01/05/2016
La libraire...en poche /l'affaire Lolita (nouvelle édition)
”Un livre est l'élément vital et précieux d'un esprit supérieur...”
En 1959, Florence Green, veuve sans histoire, décide d'acheter The Old House, vieille bâtisse à l'abandon depuis plusieurs années, pour créer une librairie, la première de Hardborough, petite ville anglaise assoupie.
Cette décision va mettre en branle toute une série de manœuvres dissuasives pour contrecarrer cette décision.
L'affaire Lolita ,(précédent nom du roman en France) provoquée par la mise en vitrine du roman de Nabokov, ne sera qu'un épisode de cette lutte sourde entre Florence Green et Mrs Gamart qui a jeté son dévolu surThe Old House.
Le roman de Penelope Fitzgerald nous montre avec précision et un charme très british la faculté d'exclusion d'une petite communauté , pas pire qu'une autre.Qui y chercherait un roman sur la création d'une librairie ou sur le scandale créé par le roman de Nabokov ne pourrait qu'être déçu.
L'humour britannique rend cette lecture très plaisante
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : penelope fitzgerald
30/04/2016
Les oies des neiges...en poche
"J'avais l'impression d'exister entre deux pôles, le connu et le nouveau, et je me sentais alternativement attiré vers l'un ou l'autre."
Revenu dans la maison familiale pour une période de convalescence , suite à une hospitalisation,l'étudiant Ralph Fiennes se rend vite compte que, malgré la sollicitude des siens ,il se sent à l'étroit, au sens propre et au sens figuré , dans ce qui n'est plus son "home". Il commence alors à s'interroger sur la notion de "chez soi " et la redécouverte par hasard d'un roman lu dans l'enfance, L'oie des neiges, va l'inciter à suivre ces oiseaux dans leur périple de près de cinq mille kilomètres.
Rien ne prédisposait l'auteur (qui oui est bien apparenté aux acteurs Ralph et Joseph) à entreprendre ce voyage et cette méditation sur le mal du pays, la nostalgie, le tiraillement perpétuel entre l'envie de bouger et de se fixer, de rester seul ou d'aller à la rencontre des autres. Il aura fallu la conjonction de ces deux événements, la maladie et le roman pour que naisse Les oies des neiges.
Si le rythme est parfois lent, l'écriture est poétique, très visuelle, et nous glanons plein d'infos non seulement sur les oies (dont le trajet n'est en rien linéaire) mais aussi sur les hommes et femmes rencontrés par l'auteur. Un récit constellé de marque-pages !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : william fiennes
22/04/2016
Temps glaciaires...en poche
"-Je dois aller chercher des pensées que j'ai pensées et que j'ai oublié de penser.
-Je vois, dit Zek avec la plus parfaite sincérité."
Revoilà enfin le commissaire Adamsberg qui "ne réfléchissait pas .[...]Il vaquait, marchait sans bruit, il ondulait entre les bureaux, il commentait, arpentait le terrain à pas lents, mais jamais personne ne l'avait vu réfléchir", ce qui en fait évidemment toute la singularité et la saveur !
Qui d'autres que lui et sa fidèle équipe (Le lieutenant Danglard à la tête remplie d'informations et de vin blanc, la vigoureuses Violette Renancourt, entre autres) pourraient démêler "cet infernal entrelacement d'algues qui l'enserrait jusque dans ses nuits."qui les amène tout à la fois en Islande et dans l'univers de Robespierre, tout en croisant un sanglier prénommé Marc, sans que le lecteur s'en offusque ?
Bien malin qui pourrait dénicher la solution. Mais ce n'est pas tant le but du jeu mais bien plutôt de laisser charmer , au sens fort du terme, par l'univers qu'a créé Fred Vargas, un univers profondément humain , cultivé, non dénué d'humour, avec une pointe de surnaturel (qui s'intègre parfaitement), où les chemins de traverse sont bien plus efficaces que les lignes droites. Du grand Vargas !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : fred vargas
15/04/2016
La théorie de la tartine...en poche
"Je sais que chafouin signifie sournois, mais mon cerveau a arbitrairement décidé qu'il était en fait l'équivalent de "petite tête de marmotte un peu triste, déçue, contrariée et fatiguée". je vais notifier cette modification du dictionnaire à l'Académie française par un courrier avec accusé de réception et hop, le tour sera joué."
