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06/01/2018

Le pique-nique des orphelins...en poche

"Elles aimaient trop Dot, et pour ce péché elle leur menait la vie dure."

Ironie du sort, c'est en emmenant ses enfants aux festivités organisées en faveur des orphelins que leur mère abandonne Karl, Mary et le nouveau-né, préférant s'envoler au sens propre du terme , dans un biplan piloté par un aviateur acrobate.louise erdrich
Nous en sommes en 1932, la dépression sévit encore aux États-Unis et les aînés, vite séparés de leur petit frère n'ont qu'une solution: se rendre chez leur tante, bouchère dans le Dakota du Nord. Seule Mary y parviendra, Karl préférant se réfugier dans le train de marchandises qui repartira sans sa sœur.
Personnalité riche et complexe, Mary parviendra vite à se forer une place dans la famille de sa tante, au grand déplaisir de sa cousine, Sita.
Sur une période de quarante ans, Louise Erdrich, dont c'est ici le second roman (dans une nouvelle traduction), utilise la forme du roman choral pour peindre une fresque familiale faisant la part belle aux femmes.Mary, Sita ou leur amie commune Celestine, ont le chic pour affronter les épreuves de la vie avec originalité et courage. Elles se trouvent souvent embarquées dans des situations improbables , parfois cocasses, parfois tragiques, mais dont elles se tirent toujours avec panache.
L'écriture magnifique et l'inventivité narrative de l'auteure font de ce récit une petite merveille à (re) découvrir sans plus attendre !

08/12/2017

Tension extrême

Des jumeaux décédés simultanément alors qu'ils se trouvaient à des endroits différents. Des cyberattaques paralysant la PJ de Nantes et s’infiltrant , via les objets connectés, dans l'intimité des policiers, voilà qui constitue un bel accueil pour la jeune commissaire qui vient d'être nommée !
Classique et bien menée, l'intrigue tient ses promesses, alternant enquête et brèves incursions dans les vies privées des policiers.sylvain forge
Cependant, comme dans tous les récits, qu'ils soient filmés ou écrits, mettant en scène les pouvoirs quasi infinis des cyberattaques, j'avoue être restée de marbre , un peu comme si cette omnipotence anesthésiait toute empathie.

06/12/2017

Lucy in the sky

"En repensant à nous, j'eus la gorge serrée, mais je savais que le jeu était fini. J'avais atterri dans la réalité."

Lucy, 15 ans, bientôt seize, acceptait encore il y a peu sans broncher que son père lui tonde les cheveux , faisant ainsi disparaître sa féminité naissante. Avec ce papa pigeon-voyageur, dont les retours éphémères, les répliques étaient ritualisées, tout semblait empli d'humour.pete fromm
Mais voilà, simultanément, tandis que Lucy s'éveille à la sexualité et à l'amour, se mettant parfois en danger, sa mère décide de rattraper le temps perdu à attendre son époux et part elle aussi à la conquête de sa liberté.
Encore un peu enfant, déjà adulte, Lucy oscille et peine à trouver sa place et le manque de modèles parentaux ne va pas lui faciliter la tâche.
Roman d’apprentissage où les rôles parents/enfants semblent parfois inversés, Lucy in the sky souffre de quelques longueurs (428 pages en poche) mais nous entraîne dans le quotidien d'une adolescente atypique qui ouvre les yeux sur ce qui semblait être la normalité avec intensité.

17/11/2017

La veillée...en poche

"Ce qui change le cours des choses n'est pas la vérité, mais  de la savoir."

Le père de Sébastien vient de mourir.  Marie, son amie d'enfance,  le rejoint et l'accompagne lors de La Veillée du  défunt. L'occasion de découvrir tout un pan de la vie paternelle, mais aussi de revenir sur des éléments du passé de ces quadragénaires qui auraient pu évoluer différemment.virginie carton
Chacun d'entre nous a eu ou aura à se confronter au deuil d'un parent. Une situation douloureuse pour laquelle Virginie Carton a su trouver le ton juste, ne basculant ni dans le sentimentalisme, ni dans la contrition.Elle dépeint avec une grande précision la gamme des sentiments par laquelle passe Sébastien et brosse avec tendresse une formidable histoire d'amitié , qui a su se jouer du temps et de la distance.
Un roman qui fait du bien et nous donne envie de profiter encore plus de la vie.

La veillée, Virginie Carton, Stock 2016, 219 pages piquetées de marque-pages.

15/11/2017

Quand vient le temps d'aimer...en poche

"La beauté est un état éternellement hors de portée."

