel était si profondément ancré dans l'ADN de cette décennie qu'elle amorçait déjà sa chute à son apogée, dans sa gloire la plus resplendissante et la plus vibrante de vie."

Hâbleurs, arrogants "L'âme obscurcie par une insatiable avidité, on laissait notre moralité de plus en plus douteuse s'empêtrer, étouffer sous des couches et des couches d'objets, un amoncellement de choses, toujours plus, des costumes qui coûtaient davantage que ce que nos pères avaient déboursé pour leur première maison, des voitures d'un luxe indécent-sans parler des montagnes de PV que nous valaient nos petites pointes de vitesse quand on filait vers les paradis de Long Island East, où nous attendaient des piscines chauffées à l’année."Tels étaient les BSD. Comprendre les Big Swinging Dick, les grosses bites qui se la pètent, ceux qui décrochaient leur boulot dans les années 80 en gagnant au poker contre leur futur patron à Wall Street.robert goolrick
Le narrateur de La chute des princes était l'un d'entre eux. Il décrit de l'intérieur sa vie d'avant puis sa dégringolade, sans s'apitoyer, lucide aussi bien sur lui -même que sur les autres. Pas de rancœur, mais une acceptation progressive, étape par étape, au fil des rencontres et une reconstruction possible.
Robert Goolrick, par son écriture ample, son sens du détail et sa grande empathie réussit un pari quasi impossible: rendre sinon sympathique  du moins attachant ce trader passé de la lumière à l'ombre. Une première rencontre réussie avec cet auteur !

La chute des princes, Robert Goolrick, traduit de l'anglais (E-U) par Marie de Prémonville, Anne Carrière 2014, 231 pages piquetées de marque-pages.10/18, 2016