Mon parcours avec Titiou Lecoq, romancière , chroniqueuse et blogueuse médiatique a é quelque peu chaotique. D'abord, un échec de lecture, les Morues, rien que le titre m'était resté en travers de la gorge, la demoiselle ne faisant pas dans la dentelle, mais la grossièreté c'est parfois roboratif et ici toujours pleinement assumé , ce qui n'est déjà pas mal.
Puis, cédant aux appel de sirènes, Cuné et Antigone en tête, et d'une offre promotionnelle sur liseuse, je me suis procuré La théorie de la tartine, que je n'ai pas lâché.
Paradoxalement, ce n'est pas tellement l'histoire de cette jeune femme qui voit ses ébats amoureux livrés en pâture sur internet en 2006 par un ex vengeur et accumule ensuite les ennuis (d'où le titre) qui m'a le plus intéressée.
J'ai , en effet, plutôt lu ce roman comme un panorama de l'évolution nos relations à internet, et le point de départ comme un prétexte.
Ce qui remonte à peine à dix ans apparaît déjà presque comme de la préhistoire !
J'ai enchaîné enfin avec Chroniques de la débrouille, , paru aux éditions Fayard sous le titre Sans télé, on ressent davantage le froid et là je me suis vraiment régalée ! Le talent de Titiou Lecoq donne sa pleine mesure dans le format court ! Son humour, parfois trash, parfois plus littéraire fait un bien fou ! Ces tranches de vie (parfois sanguinolentes comme une tranche de foie crue, les lectrices ayant vécu un retour de la maternité apocalyptique comprendront), sonnent juste et ce portrait d'une génération est tout à la fois enlevé et plein de vie !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : titiou lecoq
14/04/2016
Americanah...en poche
"Alexa et tous les autres invités, peut être même Georgina, comprenaient tous la fuite devant la guerre , devant la pauvreté qui broyait l'âme humaine, mais ils étaient incapables de comprendre le besoin d’échapper à la léthargie pesante du manque de choix."
Parcours surprenant que celui d 'Ifemu : alors que de nombreux africains rêvent d'aller aux États-Unis, après quinze ans passés dans ce pays, elle rentre chez elle à Lagos.
Si j'ai beaucoup aimé le parcours social de cette héroïne, sa lutte pour se faire une place en Amérique, son regard sur la société américaine, sa langue (bravo à la traductrice) que j'entendais chanter à mes oreilles avec ses interjections ponctuant chaque fin de phrase, son retour et son ascension sociale au Nigeria, j'ai moins été convaincue par plusieurs éléments.
D'abord par les son blog, à l'écriture simpliste, même si les fait détaillés sont intéressants. Ensuite son parcours amoureux aux États-Unis où elle semble juste collectionner des spécimens lui permettant d’étudier un large éventail de cas de figures. Quant à son amour de jeunesse, inversement on frôle le sirupeux. Mais bon, je ne suis pas une grande sentimentale !
Il n'en reste pas moins que , nonobstant ces quelques petites réserves, j'ai beaucoup aimé ce récit et les descriptions particulièrement vivantes et bien croquées de la vie quotidienne,tant aux États-Unis qu'en Afrique.
"
06:04 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : chimamanda ngozi adichie
13/04/2016
Fairyland...en poche
*Fairyland, Alysia Abbott.Récit très émouvant et intéressant d'une femme qui revient sur son enfance et son adolescence aux côtés d'un père, poète homosexuel, qui décèdera du sida. Une relation très forte, qui ne va pas sans heurts, la narratrice se rendant compte a posteriori des sacrifices amoureux qu'a fait son père face à l'intransigeante ado qu'elle était. L'occasion aussi de découvrir la manière violente et honteuse dont on traitait les gays aux débuts de l'épidémie de Sida.
06:00 Publié dans Biographie, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : alysia abbott
10/04/2016
Dix minutes par jour...en poche
"Parce que en effet, le meilleur de la vie est dans toutes les expériences intéressantes qui nous attendent encore : je suis en train de l'apprendre avec le jeu des dix minutes.
Et donc, il réside aussi dans les livres que tout le monde alu mais, pour un quelconque motif, nous pas encore."
Chiara est un tournant de son existence: on a confié sa rubrique hebdomadaire à une gagnante de la téléréalité, son mari, qu'elle a connu très jeune, l'a quittée et, cerise sur le gâteau elle habite Rome où elle se languit de son village natal.