Vacances d’hiver à Erdenfield, petit village du Sud de l'Angleterre. Les étudiants, harassés, rentrent dans leurs foyers, les adultes règlent des problèmes domestiques mais tous,quelque soit leur âge, se débattent avec des problèmes amoureux.
Qu'ils soient tiraillés par le démon de midi, découvrent l'infidélité d'un conjoint , souhaitent se venger, tombent amoureux de la mauvaise personne ou tentent de briser une solitude qui leur pèsent, tous les personnages sont envisagés avec la même bienveillance par l'auteur. william nicholson
Les portraits sont bien campés, du chirurgien esthétique au scénariste en butte aux demandes les plus absurdes en passant par la femme au foyer qui souhaite renouer avec une vieille flamme (ce qui nous vaut une scène de  sexe hilarante dans un hôtel !) jusqu'au vieil artiste atrabilaire dénonçant le vide de l'art conceptuel.
On retrouve avec bonheur les personnages de L'intensité secrète de la vie quotidienne (clic) (qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu), la capacité de l'auteur à inscrire ses personnages dans un quotidien criant de vérité, son humour parfois vachard (les hommes ne sont pas épargnés ! : "-[...] que suis-je censée offrir à Tom pour Noël ? Une ceinture de chasteté ?
- Je ne crois pas que cela existe pour les hommes.
-Si je lui achetais une gaine  ? Ce ne serait pas mal pour lui tenir le ventre. Sans compter que j'aimerais le voir porter une gaine  avec une tr... bien raide.")
 et on passe un excellent moment dans ce roman 100 % british !

Quand vient le temps d'aimer, (All the Hopefull Lovers), William Nicholson, traduit de l'anglais par Anne Hervouët, Éditions de Fallois 2015, 333 pages délicieuses.

03/11/2017

Le garçon sauvage

"Je la connaissais déjà enfant cette transformation que la montagne provoquait en moi: cette joie d'avoir un corps, l'harmonie qu'il retrouvait dans son élément; cette liberté de courir et de sauter et de grimper comme si les mains et les pieds avaient une vie qui leur était propre, et qu'il était tout bonnement impossible  de se faire mal. C'était aussi un corps sans âge-non plus celui qui, depuis plusieurs hivers, avait commencé à vieillir."

Rien ne va plus dans la vie de Paolo Cognetti, trente ans.Il décide alors de renouer avec son grand amour de jeunesse: la montagne. Parti tout un été dans le Val d’Aoste, sous prétexte de solitude, il va en fait se retrouver, retrouver son corps, les sensations que lui procure le fait d'évoluer sur les sommets, observer la nature, les animaux sauvages. Il va aussi se rendre compte qu'il a besoin des autres car depuis l'enfance , il se cherche un modèle.paolo cognettti
L'écriture de Paolo Cognetti est en apparence très simple, sans effets, mais elle dégage une harmonie sans pareille. Un grand sens des ellipses, la confiance en la capacité du lecteur à combler les vides volontaires font que tout égocentrisme est évacué et peut laisser la place à une observation précise et poétique du monde qui entoure le narrateur. On sent l'adéquation , l'amour de la Nature sous toutes ses formes et quelqu'un qui est capable d’écrire à propos d'un chasseur ayant tué le lièvre ami du narrateur "qu'il eût osé le tuer me fit l'effet d'un crime impardonnable et je haïs cet homme de tout mon cœur." ne peut que me plaire.

Un grand bol d'air, un texte sensible et poétique, entremêlé à des poèmes de Antonia Pozzi.

Et zou, 139 pages denses qui filent sur l'étagère des indispensables!

Je tiens à souligner l'excellent travail de la traductrice: Anita Rochedy.

Le billet d'Aifelle.

 

02/11/2017

Blood family...en poche

"Même si vos soucis sont différents, les livres vous montrent au moins que vous n'êtes pas seuls à vous en faire. Vous n'avez plus besoin d'avoir peur que ce soit anormal."

 

Jusqu'à l’âge de sept ans, Edward a vécu avec sa mère sous l'emprise d'un tyran domestique, malfaisant et violent. Blood family relate sous forme de récit choral, l'évolution jusqu'à l'adolescence de cet enfant,  qui a su trouver des repères grâce à des cassettes vidéo éducatives et, plus tard , grâce aux livres("J'avais l'impression que chacun d'eux me donnait des clés pour devenir normal ").anne fine
Adopté, Edward connaîtra pourtant bien des vicissitudes  tant pour comprendre l’attitude passive de sa mère que pour se défaire d'encombrants liens du sang qui semblent l'entraîner inexorablement du mauvais côté.
Anne Fine, avec beaucoup d'empathie et de pédagogie, nous fait entrer dans l'intimité de cet enfant blessé psychiquement et trouve un parfait équilibre entre la volonté de ne rien éluder: les sentiments parfois ambivalents des parents adoptifs, les pensées perturbées de son héros,ses échecs ,ses addictions, sans pour autant tomber dans le misérabilisme ou la guimauve.
Une expérience passionnante et un roman de 341 pages qui se dévore d'une traite.

