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13/01/2015

Quand tout est déjà arrivé

"Nous vivons à ras de terre, à hauteur d'homme, et pourtant -et par conséquent-nous aspirons à nous élever . Créatures terrestres, nous pouvons parfois nous hisser jusqu'aux dieux. Certains s'élèvent au moyen de l'art; d'autres de la religion; la plupart, de l'amour. Mais lorsqu'on s'envole, on peut aussi s'écraser. Il y a peu d'atterrissages en douceur. On peut rebondir sur le sol assez violemment pour se casser une jambe, entraîné vers quelque voie ferrée étrangère. Chaque histoire d'amour est une histoire de chagrin potentielle. Sinon, sur le moment, alors plus tard. Sinon pour l'un, alors pour l'autre. parfois pour les deux."

 

 Quel est le rapport entre Nadar et ses photographies aérostatiques, objet du premier récit,  les amours de Sarah Bernhardt ,thème du deuxième et enfin, dans le dernier, la femme décédée de Julian Barnes  ?
Chacun de ces textes nous place à une hauteur différente, montre la volonté de l'homme de s'élever et la chute inéluctable. julian barnes
Si les deux premiers textes sont à la fois cultivés, vivants ,pleins d'humour et d 'humanité, le dernier est bien évidemment beaucoup plus touchant. Écrit a postériori et non "à chaud", ce texte analyse avec une franchise bien anglaise les réactions des proches face à la mort d'un être cher.
Quand tout est déjà arrivé a fait partie de ma liste de souhaits, suite au billet tentateur de Cuné, en est sorti lors d'un désherbage et finalement, sa sortie en poche (et son petit format (148 pages) )ont fait qu'il a sauté dans ma main. Et je l'ai dévoré et constellé de marque-pages ! Un texte intelligent, bien écrit et touchant, que demander de plus ?

Il m'a même donné envie de découvrir plus avant la vie de Sarah Bernhardt !

L'avis de Clara !

 

21/09/2014

Wild ...en poche

"Pour sauver ma peau, j'ai décidé de ne plus avoir peur et d'avancer."

Après le décès de sa mère, la famille se disperse et Cheryl Strayed va enchaîner les comportements auto-destructeurs, allant jusqu'à faire imploser son propre couple alors qu'elle aime encore son mari.
Sur un coup de tête, quasi sans préparation, elle décide de partir seule pour une randonnée de mille sept cent kilomètres sur le chemin des crêtes du pacifique, dans l'Ouest américain.
Affrontant les éléments, la douleur, la fatigue, elle parviendra au bout de ce périple à renouer avec elle-même.51e4rIV4FkL._AA160_.jpg
J'ai peiné à lire ce récit qui ne présente guère d'intérêt stylistique, trop long, et où je suis restée constamment sur le bord du chemin sans aucune empathie avec cette femme dont le comportement me restait totalement étranger.

06:00 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (10)

09/09/2014

Un quinze août à Paris

"Mon univers intérieur avait enflé. Il ava31kXcaRUfCL._AA160_.jpgit débordé sur le monde extérieur, escamoté, et cependant je n’étais plus vraiment quelqu'un. ou seulement cette observatrice en arrière-plan, qui se contentait de juger avec intransigeance ce grand corps apathique."

En 2009,  en plein été, Céline Curiol se retrouve aux urgences d'un hôpital parisien car elle n'a plus assez de médicaments pour tenir bon face à la  grave dépression qui la lamine. Sa demande est traitée avec désinvolture par un corps médical débordé et/ou qui ne prend pas la mesure de la souffrance ressentie.
Cinq ans plus tard, guérie, Céline Curiol entreprend le récit de cette lente remontée vers le plaisir. Elle analyse avec précision, convoquant aussi bien les écrits scientifiques que romanesques, les mécanismes de réappropriation de son corps, de son rapport au temps,  de sa lutte contre l'angoisse, contre le manque de volonté qui la terrasse.
Pas question ici d’auto-apitoiement , à peine mentionnera-telle, comme en passant les deux pertes déclenchant ce qui couvait sûrement à bas feu depuis longtemps, mais une description au plus près de ce qu'on ne décide pas de "faire " comme on le dit trop souvent mais qu'on subit de plein fouet. Un récit comme j'en ai rarement lu. Et zou, sur l'étagère des indispensables !

Un quinze août à Paris, Céline Curiol, Actes Sud 2014.205 pages couvertes de marque-pages et une bibliographie très riche.

