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22/12/2010

Missak

"Une loupe posée sur des insectes."

11 ans se sont écoulés depuis l'exécution de Missak Manouchian par les Allemands.
A l'occasion de l'inauguration d'une rue au nom de ce résistant communiste arménien, le journaliste Louis Dragère est chargé par le parti communiste de retracer le parcours de ce héros.
Rapidement Louis se rendra compte que la dernière lettre de Manouchian a été censurée et , au fil de ses rencontres, il mettra à jour une histoire bien différente de l'histoire officielle.51EYtLLfiBL._SL500_AA300_.jpg
Même si l'enquête est parfois touffue, ployant un peu sous le poids des documents mentionnés, c'est tout le Paris des années 50 avec au coin d'une rue des affiches de Brel, des films américains sur les écrans des cinémas, sans oublier les inondations qui perturbent les déplacements du héros qui revit ici.
Les blessures de la guerre ne sont pas encore cicatrisées et le lecteur, par les yeux du journaliste, va découvrir une époque où les hommes peuvent à la fois être des héros et des salauds, des êtres gris.
Si la toile de fond est très savoureuse, (on croise même de manière fugace un certain Christophe Bevilacqua qui ne chante pas encore et un peu plus longuement le débutant Charles Aznavour) l'enquête se termine de façon un peu abrupte mais le lecteur gardera en mémoire des images très fortes de Louis Aragon ou d'Henri Krasucki et plus globalement d'une époque encore troublée.

Missak, Didier Daeninckx, à partir de 13 ans, Pocket2010, 275 pages pédagogiques.

L'avis de Dasola

 

 

21/12/2010

Une nouvelle inédite de Craig Johnson ?

C'est ici !

Une année avec mon père

"Nous serrons les dents, nous serrons les dents."

Seul rescapé de l'accident de voiture qui a vu périr son épouse, un père  âgé, accompagné par sa fille,  se remet ,bien trop lentement à son goût !51pKba7lKpL._SL500_AA300_.jpg
Quel personnage que ce père juif, intraitable et charmant ! Comme le roseau de la fable, il semble plier mais ne pas rompre, et cette dernière année de vie, racontée par sa fille est à la fois touchante et drôle.
Tendresse et brusquerie alternent entre les deux protagonistes, le père défendant farouchement sa volonté d'indépendance  et de liberté , même quand sa mémoire commence à défaillir et son corps à lâcher prise...Difficle d etrouver la bonne distance, d'établir de nouvelles relations...
L'auteure puise dans les mots la force de résister à l'insensibilité de l'administration et des hôpitaux face à la souffrance et au deuil mais se retire avec pudeur quand la souffrance se fait trop aigüe : "...mourir fait autant de mal que naître." Un récit qui dit l'indestructible et le précaire .

Une année avec mon père, Geneviève Brisac, Editions de l'Olivier 2010, 178 pages qui m'ont réconciliée avec G. Brisac !

Emprunté à la médiathèque.

20/12/2010

Dis-moi un poème qui espère

Bon sang, encore un recueil de chez Rue du Monde qui me plaît  !

J'adore leur format à l'italienne, la richesse et la variété des auteurs rassemblés, sans compter ici une mise en page et une illustration qui renforcent le thème abordé : l'espoir .51FANGWBC4L._SL500_AA300_.jpg
En effet,à de magnfiques photos en noir et blanc qui insistent sur le côté parfois grisaille de la vie , répondent en vis à vis des illustrations pleines de vie et de couleurs tranchées de Laurent Corvaisier.
 Certaines pages se déplient même, révélant ainsi des textes et illustrations "cachés" formant un panorama surprenant . Une totale réussite à lire et relire quand

"ll faut s'asseoir sur la margelle

du puits de l'ombre

pour y pêcher avec patience

la lumière qui s'y perdit."

 

Pablo Neruda

Emprunté à la médiathèque.

19/12/2010

Yourcenar n'a pas gagné le Tour de France






17/12/2010

Plein Nord

"C'est quand ils sont trop faibles que les gens commettent le pire."

Allison, vingt-deux ans au compteur, mais des expériences douloureuses plein la tête et le corps, file à Reno pour échapper à l'emprise de son petit copain, un salopard de première, brutal et raciste.
Par faiblesse, elle a gâché le début de sa vie et se dévalorise à foison, même si les dialogues imaginaires qu'elle mène avec son idole de toujours, Paul Newman, l'aident à sortir la tête hors de l'eau.
Allison est le prototype de la fille qui , lâchée dans une pièce , ira de manière imparable vers l'homme qui va la faire souffrir.51fYl+62vAL._SL500_AA300_.jpg
On pourrait la trouver pitoyable ou exaspérante , mais non. En effet, Willy Vlautin a su trouver le ton juste pour décrire sans pathos ni voyeurisme ces éclopés auxquels la vie n'a pas fait de cadeau. il sait dire la souffrance , par petites touches , par exemple celle d'une obèse qui subit les regards désapprobateurs quand elle s'offre une glace à quatre boules. Mais aussi tous ces petits gestes qui font encore croire en l'humanité , même dans les quartiers les plus défavorisés. Pas de démonstration, pas de rédemption garantie sur facture, Allison , qui donne parfois l'impression qu'elle traverse la vie en somnambule pour mieux pouvoir la supporter, aura au moins entendu de la bouche de Paul Newman que "...les endroits où se réfugier, ça n'existe pas. [...]Partout, tu te heurteras à toi même." Peut être parviendra-t-elle à en faire bon usage... L'intensité dramatique est obtenue de manière feutrée, sans effets de manches mais tout vous revient soudain en pleine face et vous laisse le coeur et les poing serrés.
Un roman au style très visuel, mélancolique comme le film de Wim Wenders Paris-Texas.