Pour lui redonner de l'élan,sa psy lui demande de tenter chaque jour pendant dix minutes une nouvelle expérience. Chiara se prête au jeu de bonne grâce et, forte des liens qu'elle a su nouer avec tout un panel d'amis et de connaissances éclectiques et sympathiques, va repartie de plus belle et envisager sa vie sous un nouvel angle.
C'est plein de fraîcheur, léger mais jamais mièvre, et Chiara est diablement sympathique. Un petit plaisir qu'on ne se refuse pas !
Chiara Gamberale, Pocket 2016.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans italiens | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : chiara gamberale
09/04/2016
L'effet Rosie/Le théorème de la cigogne/Comment devenir le père idéal...en poche
Trois titres pour un roman...
"- Je laisserai la thalidomide dans le placard.
-Tu as de la thalidomide ?
-C'est une blague, Don, une blague."
"-Nous sommes enceints, a-t-elle dit." Et Don de commencer à tout prévoir en bon planificateur qu'il est , pour pallier à la désorganisation chronique de Rosie.
Mais si Don est imbattable sur alimentation d'une femme enceinte, l'évolution du fœtus, pas sûr qu'il soit capable d'établie une relation interpersonnelle avec le bébé à venir, la faute à son syndrome d'Asperger.
Si l'aspect loufoque est moins présent que dans le premier volume (lecture non indispensable pour la compréhension mais ce serait dommage de s'en priver), Don, à force de cachotteries pour éviter de stresser Rosie, va se fourrer dans de beaux guêpiers dont il parvient toujours à se tirer in extremis avec des moyens bien à lui ! Scènes d'anthologie à foison (entraînement à l'accouchement, voyage en avion, choix du prénom...) !
Si la tonalité est parfois un peu plus sombre, on passe un excellent moment de lecture avec Don,Rosie et leurs amis !
Graeme Simsion, Pocket 2016.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : graeme simsion
08/04/2016
Une journée dans la vie d'une femme souriante...en poche
"Le mécanisme s'était enrayé parce qu’il avait été trop mis à l'épreuve. Cela faisait des années qu'elle le sollicitait.
Sans lui, elle n'était pas sûre de pouvoir supporter la situation."
Treize nouvelles inédites en France (et parues directement au format poche) composent ce recueil . Leur écriture s'étale entre 1967 et 2000 et ces textes sont centrés autour de la vie des femmes, dépeinte dans leur intimité et l'exploration de leur quotidien.
On pourrait parler de miniatures tant les faits décrits peuvent apparaître anodins, mais tout l'art de Margaret Drabble est de donner de l’intensité à ces récits, souvent pleins de malice et d'humour. Je pense par exemple à "La veuve joyeuse" qui entend bien partir en vacances comme prévu, maintenant que son mari atrabilaire est décédé ou à la manière dont la narratrice envahissante et pique-assiette de Devoirs à la maison se fait manipuler, sans qu'elle s'en rende même compte.
La tonalité est parfois plus mélancolique , quand les œillères tombent, il n'en reste pas moins que la plupart du temps chez Drabble les femmes acquièrent une sorte de légèreté qui leur sied bien. Ainsi l'actrice romantique qui tombe plus amoureuse d'une propriété que d'un homme et s'accommode sans façons de l'aspect délabré du Petit manoir de Kellynch ;ou Mary Mogg, qui, partie en randonnée sur les traces du poète Wordsworth, constate avec flegme, alors qu'elle est en difficulté, loin de tout lieu habité : "Je m'étais abîmé un tendon ou déchiré un vaisseau. ce sont des choses qui arrivent. J’entamai un deuxième sandwich."
Quant à Une journée dans la vie d'une femme souriante, écrit en 1973, il pourrait décrire une de nos collègues, une de nos amies, tant il reste moderne. Cette femme, absolument parfaite, mère de famille, qui a un emploi en vue, qui accepte les sollicitations avec un sourire immuable , au risque de s'oublier, jusqu'à ce qu'un grain de sable vienne enrayer la mécanique, nous montre que la situation est restée la même à peu de choses près plus de quarante ans plus tard.
Une journée dans la vie d'une femme souriante, Margaret Drabble, Un pur délice en poche, 349 pages, traduites par Claire Desserrey.
Du même auteur : clic
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : margaret drabble
07/04/2016
Les intéressants...en poche
Les intéressants, bon gros roman de 564 pages, où je ne me suis pas ennuyée une minute. Une analyse fine des liens d'amitié et de leur évolution au fil du temps, entre des personnes, ayant parfois de grandes différences de niveau social
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : meg wolitzer