26/08/2014

Des objets de rencontre

"J'entends une dame dire à son amie : "Ah, qu'est-ce qu'ils sont bien chez Emmaüs, dis donc, ils recueillent même les écrivains ! ""

Pendant neuf mois, l’écrivaine Lise Benincà  s'est installée à un "bureau de passage" au beau milieu des objets hétéroclites, ayant vécu plusieurs vies, voire plusieurs passages dans le même endroit: un espace de vente d' Emmaüs Défi.lise benincà,emmaüs
Son objectif initial était de  valoriser, de présenter sous un nouvel angle ce que l'on perçoit trop souvent comme un bric à brac pittoresque mais qui témoigne de parcours de vie et représente aussi la possibilité de s'équiper à moindre coût ou de s'offrir un peu de rêve pour les plus démunis.
Très vite, les salariés en réinsertion professionnelle,ayant eux même connu des parcours chaotiques, se sont glissés dans le projet de l'auteure , que ce soit par le biais d'ateliers d'écriture qu'elle a organisés ou tout simplement par les textes très justes qu'elle leur a consacrés.
Le risque, souligné d'ailleurs par l'auteur, dans ce type de démarche est la condescendance  (façon dame patronnesse d'autrefois) car "La ligne est mince entre un regard que l'on croit sincère et un regard faussé."mais Lise Benincà a su éviter cet écueil et nous présenter de manière sensible et extrêmement neuve , fraîche un univers à mille lieues de ce qu'on en imaginait. "C'est sans doute une vision tronquée, au moins en partie, mais j'ai l'impression que les personnes qui travaillent chez Emmaüs savent vraiment pourquoi elles y viennent chaque matin On n'y produit rien de plus que ce qui existe déjà, on ne rajoute pas des objets à un monde déjà encombré , on les recueille. On ne produit pas autre chose que  de l'entraide ,du lien social, de la dignité."
207 pages revigorantes.

Des objets de rencontre, Lise Benincà, Joëlle Losfeld 2014.

Merci, Cuné !

 

 

08/08/2014

Moyenne

"Je vais finir par devenir trop vieille pour devenir grande."

Ne nous leurrons pas : si j'ai acheté ce livre c'est plus pour son titre (quelqu'un qui se revendique Moyenne dans un monde où règne la compétition, ça intrigue) et pour son auteure (la sœur d'une actrice qui bénéficie en ce qui me concerne d'un gros capital sympathie) que pour son thème.
Récit à la première personne du parcours d'une femme qui va devoir se dépasser parce que la naissance de sa fille grande prématurée et handicapée moteur bouleverse sa vie, Moyenne a su m'étonner par bien des aspects.laurence kiberlain
D'abord par la personnalité de Laurence Kiberlain qui ne se pose jamais en victime, n'agresse (verbalement) personne , même si elle pointe parfois posément au passage les incohérences, les incompétences, la mauvaise foi qui vont accompagner son parcours et celui de sa fille. On sent que c'est une belle personne qui a su s'adapter et évoluer pour elle-même et pour sa fille.
Enfin par le style de ce récit, simple mais pas simpliste, sans effets de manches ni pathos.Posé. On sourit parfois aussi de ses analyses : "Je ne m'y connais tellement en rien que j'ai du recul en tout.", on admire sa lucidité et son courage. Un bon moment de lecture.

Moyenne, Laurence Kiberlain, Livre de poche 2014, 136 pages et quelques illustrations de l'auteure (dont la couverture) et une flopée de marque-pages.

14/07/2014

Patients

"Je découvre les joies de l'autonomie zéro, de l'entière dépendance aux humains qui m'entourent et que je ne connaissais pas hier."

A deux semaines de son vingtième anniversaire, Fabien heurte le fond d'une piscine pas assez remplie . Le diagnostic tombe: risque de paralysie à vie.
De cet accident de plongeon (deuxième cause de tétraplégie après les accidents de la route), à la réanimation où il a le temps d'observer consciencieusement la couleur du plafond et sa teinte, en passant par les centres de rééducation où il rencontrera de drôles de loustics, gais ou tristes , Fabien raconte avec humour et sensibilité, sans auto apitoiement, le passage brutal de sa condition de valide à celle d’handicapé.grand corps malade,fabien marsaud
Dans ces centres, le tragique côtoie l'humour volontaire  ou non,mais quand on a vingt ans , même en fauteuil roulant, c'est aussi l'âge des conneries, aussi limitées soient-elles ! Un récit plein de vie qui analyse avec lucidité le regard que l'on porte sur les handicapés:"Pour ceux qui n'ont pas l'habitude de le côtoyer, le statut d'handicapé (surtout en fauteuil roulant) est tellement marquant (effrayant, dérangeant ) qu’il masque complètement l'être humain qui existe derrière. On peut pourtant croiser chez les personnes handicapées le même genre de personnalités qu'ailleurs : un timide, une grande gueule, un mec sympa ou un gros con."

Patients *Grand Corps Malade, Points Seuil 2014, 166 pages enlevées.

*"Quand tu es dépendant des autres pour le moindre geste, il faut être pote avec la grande aiguille de l'horloge. la patience est un art qui s'apprend patiemment."

PS: je en connais pas bien les textes de slam de Grands Corps Malade, mais la personnalité sympathique de ce grand gaillard m'a donné envie de lire son récit et je ne le regrette pas .

 Pour continuer sur un thème identique, avec une écriture plus travaillée , on lira de Régine Detambel:Son corps extrême .clic

02/06/2014

Les oies des neiges

"J'avais l'impression d'exister entre deux pôles, le connu et le nouveau, et je me sentais alternativement attiré vers l'un ou l'autre."