Plein Nord, Willy Vlautin, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Davis Fauquemberg, Albin Michel 2010, 240 pages qui se gravent en vous.

16/12/2010

C'est jeudi, c'est poésie

"L'impossible,
nous ne l'atteignons pas,
il nous sert de lanterne."

René Char

Oeuvres complètes, Gallimard, cité in  Dis-moi un poème qui espère, Jean-Marie Henry, Alain Serres, illustrations de Laurent Corvaisier, Editions Rue du monde 2004.

Emprunté à la médiathèque

(j'en parle plus longuement demain).

06:00 Publié dans Extraits | Lien permanent | Commentaires (6)

15/12/2010

Le rap des rats

Faites gaffe, le rap, c'est contagieux ! La preuve :51QBYCHWS0L._SL500_AA300_.jpg

Fi des Ratatouilles
Et des Rapetout
Les rats se radinent
Et râlent un p'tit coup !

Des villes ou des champs
Ils veulent leur ration
De blé, d'affection !
Ras l'bol du poison !

Michel Besnier et
Henri Galeron
Rappent pour ceux qui
Sont pas rabougris.

Ils veulent sans ratés
nous rabibocher
Avec les ratons
Tout ravigotés !

Signé cathulu .

Plein de tendresse et d'humour ! à ne pas rater !

Editions Motus ,2000

Emprunté à la médiathèque.

 

 

 

 

14/12/2010

Tout près le bout du monde

"Fais pas la gueule, mamie, je rajouterai des courgettes calcinées pour te faire plaisir !"

Trois jeunes , aux parcours très différents, sont envoyés dans une maison de vie, perdue au milieu des champs. Là, Marlène, une femme presque aussi cabossée qu'eux, va avoir l'idée de leur faire tenir un journal. Ce sont ces pages ,aux voix très distinctes ,que nous donne ici à lire Maud Lethielleux.
Et ça fonctionne très bien. Les parcours de Malo,le plus jeune, à la mère si particulière, de Jul, qui s'est perdue dans un amour mortifère, de Solam, le plus déluré mais pas le moins sensible, se révèlent peu à peu et s'organisent sous nos yeux. Leur évolution se lit à la fois dans ce qu'ils révèlent mais aussi dans leur aisance et l'apaisement que leur apporte l'écriture. La violence n'est ici pas niée mais tenue à distance , évoquée mais jamais montrée directement. Ce qui évite à la fois édulcoration et voyeurisme, reproches que l'on peut souvent faire aux texte destinés à la jeunesse .51M5DSLE+gL._SL500_AA300_.jpg De l'humour (parfois vachard) et beaucoup de tendresse retenue allègent l'atmosphère de cette maison où va bientôt se créer une drôle de famille mais une famille quand même,partageant un art de vivre  qu'on devine cher à Maud Lethielleux.
L'auteure s'est visiblement très impliquée dans l'écriture de ce texte et même si, parfois, j'ai trouvé un peu trop affectée l'écriture de Jul, j'ai lu d'une traite ce roman chaleureux et généreux.

Tout près le bout du monde, Maud Lethellieux, Flammarion 2010, 509 pages qui se tournent toutes seules et réchauffent le coeur.

Leiloona  a aussi beaucoup aimé.

Saxasoul aussi.

13/12/2010

Un Noël en famille

"Blablabla, répéta-t-telle. Blablabla."

Victime d'un accident de voiture, Henry, la cinquantaine sur le déclin, souffre de pertes de mémoire. Et au vu de son lourd passif, on ne peut que juger finalement providentielle cette amnésie partielle.
Gravitent autour de lui une mère joyeusement indigne dont l'excentricité tend de plus en plus à ressembler à de la démence sénile, une ex-femme qui va affronter avec un flegme sans pareil tout un tas de révélations plus choquantes les unes que les autres à grands coups de verre de vin pour "se réchauffer le coeur", sans compter des frères amoureux de la mauvaise personne, ou de la bonne , va savoir.
Pimentez le tout de subterfuges tout droit venus de Marivaux, agrémentez de citations de Shakespeare qui tournent en boucle, sans compter les paroles de chansons reprises en choeur, ou pas.51vJNq6TWwL._SL500_AA300_.jpg
Comme mes petits nélèves, Jennifer Johnston a compris que les dialogues permettaient d'atteindre plus vite le nombre de lignes demandé, le pire étant qu'ici ces paroles sonnent totalement faux.
Le lecteur n'a qu'une hâte venir à bout au plus vite de ce pensum où les personnages ingurgitent des quantités de Whiskey (la  vieille mère), de thé (un peu), de café et de vin et ce dès le matin. On se pochtronne allègrement  sous n'importe quel prétexte et , bizarrement personne ou presque ne travaille mais tout le monde habite dans de superbes maisons. Il est vrai qu'on évolue au sein de la  bourgeoisie bohème (architecte, éditeur ou peintre). Tout est bâclé, y compris les plates descriptions du paysage irlandais. Un parfait gâchis. Aucun piquant, aucun humour, des dialogues alternant cajôleries gnangnan (ma pauvre cocotete, mon coco !) et vacheries soudaines...Rien à sauver.

Ayant par le passé apprécié à plusieurs reprises les romans de Jennifer Johnston (je possède , hélas , une excellente mémoire pour cela), malgré quelques déceptions plus récentes, je me suis laissée tenter par cette couverture et ce titre, comptant sur ce roman pour me laisser (enfin) gagner par l'esprit de Noël !
Echec à tous les étages ! Ah non, c'est la première étape irlandaise de mon défi Voisins, Voisines  organisé par Kathel !voisins1.jpg