Blood Family, Anne Fine, traduit de l'anglais par Dominique Kugler, école des loisirs 2015, medium (à partir de 12 ans)

de la même autrice: clic

01/11/2017

Quatuor...en poche

"Nous avançons tous les deux le long de l'abîme comme si tout allait bien, pensa Jochem."

Quatre amis de longue date, évoluant dans le domaine de la culture et de la santé, se réunissent régulièrement pour pratiquer la musique en amateur, histoire d'évacuer le stress de leur travail ou de leur situation personnelle compliquée.

anna enquist

Mais l'irruption dans le dernier tiers du livre d'un élément perturbateur, assez prévisible, va remettre en question cette belle harmonie.
La quatrième de couverture nous précise que nous sommes "dans un avenir proche", "dans une ville, jamais nommée qui ressemble à Amsterdam". Si Anna Enquist nous avait habitués à une peinture psychologique très fine, que l'on retrouve avec plaisir ici, cette volonté de pousser le curseur vers un avenir juste un peu plus lointain n'a en vérité pas grand intérêt. Seule la paranoïa d'un vieil homme, pouvant être mise d'ailleurs plus sur le compte d'une inquiétude bien légitime sur la crainte d'être promis à une mort accélérée s'il quitte sa maison, plutôt que sur la volonté délibérée des autorités compétentes peut nous faire croire à cette volonté d'anticipation modérée.
Quant au "suspense", il n'a guère d’utilité...

Bilan en demi-teintes donc et une légère déception pour une auteure dont j'ai lu tous les romans et nouvelles traduits en français.

De la même autrice :clic

13/10/2017

Comme une respiration...en poche

"  Le curé affirme:
"C'était bon, mais le service est  trop long"
-C'est comme moi, réplique Nathalie, quand je vais à la messe, je trouve ça trop long mais je ferme ma gueule.
-Nathalie, soupire Dominique.
-Oh, ben écoute, de temps 41FWhzT0EaL._AC_US218_.jpgen temps, ça fait du bien !"


J'ai un problème avec Jean Teulé: je le trouve infiniment sympathique, son sourire, sa bienveillance et sa voix me font craquer et si je l'entends ou le vois , je craque et achète instantanément ses livres (il n'a pas réussi pourtant à me convertir aux romans historiques, son pouvoir a  donc des limites).
C'est donc quasi hypnotisée que j'ai acquis Comme une respiration que La Grande Librairie avait un peu survendu.
Des textes courts,anecdotes croquées,tendres souvent, drôles parfois, une évocation discrète du changement de vocation de son amoureuse Miou-Miou (qui devait devenir tapissière,) l'histoire du prof de dessin qui a changé le destin de l'auteur (qui perd un peu de sa fraîcheur car rebattue dans les médias), tout ceci est agréable mais reste un peu trop léger...

12/10/2017

Petits plats de résistance...en poche

 "Personne à ce jour ne l'avait jamais pris en flagrant délit d'une quelconque activité salariée ou même de recherche d'emploi."

Qu'est ce qui va réunir Sandrine Cordier, "bras séculier du gouvernement contre la hausse du chômage" ,autrement dit employée de Pôle emploi, Antoine Lacuenta, agrégé d'histoire en rupture de bans et militant écologiste, un patron de presse, une "égérie sexo-psy", le directeur et les occupants d'un centre d'hébergement menacé de fermeture, une petite fille surdouée, une mamie à la page (et j'en oublie !) ?
La nourriture bien sûr(chaque chapitre porte un titre appartenant à ce champ lexical et l'on fait le grand écart entre "pâtée pour chiens" et "champagne" en passant par des plats beaucoup plus exotiques), mais aussi la résistance annoncée dans l'intitulé du roman. Résistance qui se manifeste à plusieurs niveaux et sous différentes formes, cocasses ou plus sérieuses.pascale pujol
Combinant des thèmes déjà envisagés dans d'autres romans (solidarité transgénérationnelle et/ou sociale, comme dans Bon rétablissement ou Ensemble c'est tout), réalisation de soi par le biais de la cuisine (Mangez-moi), Pascale Pujol donne à son roman la forme d'une ronde où vont se retrouver ses différents protagonistes. Ronde folle par le rythme, mais maîtrisée aussi (je ne me suis pas sentie perdue malgré le nombre de personnages) où l'auteure joue avec bonheur des possibilités qu'offre le récit, multipliant ainsi les surprises et les rebondissements. La plume est alerte et j'ai passé un excellent moment avec cette comédie enjouée.