Revenu dans la maison familiale pour une période de convalescence , suite à une hospitalisation,l'étudiant Ralph Fiennes se rend vite compte que,  malgré la sollicitude des siens ,il se sent à l'étroit, au sens propre et au sens figuré , dans ce qui n'est plus son "home". Il commence alors à s'interroger sur la notion de "chez soi " et la redécouverte par hasard d'un roman lu dans l'enfance, L'oie des neiges, va l'inciter à suivre ces oiseaux dans leur périple de près de cinq mille kilomètres.william fiennes,oies des neiges
Rien ne prédisposait l'auteur (qui oui est bien apparenté aux acteurs Ralph et Joseph) à entreprendre ce voyage et cette méditation sur le mal du pays, la nostalgie, le tiraillement perpétuel entre l'envie de bouger et de se fixer, de rester seul ou d'aller à la rencontre des autres.  Il aura fallu la conjonction de ces deux événements, la maladie et le roman pour que naisse Les oies des neiges.
Si le rythme est parfois lent, l'écriture est poétique, très visuelle, et nous glanons plein d'infos non seulement sur les oies (dont le trajet n'est en rien linéaire) mais aussi sur les hommes et femmes rencontrés par l'auteur. Un récit constellé de marque-pages !

Les oies des neiges, William Fiennes, Hoëbeke 2014, traduit de l'anglais par Béatrice Vierne,279 pages pour les amoureux des voyages et des animaux.

17/04/2014

chroniques de new york

"Pour paralyser une ville, les Français peuvent compter sur leurs manifestations et les Américains sur leurs parades."

Journaliste  française installée à New York, Cécile David-Weill dans ses chroniques s'amuse à croquer toutes les particularités de cette ville , de ses habitants et de leurs mœurs.
De quoi satisfaire notre curiosité dans de nombreux domaines, voire de nous effarer face à certains comportements comme cette course à l’échalote visant à inscrire dès le plus jeune âge ses enfants dans une école privée cotée.cécile david-weill
Invasion de punaises de lits qu'on s'efforce de passer sous silence, rat géant, voire cercueil contenant un cadavre de cire, utilisés par des grévistes, restaurants à la mode (mais le sont-ils encore ? ), les comportements  new-yorkais paraîtront fortement exotiques à nos yeux français. Plein d'infos donc dans ces chroniques auxquelles on reprochera pourtant un ton un peu plat et un intérêt centré très largement sur un mode de vie aisé.

Livre de poche 2014, 186 pages et des adresses à la fin de chaque chronique.

 

12/03/2014

Karina Sokolova

"Je voudrais faire de ce livre une petite flamme de chaleur, dans un coin de ta vie, que je veux belle, comme tu l'es, toi capable, sans l'avoir jamais appris, sans en avoir jamais reçu  que des miettes, de diffuser autour de toi de l'amour et du bonheur, comme si tu les inventais."

Adopter un enfant  a toujours été pour Agnès Clancier une évidence. Cette évidence , elle a su la mener à bien en adoptant une petite ukrainienne de trois ans. Ce récit lui est destiné. Et s'il fait l'économie des embûches, des mesquineries familiales, c'est parce que l'auteure prend le parti de privilégier l’émerveillement et l’évidence de ce lien qui s 'est tissé entre la petite bonne femme de trois ans et l'adulte qui doute souvent d'être "une bonne mère", si tant est que cela existe, mais saura toujours trouver l'énergie et les ressources pour affronter ceux qui ne supportent pas le clou qui dépasse. Parce que oui, cette petite fille souriante et ouverte ne correspond pas forcément aux normes, mais elle est devenue une adolescente qui a appris à pleurer, n'a plus peur de l'avenir et qui est est pleine de gaieté !agnès clancier
Sans angélisme, mais avec une écriture lumineuse et pleine de délicatesse, Agnès Clancier nous peint l'histoire d'une résilience et d'un amour qui a su vaincre les incertitudes. Magnifique !

Karina Sokolova, Agnès Clancier, Arléa 2014, 227 pages lumineuses.

 

 

 

 

 

 

 

Le billet tentateur de Cuné

06:00 Publié dans Récit | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : agnès clancier

15/10/2013

Instinct primaire

"Il est hors de question de vivre avec des regrets rien que pour rassurer ceux qui n'ont pas le culot de vivre."

La narratrice a choisi de ne pas se marier, de ne pas avoir d'enfants, des exigences assumées sur pia petersen,relation hommes  femmes mode d'emploilesquelles personne ne devrait avoir droit de regard. Et pourtant ces choix de vie dérangent aussi bien l'homme qu'elle aime- et à qui elle écrit cette longue lettre- que ses amies mariées et mères de famille.
Avec rigueur et méthode, Pia Petersen défend son point de vue féministe, n'hésitant pas parfois à se montrer extrémiste, à débusquer les hypocrisies sociales et ça fait un bien fou.
Un livre dérangeant dans le meilleur sens du terme. Une lettre qui devrait engendrer bien des polémiques dans le ronron ambiant.

Instinct primaire, Pia Petersen,

Le premier livre de ma liseuse !

le billet de Gwenaëlle, la tentatrice!